Mise en page du blog

Juin est le mois des roses et cette année elles sont particulièrement précoces !



JARDIN DE BAGATELLE 1786

16° arr., bois de Boulogne, route de Sèvres-à-Neuilly, route des Lacs-de-Bagatelle, route du Point-du-Jour-à- Bagatelle, M° Pont-de-Neuilly. Entrée payante (d'avril à septembre, tarif plein : 2,50 €,

tarif réduit, sous conditions : 1,50 €).



Lors de ma dernière visite à Bagatelle, l'été passé, le château n'était pas en excellent état.

Hier, 2 juin, à l'occasion de mon retour sur les lieux, j'ai pu constater une nette amélioration.

Mais j'ai pu découvrir aussi que, comme pour le parc floral de Paris, au bois de Vincennes, et le jardin des Serres d'Auteuil (16 arr.), les deux autres sites avec lesquels Bagatelle partage le label de jardin botanique de la Ville de Paris, l'entrée est désormais payante !




SI BAGATELLE NOUS ÉTAIT CONTÉ


Aux origines de Bagatelle, il y eut d’abord un petit logement situé près d’une des portes du bois de Boulogne, entre le château de Madrid et la porte de Longchamp, accordé à vie à Louis Paul Bellanger, avocat général à la Cour des aides, qui en céda la jouissance, en 1720, au maréchal d’Estrées.

Celui-ci le fit reconstruire en l’agrandissant et cette « folie », ou maison dans les feuilles, fut dès lors baptisée Bagatelle, ce qui, dans le langage du XVIII° siècle, signifiait tout à la fois quelque chose de peu de valeur mais aussi quelque chose de frivole. Ce qu’illustra très bien la jeune maréchale d’Estrées, qui y donna de brillantes mais non moins galantes réceptions, dont le Régent était un habitué, bientôt suivi par le jeune Louis XV.

Veuve depuis 1737, la maréchale disparut à son tour en 1745. Deux ans plus tard, c’est à la marquise de Monconseil que fut accordé Bagatelle et elle y donna elle aussi de somptueuses fêtes, tout aussi légères, tant et si bien qu’elle s’y ruina. La maison, faute d’entretien, était alors dans un état de délabrement inquiétant.

Elle fut cédée en 1772 à Monsieur de Boisgelin, qui s’en défit deux ans plus tard au profit du fermier général Laurent Grimod de La Reynière, lequel s’en débarrassa très vite auprès de François Hénin, dit le prince de Chimay, capitaine des chasses du comte d’Artois.

Charles-Philippe, comte d’Artois et jeune frère de Louis XVI, qui deviendrait roi de 1824 à 1830 sous le nom de Charles X, était alors un jeune homme, grand amateur de femmes et de chasse. C’est ainsi qu’il se toqua de la demeure de son capitaine, auquel il la racheta en 1775.

La reine Marie-Antoinette, sa belle-sœur, pour laquelle il organisait de nombreux divertissements dont elle raffolait, vint lui rendre visite en sa nouvelle acquisition, qu’elle trouva en ruine. Ce fut l’occasion d’un pari fou entre les deux jeunes gens : 100 000 livres que le château ne serait pas reconstruit en deux mois, temps du séjour de la reine à Fontainebleau.

Le comte d’Artois fit appel à son Premier architecte, François-Joseph Bélanger (1744-1818) qui arrêta les plans en deux jours, commença les travaux le 21 septembre 1777 et donna livraison de la « folie » le

26 novembre suivant. Le comte d’Artois avait tenu son pari... et gagné 100 000 livres !




BAGATELLE EN SES PREMIERS JARDINS


Bélanger imagina un premier jardin, au tracé régulier, avec parterre et bassin devant le château et des arbres en lisière du parc, le tout à l’intérieur des quelques hectares qui constituaient la propriété.

Dès 1778, le comte d’Artois obtint de Louis XVI une parcelle de 10 hectares prise sur le bois afin d’agrandir son domaine qui passa ainsi à 14 hectares. Il en confia l’aménagement à Bélanger, qui avait travaillé en Angleterre où il avait découvert la mode des jardins anglais, ou plutôt anglo-chinois où la nature est en liberté.




