Autore: Jacky Barozzi 13 dicembre 2025
 Roi, Dame, Valet est le second roman de l'écrivain Vladimir Nabokov, publié pour la première fois en 1928 par la maison d'éditions Slovo à Berlin. Trad. de l'anglais (États-Unis) par Georges Magnane. Collection Folio (n°702).
Autore: Jacky Barozzi 11 dicembre 2025
« Les Enfants vont bien » de Nathan Ambrosioni, avec Camille Cottin, Juliette Armanet, Monia Chokri, Manoâ Varvat, Nina Birman, Guillaume Gouix et Féodor Atkine. Peut-on abandonner par amour et recueillir sans amour ? C’est tout le paradoxe de cette histoire familiale, dont le jeune et doué réalisateur Nathan Ambrosiani, 26 ans, après « Les drapeaux de papier » (2019) ou « Toni en famille » (2023), semble s’être fait la spécialité. Par un beau soir d’été, une soeur débarque chez son ainée, une lesbienne, célibataire invétérée, dénuée d’instinct maternel, et disparait dans la nature en lui laissant ses deux jeunes enfants à charge. Un scénario en forme de postulat de base, qui nous est donné à suivre dans les moindres détails, tant sur le plan affectifs que professionnel ou social. Non, les enfants ne vont pas si bien que ça, mais pour les adultes ce n’est guère mieux ! Mais l’on s’adapte et l’on s’apprivoise… Un film tout en douceur et violence, bien dans l’air du temps, à l’époque des familles recomposées, des genres de moins en moins définis, des mariages généralisés et des transferts d’autorité redistribués. Qui n’est pas sans rappeler « Les Enfants des autres » de Rebecca Zlotowski, avec Virginie Efira (2022). Ici, Camille Cottin et les enfants sont convaincants et émouvants à souhait, et les questions soulevées par le film, dont la fin reste ouverte, sont laissées à la libre interprétation des spectateurs. https://www.youtube.com/watch?v=Ta_M1HtXEwQ
Autore: Jacky Barozzi 10 dicembre 2025
« Vie Privée » de Rebecca Zlotowski, avec Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira, Mathieu Amalric, Vincent Lacoste et Aurore Clément. C’est une charmante comédie, sans prise de tête, entièrement cousue main pour donner l’occasion à Jodie Foster de jouer dans la langue de Molière. C’est elle, en effet, qui mène la danse et autour de laquelle s’active, du premier au dernier plan, la caméra virevoltante de Rebecca Zlotowski. Sur la trame d’une énigme à la Agatha Christie, mais dans le Paris d’aujourd’hui, une sélection d’excellents acteurs nationaux, dans des rôles secondaires, viennent surligner le talent sans pareil de la plus francophile des stars hollywoodiennes. Inutile de chercher une quelconque résonance politico sociale ou des exigences esthétiques à ce film de pure distraction en forme de comédie policière bourgeoise. Des rebondissements d’usage, sans véritables coups de théâtre, nous conduisent, sans surprise, vers un happy end heureux. Dans le genre, c’est plutôt bien enlevé et on ne s’ennuie pas un seul moment. Mais pourquoi ai-je donc cru assister, durant toute la séance, à la projection d'un film de François Ozon ? https://www.youtube.com/watch?v=xphdsrLsqnI
Autore: Jacky Barozzi 9 dicembre 2025
« Fuori » de Mario Martone, avec Valeria Golino, Matilda De Angelis, Elodie et Corrado Fortuna. Je n’ai jamais lu « L’Art de la joie » de Goliarda Sapienza. Mais je me souviens du tapage fait autour de la publication posthume de ce livre, refusé par tous les éditeurs italiens et découvert en France avant de retourner triomphalement dans son pays. L’occasion d’aller voir le biopic que lui consacre Mario Martone, avant de la lire ? Le film aborde sa période « prison », dans la Rome des années 1980. Suite au vol des bijoux d’une de ses amantes bourgeoises qui a brutalement rompu avec elle, Goliarda Sapienza se retrouve à la prison pour femmes de Rebibbia. Un changement radical de vie pour cette femme