by Jacky Barozzi 15 June 2025
« Indomptables » de Thomas Ngijol, avec Thomas Ngijol, Danilo Melande et Bienvenue Mvoe. Avec ce 4ème long métrage en tant que réalisateur, présenté à la Quinzaine des Cinéastes au Festival de Cannes 2025, l’acteur de stand up comique Thomas Ngijol change totalement de registre. N’y a t-il pas quelque chose en lui de Clint Eastwood dans ce rôle de flic psycho rigide, qui cherche tant bien que mal à faire régner l'ordre et la morale dans les rues chaudes de Yaoundé et au sein de sa propre famille ? En vrai shérif camerounais, tentant de renouer avec les valeurs ancestrales bien malmenées dans son pays d’origine, l’enfant de Maisons-Alfort, dans le Val de Marne, nous offre ainsi un polar transcendé en film d’auteur à caractère politique et social parfaitement maîtrisé. Un personnage de héros solitaire, élégant et autoritaire, pour un film dérangeant, aux méthodes et comportements un brin réacs, susceptible de heurter le public habituel de Thomas Ngijol. Pour un coup d’essai, c’est plutôt réussi ! h ttps://www.youtube.com/watch?v=CYPpUR1emuA 
by Jacky Barozzi 13 June 2025
« A Normal Family » de Jin-Ho Hur, avec Sul Kyung-gu, Jang Dong-gun, Claudia Kim et Hee-ae Kim. Mais c’est quoi une famille normale ? En l’occurence ce serait, sur trois générations, une famille de la bonne bourgeoisie coréenne, avec les problèmes inhérents à toute société libérale et prospère d’aujourd’hui. Une famille plus universelle que singulière, puisque le film a été adapté du roman «Le Dîner» du néerlandais Herman Koch, lui-même inspiré d’un fait divers survenu en Espagne en 2005. La famille présentée ici est composée d’une grand-mère, de ses deux fils et leurs épouses et de ses deux petits enfants + un bébé. La grand-mère, atteinte de troubles de la mémoire est en proie à de violentes crises. Elle est hébergée par son fils cadet, un chirurgien à tendances humanitaires, tandis que son fils ainé, son préféré, est un avocat fortuné et sans scrupules, qui ne songe qu’à la placer en Ehpad. L’un et l’autre de ses fils est parent d’un adolescent : un garçon pour le chirurgien et une fille pour l’avocat. Ce dernier, veuf, s’est remarié avec une charmante jeune femme, qui vient d’accoucher d’un bébé. Afin de régler les problèmes familiaux, les deux couples, en apparence si opposés, ont l’habitude de se retrouver pour diner dans un grand restaurant de Séoul. Tout va s’emballer lorsque les deux frères et leurs épouses vont découvrir que leurs enfants sont probablement impliqués dans l’agression mortelle d’un vieux SDF. Le film de Jin-Ho Hur vire alors au drame et se présente comme une radiographie subtile de nos sociétés en perte de toutes valeurs morales, où seul le confort matériel prédomine. Du grand cinéma coréen pour un film que l’on se prend comme un violent coup de poing dans la gueule, où, face au passage à l’acte, les beaux principes tombent et les gentils ne se révèlent guère meilleurs que les présupposés méchants. Le portrait d’un monde impitoyable, où les jeunes générations sans repères baignent dans le harcèlement scolaire, la déshumanisation des réseaux sociaux, la violence gratuite et sans états d’âme de criminels en herbes… Et qui nous renvoie à nos propres responsabilités, qu’avons-nous fait ou pas fait ? Salutaire ! https://www.youtube.com/watch?v=RMW3DfL6dvw 
by Jacky Barozzi 12 June 2025
