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6e arrondissement


Fontaine Saint-Michel

Place Saint-Michel

Métro : Saint-Michel


Lorsque Charles Garnier montra à l’Empereur les plans du futur Opéra, l’Impératrice Eugénie lui demanda quel en était le style. « Mais c’est du Napoléon III », lui répondit-il. 

Quoique d’inspiration vaguement italienne, on pourrait en dire autant de la fontaine Saint-Michel, devenue depuis cette époque un lieu de rassemblement emblématique du Quartier latin, à l’entrée du Boul’Mich’. 

C’est, incontestablement, le chef-d’œuvre de l’architecte Gabriel Davioud. 

Après avoir ouvert le boulevard Saint-Michel en 1855 au milieu d’un des derniers îlots de masures du vieux Paris, le baron Haussmann lui commanda une fontaine décorative pour masquer le mur pignon des immeubles des voies principales reliant la nouvelle place. 

Pour cette réalisation gigantesque, au format imposé de 26 mètres de hauteur et 15 de largeur, Davioud imagina une fontaine en forme d’arc de triomphe. 

A l’origine, Napoléon devait en occuper la niche centrale, mais c’est finalement saint Michel, dans une allégorie du Bien triomphant sur le Mal, qui fut plus sagement retenu. 

Inaugurée en 1860 à l’issue de deux années de travaux, la fontaine Saint-Michel est constituée d’une grande variété de pierres de différentes couleurs : son soubassement est en pierre jaune du Jura, ses quatre colonnes corinthiennes sont en marbre rouge du Languedoc, le rocher d’où l’eau retombe en cascade dans les bassins a été sculpté dans la pierre blanche de Soignies, l’attique est réalisé en marbre polychrome et surmonté d’un panneau de marbre vert où est inscrite la date de construction de la fontaine. 

Dans ce décor majestueux, plusieurs sculpteurs de renom ont apporté leur contribution en bronze : Francisque Duret signe le groupe représentant Saint Michel terrassant le démon, sur le modèle de celui de Raphaël ; Alfred Jacquemart a donné corps aux deux effrayants dragons qui montent la garde de part et d’autre du grand bassin ; Auguste Barre, Eugène Guillaume, Louis Robert et Charles Gumery ont réalisé les statues des vertus cardinales, qui trônent au sommet des colonnes : la Prudence, la Force, la Justice et la Tempérance

Alors, de quel style, cet ensemble monumental ?


Fontaine du marché des Carmes

Square Gabriel-Pierné, rue Mazarine, rue de Seine

Métro : Pont-Neuf ou Mabillon


Cette fontaine en pierre, réalisée en 1819, d’après les dessins d’Alexandre-Evariste Fragonard, le fils du célèbre peintre, ornait à l’origine le marché des Carmes, place Maubert, jusqu’à sa démolition en 1930. 

C’est à cette date qu’elle fut transportée dans ce square situé à l’angle des rues de Seine et Mazarine, à l’arrière du vénérable bâtiment de l’Institut de France. 

C’est là que l’on peut désormais contempler, au centre d’un bassin circulaire, la borne carrée de 4 mètres de hauteur au sommet de laquelle deux têtes siamoises ont été sculptées, symbolisant, l’une, l’Abondance et, l’autre, le Commerce

Ces divinités à la gloire du négoce semblent s’être parfaitement reconverties, à l’ombre de la Coupole, au commerce de l’esprit et à la profusion des idées, fussent-elles, ici, académiques !


Fontaine Jacob

2, rue Jacob

Métro : Saint-Germain-des-Prés


Au centre du jardinet aménagé à l’extrémité de la rue Jacob, entre les rues de l’Echaudé et de Seine, le sculpteur Guy Lartigue a réalisé, en 1978, une petite fontaine sphérique constituées de lamelles de marbre blanc. 

Elle se détache avec élégance et sobriété devant un grand mur pignon, mêlant harmonieusement ses lignes horizontales au quadrillage du treillage en toile de fond. 

A sa base, un bassin circulaire convexe recueille l’eau qui jaillit depuis le sommet et ruisselle à travers les lamelles. 

A condition de ne pas oublier de la faire fonctionner !



Fontaine Pastorale

Square Félix-Desruelles, boulevard Saint-Germain

Métro : Saint-Germain-des-Prés


C’est le sculpteur Félix Desruelles (1856-1943) qui a réalisé en 1923 la fontaine Pastorale, située dans la partie ouest du square qui porte désormais son nom. 

Pour cette fontaine, qui jouxte le flanc sud de l’église Saint-Germain-des-Prés, l’artiste a représenté une scène particulièrement bucolique. 

