Luis Fernando Zapata et moi posant devant la série de ses tableaux monochromes de grand format peints à la pâte de marbre, exposés à l’Espace Cardin à Paris en septembre 1986.






   Autant l’avouer tout de suite, la vraie raison de mon exil à l’autre bout du pays, loin de ma famille, c’est probablement la découverte, vers la fin de l’adolescence, de mon homosexualité. 

   Arrivant à Paris au début des années 70, je pouvais alors m’y adonner tout entier à mon « vice », dans l’anonymat le plus complet.

   Difficile pour un jeune aujourd’hui, d’imaginer ce que la ville offrait d’opportunités ! 

   Pour tous, à l’époque, le maître mot était : « baiser ». Et les homos ne s’étaient pas encore constitués en une pseudo communauté dont le Marais deviendrait la capitale.

   Chaque garçon dont on croisait le regard dans la rue semblait une promesse d’aventure. 

   De nombreux lieux publics, de jour et de nuit, favorisaient la rencontre.

   Des bars, des boîtes de nuit, des saunas, tous marqués du sceau de la nouveauté, émergeaient aux quatre coins de la ville. 

   Paris la grise s’était métamorphosée en Paris la rose, un immense lupanar évoquant, même pour ceux qui n’avaient jamais fait d’études classiques, des réminiscences échappées des vieux livres scolaires de latin et de grec. 

   Même au cinéma, on commençait à voir des hommes s’embrassant à pleine bouche, sans que le public n’y trouvât rien à redire. 

   D’un seul coup, par la grâce de l’après mai 68, Paris était devenue subitement homo ! 

   Tout du moins, passablement bi. 

   Les passerelles paraissaient moins étanches. 

   Il n’était pas rare qu’un hétéro veuille tenter une première expérience, pour voir et ne pas « mourir idiot », disait-il, au titre de la libération sexuelle. 

   Bref, personne n’était cloîtré dans son milieu identitaire, dans sa différence, sa spécificité. 

   Tout était plus mélangé. Plus ouvert. Et l’on préférait tous mieux faire l’amour que la guerre. 

   Dans les buissons des Tuileries, les caves de la rue Sainte-Anne, au bois de Boulogne ou de Vincennes, à Saint-Germain-des-Prés, sur les Grands Boulevards, à Montmartre, sur les quais de la Seine, dans la moindre pissotière de quartier, le dernier terrain vague, derrière l’enclos d’un récent chantier…

   Une multitude de corps confondus, la chair à même la chair, sans soucis de protection, chaque jour recommencé. 

   Une décennie entière, durant laquelle on put chanter le plus bel hymne de la jeunesse. 


   Dès 1981, on avait entendu parler d’un mal étrange, qui touchait exclusivement les homosexuels.

   Qualifié de « cancer gay » dans la presse, les premiers articles affirmaient que celui-ci avait été transmis à l’homme par le singe vert d’Afrique ! 

   Plusieurs cas furent détectés en Amérique du Nord puis en Europe.

   Ce virus, qui détruisait le système immunitaire du patient, le rendant particulièrement sensible à la moindre infection opportuniste, attaquait en priorité les poumons, le cerveau ou la peau. 

   De nombreux jeunes gens que l’on avait connu en pleine forme, devenus soudainement squelettiques, mourraient de pneumonie ou du kaposi. 

   Deux ans plus tard, le professeur Montagnier et son équipe de l’Institut Pasteur identifièrent le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du syndrome d'immunodéficience acquise (sida), transmissible principalement par le sang et le sperme. 

   Des tests de dépistage furent alors mis au point et permirent de constater que l’épidémie concernait tous les continents, au premier rang desquels figurait l’Afrique, et toutes les catégories de population : hommes, femmes, et même enfants. 

   Les gays, aux avant-postes des « catégories à risque », se virent dispensés de donner leur sang, collectivement présumés coupables de contamination ! 

   Tandis qu’un vent de glaciation s’abattit soudainement sur leurs principaux lieux de libertinage, tels que saunas ou back-room

   De ce côté là, les choses se normalisèrent par la suite. 

   À défaut d’abstinence, il nous était seulement recommandé de « sortir couvert ! ». 

