
« Dossier 137 » de Dominik Moll, avec Léa Drucker, Guslagie Malanda, Mathilde Roehrich et Jonathan Turnbull.
Je n’avais pas été aussi enthousiaste que la critique professionnelle à la projection de « La Nuit du 12 » et j’hésitais beaucoup à aller voir le dernier opus de Dominik Moll, co-écrit avec Gilles Marchand.
Mais quelques articles bien argumentés de cinéphiles éclairés, ici ou là, m’ont dissuadé de faire l’impasse dessus.
D’autant plus que, film après film, par ses choix et son jeu, Léa Drucker s’est imposée, sans tambour ni trompette, comme une actrice désormais incontournable du cinéma français.
On pourrait juste lui reprocher de se cantonner un peu trop au genre dramitico-politico-sociétal et ne pas suffisamment exploiter la veine comique ou historique.
Quelle marquise de Merteuil ne ferait-elle pas !
Disons-le d’emblée, j’ai été séduit par « Dossier 137 ».
Résumé : « Un jeune homme est blessé par un tir de Flash-Ball lors des manifestations liées au mouvement des Gilets jaunes. Stéphanie, enquêtrice à l'Inspection générale de la Police nationale, est chargée d'en déterminer les responsabilités. »
Sur ce canevas relativement simple, voire basique, le réalisateur nous donne à assister à un thriller captivant, subtil et nuancé sur la difficulté d’exercer la sécurité des biens et des personnes par temps de crise.
Ici, face à des responsables politiques dépassés, frileux ou démagogues, selon qu’ils sont au pouvoir ou dans l’opposition, les services de police jouent tant bien que mal leur partition, chacun dans son coin, au détriment d’une cohérence harmonieuse et complémentaire.
Tandis que les magistrats, d’une part, et les syndicats corporatistes, de l’autre, tirent la couverture de leur côté : de la gauche vers la droite.
Au milieu de ce chambardement généralisé, notre héroïne, commandante de police et flic dans l’âme, tente d’apporter tout le sérieux et le dévouement qu’elle peut au service de ce métier, dont l’utilité lui semble toujours aussi nécessaire, sinon plus, malgré une légitimité de plus en plus contestée par l'opinion publique.
D’où l’urgence, à ses yeux, de veiller à bien séparer le bon grain de l’ivraie parmi les effectifs de la Police nationale.
Plus facile à dire qu’à faire !
Un film efficace et impartial de Dominik Moll et une interprétation impeccable de Léa Drucker, où, malgré une apparition brève à l’écran, Guslagie Malanda, révélée grâce à son rôle principal dans « Saint Omer » parvient à donner une très haute intensité à son personnage.
https://www.youtube.com/watch?v=Ll17lAq0MWY