de lettres progressiste, qui, prenant sans cesse des notes, nous apparait plus comme une greffière que comme une romancière. car Martone, à vouloir trop brasser, accouche d’un film sans profondeur, plein de longueurs et de langueurs, malgré la belle prestation de Matilda De Angelis dans le rôle d’une prolétaire des quartiers populaires. Ici, l’ennui, hélas, l’emporte sur la joie ! Au final, cela donne un film classique, daté, pas très convaincant, où, sous les traits de Valeria Golino, qui fait de son mieux, Goliardo Sapienza semble une piètre réincarnation de Pier Paolo Pasolini, version ragazze di vita… https://www.youtube.com/watch?v=4gMkreTJPis 
Autore: Jacky Barozzi 8 dicembre 2025
« Dites-lui que je l’aime » de Romane Bohringer, avec Romane Bohringer, Clémentine Autain et Eva Yelmani. Deux femmes, dont l’une écrit et l’autre filme, vont unir leur peine pour en faire une double force. Longtemps, Clémentine Autain et Romane Bohringer se sont crues mal aimées par leur mère et en ont porté la blessure profonde et secrète, telle une malédiction. Un sentiment d’abandon, que la mort de leurs mères, alors qu’elles étaient encore enfants, est venue renforcer, inéluctablement. C’est alors qu’elles se sont mises à effacer chacune de leur mémoire le souvenir de leur mère. Juste une question de survie ! Jusqu’à ce que devenue adulte et mère à son tour, Clémentine Autain éprouve l’impérieux besoin de renouer le lien avec cette femme qui fut sa mère, la comédienne Dominique Laffin, retrouvée morte dans son bain à 32 ans. Et que Romane Bohringer, bouleversée par la lecture du livre de Clémentine Autain, éprouve à son tour, en raison de la gémellité de leurs histoires, la conviction d’en faire un film. Un film unique, d’une intimité rare, entre reconstitution fictive et enquête documentaire, d’où émerge les figures de deux pères aimants, le chanteur Yvan Dautin et le comédien Richard Bohringer, et le portrait de deux mères tout aussi aimantes, qui s'étaient éloignées de leurs filles pour mieux les protéger. Un film de pure émotion et d’amour, qui change définitivement le regard que nous pouvions avoir sur la femme politique médiatique et la comédienne-réalisatrice, telles que nous croyions les connaitre jusqu’alors. https://www.youtube.com/watch?v=BvbbMFPe30Y 
Autore: Jacky Barozzi 4 dicembre 2025
« Mektoub my Love : Canto Due » de Abdellatif Kechiche, avec Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Jessica Pennington, Salim Kechiouche, André Jacobs et Hafsia Herzi. Les mystères de la diffusion sont impénétrables ! 7 ans après « Mektoub My Love Canto Uno », voici le « Canto Due », bien que les deux films aient été tournés dans la foulée en 2016-2017 et nous content une histoire qui se passe à Sète, au milieu des années 1990. Un film choral, où l’on retrouve toujours la même joyeuse bande de parents et d’amis, réunis autour du restaurant sétois des Délices de Hammamet , avec l’apparition, ici, d’un producteur américain et de sa jeune épouse, Jessica Pennington, actrice principale des « Braises de la passion », une célèbre série télévisuelle locale. Le héros de cette suite en est toujours le jeune Amin, de retour à Sète, après être monté à Paris pour se perfectionner sur les techniques de la photographie et de l’écriture de scénario. Profitant de l’expérience personnelle du cinéaste franco-tunisien, ce jeune homme sensible et doué, va fort opportunément rencontrer le producteur américain et voir s’ouvrir devant lui les perspectives d’un avenir prometteur, non dénué toutefois de pièges. Prétexte à Abdellatif Kechiche de nous offrir ici le dernier volet de l’un de ses films flamboyants et sensuels dont il a le secret. Un film d’autant plus troublant par son télescopage temporel entre l’époque de la Nouvelle Vague