
La rue Meynadier
À Cannes, trois voies principales retracent, en parallèle, la sociologie géographique de la ville : la grouillante et populaire rue Meynadier, alignant principalement ses commerces de bouche ou de linge de maison ; la pimpante rue d’Antibes, aux élégantes boutiques situées en rez-de-chaussée d’immeubles plus cossus et bourgeois et, entre palais et palaces, la noble promenade de la Croisette, s’étirant majestueusement tôt au long de la mer.
Partant depuis le bas du Suquet et s’étendant sur plus de 400 m. en direction de la gare, la rue Meynadier, l’une des plus anciennes rues de Cannes, fut ouverte au XVIe siècle sous le nom de « Grand-Rue ».
Baptisée par la suite rue Grande, elle rend un double hommage, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à deux valeureux cannois dont la demeure familiale était établie au 2, rue Grande : le lieutenant Théodore Meynadier, mort au champ d'honneur le 7 avril 1915 aux Éparges, et son fils, le capitaine Roger Meynadier, résistant cannois mort le 13 octobre 1944.

Dès que ma mère avait trois sous devant elle, elle prenait son gros cabas et nous emmenait faire des provisions dans la rue Meynadier.
Une pittoresque artère, sombre et tortueuse, où étaient rassemblées les plus vieux négoces de la ville, telle la coutellerie Raina (n°43), ainsi que des poissonniers, des fromagers, des boulangers-pâtissiers, des vendeurs de pâtes et de raviolis, des traiteurs-charcutiers, mais aussi des marchands de parapluies, de linge de maison, d’habits et de chaussures, des lunetiers ou encore un chapelier…
Dans cette rue particulièrement animée de la ville, où le piéton était roi, ma mère sélectionnait avant tout la boucherie La Cannoise, véritable temple de la viande, et le Prisunic (où Uniprix ?), ancêtre de nos futurs supermarchés .
Là, les bonimenteurs, acteurs ratés recyclés dans le commerce, nous offraient leurs plus beaux one man shows afin de persuader les braves ménagères cannoises de leur acheter, preuve à l’appuie et à un prix défiant toute concurrence, leurs dernières nouveautés.
Qui, un hachoir multifonctions, ou un produit miracle, capable de faire disparaitre les taches les plus coriaces, ou encore une lotion revigorante et parfumée à la lavande, susceptible de vous soulager de vos moindres douleurs !
Un spectacle de rue, pas si gratuit que ça.
Au point, qu’enfant sage et soucieux de notre maigre budget, il me fallait parfois réprimer la frénésie consumériste dont ma mère était alors le plus souvent la proie.

Au numéro 9, l'immeuble de caractère moderne construit en 1935 par l'architecte cannois César Cavallin pour Jean Ballauris, boucher-charcutier, à l'emplacement de l'ancienne auberge du Cheval Rouge. Cet immeuble, où se trouvait la boucherie La Cannoise, est inscrit à l'Inventaire général du patrimoine culturel de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