   Dès lors, on assista au retour triomphant d’un objet que l’on croyait définitivement relégué aux oubliettes : la capote anglaise ! 

   S’il y eut bien du désarroi, il n’y eut pas de mouvement de panique, ni de guerre civile entre les porteurs de la maladie et les porteurs sains. 

   À Paris et partout ailleurs en France, on assista plutôt à un grand élan de solidarité, tant du côté de l’Hôpital public que de celui des associations privées, qui apportèrent solidairement leurs soins et leurs soutiens aux milliers et milliers de « séroposifs ayant développé la maladie », comme on disait alors, leur permettant ainsi de mourir dans la dignité. 

   Mais pas toujours sans effroi, hélas ! 

   Les meilleurs d’entre nous disparurent à ce moment-là. 

   Ils appartenaient principalement à la jeune génération qui avait contribuée à la libération des mœurs durant la décennie précédente. 

   Mes frères, en somme, tous emportés pour la plupart par les mailles du filet à travers lequel je suis parvenu à me faufiler vivant. 

   Par quel miracle ?


   J’ai toujours aimé les saunas, que je n’ai jamais cessé de fréquenter jusqu’à aujourd’hui. 

   En voyage, en France ou à l’étranger, je m’empresse toujours de me rendre dans l’un de ces établissements qui, outre la promesse du plaisir physique qu’ils favorisent, constituent la meilleure façon possible d’accéder à la sociologie secrète des villes que l’on visite et à la possibilité d’y nouer des relations privilégiées avec ses habitants.

   À Paris, je les ai pratiquement tous testés, depuis les plus anciens jusqu’aux plus récents.

   On en trouve dans tous les quartiers et ils ont chacun leur particularisme. 

   Certains ont disparu depuis, d’autres prospèrent encore, rejoints par de nouveaux qui ont pris le relai.

   Là, j’y ai fait l’amour et je l’ai parfois rencontré. 

   Citons le Tilt au 41 rue Sainte Anne (1er arr.), l’un des plus anciens (récemment disparu), des moins chers, à l’ambiance désuète et singulièrement provinciale ; le Gym Louvre, 7 rue du Louvre (1er arr.), fréquenté par de jeunes sportifs passablement guindés ; l’Euro Men’s Club, situé sur les Grands Boulevard, dans le passage des Panoramas et accessible par le 10, rue Saint-Marc ( 2e arr.), vieil établissement au décor néo romain, où de jeunes éphèbes viennent y rencontrer de généreux messieurs nettement plus âgés ; le Sun City, 62 boulevard de Sébastopol (3e arr.), plus récent, occupant tout un immeuble et où prédomine une clientèle juvénile et massivement asiatique ; l’IDM, 4 rue du Faubourg Montmartre (9e arr.), également sur les Grands Boulevards, mon préféré, pour la grande mixité d’âge et de style qu’il brasse, sans exclusive ; le Key West, 141 rue Lafayette (10e arr.), près de la gare du Nord, privilégié par les Blacks, qui aiment principalement les Blacks et accessoirement les Blancs ; Les Bains d’Odessa, 5 rue d'Odessa (14e arr.), au voisinage de la gare Montparnasse et au joli décor en céramique, où de bons pères de famille viennent furtivement satisfaire leurs pulsions secrètes à la sortie de leur travail et avant de prendre leur train de banlieue ; Le King Sauna, 21 rue Bridaine (17e arr.), petit sauna perdu du côté des Batignolles à la clientèle clairsemée ; le Mykonos, 71 rue des Martyrs (18e arr.), pittoresque établissement du bas Montmartre, au décor néo grec de pacotille, où j’ai rencontré Patrice, un étudiant métisse qui y travaillait en tant que masseur et avec lequel j’ai eu une liaison suivie de plusieurs mois, ou encore le Riad, 184 rue des Pyrénées (20e arr.), à l’ambiance orientale et fréquenté par les beurs des banlieues nord-est.

