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3e arrondissement


Bassins des Arts-et-Métiers

Square Emile-Chautemps, boulevard de Sébastopol, rue Saint-Martin

Métro : Réaumur-Sébastopol


Le square Emile-Chautemps (ex-square des Arts-et-Métiers) a été aménagé sous le Second Empire, à la suite du percement du boulevard de Sébastopol. 

De forme rectangulaire, il s’inscrit dans le prolongement du Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) et jouxte l’ancien théâtre de la Gaîté-Lyrique. 

Cela explique sans doute que, contrairement aux autres squares créés à la même époque, on ait privilégié ici la symétrie propre à l’esprit des jardins à la française, plus adaptée aux lieux, au style paysager anglais alors en vigueur. 

C’est l’architecte Gabriel Davioud qui conçut, en 1860, les plans des deux bassins ovales, en pierre du Jura, ornés de groupes en bronze.

On peut y admirer, à gauche, en regardant la façade du Conservatoire, l’Agriculture et l’Industrie, du sculpteur Charles-Alphonse Guméry, et à droite, au proche voisinage du théâtre, Mercure et la Musique d’Auguste-Louis Ottin. 

Entre les statues, des têtes de lions crachantes et les guirlandes en bronze, oeuvrent de Paul Liénard, rehaussent le piédouche supportant la vasque d’où s’élève la gerbe d’eau.




Fontaine du Vertbois

Rue du Vertbois, rue Saint-Martin

Métro : Réaumur-Sébastopol


C’est Louis XIV qui commanda, en 1712, à l’architecte Jean Bullet cette nouvelle fontaine, destinée à remplacer l’antique édifice, alimenté par les eaux de Belleville, qui desservait depuis des temps immémoriaux l’abbaye Saint-Martin-des-Champs. 

Elle se trouvait alors au pied d’une tour du bâtiment conventuel, et fut menacée de démolition, lors des travaux d’agrandissement du Conservatoire national des arts et métiers, sous la IIIe République. A la suite d’une pétition des « antiquaires parisiens » dont Victor Hugo avait pris la tête, la fontaine fut sauvée, ainsi que la vieille tour d’enceinte, située juste derrière elle. 

Déplacée de quelques mètres, en 1882, et entièrement restaurée, elle occupe depuis cette date l’angle des rues du Vertbois et Saint-Martin, au nord-ouest du Conservatoire. 

Encadrée de deux pilastres doriques à bossage alterné figurant des vermicules et des congélations et surmontée d’un cartouche aux armes royales, elle s’orne d’une nef en bas-relief et d’un décor de coquilles et coquillages qui rehausse la parfaite composition en symétrie de cet élégant témoignage du Grand Siècle.


Pièce d’eau du square du Temple

Rue du Temple, rue de Bretagne

Métro : Temple ou Arts-et-Métiers


Le square du Temple, qui occupe une partie de l’ancien domaine des Templiers, a été ouvert au public en 1857. 

En choisissant ce site, Napoléon III paracheva l’œuvre de son oncle, Napoléon Ier, qui avait fait raser en 1809 les derniers vestiges de l’enclos où prit fin la dynastie des Bourbons. 

C’est au Temple, en effet, que la famille royale fut enfermée le 13 août 1792. 

Louis XVI en sortit le 21 janvier 1793 pour se rendre à l’échafaud, et quelques temps après Marie-Antoinette et Madame Elisabeth, sœur du roi, furent transférées à la Conciergerie, mais, selon toutes vraisemblances, le jeune Louis XVII serait demeuré au Temple, où il serait mort en 1795. 

En 1312 déjà, Philippe le Bel avait dissous l’ordre des Templiers, envoyé au bûcher leur grand maître Jacques de Molay et Installé à leur place au Temple l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui deviendra par la suite l’ordre de Malte. 

Sur les décombres de ce lieu particulièrement tourmenté de l’histoire, le dernier empereur régnant des Bonaparte fit aménager un paisible jardin paysager anglais. 

Planté d’arbres et d’arbustes variés, celui-ci est organisé autour d’une mare aux canards se déployant au pied d’une cascade artificielle tombant de rochers provenant de la forêt de Fontainebleau. 


Fontaine Boucherat

Rue Charlot, rue de Turenne

Métro : Filles du Calvaire


En 1699, Jean Beausire réalisa une fontaine monumentale destinée à marquer la perspective ouverte au point de rencontre des deux nouvelles voies tracées dans le quartier : la rue Charlot et la rue de Turenne (ex rue de Boucharat, un chancelier de Louis XIV dont la fontaine a repris le nom).