« Le Rendez-vous de l'été » de Valentine Cadic, avec Blandine Madec, India Hair et Arcadi Radeff. Blandine (Blandine Madec), savoureux mélange de Bécassine et de M. Hulot, débarque de son coin de Normandie Maritime pour assister dans la capitale aux JO 2024. Lestée d’un gros sac à dos, elle désire suivre les compétitions de la nageuse professionnelle Béryl Gastaldello, quelle admire, et en profiter pour renouer avec sa demie soeur Julie (India Hair), perdue de vue depuis longtemps et faire ainsi la connaissance de sa jeune nièce. Un séjour qui se révèlera particulièrement mouvementé pour cette trentenaire solitaire, naïve et discrète, lancée comme un boulet en porcelaine au milieu d’un magasin d’éléphants ! Un premier long métrage touchant, amusant et décalé, où la fiction intimiste s’insère au coeur d’un évènement mondial des plus torrides. Rafraichissant ! https://www.youtube.com/watch?v=8EUFXOZVFdk
by Jacky Barozzi 9 June 2025
« The Phoenician Scheme » de Wes Anderson, avec Benicio Del Toro, Mia Threapleton et Michael Cera. Il est un critère pour moi qui ne trompe jamais, ou le film réveille mes neurones ou il m’endort. Ici, j’ai dû constamment lutter pour ne pas sombrer dans le sommeil. 1950. Anatole "Zsa-zsa" Korda, riche industriel international et cible privilégiée de ses concurrents se lance dans le projet le plus ambitieux de sa carrière. Une trame vintage idéale, à partir de laquelle Wes Anderson va pouvoir déployer toute sa singulière virtuosité. Indéniablement, il n’en manque pas. Mais, hélas, il arrive que trop de virtuosité tue la virtuosité ! C’est le cas avec cette comédie politico financière, doublé d’une romance amoureuse et d’un film d’espionnage industriel, à base de stratégies amorales et de méthodes proprement maffieuses et criminelles. Sur ce fond scénaristique particulièrement roboratif, le cinéaste va étaler toute sa science et son savoir faire. Son esthétique bédéiste, habituellement plus légère, est lestée ici de références picturales trop marquées, voire prétentieuses, alors que la culture c’est ce qui reste quand on a tout oublié, et d’une bande musicale riches nombreuse et variée. Sans parler de la pléthore de comédiens de prestige invités à rehausser le casting initial : Tom Hanks, Mathieu Amalric, Scarlett Johansson, Charlotte Gainsbourg… Too much is too much ! https://www.youtube.com/watch?v=YuZfbZR2So8 
by Jacky Barozzi 6 June 2025
« Le Répondeur » de Fabienne Godet, avec Salif Cissé, Denis Podalydès et Aure Atika. D’après le roman éponyme de Luc Blanvillain. Une gentille comédie à partir d'une idée amusante. Un joli duo de comédiens, qui se renvoient consciencieusement la balle. Un produit formaté, qui tient du théâtre de boulevard le plus conventionnel. Anecdotique et distrayant. Bref, pas de quoi casser trois pattes à un canard. https://www.youtube.com/watch?v=rLE5eNjnIVQ 
by Jacky Barozzi 5 June 2025
« Cloud » de Kiyoshi Kurosawa, avec Masaki Suda, Kotone Furukawa et Daiken Okudaira. Après le hors-d’oeuvre, le plat du jour. Troquant l’art culinaire évoqué précédemment dans son moyen métrage « Chime », Kiyoshi Kurosawa aborde avec « Cloud » le thème du génie du e-commerce. Ici, Ryosuke, un jeune ouvrier consciencieux s’adonne durant son temps libre à la revente en ligne de produits manufacturés, sans se douter le moins du monde qu’il met un doigt dans l’engrenage d’une drogue dure dont il devra assumer les lourdes conséquences. Pas facile de se désaccoutumer de l’ivresse de l’argent facilement gagné ! D’autant plus, qu’il se révèle très doué dans cette activité particulièrement ludique et excitante. Il n’a pas son pareil pour racheter à vil prix et sans état d’âme des stocks de marchandise à des commerçants