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Les premiers jardins publics :

le XIX° siècle


     

     La première moitié du XIX° siècle ne se singularise pas dans l’art des jardins. Napoléon se soucie davantage d’urbanisme ; ses architectes favoris, Charles Percier et Pierre Fontaine tracent la rue de Rivoli à partir de 1800 le long du jardin des Tuileries en empiétant sur la terrasse des Feuillants et l’avenue de l’Observatoire est percée après 1810 sur l’ancien terrain des Chartreux qui est venu agrandir après la Révolution le domaine du Luxembourg. Les quais, les ponts, les égouts, les canaux, les marchés, les abattoirs, les fontaines, les arcs de triomphe, etc. intéressent davantage l’empereur. En 1804, après l’interdiction des inhumations dans la capitale, est créé extra-muros le cimetière de l’Est ou du Père- Lachaise, qui sera suivi par ceux du Sud ou de Montparnasse et du Nord ou de Montmartre, trois nécropoles qui se retrouveront à l’intérieur des frontières de la ville après l’annexion de 1860 et formeront autant d’espaces de verdure.

     En 1814-1815, c’est la guerre et les alliés coalisés contre l’empereur installent leur campement sur les Champs- Élysées qu’ils dévastent tandis que de nombreux arbres sont abattus dans les bois de Vincennes et de Boulogne.

     La Restauration voit s’élever des quartiers neufs, au nord et au nord-ouest de Paris, quartiers Poissonnière, de l’Europe, de la Nouvelle-Athènes, François Ier, et des lotissements extra-muros à Grenelle ou aux Batignolles. Les Tuileries et les Champs-Élysées ont été rénovés et embellis et constituent des lieux de promenade très à la mode mais on ne crée pas de jardin dans les nouveaux quartiers parisiens. Ils sont d’ailleurs assez aérés, contrairement au centre de la capitale et au faubourg Saint-Antoine où le peuple s’agite et s’oppose au régime, qu’il fait chuter en 1830 ; la monarchie de Juillet subira le même sort en 1848. A partir de 1841 est élevée une nouvelle enceinte fortifiée que Thiers fait construire pour protéger la ville, car le souvenir des années noires de 1814 et 1815 reste présent dans tous les esprits. Entre le mur des Fermiers généraux – nos boulevards extérieurs – et l’enceinte de Thiers – nos boulevards des Maréchaux –, il y a de nombreux villages, qui gardent encore leur indépendance et pour la plupart d’entre eux leur caractère champêtre ; peu à peu, cependant, constructions et petites industries gagneront du terrain et après 1837, date de l’inauguration de la gare Saint-Lazare, le chemin de fer contribuera largement à cette expansion.

     La nouvelle enceinte n’est pas encore achevée lorsqu’en 1844, le préfet Rambuteau crée un jardin au chevet de Notre-Dame : le square de l’Archevêché, actuel square Jean-XXIII, fut le premier véritable jardin public de la capitale. Jusqu’au milieu du XIX° siècle, les rues du centre de Paris sont trop étroites pour recevoir des plantations ; des arbres d’alignement, essentiellement des ormes, agrémentent le Cours-la-Reine, les Champs-Élysées et les Boulevards et les quais de la Seine sont plantés de peupliers. Cependant Rambuteau s’efforce d’accroître la présence d’arbres sur les avenues et les places et fait planter plus du tiers des 38 000 arbres recensés en 1855.

     La ville conserve ses abords campagnards et les promenades des Parisiens les conduisent au bassin de la Villette ou à la barrière de la Rapée, ainsi qu’au bois de Vincennes que des servitudes militaires de plus en plus importantes amputent progressivement.

     Dans l’art des jardins, peu de nouveautés, sinon un attrait pour les réalisations horticoles et un goût pour les contrastes de feuillages dont on alterne les colorations.



Square Jean-XXIII, ex square de l'Archevêché, premier jardin public de Paris.



SQUARE JEAN-XXIII 1844

4° arr., quai de l’Archevêché, rue du Cloître-Notre-Dame, M° Cité


     C’est sous Louis XIII, en 1622, que l’évêché de Paris fut érigé en archevêché et sous Louis XIV, en 1697, que l’archevêque Louis-Antoine de Noailles, futur cardinal, transforma l’ancienne demeure épiscopale en un superbe palais, siège de l’archevêché. Il se dressait au chevet de Notre-Dame et tout l’espace alentour, entre la cathédrale et la Seine, était occupé par un lacis de ruelles et un entrelacs de maisons et de chapelles. Saccagé lors des émeutes de 1831, le palais de l’Archevêché fut bientôt démoli et c’est sur ce terrain laissé vague que le préfet de la Seine Rambuteau décida d’ouvrir un jardin public en 1844.


     Il créait ainsi le premier square public de quartier, type qu’Haussmann allait développer sous le Second Empire.

     Dans ce simple carré entouré de grilles, Rambuteau fit installer des bancs, ce qui était alors extrêmement rare tant on craignait de nuire à la location des chaises ! En 1845 fut inaugurée au centre du square la Fontaine de la Vierge, une œuvre néogothique de l’architecte Vigoureux sculptée par Louis Merlieux.





     Le square de l’Archevêché s’agrandit en 1911 du terrain longeant Notre-Dame, depuis le pont-au-Double jusqu’au pont de l’Archevêché. Rebaptisé square Jean-XXIII en 1970, il offre une vue des plus exceptionnelles sur le chevet de la cathédrale gothique.







     L’avènement du Second Empire va bouleverser le paysage parisien; Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, qui avait vécu presque toute sa vie à l’étranger, profita de la révolution de 1848 pour faire son retour en France ; d’abord président de la II° République, il affirma son pouvoir par le coup d’Etat du 2 décembre 1851 et se proclama empereur en 1852 sous le nom de Napoléon III. Il avait trouvé à son arrivée à Paris une ville largement tributaire de l’époque médiévale dans le tissu urbain du centre et totalement dépourvue de tous les équipements, notamment en matière d’hygiène, qui existaient déjà à l’étranger et particulièrement à Londres. Lui qui était fasciné par le progrès technique, scientifique et économique mais attaché également à l’idée de progrès social, décida de moderniser Paris pour en faire une ville saine, aérée et pourvue de logements dignes d’accueillir une classe dirigeante bourgeoise et prospère. Mais un autre facteur, politique celui-là, était déterminant : Napoléon III voulait se prémunir contre tout nouveau risque de révolution, comme celles qui avaient causé la chute des précédents régimes en 1830 et 1848. Il fallait pour cela d’une part de larges artères permettant de rapides interventions de police et d’autre part démolir les vieux quartiers parisiens pour supprimer le plus possible de toutes leurs petites rues, terrain idéal pour édifier des barricades et favoriser la fuite des émeutiers.

     


Sous Napoléon III, les bois de Boulogne et de Vincennes sont ouverts au public.



     Pour mener à bien ce programme d’une ampleur démesurée, Napoléon III choisit le baron Georges-Eugène Haussmann (1809-1891) qu’il nomma préfet de la Seine en 1853. A eux deux, ils tranchèrent dans le vif, établissant un nouvel axe nord-sud – boulevards de Sébastopol, du Palais, Saint-Michel – et est-ouest – prolongement de la rue de Rivoli jusqu’à la rue Saint-Antoine –, d’où partaient des percées obliques reliant les points stratégiques de la capitale, comme la rue de Turbigo et le boulevard du Prince-Eugène (boulevard Voltaire) qui aboutissaient tous deux à l’actuelle place de la République et à la caserne du Prince-Eugène, cantonnement des troupes impériales. Dans les quartiers neufs, ce furent par exemple les boulevards Malesherbes et Haussmann, et toutes ces nouvelles voies se bordèrent de beaux immeubles en pierre de taille dont les prix, inaccessibles aux populations ouvrières, contraignirent ces dernières à émigrer vers les faubourgs ou la banlieue. En 1860, la ville allait annexer les communes situées entre le mur des Fermiers généraux et l’enceinte de Thiers, qui vinrent s’intégrer dans le nouveau découpage administratif de Paris en vingt arrondissements. Avec le développement du chemin de fer et la poussée industrielle, les anciens villages devenus faubourgs se couvrirent rapidement de constructions – habitations, ateliers, usines –, et la campagne fut progressivement repoussée. Le réseau d’égouts, l’éclairage au gaz, la généralisation des trottoirs, l’amélioration du réseau de distribution d’eau, l’établissement de gares, de marchés, d’abattoirs, etc. s’accompagnèrent d’une politique de création de jardins tout à fait considérable.

     



     Pour Napoléon III, en effet, qui éprouvait un véritable goût pour l’art des jardins et qui admirait fort les parcs anglais découverts pendant son exil, Paris devait se doter de tels espaces verts : il en allait du prestige de la capitale, mais c’était également une nécessité pour chaque quartier de pouvoir bénéficier de la proximité d’un jardin puisque la campagne se trouvait désormais loin. C’est parce que le sujet lui tenait tant à cœur que l’empereur s’impliqua personnellement dans un grand nombre des réalisations qu’allait mettre en œuvre Haussmann.

    Ce dernier prit comme bras droit l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand qu’il nomma en

1854 ingénieur en chef des embellissements avec comme collaborateurs Gabriel Davioud pour l’architecture et le mobilier et Jean- Pierre Barillet-Deschamps pour l’horticulture. Après l’annexion de 1860, le service des Promenades et Plantations de la Ville prit sa forme définitive : l’ingénieur en chef Alphand supervisait d’une part trois ingénieurs d’arrondissement, chargés respectivement de l’ancien Paris, du nouveau Paris et du bois de Boulogne ; d’autre part une agence d’architecture dirigée par Davioud et une agence d’horticulture dirigée par Barillet-Deschamps.

