Autore: Jacky Barozzi 9 luglio 2025
L’oracle de la rue du Rendez-Vous Tandis que je m’acheminais d’un pas hâtif dans la rue du Rendez-Vous, j’avisai, juste avant le café-tabac qui fait face à l’église, la silhouette avachie d’un clochard sans âge, assis à même le trottoir, tête baissée, laissant transparaître une longue traînée suspecte entre ses jambes écartées. J’avais marché une bonne partie de l’après-midi et, l’heure venant, je regagnais mon domicile. Je me demandais alors – la marche étant pour moi particulièrement propice à la réflexion – auquel de mes divers projets littéraires je devais m’atteler ? Je venais de rendre le manuscrit d’un livre de commande et souhaitais, dès lors que la matérielle était assurée dans l’immédiat, consacrer un peu de mon temps à un travail plus personnel. Je cherchais l’inspiration, en somme ! J’aime marcher. Spécialement en ville. C’est l’une de mes activités préférées : mes idées s’y ordonnent d’autant mieux que je contemple l’agitation des autres. Arrivé à la hauteur de l’ivrogne, je me déportai légèrement sur la gauche, afin de contourner l’obstacle, retenant ma respiration au passage. Peine perdue, une odeur de fromage putride mêlée de relents d’urine et de vinasse parvint cependant à me picoter les narines : malgré mon paquet quotidien de cigarettes, j’ai conservé un odorat très fin. Alors qu’il était resté immobile, les yeux mi-clos tournés vers le sol, l’homme, d’une voix rauque et parfaitement audible, me cria dans le dos : « Vas te faire enculer au nom de Dieu ! T’as compris ? C’est au nom de Dieu que tu vas te faire enculer ! » Je poursuivis mon chemin sans ralentir, à peine vexé voire amusé : d’autant qu’hormis nous deux, ils n’y avait personne dans le voisinage. Devant l’église, les cloches se mirent à carillonner à toutes volées (il s’agit, bien sûr, d’un enregistrement). C’était un samedi. A travers les portes grandes ouvertes, je constatai que l’assistance à l’intérieur était clairsemée. Je vis dans tout cela une troublante concordance de signes : quel message cet homme était-il chargé de me communiquer ? Ce pouvait-il que Dieu, en personne, m’ordonnât d’aller me faire enculer ! J’avais écouté attentivement la phrase proférée avec autorité par le clochard, dans mon dos, comme pour la faire pénétrer jusqu’au plus profond (au fondement) de ma conscience. Dans l’intonation même de son « Tu comprends » j’avais bien perçu le point d’interrogation, qu’il y avait mis, suivi du redoublement, insistant, de ce qui sonnait tel un oracle : « C’est au nom de Dieu que tu vas te faire enculer ! » Si j’ai bien compris, en effet, il ne s’agirait donc pas d’aller me faire enculer pour mon propre plaisir ou déplaisir, selon que j’aime ou pas cela, mais par mission divine. Comme si Dieu m’avait choisi, moi (et probablement quelques autres car je ne saurais suffire seul à la tâche !) pour, dans son infinie bonté, répondre à la misère sexuelle des hommes ? Sacrée distinction, s’il en est ! N’aurais-je pas dû alors commencer mon sacerdoce avec le clochard, dont on pourrait interpréter la phrase comme une invite ? 
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Autore: Jacky Barozzi 21 giugno 2025
Impressions du Maroc Le 14 mai 1994, je débarquai à Marrakech de l’avion de Paris, accompagné de mon fidèle ami Hector. Mon compagnon Chedly étant retenu par son travail de directeur du Carré des Champs Elysées au restaurant Ledoyen. Là, nous louâmes une voiture et partîmes à la découverte des cités impériales marocaines en passant par l’antique cité romaine de Volubilis. Un inoubliable road trip d’une semaine. Récit en images.