On peut y voir, sculptés dans la pierre, un berger dénudé discutant nonchalamment avec une chaste jeune fille, sous le regard indifférent de moutons essentiellement préoccupés de trouver de l’herbe à brouter. 

Au pied de ce groupe d’inspiration virgilienne, trois petits tuyaux encerclés d’une rosace, également sculptée dans la pierre, déversent l’eau dans un long bassin rectangulaire.


Fontaine Embâcle

Place du Québec

Métro : Saint-Germain-des-Prés


La place située au point de convergence des rues de Rennes et Bonaparte, en vis-à-vis de l’église Saint-Germain-des-Prés, reçut le nom de la province francophone du Québec, en 1980. 

C’est sur ce site que fut installée en 1984 la fontaine offerte à la ville de Paris par le gouvernement canadien, à l’occasion du 450 anniversaire de la découverte du Canada par Jacques Cartier. 

Œuvre de l’architecte Alfred Gindre et du sculpteur Charles Daudelin, elle est baptisée L’Embâcle, mot qui qualifie l’obstruction du lit d’une rivière ou d’un détroit par un amoncellement excessif de glace flottante. 

Celle-ci semble faire écho au célèbre slogan de mai 68, « sous les pavés, la plage ». 

Ici, les concepteurs ont mis en scène la résurgence d’une source naturelle soulevant par sa seule puissance les dalles en granit du trottoir alentour. 

Au centre de la composition générale, des dalles coulées dans le bronze et s’élevant vers le ciel laissent voir le bouillonnement des eaux prêtes à jaillir à l’air libre. 

Mais la place et sa fontaine ne témoignent-elles pas aussi des liens d’amitié, parfois explosifs, qui lient la France et le Canada ? 

Notamment lorsque le général de Gaulle, en visite officielle en 1967, déclara à la fin d'un discours à Montréal : « Vive le Québec libre ! » 


Fontaine Saint-Sulpice

Place Saint-Sulpice

Métro : Saint-Sulpice


Dite aussi fontaine des Orateurs-Sacrés ou fontaine des Quatre-Evêques, la fontaine monumentale en pierre, érigée entre 1843 et 1848 au centre de la place Saint-Sulpice par l’architecte Louis Visconti, n’est pas sans rappeler la fontaine des Innocents. 

Elle se compose d’un édifice quadrangulaire dominant trois bassins octogonaux étagés. 

Sur le deuxième bassin, quatre lions couchés surveillent farouchement les armes de la capitale, tandis que sur le plus petit des bassins, juste au-dessus, de grands vases déversent l’eau qui cascade en larges nappes jusqu’au dernier bassin. 

Le corps principal de ce monument commémoratif, encadré de quatre colonnes corinthiennes et surmonté d’un dôme à compartiments, présente, dans chacune des niches creusées en cul-de-four sur les côtés, quatre des plus fameux orateurs du XVIIe siècle : Bossuet, évêque de Meaux ; Fénelon, archevêque de Cambrai ; Fléchier, évêque de Nîmes et Massillon, évêque de Clermont. Œuvres, respectivement, des sculpteurs Jean-Jacques Feuchère, François Lanno, Louis Desprez et Jacques Fauginet. 

Les lions, vases et armoiries sont dus, pour leur part, au sculpteur François Derré. 

Sur le dôme, que termine un fleuron coiffé d’une croix latine, des cartouches ornées des armes des villes épiscopales des quatre personnalités parachèvent les décorations de cette magistrale fontaine, d’allure quelque peu austère, mais qui ne dépareille pas avec la façade de l’église Saint-Sulpice, réalisée au XVIIIe siècle par l’architecte Servandoni. 


Fontaine de la Paix

Allée du séminaire, rue Bonaparte

Métro : Saint-Sulpice


C’est l’une des quinze fontaines publiques, toutes différentes, créées sous l’Empire, à la suite du décret de 1806, comme la fontaine du Palmier, place du Châtelet. 

Erigée en 1810 place Saint-Sulpice, la fontaine de la Paix, en référence au traité d’Amiens de 1802, fut jugée trop modeste de proportions pour cet emplacement prestigieux et fut transférée au cœur de l’ancien marché Saint-Germain en 1824. 

Elle y resta jusqu’en 1835, date à laquelle elle fut déplacée à la bonne adresse, semble-t-il cette fois-ci, sur l’allée du Séminaire, rue…Bonaparte !  

S’inspirant d’un projet dessiné en 1724 par son confrère Detournelle, l’architecte Voinier lui donna sa forme définitive. 