     Le Second Empire, qui avait trouvé à Paris moins d’une centaine d’hectares de jardins publics, constitués par les anciens jardins royaux des Tuileries, du Luxembourg, des Plantes, des Champs-Élysées et du Palais-Royal, en laissa plus de 2 000 avec l’aménagement des bois de Boulogne et de Vincennes (environ 1 850 hectares), la création de trois parcs (environ 50 hectares) et l’ouverture de vingt-quatre squares et promenades (environ 70 hectares). Le coup d’envoi fut donné au bois de Boulogne en 1852 et l’entreprise s’acheva avec le début des travaux du parc Montsouris, en 1867, que la guerre interrompit et qui s’achevèrent sous la Troisième République.

     Haussmann et Alphand profitèrent de réserves de verdure déjà existantes pour transformer en promenades les deux bois et créer un parc à partir de la propriété de Monceau, dont une partie fut cependant l’objet d’une opération immobilière ; de terrains inconstructibles, ceux des Buttes-Chaumont et de Montsouris, pour établir deux autres parcs ; enfin des démolitions occasionnées par le percement des nouvelles voies pour réserver des espaces libres leur permettant d’implanter des jardins de quartier répartis en différents points de la capitale.

    Mais la tâche d’Alphand n’allait pas se limiter à l’aménagement de ces nouveaux espaces verts ; il lui fallait aussi trouver un style de jardin répondant aux besoins de l’époque : le jardin régulier, classique, n’était concevable que dans les vastes étendues de grandes propriétés et rappelait par ailleurs les fastes d’un passé à jamais révolu ; quant aux jardins pittoresques et anglo-chinois, ils étaient liés à une fantaisie et à une insouciance passées de mode. C’est une fois de plus à partir des modèles anglais qu’Alphand et ses collaborateurs élaborèrent les deux types de jardins propres au Second Empire : le parc paysager et le square urbain.



A nouveau style de jardin nouveau mobilier urbain.





Travaux d'aménagement du parc des Buttes Chaumont, inauguré en 1867.




Le parc haussmannien

     Les jardins anglais, qui prenaient le paysage naturel comme source d’inspiration depuis les années 1740-1750, ont largement influencé les parcs haussmanniens. Cependant, si ces derniers tendent à une reproduction assez exacte de la nature, c’est une nature retravaillée pour donner une illusion de nature sauvage, au moyen de végétaux soigneusement mis en scène et de fabriques, en petit nombre, qui créent des points de vue pittoresques. Le parc haussmannien est conçu comme un refuge végétal dans un cadre urbain de plus en plus agité et tout est fait pour dépayser le promeneur et lui faire oublier la ville.

     Le relief du sol est travaillé mais sans trop d’excès, le terrain modelé, les pelouses vallonnées et, s’il y a des buttes, elles ne sont plus multipliées; les allées sont toujours sinueuses mais décrivent de larges courbes et on ne trouve plus les méandres tourmentés des jardins pittoresques ou même anglo-chinois ; les rivières ou les cascades, les lacs ou les îles sont presque systématiques, mais là encore en évitant la surabondance.

     Les végétaux sont mis en valeur de différentes façons : des plantations de différentes tailles, associant grands arbres, futaies et arbustes, sont regroupées pour composer des points d’accroche conduisant le regard vers un élément pittoresque, pont, pavillon ou grotte ; de la même manière, les teintes des feuillages sont variées pour former des relais visuels ou encore pour donner à une scène des proportions apparentes plus importantes que dans la réalité ; les plantes, soit isolées, soit par petits groupes, servent à animer un carrefour d’allées, à marquer le départ d’un point de vue ou les bords d’un cours d’eau ; parmi les nouveautés, il y a la plantation d’arbustes à feuillage persistant et l’introduction, pendant la belle saison, de plantes rares subtropicales cultivées en serres, disposées isolément en bordure d’une pelouse pour créer un effet spectaculaire ; les couleurs des décorations florales sont choisies en fonction de l’atmosphère du site et on note l’apparition des corbeilles de fleurs, ovales et légèrement surélevées par rapport au sol, pour marquer le départ des perspectives des pelouses.

     Le parc s’équipe de pavillons, kiosques, chalets et autres édicules dont la fonction est précise et un mobilier est créé spécialement pour les jardins.



Square de la Tour Saint-Jacques, 1856.



Le square haussmannien

     Si le mot est anglais, il provient de l’ancien français “esquire” et tous deux signifient “carré”. Cependant en Angleterre il désigne une place et c’est Napoléon III qui a choisi ce terme en souvenir des places avec jardin qu’il avait vues à Londres.

     Le square haussmannien, de relative petite taille, est souvent aménagé en effet au centre d’une place, mais parfois aussi entre quatre rues ou aux abords d’un monument. Il est clos de grilles, orné de pelouses et de massifs de décorations florales, tandis que des arbustes en lisière l’isolent de l’agitation de la ville. Il est équipé de bancs pour le repos et, à l’origine, les jeux en sont absents.




     Parallèlement à l’aménagement et à la création d’espaces verts, Alphand reçut d’Haussmann la mission d’effectuer des plantations le long des larges artères nouvellement tracées et c’est ainsi qu’il orna les rues de la capitale de plus de 50 000 arbres. Il s’agissait la plupart du temps de jeunes sujets cultivés dans les pépinières du bois de Boulogne mais certains sites privilégiés, pour lesquels on voulait obtenir un effet immédiat, reçurent de grands arbres adultes, transplantés depuis les forêts environnantes.

     Le choix des essences était fonction de leur destination. Les avenues reçurent des arbres à croissance rapide et homogène, qui pouvaient procurer une ombre abondante et étaient réputés pour leur résistance aux insectes xylophages : le platane et le marronnier furent généralisés, l’orme et le tilleul furent également plantés. Les rues plus étroites reçurent des espèces au développement moins imposant comme l’acacia, le vernis du Japon et l’érable, tandis que le catalpa et le paulownia étaient utilisés en bordure des voies exigeant des arbres de taille moins élevée. Une nouvelle essence, le planéra ou orme du Caucase, fit son apparition.

     Toutes ces plantations d’alignement étaient protégées car il s’agissait d’obtenir un effet esthétique et durable. Les sujets jeunes recevaient une sorte de corset qui leur servait aussi de tuteur, composé de branches de deux mètres de haut maintenues par des liens circulaires en bois attachés par un fil de fer. Comme les trottoirs étaient maintenant recouverts de bitume, un espace de terre était réservé au pied des arbres nouvellement plantés et recouvert d’une plaque de fonte ajourée, de un à deux mètres de diamètre, permettant de conserver un sol perméable autour de chaque tronc.

     






     Le Second Empire, sous l’égide d’Haussmann et d’Alphand, s’est attaché également à la création d’un mobilier à double vocation, à la fois esthétique et pratique, ce qui constituait une grande nouveauté. C’est l’architecte Gabriel Davioud qui élabora ces équipements qui devaient participer à l’environnement et à l’embellissement de la capitale. Cette unité de conception eut pour résultat une remarquable unité de style, caractérisée par le souci du détail et de la perfection propres à Davioud. Il dessina lui-même ces éléments à la fois ornementaux mais aussi, dans la plus grande majorité des cas, utilitaires, qui furent répartis dans toute la ville.

     Les nouvelles avenues reçurent candélabres, kiosques à journaux, fontaines, vespasiennes et bancs ; les squares furent équipés de grilles de clôture et de bancs.

     Pour les parcs et les bois, Davioud conçut des pavillons, chalets, kiosques et restaurants dont il varia les styles, conformément au goût pour le pittoresque qui prévalait alors : c’est ainsi qu’il s’inspira des cottages anglais pour les pavillons de garde des bois de Boulogne et de Vincennes ; des chalets suisses pour les embarcadères des lacs, les restaurants et les chalets de nécessité ; des temples antiques dans la rotonde du lac Daumesnil au bois de Vincennes et dans la reproduction du temple de la Sibylle aux Buttes-Chaumont ; des pagodes orientales dans le kiosque de l’Empereur du grand lac du bois de Boulogne. Il dessina des grilles de clôture et des portails d’entrée de ferronnerie ouvragée, des réverbères ornés de motifs végétaux, des bancs dont les pieds de fonte imitaient des branches, des corbeilles de forme tulipe, des arceaux de fonte imitant des branches de châtaignier pour border les pelouses, des panneaux d’orientation et des porte-règlements en fonte aux armes de la ville.








BOIS DE BOULOGNE 1852-1855

16° arr., M° Porte-Maillot, Porte-Dauphine ou Porte- d’Auteuil









     De la chênaie englobée dans une vaste forêt située sur la route de Rouen, au nord-ouest de Paris, on ne sait pas grand-chose pour les temps anciens, sinon qu’on l’appelait Rouvray parce qu’elle était constituée essentiellement de rouvres, une variété de chênes plus petite que le chêne commun. A l’époque gallo-romaine, elle était ouverte à tous et servait à se chauffer et à se nourrir. C’est avec les Francs mérovingiens, qui y possèdent une maison pour la chasse, qu’apparaissent les premiers droits de chasse réservés au pouvoir. Par une charte de 717, Chilpéric II concède une partie de la forêt de Rouvray à l’abbaye de Saint- Denis.

     En 1255, sainte Isabelle, sœur du roi saint Louis (Louis IX), fonde dans la forêt de Rouvray l’abbaye des Pauvres Dames clarisses de Longchamp.     

     En 1319, pour commémorer un pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer, une église dédiée à Notre-Dame de Boulogne est fondée au hameau des Menuls, ancien nom du village de Boulogne.

     En 1474, Louis XI donne la charge de la forêt de Rouvray à Olivier Le Daim afin de la remettre en état après les dégâts de la guerre de Cent Ans et de surveiller son exploitation. Deux routes sont alors tracées qui, de Passy, conduisent l’une à Boulogne, l’autre au bac de Neuilly.

     François Ier, de retour de captivité après la défaite de Pavie, se fait construire dans la forêt de Rouvray un château destiné à loger la Cour lors des chasses royales. Les travaux commencent en 1527 et cette demeure, inspirée de l’architecture espagnole que le roi avait découverte lors de son exil, recevra le nom de château de Madrid. Dix ans plus tard, le parc était constitué mais le château ne sera achevé que vers 1552, sous Henri II, qui édifie vers 1558 autour du bois un mur de clôture percé de huit portes.