Bélanger fit appel au jardinier écossais Thomas Blaikie, savant botaniste, et tous les deux s’attachèrent à la création d’un nouveau jardin à partir de 1779. A la fin de l’année 1781, les plantations étaient quasiment finies mais il fallut attendre 1786 pour que l’ensemble soit réellement terminé. Ils en firent l’une des œuvres les plus achevées en matière de jardin anglo-chinois. Des chemins et des rivières, au tracé extrêmement sinueux, découpaient des îlots, certains traités comme des buttes couronnées par une fabrique, d’autres, plus vastes, formant des pelouses en vallons. Le tout était ponctué de plantations denses, aux espèces variées, destinées à cerner des paysages ou à créer des effets de profondeur. Des lacs et des rochers artificiels, dont certains énormes et creusés pour former des grottes, une succession de fabriques, d’inspiration antique, chinoise, gothique, et de ponts, tout était fait pour arrêter l’œil et le surprendre, pour qu’il reparte et s’arrête à nouveau.


La grotte au fond du parc, derrière le château.


Ce jardin si nouveau pour l’époque, encore tout imprégnée de la rigueur des tracés de Le Nôtre, enchanta les contemporains et fit la réputation de Bagatelle. La « folie d’Artois » comme on l’appelait, était devenue le lieu à la mode par excellence.

La Révolution provoqua l’exil du comte d’Artois et Bagatelle devint bien national. Le château de Madrid fut détruit en 1793 et le parc de La Muette divisé mais Bagatelle fut épargné et laissé à la disposition du peuple, avant d’être vendu en 1796 et transformé en restaurant.

Napoléon le fit acheter par l’Etat en 1806, pour en faire son pavillon de chasse, et remettre en état en 1811 par l’architecte Pierre Fontaine.

La Restauration, en 1815, voit le retour du comte d’Artois qui récupéra la propriété mais l’abandonna à son fils, le duc de Berry. A la mort de ce dernier, assassiné en 1820, Bagatelle revint à la couronne qui décida finalement de le vendre en 1833.

Deux ans plus tard, Bagatelle est acheté par un Anglais, le marquis d’Hertford. Il avait connu en Angleterre celui qui deviendrait Napoléon III, grâce auquel il put accroître la superficie du terrain, le faisant passer de 14 à 24 hectares, soit ses limites actuelles. Le jardin est remanié par Louis-Sulpice Varé qui, s’il ne modifie pas profondément l’œuvre de Blaikie, la simplifie pour l’intégrer dans son propre dessin. Il rétablit le jardin à la française devant le château et crée, sur les terrains nouvellement acquis, de grandes pelouses à la mode paysagère, mais aussi des étangs et des grottes.

Le marquis d’Hertford fait surélever le château et restaurer le pavillon des Pages que Bélanger avait construit à l’extrémité sud de la cour d’honneur. Il fait en outre construire une fruiterie, une orangerie avec parterres, de nouvelles écuries, la maison du jardinier et fait ouvrir l’entrée sur le bois, avec sa grille d’honneur et son pavillon de style Louis-XVI.

A sa mort, en 1870, le marquis d’Hertford laisse sa fortune et son domaine à son fils adoptif et probablement naturel, sir Richard Wallace, plus connu pour avoir offert à Paris ses fontaines conçues sur le modèle anglais.

A partir de 1873, et avec la collaboration de l’architecte Léon de Sanges, il effectue d’importantes transformations qui donneront à Bagatelle son aspect actuel.

Il fait démolir le pavillon des Pages, ce qui permet d’allonger la cour d’honneur dont l’entrée est marquée par les deux pavillons des gardes, et aménager de part et d’autre deux grandes terrasses. C’est lui également qui fait construire, toujours par Léon de Sanges, le Trianon.

Sir Richard Wallace meurt à Bagatelle en 1890 et sa veuve laissera le domaine à Murray-Scott, ancien secrétaire de son mari, qui envisagera de le lotir et le vendra finalement à la Ville en 1905.



