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11e arrondissement


Bassins de la place de la République

Place de la République

Métro : République


Que sont devenus les deux bassins des anciens squares Henri-Christiné (10e arr.) et de la place de la République (11e arr.), ouverts en 1880, de part et d’autre du Monument à la Gloire de la République ? 

Ils ont disparu, tout comme les squares, à l’occasion des derniers réaménagements de la place. 

De forme oblongue et décorés chacun de deux dauphins encadrant un vase orné de motifs floraux, ils avaient été réalisés par les frères Morice et inauguré en 1883. 

Ces bassins décoratifs avaient ainsi mis fin aux embellissements apportés à la place de la République, aménagée par Haussmann entre 1854 et 1862. 

A cet emplacement, deux fontaines, dont on retrouvera plus loin la trace, occupèrent successivement les lieux : la fontaine du Château-d’Eau, qui avait donné son ancien nom à la place de la République, et avait été transférée en 1867 au marché aux Bestiaux (parc de la Villette, 19e arr.). Elle avait été remplacée par une seconde fontaine, déplacée en 1879 et remontée quelques années plus tard au centre de l’actuelle place Félix-Eboué (12e arr.).


Fontaine Dejean

Square Pasdeloup, place Pasdeloup

Métro : Filles du Calvaire


A sa mort, en 1896, l’architecte municipal François-Eugène Dejean légua une partie de sa fortune à son ancien employeur. 

A charge pour celui-ci de bâtir douze fontaines destinées à l’agrément des Parisiens. 

La fontaine de la place Pasdeloup est la seule qui fut exécutée selon la volonté du généreux défunt. Réalisée en 1906 par son confrère Jean-Camille Formigé, responsable du service des Plantations de la Ville de Paris, et le sculpteur Charles-Louis Malric, elle occupe désormais le centre du petit square aménagé en 1971 devant le Cirque d’Hiver. 

Cette bien singulière fontaine en pierre, évoquant une stèle funéraire, est constituée d’une colonne sur laquelle on peut voir le portrait en médaillon du donateur, dominée par un pélican se livrant à sa toilette. 

Sur les côtés, deux coquilles aux allures de bénitiers recueillent les minces filets d’eau déversés par deux petits robinets. 

Des congélations et autres ornementations florales complètent le décor de ce modèle de fontaine, assurément unique !


Fontaines de la promenade Richard-Lenoir

Boulevard Richard-Lenoir

Métro : Richard-Lenoir, Bréguet-Sabin ou Bastille


A l’origine, le canal Saint-Martin, ouvert en 1826, coulait à ciel ouvert depuis le bassin de la Villette jusqu’à celui de l’Arsenal, d’où il finit sa course dans la Seine. 

Seule existait alors la voûte placée sous la place de la Bastille. 

Entre 1859 et 1861, Haussmann fit recouvrir la partie qui donna naissance au boulevard Richard-Lenoir, sur 1,5 kilomètre. 

Le boulevard Jules-Ferry, qui lui fait suite, fut couvert sur 300 mètres en 1906-1907. 

Sur le terre-plein central, d’une largeur de 30 mètres, au-dessus de la voûte du canal, l’architecte Gabriel Davioud aménagea quinze petits squares identiques, clos de grilles, en forme de rectangle terminé par deux demi-cercles, sur le modèle des bassins de pierre avec jets d’eau qui ornaient le centre de chacun d’entre eux. 

A l’emplacement de cette élégante promenade du Second Empire, dont il ne restait plus que quelques rares vestiges dans les années 1960, période où il fut question de transformer le boulevard en radiale autoroutière, la Ville aménagea la promenade actuelle, de deux hectares, dont les travaux se sont achevés en 1996. 

Œuvre de l’architecte David Mangin et de la paysagiste Jacqueline Osty, elle a été conçue de manière à évoquer l’eau qu’elle recouvre. 

Le centre de la promenade se situe légèrement en contrebas par rapport aux allées transversales, à la façon d’une rivière encadrée par ses berges aux bordures irrégulières. 

Sur son parcours, trois passages figurent des passerelles permettant de passer d’une rive à l’autre tandis que la végétation a été choisie essentiellement parmi des plantes de milieu humide. 

Tout du long, la présence du canal souterrain est rappelée par dix-huit groupes de deux ouvertures rondes d’aération.