Autore: Jacky Barozzi 30 marzo 2025
Un séjour d'été en Dordogne. « Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, Je ne pouvais croire à mon bonheur ! » HENRI MATISSE Nice entre parenthèses Le bac en poche et à la veille de m’envoler vers Paris, où j’étais parvenu à m’inscrire à la faculté de droit de la rue d’Assas, ma mère trouva le moyen de se faire renverser par un motocycliste. Souffrant d’un violent traumatisme crânien, elle fut transportée en urgence à l’hôpital de Cannes, m’obligeant à revoir mes plans de fond en comble et me replier en catastrophe sur la faculté voisine de Nice. Retardant ainsi mon rêve d’installation dans la capitale d’un an ! Je trouvai via les petites-annonces « locations » de Nice-Matin, une studette donnant sur l’arrière d’un immeuble de la promenade des Anglais, sise au 105, Promenade des Anglais, et dont l’unique fenêtre ouvrait sur la cour intérieure, où trônait un majestueux palmier longiligne planté au milieu d’un parterre de fins graviers gris. Une fois passé le porche et regagné mon petit studio, je tournais le dos à la mer. Peut importe, le bord de mer allait devenir le principal boulevard, que je sillonnerais jour et nuit : ma promenade idéale ! Au début des années 1970, les facultés françaises étaient particulièrement florissantes. Créée sept ans plus tôt à l’emplacement des Jardins de la Villa Passiflores, sur la colline de Magnan, la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Nice était tout à la fois cossue et fonctionnelle, dotée d’un superbe auditorium de 650 places, de salles d'études spacieuses et aérées, et décorée de plus d’une splendide fresque de Chagall, en céramique multicolore, contant les aventures d’Ulysse, qui couvrait tout un long pan de mur du hall central. Tandis que la vaste cour de récréation, en terrasse, regardait la mer. On disposait, entre autre, ici, d’une vaste bibliothèque avec cafeteria et d’un restaurant universitaire. Certains cours de Droit nous étaient également dispensés dans la grande salle du CUM (Centre Universitaire Méditerranéen), un beau palais art déco du centre de la Promenade des Anglais, voisin du Negresco. Je passais la journée à la fac, suivant les cours d’une oreille plus ou moins attentive, potassant à la bibliothèque, buvant un pot à la cafète avec les copains de la fac, garçons et filles joyeusement mêlés. Le soir, rendu à ma solitude, je sillonnais de long en large, la promenade des Anglais, du côté plages, pénétrais dans les ruelles étroites de la Vieille Ville par le Cours Saleya, puis me sustentais d’une spécialité niçoise, attablé à la terrasse d’un bistro situé sur une placette au carrefour de voies piétonnes. J’allais prendre ensuite le café sous les arcades de la place Garibaldi, celle par où entrèrent les travailleurs immigrés italiens, dont j’étais l’un des multiples rejetons, mâtiné du sang niçois de ma mère. Le week-end, je ne rentrais pas à Cannes, arpentant inlassablement d’autres coins de la ville : la promenade du Château avec son vieux cimetière où repose Matisse, le quartier du Vieux-Port, la colline de Cimiez jusqu’aux ruines romaines, le quartier des russes orthodoxes de la colline Saint-Philippe, où se trouvait l’institution religieuse qui avait vu passer mes parents. Au centre de l’avenue de la Victoire (aujourd’hui, avenue Jean-Médecin), je pouvais encore voir la granitique et imposante église dans laquelle ils s’étaient mariés, en septembre 1947. J’en possède toujours la photo, parmi d’autres vestiges photographiques conservés à ce jour, malgré mes nombreux déménagements ultérieurs et ma manie, à cette occasion, de me débarrasser de la plupart des documents, livres et vieux manuscrits accumulés au fil des ans. J’avais quitté ma mère à Cannes et je la retrouvais ici, à tous les coins de rues ! J’allais aussi au cinéma, cinéma de quartier et ciné-club. Le reste du temps, je lisais : cours, journaux, livres. Je découvris les premiers romans de Patrick Modiano, qui me semblèrent adressés spécialement à moi par un grand frère déjà entré dans la carrière. Devant la librairie de la rue de France, en grande partie piétonne jusqu’à la place Massena, de larges présentoirs offraient un grand choix de livres de poches, facile à piquer pour l'étudiant désargenté que j'étais. C’est de cette manière que je fis la connaissance de l’œuvre et de la vie du marquis de Sade, des malheurs de sa pauvre Justine, et de sa philosophie de boudoirs. Je lus aussi les romans de Genet et ne manquais jamais les films de Pasolini ou de Visconti. Je ne parvenais plus à refouler mon homosexualité. Auparavant, j’avais déjà eu quelques expériences, peu satisfaisantes. À Nice, n’avais-je pas toute l’autonomie nécessaire pour donner libre cours à ma sexualité ? Tard dans la soirée, la promenade des Anglais et ses plages, les Jardins Albert-1er, le Jardin Alsace-Lorraine, entre autres, se transformaient en autant de lieux de rencontre et d’échange privilégiés. Les pratiques furtives marquèrent un temps de répit dans mon combat perpétuel contre la solitude dans laquelle je me débattais pour la première fois de ma vie. À Nice, en rentrant de mes inlassables errances, personne ne m’attendait. À la fin de l’année universitaire, je fus admis en deuxième année de licence en Droit mais pas de Science-économique. Peu m’importait alors le cursus universitaire. Le plus important pour moi était de mettre fin à cette parenthèse niçoise. J’avais vingt ans et je partis enfin à Paris !