et la modernité contemporaine, où les acteurs n’ont pas de portables ni d’ordinateurs, où les scénarios se tapent encore à la machine, mais où les sitcoms et la normativité des sentiments prennent irrémédiablement le dessus sur les désirs individuels. Dans la lignée d’un Jean Eustache ou d’un François Truffaut, appréciant le cinéma américain de Martin Scorsese et le jeu d’acteur de Robert de Niro ou de Al Pacino, Kechiche serait-il le dernier représentant du cinéma d’auteur français de la période post MeToo encore en activité ? https://www.youtube.com/watch?v=r_rkdPX3a24
Autore: Jacky Barozzi 2 dicembre 2025
« Dossier 137 » de Dominik Moll, avec Léa Drucker, Guslagie Malanda, Mathilde Roehrich et Jonathan Turnbull. Je n’avais pas été aussi enthousiaste que la critique professionnelle à la projection de « La Nuit du 12 » et j’hésitais beaucoup à aller voir le dernier opus de Dominik Moll, co-écrit avec Gilles Marchand. Mais quelques articles bien argumentés de cinéphiles éclairés, ici ou là, m’ont dissuadé de faire l’impasse dessus. D’autant plus que, film après film, par ses choix et son jeu, Léa Drucker s’est imposée, sans tambour ni trompette, comme une actrice désormais incontournable du cinéma français. On pourrait juste lui reprocher de se cantonner un peu trop au genre dramitico-politico-sociétal et ne pas suffisamment exploiter la veine comique ou historique. Quelle marquise de Merteuil ne ferait-elle pas ! Disons-le d’emblée, j’ai été séduit par « Dossier 137 ». Résumé : « Un jeune homme est blessé par un tir de Flash-Ball lors des manifestations liées au mouvement des Gilets jaunes. Stéphanie, enquêtrice à l'Inspection générale de la Police nationale, est chargée d'en déterminer les responsabilités. » Sur ce canevas relativement simple, voire basique, le réalisateur nous donne à assister à un thriller captivant, subtil et nuancé sur la difficulté d’exercer la sécurité des biens et des personnes par temps de crise. Ici, face à des responsables politiques dépassés, frileux ou démagogues, selon qu’ils sont au pouvoir ou dans l’opposition, les services de police jouent tant bien que mal leur partition, chacun dans son coin, au détriment d’une cohérence harmonieuse et complémentaire. Tandis que les magistrats, d’une part, et les syndicats corporatistes, de l’autre, tirent la couverture de leur côté : de la gauche vers la droite. Au milieu de ce chambardement généralisé, notre héroïne, commandante de police et flic dans l’âme, tente d’apporter tout le sérieux et le dévouement qu’elle peut au service de ce métier, dont l’utilité lui semble toujours aussi nécessaire, sinon plus, malgré une légitimité de plus en plus contestée par l'opinion publique. D’où l’urgence, à ses yeux, de veiller à bien séparer le bon grain de l’ivraie parmi les effectifs de la Police nationale. Plus facile à dire qu’à faire ! Un film efficace et impartial de Dominik Moll et une interprétation impeccable de Léa Drucker, où, malgré une apparition brève à l’écran, Guslagie Malanda, révélée grâce à son rôle principal dans « Saint Omer » parvient à donner une très haute intensité à son personnage. https://www.youtube.com/watch?v=Ll17lAq0MWY
Autore: Jacky Barozzi 28 novembre 2025
« Bugonia » de Yorgos Lanthimos, avec Emma Stone, Jesse Plemons, Aidan Delbis et Stavros Halkias. Laissez tomber TikTok et courez au cinéma ! Pour leur quatrième collaboration, après « La Favorite », « Pauvres Créatures » et « Kinds of Kindness », le cinéaste grec à l’imaginaire déjanté et la comédienne américaine transformiste jusqu’au boutiste frappent fort ! Les voilà de retour avec « Bégonia », un thriller psychologique, politico-économique, qui tient tout à la fois du film d’horreur et de science-fiction. Pour une fable écologique au message sans bavure : les humains courent à grande vitesse à leur perte et même les extra terrestres n’y peuvent plus rien. Et par dessus tout cela se déploie la virtuosité magistrale du conteur et le jeu halluciné des comédiens. Un film d’autant plus jubilatoire que désespéré. Mais si les hommes, comme les dinosaures, sont appelés à disparaitre de notre planète, qu’on se rassure, les abeilles vont pouvoir continuer à butiner de fleur en fleur et la Terre à redevenir un superbe jardin d’Eden. Merci pour elle ! https://www.youtube.com/watch?v=_oR05U1bljY