 

1905 : BAGATELLE S'OUVRE AU PUBLIC


C’est Jean-Claude-Nicolas Forestier, alors conservateur du bois de Boulogne, qui avait suggéré cette acquisition et c’est lui qui est tout naturellement chargé du domaine, ouvert au public à partir de cette date.

Son ambition n’est pas de reconstituer l’état XVIII° modifié par Varé, mais plutôt de faire de Bagatelle un endroit agréable et propice au délassement, où couleur et verdure se répondent. C’est ainsi qu’il crée un nouveau mode de présentation des fleurs, regroupées espèces par espèces afin d’obtenir des taches colorées qui offrent des contrastes.


Les tulipes au printemps.



Dans cet esprit, Forestier constitue la collection d’iris et celle des nymphéas.



Au jardin des iris.


C’est à Forestier surtout que Bagatelle doit la création de sa célèbre roseraie, constituée grâce à la générosité de Jules Gravereaux, créateur de la roseraie de L’Haÿ, et l’instauration du concours de roses nouvelles qui se tient ici depuis 1907.





Ainsi, de la succession de jardins qu’a connus Bagatelle – le premier jardin français de Bélanger, le jardin anglo- chinois de Bélanger et Blaikie, le jardin anglais de Varé et le jardin de collections de Forestier –, il reste une trace, chacun ayant englobé et intégré l’œuvre de son prédécesseur dans son propre projet.

Bagatelle, qui se veut aujourd’hui à la fois jardin d’agrément mais aussi jardin botanique, avec tout ce que cela implique de didactique, apparaît donc comme un concentré de l’art des jardins depuis le début du XVIII° siècle.



D'autres collections de plantes sont visibles en divers endroits du parc et en diverses saisons, tels ces subtils mélanges au jardin des présentateurs.


Texte et photos de Jacques Barozzi

par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
par Jacky Barozzi 06 févr., 2024
BOIS DE VINCENNES - 1857 12° arr., M° Château-de-Vincennes ou Porte-Dorée Le bois de Vincennes est le vestige d’une vaste forêt antique qui s’étendait à l’est de Paris. Ces terres incultes appartenaient à tous et les paysans gaulois puis gallo- romains les utilisaient pour mener paître leurs bêtes, se nourrir et trouver du bois pour se chauffer. L’arrivée des Francs, si elle ne modifie pas leurs habitudes, change cependant le statut de la forêt qui, de publique, devient alors privée selon les règles du droit franc. Après la mort de Dagobert, en 639, sa veuve fonde une abbaye à Saint-Maur. La première mention connue de la forêt de Vilcena figure dans une charte royale de 848 dans laquelle Charles le Chauve entérine un échange de terres entre l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Maur-des-Fossés. La forêt devient propriété de la couronne à la fin du X° siècle mais c’est dans une charte de 1037, par laquelle Henri Ier accorde des droits d’usage dans la forêt aux moines de l’abbaye de Saint-Maur, que la présence royale est mentionnée pour la première fois à Vincennes. D’autres droits seront accordés à différentes abbayes parisiennes jusqu’en 1164, date de la fondation du couvent des Bonshommes de Grandmont par Louis VII, qui donne aux moines un enclos et un prieuré. Louis VII possède un pavillon de chasse dans la forêt de Vincennes, la plus proche du palais de la Cité où il réside fréquemment. Dès le début de son règne, Philippe Auguste rachète les droits d’usage qui avaient été accordés dans la forêt afin de constituer un domaine de chasse. Il fait construire un manoir, qui constitue la première résidence royale à Vincennes (disparue au XIX° siècle), et élever en 1183 un mur de pierre pour protéger cet espace destiné à la chasse (ce mur restera en place jusqu’aux aménagements du Second Empire). Saint Louis fait construire en 1248 une chapelle dédiée à saint Martin pour abriter une épine de la Couronne du Christ qu’il a acquise de l’empereur d’Orient Baudoin II. Il agrandit le manoir d’un donjon car Vincennes constitue désormais la deuxième résidence du roi après le palais de la Cité et chacun connaît la fameuse scène, rapportée par Joinville dans la Vie de saint Louis, du roi rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes. 
Share by: