Festival de Cannes 1957.




Mon premier voyage hors de Cannes




Eté 1957. Séjournant chez ma bonne tante, au Suquet, mon père passe me prendre pour m’emmener avec lui retrouver le reste de la famille, à Lucéram. L’occasion pour l’enfant de cinq ans que je suis de sortir des limites de la ville et de découvrir la grande cité voisine de Nice ainsi que le village de ma mère. 


   Un bon matin, mon père, en costume sombre et cravate, vint me chercher. 

   Il me fit revêtir mes habits du dimanche et nous partîmes ensemble pour l’arrêt des bus, au bas du Suquet, entre la mairie et le vieux port. 

   Là, nous montâmes dans un grand car jaune des Rapides de la Côte d’Azur, qui nous conduisit à Antibes, par la nationale 7, puis jusqu'à Nice, en suivant le bord de mer. 

   Une belle escapade, qui me permit de constater que, depuis les plages de Villeneuve-Loubet jusqu’à celles de la Promenade des Anglais, des galets, gris et inhospitaliers, s’étaient substitués au beau sable fin et doré du littoral cannois. 

   J’en éprouvai une grande fierté pour ma ville natale. 

   En descendant à la gare routière de Nice, face au Paillon, qui en ce temps-là n’était pas encore recouvert, rendu nauséeux tout du long par l’acre odeur du gasoil que recrachait en un nuage noir et épais le tuyau d’échappement de l’autocar, je vomis et bien vite me sentis soulagé. 

   En riant, mon père me dit que c’était une curieuse façon de baptiser la belle ville de Nice à l’occasion de mon premier grand voyage. 

   Environ une trentaine de kilomètres. 

   Et ce n’était pas fini. 

   Nous avions plus d’une heure de battement en attendant le second autocar, qui devait nous conduire à Lucéram. 

   Je découvris avec émerveillement les ruelles étroites et labyrinthiques du vieux Nice, avec ses hautes maisons aux façades ocres et roses, ses négoces multiples et variés, où nous dégustâmes de grandes portions de socca, et ses ciels de linge étendu au-dessus de nos têtes. 

   Je dus m’avouer, un peu vexé, que notre Suquet était bien modeste à côté ! 

   Après quelques derniers achats, notamment des boites de corned beef, mon père me mena vers une jolie placette où un vieux car marron attendait. 

   Nous y prîmes place, assis entre les voyageurs, leurs sacs et leurs nombreux paquets.

 




Nice, la gare des autobus dans les années 1950.




   Autre destination, autre voyage.

   Le vieil autocar, poussif et pétaradant, était conduit par son propriétaire, auquel mon père s’était acquitté du prix des billets. 

   Un homme plus très jeune et ventru, par comparaison au fringant employé en chemisette bleue des Rapides de la Côte d’Azur. 

   Nous suivîmes le Paillon, maigre rivière dont on devinait le chétif débit dans son lit de cailloux et d’herbes folles. 

   À la sortie Est de la ville, nous traversâmes un décor désolé de banlieue et de zones industrielles. 

   Fort heureusement, après Contes, nous oubliâmes les derniers avatars de la ville et nous engageâmes dans un paysage plus accidenté et verdoyant. 

   La route montait en lacets jusqu’à L’Escarène.

   Grande étape où l’autocar fatigué eut droit à une longue pause. 

   Tout au long du parcours, le chauffeur s’était arrêté à de multiples occasions : pour livrer un paquet, des liasses de journaux ou permettre à un voyageur de descendre ou de monter. 

   Enfin nous partîmes à l’assaut des derniers kilomètres qui devaient nous permettre de rejoindre le légendaire village de mes grands-parents maternels, dont j’avais tant entendu parler ! 

   J’étais maintenant impatient. 

   La route était sauvage à souhait. 

   Les lacets se succédaient sans relâche et si serrés que le chauffeur, dans certains virages, devait s’y reprendre à plusieurs fois. 

   Il actionnait constamment le klaxon, pour prévenir les éventuels véhicules venant dans l’autre sens et masqués à sa vue. `

   Pas une habitation, à part quelques rares cabanons entraperçus à travers les pins et les oliviers sur les collines environnantes. 

   Nous étions en plein western provençal. 

   Tandis que partout retentissait, seul, le cri étourdissant des cigales. 

   Nous passâmes un pont et, alerté par mon père, je découvris sur la droite, juste après le tournant, Lucéram dans son entier, éblouissant de soleil, avec sa tour, son clocher et ses maisons s’étageant tout autour, au-dessus du vallon ! 

   Peu après, l’autocar, soulagé, relâcha un pet tonitruant sur la place centrale. 

   Terminus.




L’antique village médiéval de Lucéram.


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Dix jours après son intervention chirurgicale du 2 septembre dernier, Vita a retrouvé toute sa vivacité ! Vita en toute intimité Contrôle positif de la vétérinaire, hier après-midi : les derniers points de suture tomberont d’eux-mêmes et la cicatrice n’est déjà plus qu’à peine visible. Entre temps, elle a perdu 200 grammes, qui ne correspondent pas exactement au poids des deux ovaires qui lui ont été retirés à l’occasion de sa stérilisation, mais à sa perte d’appétit au début de sa convalescence, passant ainsi de 4 kg à 3, 8 kg.
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