   Mentionnons encore quelques saunas, aujourd’hui disparus, et dont deux d’entre eux ont joué un rôle déterminant pour moi. Tels les Bains Sauna de Milan, 22 rue de Milan (9e arr.) ; le Hammam Voltaire, 93 rue de la Roquette (11e arr.) ; le Sauna Horizon, 150 rue Saint Maur (11e arr.), transformé par la suite en bar à backrooms et rebaptisé le Bunker ; le Victor Hugo, 109 avenue Victor Hugo (16e arr.) ; le Sauna Bains Poncelet, 7 rue Poncelet (17e arr.) et surtout le Continental Opéra, 32 rue Louis Legrand, à l’angle du bd des Italiens, (2e arr.), le plus beau, le plus grand et le plus luxueux des saunas parisiens, aménagé dans les sous-sols de l’immeuble Berlitz dès les années 1970, où j’ai rencontré Louis Fernando Zapata et enfin le King Night, 70 avenue de Saint-Ouen (17e arr.), un des rares établissement de bains ouverts toute la nuit, où j’ai rencontré Chedly, qui deviendra le compagnon de ma vie ! 



Peintre colombien, né à Girardota, Antioqua le 8 août 1951, Luis Fernando Zapata est mort des suites du sida à Bogota le 18 juin 1994. Ses cendres ont été répandues dans la mer des Caraïbes, au large de la côte de Santa Marta, où il avait acquis un terrain en bordure de la plage afin d’y construire une maison pour ses vieux jours…





Cannes, été 1987, à la plage avec Chedly.






   Un soir de la fin d’octobre 1986, en sortant de la brasserie de la Marine, sur le boulevard du Montparnasse, je n’eus pas envie de rentrer me coucher. 

   Il était pourtant tard et la nuit s’annonçait glaciale. 

   Je m’engouffrai dans la première bouche de métro et me rendis à la station La Fourche, à l’autre bout de la ville, où se trouvait un sauna de nuit que je ne connaissais pas mais dont j’avais vu la publicité dans de nombreuses revues gays. 

   J’y arrivai un peu avant minuit. 

   De dimensions plus modestes que l’établissement des Grands Boulevards où j’allais habituellement, et qui à cette heure-ci devait commencer à fermer ses portes, celui-ci se situait au centre de la populaire avenue de Clichy, à la limite des 17e et 18e arrondissements. 

   Passée la caisse d’entrée et la salle de déshabillage, d’où je ressortis nu, la taille ceinte d’une étroite serviette-éponge blanche, je me retrouvai dans une petite pièce vivement éclairée qui faisait office de bar.    On devait la traverser pour pénétrer au sein de l’établissement. 

   Au comptoir, deux jeunes folles papotaient avec le barman.

   Elles se turent à mon entrée, m’observant de pied en cap en minaudant.

   Je passai devant elles, affectant un air indifférent, et entendis un chapelet de rires suraigus dans mon dos, tandis que je m’enfonçai dans l’obscurité des lieux. 

   Je découvris une douzaine de cabines, réparties sur deux niveaux, ainsi que des toilettes, des douches communes, un sauna sec et un hammam humide. 

   Il n’y avait pas foule, mais plus de la moitié des cabines étaient occupées. 

   Je jetai un regard discret dans celles dont la porte étaient ouvertes et n’y trouva pas de quoi me mettre en appétit. 

   J’allai alors transpirer un bon coup au hammam, où, dans la pénombre brumeuse, une main sans visage me palpa le sexe. 

   J’en ressorti aussitôt, pour aller me sécher entièrement le corps au sauna. 

   Je fis ensuite plusieurs fois le tour des cabines, de bas en haut et de haut en bas, sans plus de conviction. 

   Au bar, l’horloge affichait 1h 35 du matin. 

   Perchées sur leur tabouret au comptoir, les deux folles jacassaient encore.

   Je pris une cigarette dans mon placard et vint la fumer à côté d’elles, sans rien commander au barman. 

   Après quoi, me disais-je, je n’aurai plus qu’à rentrer me coucher. 

   En taxi. Le dernier métro étant passé depuis une bonne demi-heure déjà. 

   C’est à ce moment-là, qu’il est entré. 

   Il serait arrivé quelques minutes plus tard et nous nous serions manqués. 