Autore: Jacky Barozzi 23 novembre 2025
« Jean Valjean » de Eric Besnard, avec Grégory Gadebois, Bernard Campan, Alexandra Lamy et Isabelle Carré. Ce n’est pas à une énième version des Misérables que nous convie le cinéaste Eric Besnard, mais comme l’indique son titre, à une sorte de biopic d’un des plus grands personnages de la littérature française, Jean Valjean. L’histoire est tout entière resserrée au moment de sa sortie du bagne de Toulon et de sa rencontre décisive avec Monseigneur Myriel, l’évêque de Digne. Une libre adaptation, au final particulièrement fidèle, servie sous forme de genèse de la bible laïque hugolienne, nous contant l’édifiante conversion d’un misérable plein de haine et de ressentiment en homme d’amour de son prochain. Une double conversion même, car avant celle de Jean Valjean, il fallut qu’advint, à l’autre bord de l’échelle sociale, celle du frivole prélat devenu saint, pour que la chaine humanitaire puisse poursuivre son oeuvre. Tourné l’hiver dernier en Provence, notamment à Martigues et aux Baux-de-Provence, le film en épouse toute la beauté austère de ses paysages naturels et la rudesse de sentiment de ses habitants. Une imagerie d’Epinal au service d’une moralité tranchée, que d’aucuns pourront trouver trop didactique et sans nuance entre le bien et le mal, le blanc et le noir. Après un temps de perplexité, le film m’a finalement emporté et ému. Grâce principalement à l’interprétation magistrale de Grégory Gadebois, s’inscrivant désormais dans l’impressionnante galerie des Jean Valjean de celluloïd : Harry Baur (1934), Jean Gabin (1957) ou Lino Ventura (1981). Mais aussi aux surprenantes prestations de Bernard Campan, dans le rôle de l’abbé Myriel, d’Alexandra Lamy, dans celui de sa revêche servante Madame Magloire, et Isabelle Carré, dans celui de sa soeur souffreteuse. Sans oublier la participation exceptionnelle d’Albert Dupontel, en ermite des Alpes ! https://www.youtube.com/watch?v=X3SGsH2nFp8
Autore: Jacky Barozzi 15 novembre 2025
« Les Aigles de la République » de Tarik Saleh, avec Fares Fares, Lyna Khoudri et Zineb Triki. Après le succès international de « La Conspiration du Caire » (2022), le cinéaste Tarik Saleh, 53 ans, de mère suédoise et de père égyptien, et son complice, l’acteur Fares Fares, vivant également en Suède mais d’origine libanaise, nous offre son double regard sur l’Egypte contemporaine. Ici, l’acteur le plus adulé du pays est contraint par la garde rapprochée du président d’incarner Sissi dans un biopic à sa gloire. Malgré une mise en place de l’histoire un peu lente, j’ai été assez vite happé par ce thriller efficace et implacable, qui nous plonge au coeur d’un régime militaire et autoritaire, aux méthodes particulièrement cruelles et expéditives, témoignant une fois de plus que l’art et le pouvoir ne font généralement pas bon ménage. Certes, on se demande bien ce que vient faire dans le casting l’actrice franco-algérienne Lyna Khoudri, sinon un peu plus que de la figuration intelligente, tandis que le rôle féminin le plus important est incarné par l’actrice franco-marocaine Zineb Triki ? Un film édifiant et effrayant ! https://www.youtube.com/watch?v=2_uBrWb8bWo 
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