traditionnels sur endettés pour les revendre illico sur internet à des tarifs démultipliés. Très vite pourra t-il ainsi quitter son emploi fixe et son petit studio surencombré du centre ville pour une grande maison en forêt des environs de Tokyo. Et inviter sa petite amie à venir vivre avec lui, elle qui ne rêve que de pouvoir s’acheter plein de choses grâce à la carte bancaire de Ryosuke… Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. A part que ce monde-là, où plus aucun sentiment n’existe, sinon la loyauté du yakuza, est le pire ! Un long métrage éblouissant, qui tient tout à la fois du conte moral d’Eric Rohmer et du mélo flamboyant de Fassbinder. Fascinant et effrayant. https://www.youtube.com/watch?v=0mGEfNM6X04
by Jacky Barozzi 4 June 2025
« Chime » de Kiyoshi Kurosawa, avec Mutsuo Yoshioka, Seiichi Kohinata et Tomoko Tabata. Film atypique que ce moyen métrage de 45 min du grand cinéaste japonais Kiyoshi Kurosawa, 69 ans. Donné pour un film d’horreur, c’est plutôt un film réaliste -tout à la fois hyper réaliste et surréaliste-, sans véritable histoire, à l’image poisseuse et à la bande son inquiétante. Reflet d’une société réduite à sa seule matérialité, sans plus aucune spiritualité, dont le héros est un professeur de cuisine, qui tente de se faire embaucher comme chef d’un restaurant de cuisine française et auquel son gamin lui demande de lui prêter 200 000 yens pour qu’il puisse les investir dans la société nouvellement créée par l’un de ses camarades de classe contre la promesse d’intérêts à venir ! Il suffit d’un simple dérapage généralisé pour que dans le huis-clos de son école de cuisine, l’enseignant et ses élèves sombrent dans la folie ordinaire, suicidaire, et que celui-ci retrouve ses pulsions primaires, meurtrières, à la moindre contradiction. Une mise en ambiance particulièrement magistrale pour ce film glauque, infernal, glaçant, totalement fascinant et qui nous laisse néanmoins frustrés par sa brièveté et son inachèvement… https://www.youtube.com/watch?v=8swOlxzDcHg
by Jacky Barozzi 24 May 2025
Cannes 2025 Un palmarès éclectique et politique Palme d’or - « Un simple accident » de l’iranien Jafar Panahi ; Grand prix - « Valeur sentimentale » du réalisateur norvégien Joachim Trier ; Prix du jury - Exaequo : « Sirat » du réalisateur franco-espagnol Óliver Laxe et « Sound of Falling » de la réalisatrice allemande Mascha Schilinski ; Prix d’interprétation masculine - Wagner Moura, l’acteur brésilien de « L’Agent secret » ; Prix de la mise en scène - Kleber Mendonça Filho, le réalisateur brésilien de « L’Agent secret » ; Prix d’interprétation féminine - Nadia Melliti, l’actrice française principale de « La Petite Dernière » ; Prix du scénario - « Jeunes Mères » des réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne ; Caméra d’or - « The President’s Cake » du réalisateur irakien Hasan Hadi ; Palme d’or du court métrage - « I’m glad your dead now » du réalisateur palestinien Tawfeek Barhom ; Queer Palm - « La Petite Dernière » de la réalisatrice française Hafsia Herzi ; Palm Dog - Le chien Panda « dans L’amour qu’il nous reste » du réalisateur islandais Hlynur Palmason L’œil d’or ; - « Imago » du réalisateur tchétchène Déni Oumar Pitsaev ; Prix spécial - « Résurrection » du réalisateur chinois Bi Gan ; Mention spéciale de la Caméra d’or - « My father’s Shadow » du nigérian Akinola Davies Jr ; Prix Un certain regard - « Le Mystérieux regard du flamant rose » du réalisateur chilien Diego Céspedes. * Mais qui a voulu saboter le festival cette année ?