   Ce qui eut été dommage. 

   Sa jeunesse et sa beauté de prince berbère à la crinière noire et bouclée électrisèrent mon regard et, dès lors, je ne le quittai plus des yeux. 

   Sans me voir, il se glissa furtivement vers le recoin tamisé où se trouvaient les casiers. 

   Il se déshabilla, rangea précautionneusement ses affaires, et, la serviette autour des reins, partit d’un bon pied dans les profondeurs du sauna. 

   Aussi sec, j’écrasai ma cigarette et le pris immédiatement en chasse, tandis que les deux folles échangeaient des commentaires à voix basse. 

   Dès son entrée, je m’étais dit que ce garçon était pour moi. 

   Je le suivi jusqu’à l’étage supérieur. 

   Au bout du couloir, il s’immobilisa devant une cabine où était allongé un petit brun, barbu et abondamment poilu, auquel j’avais trouvé des rondeurs porcines. 

   À ma grande stupéfaction, il y pénétra et referma la porte derrière lui. 

   Déjà ! 

   Telle Perrette, j’avais échafaudé dans ma tête un beau programme de réjouissances à venir, mais voilà que mon pot à lait venait soudainement de se briser au sol, emportant avec lui mes dernières illusions. 

   Alors que je commençais à me lamenter sur mon propre sort, je le vis ressortir de la cabine et se diriger d’un pas rapide en direction des douches, à l’étage inférieur. 

   Uniquement éclairées par le trait de lumière bleutée d’un rayon laser oblique, et entièrement carrelée de noir, celles-ci étaient plongées dans l’obscurité. 

   Il se savonnait énergiquement dans le fond de la salle d’eau.

   Je vins me placer sous le pommeau voisin, me douchant en toute innocence. 

   Alors qu’il se tenait immobile, les yeux fermés, le corps ruisselant sous le jet d’eau chaude, ma main, comme aimantée, se tendit spontanément vers ses fesses et les caressa délicatement. 

   Il ouvrit grand les yeux et me fixa d’un œil noir, l’air tout à la fois surpris et scandalisé. 

   Allait-il me décocher un coup de poing ? 

   Au contraire ! 

   Il me sourit de toute la blancheur de ses dents. 

   À ma demande, nous allâmes nous réfugier, tout dégoulinants d’eau, dans la première cabine venue. 

   Nous en ressortîmes deux heures plus tard. Totalement secs. Vidés de toutes nos liquidités : salive, sperme, sueur. 

   Je l’invitai à prendre un verre au bar. 

   Les deux folles avaient déserté la place. 

   Il demanda un orangina au barman. 

   Je commandai un coca. 

   Nous étions douchés de frais et avions récupéré nos paquets de cigarettes dans nos casiers respectifs. 

   Il me dit qu’il devait rentrer se coucher car il reprenait son travail dans quelques heures seulement. 

   Il louait une chambre dans un petit hôtel de Pigalle, à quelques centaines de mètres du sauna. 

   Il venait d’arriver à Paris et il avait trouvé un emploi de serveur dans un restaurant de la rue Mouffetard. 

   Je sus encore qu’il avait fêté ses vingt-cinq ans trois ou quatre jours auparavant. 

   Et aussi qu’il venait de Toulon, où il est né, de parents Tunisiens. 

   Après quoi, nous nous aperçûmes que nous ne nous étions pas présentés. 

   C’est ainsi que j’appris qu’il se prénommait Chedly. 

   En le quittant, je lui donnai mon numéro de téléphone à tout hasard et lui déclarai que je serais très heureux de son appel. 

   Le soir même, aux alentours de 19 heures, la sonnerie du téléphone rompit le silence qui régnait dans mon studio.

   J’achevais la rédaction d’un long article destiné au Gai Pied et entièrement consacré à ma recension d’Un captif amoureux, le livre posthume tant attendu de Jean Genet, qui avait été retrouvé mort dans une chambre d’hôtel du 13e arrondissement au printemps dernier. 

   Toute la journée j’avais pensé à Chedly, me retenant d’appeler le restaurant de la rue Mouffetard dont il m’avait donné le nom grâce auquel j’avais obtenu le numéro par le service des renseignements. 