     C’est vers cette époque que le nom de Boulogne commence à s’imposer pour désigner la forêt de Rouvray.

     



     En 1572, Charles IX fait construire le pavillon de chasse de La Meutte, futur château de La Muette.

     Sous le règne de Henri IV, qui voulait développer en France la culture du vers à soie, 15 000 mûriers sont plantés dans le bois.

     C’est Louis XIV qui édicte les premières règles de conservation et de renouvellement des plantations, par la Grande Ordonnance forestière de 1669. Le souverain, qui veut faire du bois un grand domaine pour la chasse royale, fait percer des avenues droites qui se rejoignent en étoiles. Par ailleurs, il autorise l’accès du public en lui faisant ouvrir les huit portes du mur de clôture. Le bois devient dès cette époque, et pour tout le XVIII° siècle, un lieu de promenade très fréquenté des Pa

risiens le dimanche. Quant à la haute société, elle s’y rend plusieurs fois l’an, en grand équipage, notamment pour la revue militaire dans la plaine des Sablons et pour la traditionnelle promenade à l’abbaye de Longchamp durant la Semaine Sainte.

     Au XVIII° siècle, de belles demeures sont élevées en lisière du bois, l’ancien pavillon de chasse de Charles IX est transformé en château de La Muette pour Louis XV et le château de Bagatelle est construit pour le comte d’Artois.

     A la Révolution, le bois est presque entièrement dévasté, l’abbaye de Longchamp et le

 château de Madrid sont détruits, La Muette est vendue et morcelée et seul Bagatelle échappe à la destruction. En 1815, les Alliés y installent leur campement, causant de si grands dommages qu’une grande partie des arbres disparaît. Il faudra attendre le Second Empire pour que le bois redevienne la brillante promenade qu’il avait été.

    Après la révolution de 1848, le bois devient propriété de l’Etat qui le cède en 1852 à la Ville, avec obligation de l’aménager en promenade publique et de l’entretenir.

     A cette époque, il existait déjà à Londres des promenades accessibles à tous et Napoléon III, qui

 les avait découvertes durant son exil, décida de créer aux portes de Paris la première promenade aménagée pour le public. Voulant éblouir l’Europe entière, il exigea que la promenade soit prête pour l’Exposition universelle de 1855 ; 1 200 hommes et 300 chevaux y travaillèrent sans relâche durant six années.

     Hittorff fut nommé en 1852 « architecte du bois » et il s’adjoignit les services du jardinier

paysagiste Louis-Sulpice Varé qui commença de procéder aux aménagements tout en décidant de respecter la topographie des lieux et les arbres existant. Pour répondre aux souhaits de l’empereur, qui voulait une rivière sur le modèle ce celle de Hyde Park à Londres, Varé creusa une large tranchée sur 1,5 kilomètre et comportant deux îles. Malheureusement, ses calculs s’avérèrent mauvais car la dénivellation était telle que les deux extrémités ne pouvaient être en eau simultanément. Hittorff et Varé furent remerciés et Haussmann, qui était devenu préfet de la Seine en 1853, les remplaça par l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand qui, assisté de l’horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps et de l’architecte Gabriel Davioud, allait mener à bien les travaux de ce parc à l’anglaise tant désiré par Napoléon III.





Jean-Charles Adolphe Alphand (1817-1891)

     Né à Grenoble et formé à Paris à l’Ecole polytechnique et aux Ponts et Chaussées, cet ingénieur travaillait à Bordeaux lorsqu’il fut appelé par Haussmann pour le seconder dans sa tâche. Nommé en 1854 ingénieur en chef des embellissements de Paris avec comme collaborateurs l’horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps et l’architecte Gabriel Davioud, il prit en 1860 la tête du nouveau service des Promenades et Plantations de la Ville, auquel on doit tous les aménagements et toutes les créations du Second Empire en matière d’espaces verts. Devenu directeur des Promenades de Paris en 1869, un nouveau poste créé spécialement pour lui, il poursuivit sa carrière sous la Troisième République, dans la continuité de l’œuvre entreprise sous le Second Empire. Adolphe Thiers lui confia en 1871 la direction de la plupart des services de l’administration parisienne qui comprenaient, outre les jardins, les voies publiques, le réseau d’eau et les égouts, et il participa pour une grande part aux Expositions universelles de 1878 et 1889. Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé Les Promenades de Paris, dont il acheva la publication en 1873, dans lequel il décrit les transformations de la capitale sous l’égide du baron Haussmann. Jean-Charles Adolphe Alphand, auquel la Ville offrit des funérailles nationales en reconnaissance pour l’œuvre accompli, est enterré au cimetière du Père-Lachaise où son buste, par le sculpteur Jules Coutan, orne sa sépulture.




     La rivière fut transformée en deux lacs, le trop-plein du lac Supérieur se déversant en une cascade de 6 mètres de haut dans le lac Inférieur, et les deux lacs, inaugurés en 1854, furent entourés de routes.

   A l’exception des allées de la Reine-Marguerite et de Longchamp, qui furent conservées, toutes les autres allées furent modifiées pour être transformées en lignes courbes et sinueuses.

   Des pelouses furent créées en bordure des pièces d’eau et de nouvelles portes furent construites, chacune avec sa maison de garde.

    A la fin de l’année 1854, le projet était abouti et il ne restait plus qu’à terminer la voirie, soit 58 kilomètres de routes empierrées carrossables, 11 kilomètres d’allées cavalières ensablées et 25 kilomètres de sentiers piétons en sous-bois.

   Des acquisitions menées en 1855 avaient agrandi la superficie du bois, sensiblement la même qu’aujourd’hui, et le mur de clôture avait été supprimé.

     Alphand compléta le réseau d’eau avec trois rivières alimentées par le lac Inférieur et s’écoulant vers les étangs de la porte de Neuilly, la mare Saint-James et la Grande cascade du carrefour de Longchamp.

   



La cascade du bois de Boulogne.


    De grands arbres et des arbustes, 420 000 environ, furent plantés dans les deux îles du lac Inférieur, aux abords des cours d’eau, des cascades, des principales routes et des entrées du bois, tandis que des massifs de fleurs venaient orner les plus beaux sites.

    L’ancien moulin de l’abbaye de Longchamp fut restauré et des bancs, des chalets et des abris furent élevés par Davioud pour les promeneurs. Un hippodrome, celui de Longchamp, fut inauguré en 1857.

    Tous ces travaux avaient coûté cher et des concessions furent accordées dès 1854 à des sociétés privées : le Pré-Catelan fut inauguré en 1856 et le jardin d’Acclimatation ouvrit ses portes en 1860.

    Le succès fut immédiat et le bois devint, tous les après- midi de la semaine, le lieu des rendez-vous élégants tandis que le dimanche s’y pressaient les bourgeois, les employés et les marchands.

     Sous la Commune, de nombreux arbres furent abattus pour consolider les bastions et l’on déboisa pour les besoins militaires mais aussi pour chauffer les Parisiens.

     En 1872, on concéda la partie du bois la plus abîmée à la Société des Steeple-Chase d’Auteuil pour y créer un hippodrome réservé aux épreuves d’obstacles, inauguré en 1873. A partir des années 1880, on accorda de nombreuses concessions dévolues au sport mais aussi à l’établissement de restaurants. En 1905, on équipa le bois de candélabres électriques.

   


Du côté du Pré-Catelan.



     Dans un passé récent, la construction du boulevard périphérique a entraîné le creusement d’un souterrain sous le lac Supérieur tandis que le Jardin fleuriste municipal (Serres d’Auteuil) était amputé d’une partie de son terrain.

     Aujourd’hui, si le bois de Boulogne n’a pas toujours bonne réputati on, surtout la nuit, il offre dans la journée un agréable dépaysement et de nombreux divertissements, avec ses 846 hectares qui conservent, pour l’essentiel, leur tracé de promenade à l’anglaise du Second Empire. Le bois possède de nombreuses espèces et l’on y trouve en quantités à peu près égales chênes, érables, hêtres, charmes, marronniers, tilleuls, pruniers, platanes et robiniers, tous plantés après 1815.


Le petit train du jardin d'Acclimatation, qui n'est pas réservé qu'aux enfants !




JARDINS DE L’AVENUE FOCH 1855

16° arr., avenue Foch, M° Charles-de-Gaulle-Etoile ou Porte-Dauphine



     En 1854, alors que les travaux d’aménagement du bois de Boulogne allaient bon train, Haussmann songea qu’il fallait doter cette nouvelle promenade d’une voie d’accès à la fois facile mais surtout prestigieuse, à la mesure des ambitions qu’il avait pour le bois de Boulogne, et décida de transformer la route alors existante entre l’Arc de Triomphe et le bois.

     L’architecte Jacques-Ignace Hittorff, qui avait alors la charge de la nouvelle place de l’Etoile et de ses abords, proposa de donner à cette nouvelle avenue une largeur de 40 mètres, soit 10 de plus que les onze autres artères rayonnant depuis l’Arc de Triomphe. Mais Haussmann, qui souhaitait quelque chose de plus grandiose, lui imposa l’ajout de deux pelouses latérales, de 32 mètres chacune, bordées d’une voie de desserte des propriétés riveraines auxquelles il imposa une servitude non aedificandi de 10 mètres.

     





     Cette nouvelle avenue, longue de 1 300 mètres, fut ouverte dès 1855 tandis que dans le même temps on inaugurait la porte Dauphine. Baptisée avenue de l’Impératrice puis avenue du bois de Boulogne, elle reçut le nom de Foch en 1929, l’année même de la mort du maréchal.

     Sous la direction d’Alphand, Jean-Pierre Barillet- Deschamps aménagea les pelouses en jardins et planta près de 4 000 sujets représentant toutes les espèces d’arbres et arbustes que l’on trouvait alors à Paris. Il nous en reste quelques beaux arbres centenaires, parmi lesquels un platane hybride de plus de 40 mètres de haut.



Jean-Pierre Barillet-Deschamps (1824-1873)

     Originaire de Touraine, il s’intéressa très jeune à l’horticulture et se fit remarquer comme paysagiste à Bordeaux. C’est ainsi qu’il fut appelé à Paris par Haussmann et Alphand après l’éviction de Varé au poste de jardinier en chef du bois de Boulogne. Responsable de l’agence d’horticulture du service des Promenades et Plantations dirigé par Alphand, il fut quelque peu évincé par ce dernier qui s’attribuait largement le mérite des nouvelles réalisations. Barillet- Deschamps travailla pour la Ville jusqu’en 1869 et termina sa carrière en Egypte. Le plan général de ses créations comporte une allée de ceinture, des allées courbes alternativement couvertes et découvertes aux carrefours desquelles il bannit les angles droits, de subtils vallonnements, des pentes souples et naturelles, des points de vue ponctuels avec bancs ou fabriques régulièrement répartis selon la durée des cheminements, des massifs d’arbres et d’arbustes rares et des décorations florales ou de plantes vertes rassemblées en corbeilles. Il donne une vision idéale de la nature, conçue harmonieusement pour la promenade et le repos.



     L’engouement fut immédiat et l’avenue de l’Impératrice devint très vite la promenade à la mode. Tous les équipages qui se rendaient au bois l’empruntaient et de beaux hôtels particuliers

commencèrent à s’édifier le long de ses pelouses. La plupart ont été remplacés par des immeubles de rapport et ce fut le cas du fameux Palais Rose, construit au n°50 à l’imitation du Grand Trianon de Versailles par l’architecte Paul-Ernest Sanson (1897 à 1902) pour le comte Boni de Castellane, et

démoli en 1969.

     




     A la hauteur du n°22, le groupe du monument à Alphand, par le sculpteur Jules Dalou (1893),

représente le directeur des Travaux de Paris s’adressant à ses principaux collaborateurs : un ingénieur, un architecte, un peintre et un sculpteur, ce dernier figuré sous les traits de Dalou lui-même.

     


     A l’autre extrémité de l’avenue, l’entrée de la station de métro Porte Dauphine est l’une des rares restée intacte parmi celles construites vers 1900 par l’architecte Hector Guimard.





PRE-CATELAN 1856

16° arr., bois de Boulogne, M° Porte-Maillot



     C’est au troubadour Arnault Catelan, envoyé en 1310 par la comtesse de Provence au roi Philippe le Bel et dévalisé puis assassiné par les gardes que ce dernier avait dépêchés à sa rencontre, que la légende attribue l’origine du nom de la Croix-Catelan. Mais le précieux trésor que les soldats

escomptaient trouver sur lui se révéla constitué d’essences provençales dont les effluves trahirent les auteurs du forfait. Le roi aurait fait élever une croix à la mémoire du jeune poète, à l’emplacement même du crime.

     Cette croix a bien existé, en effet, jusqu’au XVIII° siècle où elle fut remplacée par la pyramide tronquée en pierre qui subsiste aujourd’hui, mais il y en avait de nombreuses dans le bois qui marquaient les croisées de chemins et qui furent détruites au moment de la Révolution. Le nom viendrait en réalité de celui d’un Capitaine des chasses de Louis XV, Théophile Catelan, et le Pré aurait été désigné pour sa proximité d’avec la Croix-Catelan.




Une croix de légende.



     Lors des travaux d’aménagement du bois de Boulogne par Haussmann (1852-1855), l’endroit fut transformé en carrière pour fournir la pierre nécessaire à la construction des routes du bois. Quant à la Croix-Catelan, qu’Haussmann n’avait pas prévu de conserver, c’est Napoléon III, à qui l’on avait conté la légende, qui aurait décidé de la garder.

     A la fin des travaux, le lieu fut accordé en concession privée et transformé en 1856 en parc d’attractions qui prit le nom de Pré-Catelan. Il offrait aux visiteurs un théâtre de marionnettes et un autre de magie, une brasserie et un restaurant, une laiterie où l’on pouvait consommer du lait, une salle de concert et un théâtre en plein air de 1 800 places au décor féerique de corbeilles de fleurs, de feuillages et de massifs d’arbustes. Le succès de ce théâtre fut véritable mais son entretien coûtait cher et sa rentabilité trop dépendante des caprices du temps. Il fit faillite en 1858 et le parc d’attractions ne survécut pas à la guerre de 1870 et à la Commune, à l’exception du restaurant qui existe toujours. La Ville récupéra le terrain qu’elle aménagea pour le public.




     Le théâtre en plein air rouvrit en 1904 sous le nom de théâtre de Verdure mais au moment de la Première Guerre mondiale, le Pré-Catelan fut transformé en parc à bestiaux pour approvisionner la capitale. C’est aujourd’hui un beau jardin, élégant, où l’on découvre plusieurs arbres remarquables, dont un impressionnant hêtre pourpre âgé de plus de 200 ans, et c’est dans son enceinte qu’a été aménagé, en 1954, le jardin Shakespeare.


L'hêtre pourpre du Pré Catelan.





SQUARE DE LA TOUR-SAINT-JACQUES 1856

4° arr., rue de Rivoli, rue Saint-Martin, avenue Victoria, boulevard de Sébastopol, M° Châtelet


     Le tombeau de Saint-Jacques le Majeur à Compostelle, qui abrite le corps de l’apôtre depuis une date inconnue, fait l’objet d’un culte dès le IX° siècle et un important pèlerinage se développe dans toute l’Europe à partir du X° et surtout du XI° siècle.

     A Paris, l’église dédiée à saint Jacques le Majeur, élevée sur l’emplacement d’un sanctuaire du IX° siècle et mentionnée pour la première fois en 1119, constitue le point de ralliement des pèlerins qui se rendent en Galice. La puissante corporation des bouchers parisiens possède sa chapelle dans cette église proche de la grande boucherie et elle prend dès le XII° siècle le nom de Saint-Jacques-de- la-Boucherie.





     L’église est reconstruite de 1508 à 1522 par Jehan de Felin qui la dote d’un clocher qu’elle ne possédait pas auparavant. Il était alors courant d’édifier une tour unique sur l’un des côtés de la façade des églises parisiennes, mais si ces tours présentaient généralement un décor assez simple, celle de l’église Saint-Jacques, pourtant construite à la Renaissance, marque la persistance d’un très beau style

flamboyant. Au sommet, des statues figurant les symboles des Evangélistes, aux angles, encadraient la statue de saint Jacques qui les dominait, au centre.





     A la Révolution, les cloches furent fondues, la statue de saint Jacques le Majeur qui surmontait le clocher disparut et l’église fut démolie, à l’exception du clocher. Il avait en effet été vendu à un fabricant de balles pour fusils, qui modelait celles-ci en faisant tomber des gouttes de plomb en fusion depuis le sommet de la tour ; arrivées au sol où elles étaient recueillies dans de l’eau, elles avaient acquis leur forme sphérique !

     Avec le Second Empire commencent les grands travaux d’Haussmann. Le quartier du Châtelet, composé d’un enchevêtrement de ruelles et de bâtisses, est entièrement détruit pour laisser place à un quartier neuf, véritable carrefour de communication. Le boulevard de Sébastopol est percé, la rue de Rivoli est prolongée jusqu’à la rue Saint- Antoine et la place du Châtelet est aménagée en déplaçant la fontaine (1858) et bordée des deux théâtres élevés par Davioud (1860-1862).

     L’architecte Théodore Ballu est chargé en 1853 des travaux de consolidation et de restauration de la tour Saint- Jacques qui avait été rachetée par la Ville en 1836. Il fallut tout d’abord araser la butte sur laquelle reposait la tour et niveler le sol pour le mettre au même niveau que la rue de Rivoli. La tour fut alors reprise en sous-œuvre et assise sur un socle rattrapant la différence de terrain.

     Les statues du XVI° siècle, très abîmées, furent déposées – elles sont au musée de Cluny – et remplacées en 1854 par de nouvelles sculptures dues à Jean-Louis Chenillon ; les symboles des quatre Evangélistes reprirent leur place aux angles de la plate-forme supérieure et une nouvelle figure de saint Jacques en habit de pèlerin, haute de 4 mètres, fut placée en couronnement.

     





     Sous la tour prit place une statue de Blaise Pascal par Pierre Cavelier (1857), rappelant les expériences barométriques que le savant y aurait réalisées en 1648.

     Le terrain encadrant la tour fut aménagé par Alphand selon le modèle des jardins anglais entourés de grilles au milieu d’une place. Ouvert en 1856, le square de la Tour- Saint-Jacques est le premier de la vingtaine qui vont être réalisés sous la direction d’Haussmann.

     En 1891, une station météorologique a été installée en haut de la tour qui domine la rue de Rivoli de 56 mètres.

     Une stèle a été érigée dans le square en 1959 à la mémoire de Gérard de Nerval, retrouvé pendu en 1855 rue de la Vieille Lanterne, une ruelle proche du Châtelet qui a disparu dans le réaménagement du quartier.

     





     Dans les années 1970, on supprima les grilles du square qui devint alors un jardin complètement ouvert, de jour comme de nuit. En fait c’était devenu davantage un passage qu’un jardin et son mauvais état ainsi que le vieillissement de ses plantations ont entraîné son réaménagement en 1996 dans l’esprit du premier square d’Alphand, avec des pelouses et des grilles qui, comme le mobilier, se réfèrent à des modèles du XIX° siècle.

     Sur l’un des piliers d’entrée du square, une coquille de pèlerin rappelle la dédicace de l’église disparue à saint Jacques le Majeur.






BOIS DE VINCENNES 1857

12° arr., M° Château-de-Vincennes ou Porte-Dorée


     Le bois de Vincennes est le vestige d’une vaste forêt antique qui s’étendait à l’est de Paris. Ces terres incultes appartenaient à tous et les paysans gaulois puis gallo- romains les utilisaient pour mener paître leurs bêtes, se nourrir et trouver du bois pour se chauffer. L’arrivée des Francs, si elle ne modifie pas leurs habitudes, change cependant le statut de la forêt qui, de publique, devient alors privée selon les règles du droit franc. Après la mort de Dagobert, en 639, sa veuve fonde une abbaye à Saint-Maur.

     La première mention connue de la forêt de Vilcena figure dans une charte royale de 848 dans laquelle Charles le Chauve entérine un échange de terres entre l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Maur-des-Fossés.

     La forêt devient propriété de la couronne à la fin du X° siècle mais c’est dans une charte de 1037, par laquelle Henri Ier accorde des droits d’usage dans la forêt aux moines de l’abbaye de Saint-Maur, que la présence royale est mentionnée pour la première fois à Vincennes. D’autres droits seront accordés à différentes abbayes parisiennes jusqu’en 1164, date de la fondation du couvent des Bonshommes de Grandmont par Louis VII, qui donne aux moines un enclos et un prieuré. Louis VII possède un pavillon de chasse dans la forêt de Vincennes, la plus proche du palais de la Cité où il réside fréquemment.

     Dès le début de son règne, Philippe Auguste rachète les droits d’usage qui avaient été accordés dans la forêt afin de constituer un domaine de chasse. Il fait construire un manoir, qui constitue la première résidence royale à Vincennes (disparue au XIX° siècle), et élever en 1183 un mur de pierre pour protéger cet espace destiné à la chasse (ce mur restera en place jusqu’aux aménagements du Second Empire).

     Saint Louis fait construire en 1248 une chapelle dédiée à saint Martin pour abriter une épine de la Couronne du Christ qu’il a acquise de l’empereur d’Orient Baudoin II. Il agrandit le manoir d’un donjon car Vincennes constitue désormais la deuxième résidence du roi après le palais de la Cité et chacun connaît la fameuse scène, rapportée par Joinville dans la Vie de saint Louis, du roi rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes.

   





     Les successeurs de saint Louis vont faire de Vincennes leur résidence favorite après Paris et à partir de la fin du XIII° siècle apparaît l’expression «bois de Vincennes» pour désigner l’ensemble formé par le manoir, le bois et tout ce qui se trouve à l’intérieur du mur de clôture.

     C’est Charles V qui va transformer le manoir en forteresse. Après les échecs successifs de la guerre de Cent Ans et la révolte de Paris sous la conduite d’Etienne Marcel, il décide de mettre en place des ouvrages défensifs destinés à assurer sa sécurité. C’est, à Paris, la construction de l’enceinte dite de Charles V, qui englobe le Louvre, et de la bastille Saint-Antoine. A Vincennes, une puissante tour forteresse – appelée le donjon à partir du XVI° siècle –, est construite de 1361 à 1369 pour servir de refuge au roi et à sa famille en cas de danger. Une importante muraille vient englober l’ancien manoir et la nouvelle forteresse ; cette enceinte comportait neuf tours en plus du donjon mais aujourd’hui seule subsiste intacte la tour du Village, au nord, les autres ayant été tronquées au début du XIX° siècle. Charles V décide d’élever une Sainte-Chapelle à l’intérieur de l’enceinte, mais elle ne sera véritablement achevée qu’au milieu du XVI° siècle.

     Parallèlement, le parc a été agrandi à deux reprises, à la fin du XIII° siècle vers l’ouest puis à la fin du XIV° vers l’est, et il n’y aura plus de véritable extension avant le règne de Louis XIV, trois siècles plus tard.

     Après la mort du roi fou Charles VI, en 1422, qui avait fait de Vincennes sa résidence

 principale, les rois n’y viendront plus guère sinon pour chasser parfois, mais le bois de Vincennes n’offrait pas l’espace suffisant pour la pratique de la chasse à courre dont le goût s’était développé.

     Sous Louis XIV, le château est agrandi par Le Vau à qui l’on doit les deux ailes, du Roi et de la Reine, réunies par une galerie. Le mur d’enceinte de Charles V est percé au sud pour ouvrir la vue sur le parc qui est agrandi dans cette direction. Cependant Vincennes est délaissé au profit de l’ouest parisien et de Versailles où le roi s’est établi.

     




      C’est sous Louis XV que le bois est aménagé, de 1731 à 1739, par Robert de Cotte, premier architecte

du roi. En 1731, un reboisement total est effectué sous la direction d’Alexandre Lefebvre de la Faluère, grand Maître des Eaux et Forêts, et l’obélisque qui s’élève au rond-point de la Pyramide a été sculpté par les frères Slodtz pour commémorer cette replantation. Selon les dessins de Robert de Cotte, une vaste esplanade engazonnée est créée devant la façade sud du château tandis que dans la forêt sont tracées des allées rectilignes qui se rejoignent à des carrefours en étoile afin de faciliter la chasse.

     Dès cette époque, le parc situé devant le château est ouvert au public. Des bals champêtres et des guinguettes y sont installés vers 1762 et à partir de 1781 apparaissent les premières courses de chevaux, à l’initiative du duc de Chartres, futur Philippe-Egalité.

     Le bois de Vincennes, dévasté à la Révolution, devient propriété de l’Etat. Le couvent des Minimes, qui avait été établi en 1585 par Henri III en lieu et place des Bonshommes de Grandmont, est vendu et transformé en atelier de poudre, tandis qu’un polygone de tir est installé devant l’esplanade du château à l’emplacement de l’ancienne allée royale.

     L’Empire transforme le château de Vincennes en place militaire. Les tours de l’enceinte de Charles V, à l’exception de la tour du Village, sont arasées en 1809 telles qu’elles apparaissent aujourd’hui et le château accueille en 1810 une importante garnison d’hommes et de chevaux. Le parc et le bois ne sont plus guère entretenus et de nombreux arbres sont abattus pendant le siège de Paris par les Alliés en 1814.

     A la Restauration, Louis XVIII décide de rendre le bois de Vincennes à sa vocation ancestrale, la chasse. Le bois est réaménagé et les murailles endommagées en 1814 sont réparées. Une faisanderie est créée en 1821 et l’ancien domaine des Minimes racheté en 1823.

     Sous la monarchie de Juillet, tandis que s’élèvent les fortifications de Thiers pour la défense de la capitale (1841), Vincennes est transformé en fort militaire de la place de Paris. Le manoir primitif est détruit et un fort neuf élevé à côté du château pour servir de casernement. Un vaste champ de tir et de manœuvre est créé devant le château et des redoutes sont construites de 1845 à 1848 à Gravelle et à la Faisanderie. Au total, c’est 160 hectares du bois qui passèrent ainsi sous l’emprise de l’armée. Toutefois, le reste du bois restait accessible au public pour lequel il constituait une promenade mondaine très en vogue.

     

L'obélisque du rond-point de la Pyramide.



     Devant le succès remporté par l’aménagement du bois de Boulogne, amorcé à partir de 1852, Napoléon III décida de mener une opération identique à l’est, afin d’offrir aux Parisiens des faubourgs les mêmes agréments qu’à ceux de l’ouest, mais on peut penser que la véritable raison était de garder le bois de Boulogne pour la bourgeoisie et de cantonner les ouvriers des faubourgs dans le bois de Vincennes. Il fut donc décidé de transformer en promenade publique selon le modèle anglais les parties du bois de Vincennes qui n’étaient pas occupées par l’armée et les différents hôpitaux qui

s’y étaient implantés (Esquirol en 1837, l’Asile impérial en 1855 et l’hôpital militaire de Vincennes, actuel Bégin, en 1858).

     Un service des Embellissements dirigé par Jean-Charles Adolphe Alphand, secondé par Jean-Pierre Barillet-Deschamps pour l’horticulture et Gabriel Davioud pour l’architecture, fut chargé de l’aménager en 1857. Tout en conservant ce qui subsistait des allées rectilignes, des ronds-points étoilés et des futaies créées sous Louis XV, Alphand transforma tous les autres espaces en parc anglais avec pelouses et allées sinueuses. De 1858 à 1860, trois lacs furent creusés : le lac des Minimes, avec ses trois îles, à l’emplacement de l’ancien couvent, le lac de Saint-Mandé à partir d’un ancien marécage et le lac de Gravelle au sommet du plateau qui lui a donné son nom.

     Le coût très élevé de ces travaux décida l’empereur à faire sortir le bois de Vincennes du domaine impérial pour l’attribuer en 1860 d’abord à l’Etat puis à la Ville. L’Etat se réservait les terrains où l’armée était implantée, la Ville héritait des 934 hectares restant avec pour charge la poursuite des aménagements en promenade publique et son entretien.

     C’est en fait à partir de 1860 que les travaux prennent leur véritable ampleur. La butte de Gravelle est créée avec les terres extraites pour le creusement du lac. La superficie du bois est accrue jusqu’à la plaine de Bercy, au centre de laquelle est creusé le lac Daumesnil, avec ses deux îles plantées d’essences rares, ses ponts suspendus, sa grotte, sa cascade et son temple de l’Amour élevé par Davioud. Des pelouses sont créées sur 60 hectares, des allées tracées sur 40 kilomètres et des sentiers ouverts sur 15 kilomètres.



Les grottes et le temple de l'Amour du lac Daumesnil.



Gabriel Davioud (1823-1881)

     L’architecte Gabriel Davioud fut l’un des principaux collaborateurs d’Haussmann et d’Alphand qui le plaça à la tête de l’agence d’architecture dépendant du service des Promenades et Plantations de la Ville. Auteur du Panorama des Champs-Elysées es (1858), de la fontaine Saint-Michel (1860) et des deux théâtres de la place du Châtelet (1860- 1862), il a œuvré dans les bois de Boulogne et de Vincennes, dans les parcs et dans la plupart des squares, et il a créé une ligne de mobilier urbain et de mobilier de jardin qui va prévaloir pendant quasiment un siècle. Poursuivant sa carrière sous la Troisième République, il a dessiné la fontaine de l’Observatoire, célèbre pour ses sculptures de Carpeaux et a construit avec Jules Bourdais, sur la colline de Chaillot, le palais du Trocadéro de l’Exposition universelle de 1878.

     


     La percée de l’avenue de Vincennes – actuelle avenue Daumesnil – en 1852 et la mise en service du chemin de fer en 1853 avaient rendu aisé l’accès au bois. Les promenades en bateau sur les lacs des Minimes et Daumesnil, l’établissement du restaurant de la Porte Jaune (construit par Davioud en 1859) puis celui d’un autre sur le plateau de Gravelle, la construction de l’hippodrome (par Davioud en 1863), la présence de bals et même le spectacle des exercices de tir de l’armée étaient autant d’attractions qui attirèrent rapidement les promeneurs et assurèrent au bois de Vincennes un très grand succès populaire.

   


Vue aérienne du lac Daumesnil, depuis la porte Dorée jusqu'au rocher du zoo de Vincennes.


     

     Avec la menace prussienne de 1870 et la Commune en 1871, le bois fut très endommagé. La Troisième République renforça les servitudes militaires avec l’agrandissement du polygone de tir, la construction de la Cartoucherie (1874) et celle du quartier de cavalerie (Carnot) en 1889 devant l’esplanade du château. Au moment de la guerre de 1914- 1918, qui provoqua de nouvelles annexions au profit de l’armée, celle-ci occupait plus de 300 hectares du bois, soit le tiers de sa surface. C’est après la Seconde Guerre mondiale qu’une convention fut conclue entre l’Etat et la Ville, qui devait aboutir à l’abandon progressif du bois par l’armée. Elle n’y conserve plus aujourd’hui que le Fort Neuf et la caserne du Quartier Carnot.

     


Aux portes du bois.



     L’éclairage électrique fut installé dans le bois de Vincennes en 1900 et l’esplanade du château construite la même année. Une première Exposition coloniale avait eu lieu dans le bois en 1905, dans l’enceinte du Jardin colonial créé en 1899, puis une nouvelle en 1907, dont il reste des pavillons – Congo, Tunisie, Guyane, Indochine –, la porte chinoise, les ponts tonkinois et khmer et le portique du temple du Souvenir indochinois, dans le jardin rebaptisé jardin d’Agronomie tropicale qui dépend de l’Institut national d’Agronomie tropicale. Mais c’est la grande Exposition coloniale de 1931, établie sur 93 hectares autour du lac Daumesnil, qui a laissé les traces les plus visibles dans le bois de Vincennes : le musée des Colonies (palais de la Porte Dorée) des architectes Léon Jaussely et Albert Laprade et deux pavillons élevés par Louis-Hippolyte Boileau et Léon Carrière, dont l’un est devenu temple bouddhique en 1977. L’Exposition comportait un parc zoologique qui fut conservé, agrandi par l’architecte Charles Letrosne et inauguré en 1934. C’est l’actuel zoo de Vincennes, avec son grand rocher restauré en 1996 qui culmine à 72 mètres.

     

La grande pagode, vestige de l'exposition coloniale de 1931.



     L’ancienne école d’horticulture, qui avait été établie sous le Second Empire (1868) à la porte Daumesnil, avait dû être déplacée pour la construction du musée des Colonies. Installée à l’emplacement de l’ancienne Faisanderie transformée en ferme par Napoléon, elle rouvrit ses portes en 1936 et reçut le nom d’Alphonse du Breuil, qui l’avait dirigée à son ouverture. L’école du Breuil, qui dépend de la Ville, enseigne l’horticulture et les techniques du paysage. Elle possède un arboretum riche de 2 000 espèces de feuillus et conifères rustiques, planté pour l’essentiel vers 1946, qui s’étend sur 12 hectares.

     Parmi les nombreuses installations sportives du bois de Vincennes, qui occupent essentiellement les terrains libérés par l’armée, l’Institut national d’Education physique a été achevé en 1947.

     Le Parc floral de Paris a ouvert ses portes en 1969 et la ferme Georges-Ville, destinée à l’éducation agricole des petits Parisiens, en 1989.

     




     Un vaste plan de réhabilitation du bois de Vincennes a été lancé depuis 1976 afin de lui redonner autant que possible son aspect forestier du XVIII°, avec la création d’environ 150 hectares d’enclos de reboisement destinés à assurer la régénération des espèces et l’aménagement de nouvelles

promenades piétonnes. L’ancienne allée royale a été restaurée mais son tracé, qui démarrait juste devant le château, a dû être raccourci à cause de la présence du Quartier Carnot. Sur les 995 hectares du bois, plus du tiers est aujourd’hui constitué d’espaces boisés, de chênes (environ 30 %), érables, hêtres, robiniers, lins et marronniers pour l’essentiel.



Le parc zoologique de Paris, après rénovations.




SQUARE DU TEMPLE 1857

arr., rue du Temple, rue Perrée, rue Eugène-Spuller, rue de Bretagne, M° Temple ou Arts-et-Métiers


     Après la prise de Jérusalem par les croisés de Godefroi de Bouillon en 1099, au cours de la Première Croisade, et la constitution du royaume de Jérusalem, l’ordre du Temple fut fondé en 1119 pour assurer la protection des pèlerins en Terre Sainte.

     Après la prise de Saint-Jean d’Acre et la perte de la Terre Sainte en 1291, le grand maître de l’ordre s’installa à Paris dans l’enclos du Temple, que l’ordre possédait depuis 1139. Situé dans le périmètre délimité par les actuelles rues du Temple, de Bretagne, de Picardie et Béranger, ce vaste domaine était ceint de sa propre muraille qui englobait une église, élevée au milieu du XII° siècle, et un puissant donjon, construit vers 1265.

     Les Templiers, qui avaient servi de banquiers aux pèlerins, continuèrent avec les rois; l’ordre, qui ne dépendait que du Pape, était exempt d’impôt et son enclos, véritable ville dans la ville, jouissait du droit d’asile.



L'enclos du Temple au XIIIe siècle.



     L’ordre du Temple avait acquis une telle puissance et possédait une telle richesse que Philippe le Bel, qui était son débiteur, en prit ombrage. Les Templiers furent persécutés, condamnés, leur ordre supprimé par Clément V en 1312 sous la pression du roi et leur grand maître, Jacques de Molay, exécuté publiquement par le feu en 1314, à la pointe du Vert-Galant.

     Les biens de l’ordre furent confisqués et l’enclos du Temple fut attribué par Philippe le Bel aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem – les futurs Chevaliers de Malte (1530) –, qui en firent un grand prieuré de leur ordre.

     Le palais du Grand Prieur fut reconstruit en 1667. Le prince de Conti, qui fut grand prieur de l’ordre, reçut Mozart enfant pour un concert de clavecin en 1763 et surtout Jean- Jacques Rousseau qui se réfugia chez lui en 1765, après la publication de son roman Emile ou De l’éducation (1762) dont les idées religieuses avaient été condamnées.

     La Révolution chassa les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. En 1792, Louis XVI et la famille royale sont enfermés dans le donjon du Temple, où serait mort Louis XVII en 1795.





     L’église fut détruite en 1796 et Napoléon, craignant que le donjon devienne un lieu de pèlerinage pour les royalistes, en ordonna la démolition en 1808. Le palais du Grand Prieur, qui abrita successivement un couvent et une caserne, fut démoli en 1853.

   





     En 1857, la partie de terrain qui subsistait de l’ancien enclos du Temple et qui n’avait pas été lotie sous l’Empire fut aménagée en square par Alphand. Il en résulta un jardin paysager aux allées sinueuses, agrémenté de pelouses et d’une pièce d’eau avec cascade artificielle, formée à partir de rochers amenés depuis la forêt de Fontainebleau. L’architecte Gabriel Davioud entoura l’ensemble d’une grille en fer. Dans le square, la statue en pierre du poète et chansonnier Pierre Jean de Béranger (1780-1857), qui eut son dernier domicile dans l’hôtel de La Haye, 5-5 bis, rue Béranger, est l’œuvre du sculpteur Henri Lagriffoul en 1953.




La pièce d'eau du square du Temple devant la mairie du IIIe arrondissement.




SQUARE EMILE-CHAUTEMPS 1858

3° arr., boulevard de Sébastopol, rue Salomon-de-Caus, rue Saint-Martin, rue Papin, M° Réaumur-Sébastopol



     Sur l’emplacement de la basilique mérovingienne dédiée à saint Martin et détruite au IX° siècle par les invasions normandes, le roi Henri Ier fonde une abbaye dont la nouvelle église est dédicacée en 1067. Devenue prieuré de l’ordre de Cluny en 1079, l’abbaye de Saint-Martin-des- Champs, qui tire son nom de sa situation à l’extérieur des murailles de la ville, devient aux XII° et XIII° siècles une des plus puissantes de cet ordre. L’église – tour-clocher, chœur du XII° et nef du XIII° mais façade refaite en 1885 – et le célèbre réfectoire attribué à Pierre de Montreuil et daté vers 1230, sont les principaux vestiges du prieuré médiéval car les bâtiments du couvent, reconstruits au XVIII°, ont été remaniés dans la seconde moitié du XIX° pour répondre à leur nouvelle destination. En effet, après la Révolution, le prieuré a été supprimé (1791) et ses bâtiments affectés en 1798 au Conservatoire des Arts et Métiers que la Convention avait créé en 1794.

     





     Lors du percement du boulevard de Sébastopol, que le baron Haussmann ouvrit de 1855 à 1858 entre la place du Châtelet et la gare de l’Est, il fut décidé tout d’abord de tracer une rue devant l’entrée du Conservatoire qui rejoindrait le nouveau boulevard. Finalement, l’idée fut abandonnée et, sur l’emplacement de l’îlot de maisons qui s’y élevaient précédemment, fut ouvert en 1858 le square des Arts-et-Métiers – devenu square Emile-Chautemps du nom de l’homme politique qui fut d’abord conseiller de l’arrondissement – et tracées les deux rues qui le bordent au nord et au sud.

   




     Malgré sa relative petite taille (4 000 m2 environ), l’architecte Gabriel Davioud l’a conçu comme un véritable parc à la française avec ses deux allées rectilignes et ses deux bassins ovales inspirés du parc de Versailles et ornés de groupes en bronze (1860) dont les figures évoquent les activités du Conservatoire : l’Agriculture et l’Industrie par Charles Gumery, le Commerce et les Arts par Auguste Ottin. Au centre de ce jardin, clos par une balustrade de pierre ajourée telle qu’à l’époque classique – les squares haussmanniens sont en général clos de grilles et de style anglais –, la colonne en granit (1865), surmontée à l’origine d’une Victoire en bronze par Gustave Crauk, commémore les victoires de la guerre de Crimée (1854-1855) dont les noms sont inscrits sur le socle.


Rue Papin, le square borde l'ancien théâtre de la Gaîté-Lyrique (1861-1862), transformé au début du XXIe siècle en centre culturel dédié aux arts numériques et aux musiques électroniques.




SQUARE LOUVOIS 1859

2° arr., rue de Richelieu, rue Rameau, rue de Louvois, M° Bourse ou Quatre-Septembre



     Michel Le Tellier, marquis de Louvois, secrétaire d’Etat à la guerre de Louis XIV, possédait ici un somptueux hôtel, élevé en 1669 et détruit en 1784 pour laisser place aux rues Louvois et Lulli. Marguerite Montansier, rachetant le terrain, y fit élever en 1792 par l’architecte Victor Louis son Théâtre National, récupéré en 1794 pour accueillir l’Opéra qui y resta établi jusqu’en 1820. Cette année-là, le duc de Berry, second fils du futur Charles X et l’un des chefs de file des ultraroyalistes, fut assassiné au sortir d’une représentation. L’opéra fut immédiatement fermé, le bâtiment démoli et une souscription publique ouverte pour élever sur son emplacement une chapelle expiatoire dont les travaux, commencés en 1826, furent abandonnés après la chute de Charles X (1830). Le terrain, déblayé, fut transformé en place en 1836 et une fontaine monumentale fut commandée à l’architecte Louis Visconti pour l’orner.





     Avec son bassin à double vasque et ses sculptures, par Jean- Baptiste Klagmann, figurant les grands fleuves français – la Seine, la Loire, la Saône et la Garonne –, elle fut inaugurée en 1839 ; cependant le Rhône ne fut pas représenté car ce n’était pas une figure féminine.

     




     

     En 1840, des marronniers furent plantés sur la place, le long des trottoirs, et des bancs sans dossier furent installés entre les arbres.

     C’est Alphand qui transforma cette place en square, en 1859. Une pelouse vint entourer la fontaine et l’ensemble, planté et clos de grille, allait offrir un débouché à la nouvelle entrée de la Bibliothèque nationale installée dans l’ancien palais Mazarin et dont les bâtiments, les plus anciens dataient de 1635, étaient alors remaniés par Henri Labrouste qui acheva en 1873 la longue façade sur la rue de Richelieu.





JARDIN D’ACCLIMATATION 1860

16° arr., bois de Boulogne, M° Les-Sablons ou Porte- Maillot. Entrée payante



     Afin de financer le coût énorme des travaux engagés pour l’aménagement du bois de Boulogne en promenade, Haussmann avait prévu dès l’origine du projet d’accorder des concessions à des sociétés privées dans le bois. La première, négociée en 1854, attribua 20 hectares au nord- ouest du bois à la Société impériale zoologique d’Acclimatation, présidée par le naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, pour établir un jardin suivant le modèle du Jardin zoologique de Londres. Les travaux furent confiés à l’horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps et à l’architecte Gabriel Davioud qui œuvraient déjà au bois.

     Il s’agissait d’acclimater dans le bois toutes les espèces animales et végétales possibles et de les faire connaître au plus grand nombre.

     




     L’inauguration eut lieu en 1860 en présence de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie et le jardin reçut immédiatement les faveurs du public qui découvrit des plantes rares et exotiques et toutes sortes d’animaux, des autruches aux kangourous et aux chameaux. Les volières et un jardin d’hiver, le lac avec sa fausse rivière traversant le jardin de part en part, un kiosque où l’on donnait des concerts constituaient autant d’attractions pour un public émerveillé de tant de nouveauté.

   





     En 1864 fut inaugurée devant la grande volière la statue du naturaliste Louis Daubenton (1716-1800), célèbre pour ses travaux sur l’acclimatation des moutons de race mérinos.

     La guerre de 1870 interrompit ces activités et, la famine sévissant, les animaux furent abattus pour être mangés.

     Alors que la fin du XIX° siècle avait poursuivi l’entreprise de vulgarisation scientifique qui avait prévalu à l’origine, avec notamment l’instauration de conférences données par des savants, les premières années du XX° siècle vont faire du Jardin d’Acclimatation un véritable parc de loisirs familiaux. Les premiers manèges sont mis en place en 1926, la rivière enchantée est créée en 1927, un théâtre en 1930 et un zoo accueille en 1932 les animaux de la campagne.

     





     L’après-guerre redéfinit la vocation du jardin comme parc de détente et de promenade mais aussi d’attraction au caractère instructif, sportif et familial. Les bêtes fauves, trop bruyantes au goût des riverains de Neuilly, disparaissent. Le théâtre de Guignol est implanté en 1952, le Bowling de Paris est inauguré en 1960 et l’enceinte du jardin va accueillir en 1969 le musée des Arts et Traditions populaires, à l’emplacement d’un ancien palmarium.

     Un musée en Herbe est créé en 1975 et la ferme, avec ses chaumières normandes, remplace en 1976 l’ancien zoo mais on peut encore voir dans le jardin des ours, des daims et des singes, ainsi que les oiseaux qui peuplent la grande volière.

     





     Rénové à partir de 1995, le Jardin d’Acclimatation, bel exemple des réalisations paysagères du Second Empire, perpétue ses fonctions d’instruction et de divertissement. Le petit train qui part de la porte Maillot constitue le premier dépaysement pour découvrir ce jardin enchanteur pour des générations de petits Parisiens.

     





     Inauguré en octobre 2014 et financé par le groupe LVMH, qui a repris la concession du Jardin d’Acclimatation, la Fondation Louis Vuitton s’est installée dans le bâtiment futuriste conçu par l’architecte Frank Gehry. Ce nouveau site est exclusivement dédié à l’art contemporain.






JARDIN DU RANELAGH 1860

16° arr., avenue du Ranelagh, avenue Raphaël, avenue Ingres, avenue Prudhon, M° La-Muette ou Ranelagh



     Au milieu du XVIII° siècle, dans le parc de sa propriété de Chelsea, près de Londres, lord Ranelagh offrait chaque dimanche des concerts gratuits. La société qui racheta le parc à sa mort poursuivit les concerts et ouvrit un bal, mais l’entrée en devint payante. L’idée fut reprise à Paris par Morisan, garde de la porte de Passy, qui obtint du maréchal de Soubise, gouverneur du château de La Muette, l’autorisation d’ouvrir sur les pelouses de Passy dépendant du château un bal payant en plein air qu’il inaugura en 1774 sous le nom de Petit Ranelagh. Un café, un restaurant, une salle de concert et de bal y furent bientôt établis et connurent un tel succès que Morisan ajouta une seconde salle et rebaptisa l’ensemble Ranelagh. La reine Marie- Antoinette, qui séjournait fréquemment au château de la Muette, y vint elle aussi danser en 1780 en compagnie de son beau-frère, le comte d’Artois. Les lieux reçurent dès lors les faveurs de la cour et sitôt les troubles de la Révolution terminés, le bal du Ranelagh renoua avec une riche clientèle.

     



En 1900.



     La Muette et le Ranelagh furent isolés du bois en 1840 par la construction de l’enceinte de Thiers, puis coupés de la ville en 1854 par la ligne de chemin de fer des frères Pereire reliant Saint-Lazare à Auteuil. L’établissement périclita et dut fermer ses portes en 1856.

   Un jardin au tracé sinueux, avec pelouses et clairières, fut aménagé par Haussmann en 1860 tandis que s’ouvraient les avenues Ingres et Prudhon qui le traversent de part et d’autre de l’avenue du Ranelagh.

   




     Le groupe du monument à Jean de La Fontaine, habitant du village d’Auteuil, par le sculpteur Jean Dumilâtre (1891), ayant été envoyé à la fonte par les Allemands en 1942, il a été remplacé par une œuvre de Charles Correia (1983) qui a pris place sur le socle d’origine.

   




     Quant au château de La Muette, ancien pavillon de chasse de Charles IX transformé en château pour Louis XV en 1735, il avait son entrée chaussée de La Muette et son parc s’étendait jusqu’à l’orée du bois de Boulogne. Devenu bien national après la Révolution, il fut vendu et le domaine morcelé.   Très endommagé, il a finalement été détruit en 1920 et ce qui restait du parc en grande partie loti. 

   L’hôtel néo-XVIII° qui abrite aujourd’hui l’O.C.D.E. a été construit au début du XX° siècle sur la partie nord du parc de La Muette et n’a pas de rapport avec l’ancien château avec lequel il reste parfois confondu.




Les enfants sages du manège du Ranelagh.




PARC MONCEAU 1773-1778 / 1861

8° arr., boulevard de Courcelles, avenue Velasquez, avenue Ruysdaël, avenue Van-Dyck, M° Monceau



     Lorsqu’en 1769 Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres et futur Philippe-Egalité, acquiert un terrain d’un hectare appartenant à l’architecte Louis Marie Colignon et situé sur le territoire du petit village de Monceau, la plaine alentour est surtout formée de jardins maraîchers, de terres incultes et de remises à gibier destiné à la couronne. Quelques particuliers cependant commencent à s’y faire élever de belles demeures.

     Le duc de Chartres charge Colignon, son vendeur, de lui dessiner les plans d’un pavillon et d’un jardin à la française.