by Jacky Barozzi 24 May 2025
« Jeunes mères » de Jean-Pierre Dardenne et Luc Dardenne, avec Babette Verbeek, Elsa Houben, Janaïna Halloy Fokan, Lucie Laruelle, Samia Hilmi et India Hair. Il faut bien du talent aux frères Dardenne pour aboutir à ce film choral sobre comme un reportage télévisé idéal. On croirait assister à un épisode de la série documentaire belge Strip-Tease. Comme si une caméra invisible se contentait d’enregistrer ici la vie, pas si ordinaire que ça, des cinq adolescentes hébergées dans la maison maternelle auprès de laquelle elles sont allées chercher aide et réconfort. Et pourtant, il s’agit bien d’un vrai film, à la pureté d’un drame classique, avec unité de lieu, de temps et d’action : celui qu’il faudra pour que Jessica, Perla, Julie, Ariane et Naïma, qui n’ont pas opté pour la solution de l’avortement, décident de garder ou de donner leur bébé pour qu’il soit adopté. Un moment crucial pour elles et leurs enfants superbement interprété par cinq jeunes comédiennes en herbe plus vraies que nature. Un futur Prix d’interprétation féminine collectif ? D’autant plus que les frères Dardenne, deux fois Palme d’Or au Festival de Cannes, n’ont, eux, plus rien à prouver. https://www.youtube.com/watch?v=QChh62wkbvQ
by Jacky Barozzi 23 May 2025
« La Venue de l’avenir » de Cédric Klapisch, avec Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Paul Kircher, Vassili Schneider, Sara Giraudeau, Cécile de France et Olivier Gourmet. Avec son dernier film, présenté en hors compétition au Festival de Cannes, le cinéaste des générations bobos contemporaines, Cédric Klapisch, et son scénariste fétiche, Santiago Amigorena, n'hésitent pas à s’attaquer à l’Histoire avec un grand H. Tout du moins à une page de l’histoire des arts visuels : peinture, photographie, cinéma, via celle d’une famille française en voie de reconstitution. Rien de moins ! A cette fin, le cinéaste réussit à faire de beaux enfants à l’histoire, allant jusqu’à prêter une fille naturelle à Claude Monet, le chef de file de l’école impressionniste. A moins que celle-ci ne soit la fille du photographe Nadar, le portraitiste des plus illustres célébrités de la deuxième moitié du XIXe siècle ? A défaut d’être original, « La Venue de l’avenir », que l’on aurait pu tout aussi bien titrer « L’Avenue de l’à venir », sans nécessairement citer Lacan, est un film populaire et ludique au bon sens du terme. Un divertissement qui ne manque pas de charme ni d’inventivité. Un film enquête, qui nous balade au long de la Seine, depuis le Havre jusqu’à la capitale, nous offrant de délicieux aller-retour dans le Paris, pratiquement inchangé, sinon les costumes, de 1895 et 2025. Une trentaine de membres issus d’une même famille, mais qui ne se connaissaient pas auparavant, apprennent qu’ils sont les héritiers d’une maison abandonnée dans la campagne normande depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Quatre d'entre eux, Seb, Abdel, Céline et Guy, chargés d’en faire l'état des lieux, vont alors y découvrir un trésor et partir sur les traces de leur aïeule commune, Adèle, notamment lors de son mystérieux voyage à Paris en 1895, au moment où la ville est en pleine révolution industrielle et culturelle, l’année même de la première projection de cinéma des frères Lumière. Une narration habilement entremêlée autour d’un double patrimoine, familial et national, menée par une impressionnante troupe d’acteurs français, en devenir ou déjà confirmés. Une génétique cinématographique pour un film choral, plus consensuel, qui aurait sans doute mieux convenu en ouverture du festival de Cannes cette année ? https://www.youtube.com/watch?v=CTHXknI3Hnc 
Show More