   Ainsi fus-je soulagé, mais non surpris, de reconnaitre sa voix toute ensoleillée par l’accent du midi à l’autre bout du récepteur. 

   Il profitait de sa pose repas, avant le service du soir, pour prendre de mes nouvelles, me dit-il.

   D’un ton hésitant, il me proposa de diner ensemble un soir de la semaine et, à cette occasion, m’indiqua son jour de repos. 

   Je lui répondis que s’il le voulait, il pouvait venir dormir chez moi cette nuit même. 

   Il accepta volontiers. 



Après 38 ans de vie commune, Chedly et moi nous sommes mariés à la mairie du 12e arrondissement le 23 novembre 2024. Le grand monochrome bleu, l'une des trois oeuvres que nous possédons de Luis Fernando Zapata, trône toujours en bonne place dans notre salon.



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par Jacky Barozzi 2 juin 2025
Devant le placard à friandise : "Sésame ouvre-toi !" Vita est une grosse vilaine Vita, de temps en temps se reçoit une petite fessée bien méritée. Mais toujours avec un journal roulé, jamais à la main, dévolue, elle, à la caresse. Il ne faut pas brouiller les messages, disent les vétérinaires. Vita a droit à sa friandise après avoir fait son pipi et son caca dehors. Cela, elle l'a bien compris et si en remontant à la maison on oublie par hasard de lui donner sa récompense, elle se pointe devant le placard à friandises, dans l’entrée, et nous regarde d’un air quémandeur, lourd de reproche. On lui dit aussi, « c’est bien », avec une caresse, ou « ça non ! », en haussant le ton, selon qu’elle fait bien ou mal. Mais le journal roulé, un gratuit pas très épais, elle le craint et le plus souvent nous avons juste à l’en menacer, pour qu’elle file à sa couche et nous tourne le dos, vexée. Pour un bref moment. Car comme tous les chiens, Vita, dotée néanmoins d'une bonne mémoire, vit l’instant présent, et n’est pas rancunière. Elle est bien vite submergée par l’affection qu’elle semble nous porter et qu’elle nous manifeste avec beaucoup d’enthousiasme à chaque fois. Notamment lorsque l’un ou l’autre d'entre nous rentre à la maison après un plus ou moins long temps d’absence. Il parait que les chiens n'ont pas vraiment la notion du temps ? Mais il faut bien avouer que Vita est, fondamentalement, une petite chienne adorable !
par Jacky Barozzi 1 juin 2025
Le narrateur et son héroïne. Les aventures de Vita Premier bain Bien que nous l’ayons emmenée plusieurs fois à la mer, Vita ne s’était jusqu’alors jamais baignée. Tout juste trempé les pieds. Hier après-midi (mardi 27 mai 2025, le lendemain de son huitième mois d’anniversaire), tandis que je la promenais dans le bois de Vincennes, elle est tombée dans la rivière et n’arrivait plus à remonter. J’ai dû la tirer en l’empoignant par son harnais. Voilà comment cela s’est passé. Parvenu dans un coin solitaire de la forêt, je l’avais détachée. Comme à son habitude, elle s’est mise à gambader partout. Curieuse et casse cou, téméraire mais pas suicidaire, elle s’était précipitée pour aller laper l’eau, plus goûteuse, de la rivière (artificielle, créée sous Napoléon III), placée quelques centimètres au-dessous du niveau du sol et bordée de gros cailloux mousseux. Malgré une approche précautionneuse, elle a glissé et plongé directement dans l’eau, plouf ! Elle n’avait plus pied et tentait, en me regardant d’un air désespéré, de grimper sur la rive en s’agrippant à la terre boueuse et reglissant aussitôt dans l’eau. Quand je l’ai retirée, elle était entièrement trempée et ressemblait à un gros rat efflanqué aux poils collés par paquets. Elle s’est violemment ébrouée et s’est roulée illico dans la terre ocre et poudreuse de l’allée jouxtant la rivière. Autant dire qu’à son retour, à la maison, à deux pas du bois, elle a eu droit à un nouveau… bain mais avec shampoing cette fois-ci !