La fontaine de la Paix, en pierre, est constituée d’un bassin rectangulaire d’où s’élève une borne carrée dont chaque face est coiffée d’un fronton triangulaire. 

Sous une frise décorée en alternance de guirlandes de fruits et de lyres due au sculpteur Marquois, quatre bas-reliefs en marbre blanc, réalisés par Jean-Joseph Espercieux, représentent, dans le goût antique, la Paix, les Sciences et les Arts, le Commerce et l’Agriculture.  

Sur deux côtés opposés, l’eau jaillit depuis une goulotte centrale et se répand dans une vasque ornée de six têtes de lions, avant de terminer sa course dans le bassin rectangulaire décoré de congélations, témoignant de la fonction plus décorative qu’utilitaire de cette fontaine particulièrement napoléonienne.


Fontaine Palatine

12, rue Garancière

Métro : Saint-Sulpice ou Mabillon


Cette discrète et élégante fontaine, dénommée également fontaine Garancière, fut érigée, ainsi que nous l’indique l’inscription latine gravée dans la plaque en marbre au-dessus de la niche, aux frais de Anne de Bavière, princesse Palatine, veuve de Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé, en l’an 1715. 

Celle-ci, qui jouissait des agréments du Petit Luxembourg, propriété de son illustre mari à l’époque, voulut faire profiter les Parisiens du voisinage de l’eau d’Arcueil, dont les autorités municipales avaient sensiblement augmenté le volume d’un demi-pouce auquel elle avait droit jusqu’alors ! 

La fontaine était adossée contre un mur des écuries du Petit Luxembourg (l’actuelle résidence du président du Sénat). 

Démontée lors de leur démolition, elle fut encastrée dans le nouvel immeuble qui leur succéda, à son emplacement approximatif d’origine. 

L’eau y coule toujours depuis un beau mascaron en bronze à tête de triton et finit sa course dans une grille carrée au sol. 


Bassin et Fontaines du Luxembourg

Jardin du Luxembourg

RER B : Luxembourg ou Métro : Notre-Dame-des-Champs


Créés au début du XVIIe siècle, sous la régence de Marie de Médicis, le palais et le jardin du Luxembourg ont connu de nombreuses modifications au cours des siècles, notamment sous le Second Empire, à l’occasion de l’élargissement et de l’ouverture des principales voies qui entourent cette ancienne propriété royale, dévolue aujourd’hui au Sénat. 

Depuis lors, le jardin du Luxembourg a conservé sa configuration actuelle et possède désormais trois points d’eau qui méritent le détour : le bassin central, la fontaine Médicis et la fontaine Delacroix.


Le bassin central


Ce vaste bassin octogonal, lieu de prédilection des jeunes Parisiens qui viennent y faire naviguer depuis plusieurs générations leurs voiliers ou bateaux téléguidés, remplace deux bassins circulaires de moindre envergure, destinés, à l’origine, puis lorsque le jardin fut remanié par Le Nôtre, à orner les parterres de buis taillés qui se déployaient alors devant le palais. 

Au centre, le jet d’eau surgit d’une vasque soutenue par des enfants. 

Le bassin actuel, plus ludique, a été réalisé vers le milieu du XIXe siècle, lorsque le jardin public fut remanié pour satisfaire également les désirs des plus petits, qui pouvaient, depuis 1840, s’y promener à dos de chèvres et où apparurent les premiers kiosques de friandises ainsi qu’un premier théâtre de guignol en plein air, dessiné par l’architecte Charles Garnier.

La fontaine Médicis


Marie de Médicis, qui avait souhaité une demeure dans le style Renaissance propre à sa Florence natale, confia la construction du palais à l’architecte Salomon de Brosse et chargea l’ingénieur Thomas Francini de superviser les travaux des fontaines. 

La reine fit construire un nouvel aqueduc, reprenant l’ancien tracé d’un ouvrage romain, pour acheminer depuis Rungis toute l’eau nécessaire à alimenter son palais et son jardin. 

On ne sait pas avec certitude lequel de Salomon de Brosse ou de Francini dessina les plans de la grotte, qui donnera naissance à la fontaine Médicis, telle qu’elle se présente aujourd’hui. 

Elle était alors composée de trois niches séparées par des colonnes décorées de bossages et de congélations. 

Son fronton était orné aux armes de France et des Médicis, et encadré par deux figures fluviales dues au sculpteur Pierre Biard. 

A sa base, un jet d’eau jaillissait au centre d’un petit bassin circulaire. 

Après la Révolution, l’architecte Jean-Baptiste Chalgrin la restaura, ainsi que le palais, faisant ajouter une petite Vénus dans la niche centrale. 

