
« Alpha » de Julia Ducournau, avec Mélissa Boros, Tahar Rahim, Golshifteh Farahani, Emma Mackey, Finnegan Oldfield et Louai El Amrousy.
« Grave » nous interpelait, « Titane » fut particulièrement convaincant mais « Alpha » nous confirme que Julia Ducournau est définitivement une grande cinéaste, sachant ce qu’elle veut raconter et surtout montrer, tout en se renouvelant.
Nous proposant ici un scénario plus personnel, plus réaliste, qui lui permet de donner toute la mesure de son lyrisme poétique formel.
C’est beau comme un film expressionniste muet, déclenchant chez le spectateur des moments d’émotions de haute intensité.
A travers le vécu d’Alpha, à 5 ans et à 13 ans, Julia Ducournau retranscrit ses propres souvenirs des années les plus noires de la pandémie du sida.
Une fiction, sur une maladie jamais nommée dans le film, dont les répercussions, réelles ou fantasmées, furent traumatisantes pour la société, sur les malades et leurs familles.
Un trauma dont les ondes de choc se font encore sentir aujourd’hui.
Un sujet casse-gueule, risqué, inconfortable, porté magistralement par un trio d’acteurs bouleversants : le jeu de Golshifteh Farahani est si intense qu’on en oublie sa beauté ; Tahar Rahim, qui a perdu 20 kg pour l’occasion, donne, sans misérabilisme, plus de force et de noblesse à son personnage. Mais la plus bluffante est incontestablement Mélissa Boros, dans le rôle titre, au point que malgré ses 19 ans elle est totalement crédible en adolescente de 13 ans, et permet ainsi à Julia Ducournau d’échapper à l’accusation de pédocriminalité.
Mentionnons encore la musique mélodieuse et secouante du compositeur Jim Williams.
https://www.youtube.com/watch?v=ZHnRuHL8kRk