Elles sont ponctuées de part et d’autre par des fontaines en marbre de Carrare avec jets d’eau créées par Jean-Max Llorca, qui forment un étonnant ensemble de fontaines plates, aux lignes sobres, dont on peut déplorer l’usage qu’en font les adeptes du skateboard, notamment du côté de la Bastille, où l’on constate déjà un émiettement caractérisé de leurs luxueuses margelles…


Bassin du jardin Emile-Gallé 

Cité Beauharnais, rue Neuve-des-Boulets

Métro : Charonne ou Boulets-Montreuil


Le jardin de la cité Beauharnais a été aménagé en 1986. 

Rebaptisé en 1999 du nom du célèbre verrier Emile Gallé, il occupe le fond d’une ancienne impasse privée, où s’élevaient des logements ouvriers et des locaux artisanaux. 

Rachetée par la Ville au début des années 1980, la cité a été entièrement rénovée et l’impasse transformée en rue. Cette cité porte le nom de famille du prince Eugène de Beauharnais, oncle maternel de Napoléon III, car elle avait été ouverte sous le Second Empire à proximité du boulevard du Prince-Eugène, tracé par Haussmann à partir de 1857 entre la République et la Nation et devenu boulevard Voltaire en 1870. 

Le nouveau jardin s’organise autour d’une cour pavée, d’où partent quatre allées en croix. 

Au centre de la cour, un grand bassin octogonal avec jet d’eau nous invite à nous reposer en toute tranquillité sur sa large margelle de pierre. 

En prenant l’allée située juste derrière le bassin, on pourra ensuite aller contempler le cadran solaire monumental réalisé au fond du jardin par le sculpteur Daniel Bry. 

Inspiré des cadrans grecs, ce cadran solaire horizontal, entouré de gradins et d’imposantes sculptures en pierre claire de Massongis, nous permet de connaître l’heure en toute saison - à condition que le ciel ne soit pas trop voilé. 

Il suffit pour cela de suivre l’ombre portée de la flèche en acier de plus de 6 mètres sur le sol, où les heures sont matérialisées par des bandes noires. 


Fontaine du square de la Roquette

147, rue de la Roquette

Métro : Voltaire-Léon-Blum


Ce square de près de deux hectares, le plus vaste de l’arrondissement, a été aménagé à partir de 1977 à l’emplacement de la prison de la Petite-Roquette - elle-même bâtie au XIXe siècle sur les terrains du couvent des Hospitalières de la Roquette. 

Réservée aux jeunes détenus, la Petite-Roquette devint ensuite une prison pour femmes. 

Elle ferma ses portes en 1973 et fut démolie l’année suivante. 

De l’ancienne prison, il ne reste plus, à l’entrée du jardin, que les deux guérites, mais arasées et pourvues d’un toit à quatre pentes et, face à l’entrée et de l’autre côté de la rue de la Roquette, les cinq dalles que l’on retirait pour dresser la guillotine lors des exécutions publiques, visibles sur la chaussée de la rue de la Croix-Faubin. 

Désormais, c’est une belle fontaine en forme d’escalier d’honneur, qui nous accueille dans le square. A son sommet, au centre d’un bassin circulaire, un puissant jet d’eau retombe en cascades jusqu’au bas des marches. 

Sur ses larges margelles de pierre, des potées de plantes saisonnières égayent cette fontaine-bassin encerclée d’une nature particulièrement luxuriante, où les jardiniers ont introduit diverses essences exotiques afin de témoigner, ainsi que l’affirme un panneau d’information, du réchauffement climatique de la planète. 


Fontaine de la Roquette

68-70, rue de la Roquette

Métro : Bastille


Commencée en 1839, mais achevée en 1846, ainsi que l’atteste la date inscrite en chiffres romains au fronton, cette fontaine, dont on ne connaît pas le nom du concepteur, est typique du style de fontaines édifiées à l’époque de Louis-Philippe. 

Richement décorée, elle présente une façade digne d’une petite église et est dotée, à l’intérieur de sa profonde niche en forme de grotte en hémicycle, de deux bancs taillés dans la même pierre blonde. Elle a été rénovée en 2009 par la municipalité, dont on peut voir les armes sur l’écusson placé entre deux petits dauphins à l’archivolte de l’arcade en façade, décorée elle-même de rinceaux à motifs de fruits et de fleurs. 

Entouré de deux rosaces constituées de crustacés et d’algues, l’écusson est chapeauté d’un imposant fronton triangulaire, soutenu par vingt petites consoles débordant sur les côtés. 

A l’intérieur, une coquille occupe le centre de la voûte en cul-de-four ornée de caissons. 

Une corniche intermédiaire, sur laquelle figurent pas moins de onze têtes de lions, sépare la voûte de la partie inférieure, où se trouve un mascaron à tête de faune déversant l’eau. 


Fontaine Trogneux

61, rue du Faubourg-Saint-Antoine et 1, rue de Charonne 

Métro : Ledru-Rollin


Cette haute fontaine monumentale en pierre a été édifiée de 1719 à 1721 par l’architecte Jean Beausire, conformément aux lettres patentes du roi du 1er juin 1719, qui prévoyaient la création de cinq fontaines pour ce faubourg alors totalement dépourvu d’eau. 

Concernant celle-ci, il était précisé qu’elle devait s’élever « grand rue du faubourg Saint-Antoine, au coin de la rue de Charonne, au lieu d’une ancienne échoppe qui y est maintenant ». 

La fontaine Trogneux, du nom d’un brasseur du quartier, dite aussi de Charonne, a été reconstruite à l’identique en 1807 et a fait l’objet de travaux de rénovations en décembre 2009. 

On peut la découvrir in situ dans un état relativement conforme à son dessin originel. 

La façade principale, rue du Faubourg-Saint-Antoine, est constituée d’un haut soubassement à refend d’où deux mascarons à tête de lion distribuent l’eau. 

Au-dessus, deux pilastres plats d’ordre dorique soutiennent un entablement surmonté d’un fronton triangulaire nu. 

Au centre, une grande table, divisée en deux parties et entourée de moulures, s’orne d’animaux fantastiques à la base, de dauphins sur une tablette intermédiaire, et d’une guirlande de feuilles entourant une tête de dieu marin à son sommet. 

La façade sur la rue de Charonne, plus étroite, reproduit le même dispositif, avec quelques variantes toutefois : le soubassement est percé d’une porte et un œil de boeuf occupe l’espace situé entre les deux pilastres. 

On peut encore voir sur la fontaine les inscriptions C.I. et C.V., portées primitivement par Jean Beausire, qui correspondaient au bornage marquant les limites du Paris de l’époque et de ses faubourgs.


Fontaine de Montreuil

Place du Docteur-Antoine-Béclère, rue du Faubourg-Saint-Antoine

Métro : Faidherbe-Chaligny


Pour cette fontaine, également réalisée de 1719 à 1722 par l’architecte Jean Beausire, les lettres patentes du roi précisaient qu’elle devait être édifiée « devant l’abbaye Saint-Antoine entre la boucherie et le petit marché ». 

Elle se trouve désormais isolée face à l’entrée de l’hôpital Saint-Antoine, installé peu après la Révolution à l’emplacement de l’abbaye royale de Saint-Antoine-des-Champs. 

Les religieuses, qui disposaient alors du monopole de la viande dans tout le faubourg, avaient autorisé les bouchers à établir leurs étals à l’entrée de la rue de Montreuil, dès 1643. 

La boucherie et les bâtiments annexes de ce marché, dénommé la Petite-Halle, ont été démolis en 1940. 

Seule subsiste cette fontaine, dont la pose de la première pierre, le 20 septembre 1719, donna lieu à des réjouissances publiques présidées par le prévôt des marchands. 

La fontaine de Montreuil, dite aussi fontaine de la Petite-Halle ou fontaine de l’Abbaye, composée en plan carré, est percée de deux niches voûtées en cul-de-four et de deux niches plates rectangulaires. 

Ses quatre façades symétriques sont délimitées par deux pilastres doriques supportant un fronton triangulaire nu. 

Au bas des plus profondes niches, deux mascarons en bronze à tête d’homme déversent l’eau. 

Cette grande sobriété de style, qui ne correspond pas au plan dessiné à l’origine par Jean Beausire, s’expliquerait par le fait que la fontaine dut être exécutée au rabais par les édiles municipaux, en raison de la faillite générale qui succéda à la banqueroute de Law.


Texte et photos : © Jacques Barozzi



par Jacky Barozzi 02 mai, 2024
Adopté par Mimi, le Chartreux de Corine, l'amie de ma petite soeur Marinette, du côté de Flayosc. Séjour dans le Sud, entre Flayosc (Var) et Cannes (Alpes-Maritimes) du 17 au 30 avril 2024.
par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
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