Puis elle fut déplacée et rapprochée du palais d’une trentaine de mètres, lors du percement de la rue de Médicis par Haussmann, en 1862. 

C’est alors que l’architecte Alphonse de Gisors fit bâtir le long bassin rectangulaire d’une cinquantaine de mètres, bordé des deux balustrades surmontées de vases en pierre, qui précède la fontaine, et commanda à Auguste Ottin de nouvelles sculptures. 

C’est à Ottin que l’on doit le groupe Polyphème surprenant Acis et Galatée, dans la niche centrale, et le faune et la chasseresse abrités dans les niches latérales. 

Au fronton, en remplacement des figures de Biard, Francisque Duret représente le Rhône et Claude Ramey la Seine

A la même époque, lors du percement de la rue de Rennes, on adossa sur sa face postérieure, la fontaine de la rue du Regard, qui se trouvait alors à l’emplacement de l’actuel carrefour Saint-Placide. A cette occasion le bas-relief représentant Léda et son cygne, sculpté en 1807 par Achille Valois, fut complété au fronton de deux naïades, exécutées par le sculpteur Klagmann. 

La fontaine Eugène-Delacroix


Situé entre le palais et l’orangerie, le monument érigé à la gloire d’Eugène Delacroix a été réalisé en 1890 par Jules Dalou, grâce à la générosité des nombreux amis et admirateurs du peintre. 

Cette fontaine dans le goût romantique, adossée aux grilles de séparation entre le jardin public et le Petit Luxembourg, est constituée d’un grand bassin rectangulaire en marbre, alimenté par six bouches d’eau délicatement ornées de feuilles de lierre. 

Au centre, gravissant les marches en une ronde ascensionnelle, trois figures allégoriques en bronze s’élèvent vers le buste du maître. 

On peut y voir le Temps soulevant la Gloire sous les applaudissements du Génie des Arts.  


Bassin Edmond-Rostand

Place Edmond-Rostand

RER B : Luxembourg



Peu après le percement du boulevard Saint-Michel, au centre du carrefour formé alors avec les rues de Médicis et Soufflot, l’architecte Gabriel Davioud aménagea un large bassin circulaire en marbre. C’est là que fut placé en 1884 le groupe en bronze exécuté par le sculpteur Gustave-Adolphe Crauk. Depuis la place qui honore désormais la mémoire de l’auteur de Cyrano de Bergerac, entre les grilles du Luxembourg et la perspective du Panthéon, on peut y contempler les figures sensuelles d’une nymphe et d’un triton tenant un grand coquillage d’où jaillit une gerbe d’eau. 


Fontaine des Quatre Parties du Monde

Jardin Marco-Polo, avenue de l’Observatoire

RER B : Port-Royal


Huit chevaux, quatre dauphins et huit tortues prennent les eaux en haut de l’avenue de l’Observatoire. 

Ils ornent la fameuse fontaine des Quatre Parties du Monde, œuvre collective exécutée en bronze d’après les plans de l’architecte Davioud, entre 1867 et 1874. 

Les Quatre Parties du Monde, clin d’oeil à l’Observatoire voisin, sont composées de quatre personnages représentant l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, œuvres de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), qui fut l’élève de Rude. 

Pour respecter la symétrie générale, le sculpteur a omis l’Océanie. 

Ces figures allégoriques supportent un globe, décoré de signes du zodiaque, sculpté par Eugène Legrain, tandis que les guirlandes qui entourent le piédestal sont de Louis Villeminot. 

Quant aux chevaux, dauphins et tortues qui décorent le bassin, ils sont dus au célèbre sculpteur animalier Emmanuel Frémiet (1824-1910), qui a lui aussi bénéficié de l’enseignement de Rude. Globe terrestre, figures allégoriques, signes astrologiques, décorations florales, représentations animales… tout est symbole dans cette fontaine dont les critiques et historiens d’art soulignent aujourd’hui la parfaite homogénéité, mais qui fut très contestée lors de son inauguration.

Le détail de la facture de cette prestigieuse réalisation, qui a coûté 200.000 francs de l’époque, nous apprend que la fonte de l’ensemble, due à Matifat, s’est élevée à 60 000 francs, que Carpeaux a reçu

25 000 francs et Frémiet, 24 000 francs.

Texte et photos : © Jacques Barozzi

par Jacky Barozzi 02 mai, 2024
Adopté par Mimi, le Chartreux de Corine, l'amie de ma petite soeur Marinette, du côté de Flayosc. Séjour dans le Sud, entre Flayosc (Var) et Cannes (Alpes-Maritimes) du 17 au 30 avril 2024.
par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
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