Ses deux faces latérales, symétriques, sont percées chacune d’une porte et d’une fenêtre. 

Sa façade principale, en pan coupé à l’angle des rues, présente deux larges piédroits appareillés en ligne de refend. 

Au centre, la haute niche plate couronnée d’un arc en plein cintre est coiffée d’une tête de faune marin, sculpté en ronde bosse dans la pierre. Ses cheveux et la longue barbe évoquent la fluidité des algues. 

Sous le fronton triangulaire, orné d’un écusson et de cornes d’abondance couvertes de coquillages, l’inscription latine gravée dans le cartouche affirme : « De même que l’heureuse paix conclue par Louis XIV [la paix de Ryswyck de 1697] apportera l’abondance aux Parisiens, cette fontaine leur offrira son eau » Un vœu pieux, compte tenu du faible débit offert par le mascaron à tête de lion, au bas de l’édifice ! 


Fontaines des Haudriettes

Rue des Haudriettes, rue des Archives

Métro : Rambuteau 


Située à l’angle des rues des Haudriettes et du Chaume (l’actuelle rue des Archives), cette imposante fontaine fut réalisée vers 1770 par l’architecte Moreau-Desproux, petit-fils par alliance de Jean Beausire, qui avait acquis la charge de maître des Bâtiments de la Ville en 1763. 

Elle fut construite en remplacement d’une ancienne fontaine, dite fontaine Neuve, qui datait de 1638. Le bas-relief représentant une naïade allongée est dû au sculpteur Pierre Mignot. 

Le bâtiment de forme trapézoïdal, dans le goût à l’antique de l’époque, est constitué de deux faux pilastres, disposés en pans coupés, supportant un dôme peu élevé, arrondi sur les côtés et percé d’une fenêtre horizontale. 

L’avant-corps en façade est coiffé d’un fronton triangulaire que soutiennent deux consoles ornées de guirlandes sculptées dans la pierre. 

L’élégante nymphe du bas-relief, au-dessus du minuscule mascaron à tête de lion d’où s’échappe un maigre filet d’eau, ne parvient toutefois pas à adoucir l’aspect particulièrement monumental de cette fontaine.


Buffet d’eau du jardin de l’hôtel Salé

101, rue des Coutures-Saint-Gervais

Métro : Saint-Sébastien-Froissart


Le jardin à la française de l’hôtel Salé, aujourd’hui musée Picasso, a été ouvert au public en 1985. L’hôtel, dont on peut admirer l’élégante façade depuis le long buffet d’eau illuminé la nuit, côté jardin, fut élevé de 1656 à 1659 par l’architecte Jean Boullier de Bourges pour Pierre Aubert de Fontenay, fermier des gabelles, d’où le nom de Salé donné à sa demeure. 

C’est l’architecte Roland Simounet qui a effectué la rénovation de l’hôtel au moment de l’installation du musée. Ainsi que l’aménagement du jardin et de son bassin, à l’endroit même où eut lieu la première représentation d’une pièce de Molière.


Fontaine de Joyeuse

41, rue de Turenne

Métro : Chemin Vert


L’ancienne fontaine Saint-Louis, qui datait de la seconde moitié du XVIIe siècle, fut reconstruite en 1847.

Elle a été renommée fontaine de Joyeuse, car elle est située à l’endroit où s’élevait jadis l’hôtel de Joyeuse, au 41, rue de Turenne (ex-rue Saint-Louis). 

Ce petit monument, dont la réalisation a été confiée au sculpteur Isidore Boitel, présente deux pilastres ioniques cannelés soutenant un entablement plat décoré aux armes de la ville. 

Sous l’arcade en plein cintre, au fond de la niche, on peut contempler un bassin semi-circulaire surmonté d’un piédouche en marbre blanc et d’une vasque en forme de coquillage supportant une sculpture en zinc. 

Celle-ci symbolise, sous les traits d’un enfant versant l’eau d’une cruche, l’Ourcq, qui alimente les principales fontaines de Paris depuis l’époque de Napoléon Ier. 

Au dessus de la statue, des cigognes et des plantes aquatiques ornent la voûte, tandis que sur le piédouche des hippocampes stylisés et des roseaux complètent le décor.   

Texte et photos : © Jacques Barozzi

par Jacky Barozzi 02 mai, 2024
Adopté par Mimi, le Chartreux de Corine, l'amie de ma petite soeur Marinette, du côté de Flayosc. Séjour dans le Sud, entre Flayosc (Var) et Cannes (Alpes-Maritimes) du 17 au 30 avril 2024.
par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
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