Autore: Jacky Barozzi 19 marzo 2025
Avec le barman de l'hôtel Saint-Christophe, l'été 1969.
Autore: Jacky Barozzi 17 marzo 2025
Luis Fernando Zapata et moi posant devant la série de ses tableaux monochromes de grand format peints à la pâte de marbre, exposés à l’Espace Cardin à Paris en septembre 1986. 
Autore: Jacky Barozzi 15 marzo 2025
Premières impressions de Paris Mon arrivée à la Gare de Lyon muni d’un billet sans retour au départ de Cannes, au début des années 1970 J’avais vingt ans et je partis enfin à Paris ! Durant tout le voyage je sentis croître en moi une poussée d’enthousiasme dont l’ivresse me grisa jusqu’au moment de l’arrivée. Lorsque je débarquai sur le quai de la gare de Lyon avec mon sac et ma vieille valise, je n’eus qu’une hâte, sortir, sortir et voir Paris ! Il faisait déjà nuit. Nous étions en septembre. L’air était doux. Flanqué de mes bagages, je me tenais immobile et regardais tout autour de moi. « Etais-je tombé au beau milieu d’une fourmilière !? » Les gens couraient en tous sens. Des grappes humaines s’engouffraient ou surgissaient du métropolitain. D’autres personnes formaient une longue file d’attente, parallèle à celle des taxis en stationnement devant la gare, et toutes les deux secondes une voiture démarrait en emportant des passagers. Mais la file n’en devenait pas moins longue car aussitôt elle se rechargeait. Des groupes compacts d’hommes et de femmes emplissaient l’intérieur des cafés d’en face. Toutes les lumières étaient allumées pour le grand bal. On aurait dit qu’un chorégraphe avait réglé tout cela. En effet, les groupes se croisaient, se fondaient les uns dans les autres puis la masse des figurants anonymes s’éparpillait dans toutes les directions. Plus qu’à un ballet, j’avais l’impression maintenant d’être le spectateur privilégié d’une mise en scène d’un film à grand spectacle : un film en noir et blanc, car d’emblée la capitale m’apparut dans toute la gamme des gris : du gris pâle à l’anthracite. Peu à peu l’enthousiasme et l’étonnement laissèrent la place à un sentiment plus trouble. Je me sentis heureux et apeuré. J’avais envie de rire, de crier, de me mêler à la danse, avec la vague intuition que mes rires auraient pu se changer en larmes. La joie et l’angoisse bouillonnaient dans ma tête. J’avais quitté le bleu des cieux du doux rivage ensoleillé de mon enfance pour rejoindre au plus vite le séjour, tant rêvé, de mon exil volontaire, qui se révéla, au premier abord, tout à la fois magnétique et inhospitalier. Je marquai un temps d’hésitation, mais la joie l’emporta. Je me redis alors que j’étais libre et que la vie qui commençait désormais pour moi était entièrement neuve. Neuve, mais en sombre et brumeux et de plus en plus froid.
Autore: Jacky Barozzi 6 dicembre 2024
Elsa Triolet et Louis Aragon. UN MARIAGE DE DÉRAISON Louis Aragon rencontra Elsa Triolet, le soir du 6 novembre 1928, à La Coupole. Il avait trente-et-un ans, elle trente-deux. Montparnasse vivait alors les dernières heures des Années folles. Deux mois plus tôt, Louis avait tenté de mettre fin à ses jours à Venise, en apprenant que Nancy Cunard le trompait avec le jazzman afro-américain Henry Crowder… 
Autore: Jacky Barozzi 26 agosto 2024
Marius Mascarello, résistant dévoilant la stèle en hommage à ses camarades décédés. (article de Cannes Riviera, 12 septembre 1944) Mon cousin germain, le pêcheur du Suquet Marius Mascarello (1923-2005). Entré dans la Résistance à 17 ans, il fut blessé lors des combats pour la Libération de Cannes le 24 août 1944. Surnommé Yuyu, il était le fils de Louis Mascarello et de Iraïde BAROZZI, dite Henriette, la soeur aînée de mon père.
Autore: Jacky Barozzi 20 agosto 2024
Jacky va à l’école
Autore: Jacky Barozzi 17 luglio 2024
Cannes 1953 : une belle promesse... 
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