
La rue d'Antibes des années 1950.
En remontant la rue d’Antibes
A la rentrée des classes et en prévision des premiers frimas, ma mère nous emmenait, mon frère et moi, dans la rue d’Antibes afin de nous rhabiller de pied en cap pour l’hiver.
Pour les manteaux, vestons, pantalons et autres lainages, elle nous conduisait de préférence chez Sigrand, à l’angle de la rue d’Antibes et de la rue des Belges (dans le bel immeuble construit en 1928 par l'architecte Maurice Rondoni).
Là, les vêtements étaient un peu plus chers mais de bonne qualité et nous duraient longtemps.
Pour les chaussures, il n’était pas question d’aller chez Jacques Loup, aux modèles trop fins et élégants, mais plutôt chez André dont les prix défiaient alors toute concurrence.

Parfois, notre mère s’arrêtait chez Bouchara, pour acheter un coupon de tissu, ou admirait au passage les vitrines rutilantes de la joaillerie Julian (n°71), tandis que pour ma part, je m’attardais devant les fabuleuses compositions de fruits confits de la maison Maiffret (n°47) et les alléchants gâteaux de la pâtisserie Rhor (remplacée depuis par la boutique Lenôtre, au n° 63).

Plus tard, la rue d’Antibes devint essentiellement pour moi la rue des cinémas.
Mon argent de poche honnêtement gagné le dimanche matin en travaillant au marché Forville, je filais, dès le début de l’après-midi, dans l’une de ses nombreuses salles, où elles étaient majoritairement concentrées, m’offrant une séance, selon le titre du film ou le nom des acteurs.
Soit au Vox, soit à l'Olympia, soit au Star ou aux Arcades, plus bas…
Peu m'importait si le film avait déjà commencé, de toute façon, les séances étaient permanentes et je les visionnais, en général, au moins deux fois d'affilée.
C'était fascinant de constater qu'à la deuxième vision, on découvrait toujours des images et on comprenait encore des choses que l'on n'avait pas vues ou auxquelles on n’avait pas pensées à la première !
De cette période, mais pas forcément dans cet ordre-là, je me souviens de West side story, de Sean Connery dans les premiers James Bond, de Michèle Mercier dans la série des Angélique, de Borsalino, avec Alain Delon et Jean-Paul Belmondo, de Brigitte Bardot dans L’Ours et la poupée de Michel Deville.
Sans oublier le film Les Oiseaux, d’Alfred Hitchcock, vu au cinéma Vox et qui m’avait causé une inoubliable frayeur !
Je me souviens aussi qu’en ce temps-là, les ouvreuses nous accompagnaient à notre place dans le noir avec une lampe de poche et, qu’à ’entracte, après le court métrage et les actualités d’usage, elles déambulaient parmi les rangs avec leur grandes corbeilles en osier débordantes de bonbons et de crèmes glacées.

Fermé depuis plusieurs années et actuellement en cour de complète rénovation, le Star, va rouvrir ses portes prochainement, au 98, rue d'Antibes.