     Mais à peine le jardin terminé, le duc en désire un plus grand, plus à la mode. De 1773 à 1778, il acquiert 12 hectares de terrain limitrophe dans la plaine de Monceau et dans celle de Clichy. Il en confie l’aménagement à Louis Carrogis, dit Carmontelle (1717-1806), dessinateur et auteur dramatique qui était aussi l’ordonnateur des fêtes du prince. Carmontelle mit en application sa théorie selon laquelle le jardin était un théâtre, succession de tableaux qui devaient avant tout surprendre et ravir. Il entreprit de réunir à Monceau « tous les temps et tous les lieux » et parsema le parc de « fabriques » qui lui valurent son nom de Folie de Chartres. On y trouvait un pavillon chinois au décor de glaces peintes en arabesque, une grotte meublée à la manière d’un cabinet anglais, de fausses ruines d’un temple dédié à Mars, un minaret, une tente tartare, un moulin à vent hollandais, un bois de Tombeaux, une naumachie, une pyramide, etc., le tout disséminé dans un paysage de sentiers sinueux imités des jardins chinois, de bosquets boisés, d’îlots rocheux, de cascades et d’une rivière serpentant entre des pelouses.

     




     De ce « jardin d’illusion » qui enchanta si fort les contemporains, ne nous sont parvenus que de rares vestiges : la pyramide du bois des Tombeaux et le bassin ovale de la Naumachie – évocation des jeux romains de combat naval –, avec son ordonnance de colonnes corinthiennes qui proviendraient, sans que l’on en ait de certitude, de la chapelle funéraire des Valois à Saint-Denis, commandée en 1575 par Catherine de Médicis et restée inachevée.

     




     En 1783, le duc de Chartres confie au jardinier paysagiste écossais Thomas Blaikie, qui travaillait à Bagatelle pour le comte d’Artois, l’entretien de son jardin. Celui-ci, sur un terrain agrandi qui compte alors 19 hectares, le remodèle dans un style plus proche de la nature. Du jardin pittoresque de Carmontelle, il fait un jardin anglais avec de nouvelles allées, des pelouses, un jardin d’hiver et une serre.

     





     A partir de 1785, la Ferme générale, chargée de percevoir les droits sur les marchandises entrant dans Paris, fait élever tout autour de la ville une enceinte haute de 4 mètres et longue de 23 kilomètres destinée à faciliter le recouvrement des taxes. Aux points d’arrivée des routes de province, des pavillons d’octroi de style néoclassique sont élevés par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux pour le logement des gardes préposés à cette fonction. Le tracé du mur tient compte de la propriété de Monceau qu’il devait englober dans Paris, mais le prince, devenu duc d’Orléans depuis la mort de son père en 1785, obtint que le mur soit transformé en fossé entre les barrières de Courcelles et de Monceau afin de ne pas gêner la vue dont il disposait. De même, désireux d’implanter un poste d’observation à l’orée de la plaine, les Fermiers généraux élevèrent, en bordure nord du parc, le pavillon plus connu sous le nom de Rotonde de Chartres, mais ils durent laisser le deuxième étage à la disposition du duc, qui en avait d’ailleurs financé le coût, pour y installer un appartement ouvrant sur une terrasse circulaire dominant à la fois son jardin et la plaine.

     Cette rotonde, qui marque aujourd’hui l’entrée du parc sur le boulevard de Courcelles, est achevée en 1788 par Ledoux. Toutefois son couronnement ainsi que les cannelures des colonnes – lisses à l’origine – datent de la restauration menée en 1860.

     



     A la Révolution, après la mort de Philippe-Egalité sur l’échafaud (1793), le domaine de Monceau devient bien national. Le jardin est alors une promenade publique et toutes sortes de manifestations et de fêtes populaires s’y déroulent. C’est ainsi qu’André Garnerin y effectue en 1797 le premier saut en parachute en se laissant tomber d’un ballon à plus de 300 mètres d’altitude.

     A la Restauration, Louis XVIII restitue Monceau à la famille d’Orléans mais la demeure du duc de Chartres a été détruite et le parc dévasté.

     Lorsqu’il accède au trône en 1830, Louis-Philippe, héritier d’Orléans, fait don du jardin à ses enfants pour éviter que ses biens soient réunis au domaine public. Cette donation est contestée par l’Etat en 1852 et une situation juridique inextricable apparaît, une partie du jardin revenant à l’Etat et une autre à la famille d’Orléans. Haussmann porte la ville acquéreur de l’ensemble en expropriant la famille d’Orléans. Un peu plus de la moitié de la superficie du jardin est alors vendue aux frères Pereire qui vont la lotir de somptueux hôtels particuliers formant sur trois côtés du parc un ensemble unique à Paris. Le reste du terrain est confié à l’ingénieur Alphand pour y aménager une promenade publique.

     




     Assisté de l’horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps et de l’architecte Gabriel Davioud, Alphand transforme les 8,5 hectares restant, donnant au jardin l’aspect qu’il a aujourd’hui, avec ses deux grandes allées perpendiculaires et le tracé sinueux de l’allée qui ceinture le jardin. Aux fabriques de Carmontelle qui ont échappé à la destruction – la pyramide et la Naumachie –, Davioud ajoute un pont et une grotte artificielle. Il dessine les grilles et les très belles portes en fer forgé qui ferment les entrées du parc, et c’est lui qui transforme les colonnes et la couverture de la Rotonde de Chartres. Le parc est replanté et le jardin inauguré en 1861, en même temps que le nouveau boulevard Malesherbes.

     





     L’arcade Renaissance, provenant de la galerie de la cour d’honneur de l’ancien Hôtel de Ville de Paris, a été installée dans la partie est du parc après l’incendie de l’Hôtel de Ville pendant la Commune en 1871.

     



Chopin mettant en pâmoison ses muses !




     A la fin du XIX° et au début du XX° siècle, de nombreuses statues de personnalités du monde des arts ont pris place dans le parc Monceau : monuments aux compositeurs Gounod par Antonin Mercié (1897), Ambroise Thomas par Alexandre Falguière (1902) et Chopin par Jacques Froment-Meurice (1906), à l’écrivain Guy de Maupassant par Raoul Verlet (1897) et à l’auteur dramatique Edouard Pailleron par Léopold Bernstamm (1906). Pas de statue en revanche pour Marcel Proust, qui a pourtant vécu longtemps dans le quartier du parc Monceau dont il appréciait les ombrages. Parmi ceux-ci, un platane d’Orient plus que centenaire dont la circonférence dépasse 7 mètres et un surprenant figuier.



Le vénérable platane d'Orient, au centre.




SQUARE DES BATIGNOLLES 1862

17° arr., place Charles-Fillion, rue Cardinet, M° Brochant



     Tout au long du XVIII° siècle, le territoire des Batignolles, situé entre les hameaux des Ternes et de Monceau, est une sorte de lande inculte qui sert essentiellement de terrain de manœuvres. Sous la Restauration, quelques spéculateurs avisés y achètent à bon marché des terrains sur lesquels ils construisent de petites maisons de campagne qui vont bientôt attirer une population de petits bourgeois, commerçants, retraités et rentiers. Le hameau des Batignolles, qui dépendait de la paroisse de Clichy, est érigé en commune en 1830 avant d’être rattaché à Paris par l’annexion en 1860 de tous les villages situés entre le mur des Fermiers généraux et l’enceinte fortifiée de Thiers.

     




     Situé au chevet de l’église Sainte-Marie-des-Batignolles, simple chapelle de 1828 agrandie et érigée en paroisse en 1835, le square des Batignolles est aménagé en 1862 par l’ingénieur Alphand sur un emplacement dénommé place de la Promenade qui n’était en réalité qu’un vaste terrain vague servant surtout de dépôt de matériaux.

     Alphand en fait un jardin dans la lignée des autres réalisations haussmanniennes, avec sa pièce d’eau, son ruisseau, sa cascade et de vastes pelouses en pente entourées d’une allée circulaire et coupées d’allées perpendiculaires.

     




Ce jardin au dessin pittoresque connut les heures sombres de la Commune de Paris (1871). Après les furieux combats qui eurent lieu dans le quartier, on y creusa une fosse commune pour enterrer les corps de nombreux insurgés qui avaient été fusillés.

     En 1930 fut inauguré le buste en marbre blanc du poète parnassien Léon Dierx (1838-1912), habitant du quartier, par le sculpteur Léopold Bony de Lavergne. Les Vautours en pierre noire de Volvic, par Louis de Monard, ont pris place en 1932 au centre de la pièce d’eau.

     Trois platanes plus que centenaires hauts de 30 à 40 mètres l’ombragent.






SQUARE MONTHOLON 1863

9° arr., rue La Fayette, rue Mayran, rue Rochambeau, rue Pierre-Semard, M° Poissonnière ou Cadet



     La rue La Fayette, ouverte en 1823 à l’est du faubourg Poissonnière sous le nom de Charles X et rebaptisée après la révolution de 1830, fut prolongée vers l’ouest par Haussmann jusqu’au faubourg Montmartre (1859) puis jusqu’à la chaussée d’Antin (1862).

     Entre les rues des Faubourgs Poissonnière et Montmartre, ce nouveau tracé amputa une partie de la rue de Montholon, du nom du président du Parlement de Normandie qui avait fait élever, par François Soufflot, dit le Romain l’hôtel situé 23, boulevard Poissonnière (1775), qui existe toujours mais a été surélevé au XIX° siècle.

     





     En 1862 furent créées les trois rues qui bordent le square – la rue La Fayette constituant le quatrième côté –, aménagé par Alphand en 1863 au centre d’un bel ensemble architectural Second Empire et lui-même bien représentatif de son époque avec ses massifs plantés à l’anglaise.

     La construction d’un parking souterrain en 1970-1971 a complètement modifié l’aspect de ce jardin qui a été recomposé à cet effet avec une terrasse surélevée sur dalle. Les deux beaux platanes datent du square d’origine, tout comme la grille en fonte très ouvragée d’époque Louis-Philippe. La sculpture en marbre par Lorieux, la sainte Catherine 1908, est dédiée “A l’ouvrière parisienne”, qui célèbre sainte Catherine chaque 25 novembre.







SQUARE LOUIS-XVI 1865

8° arr., rue Pasquier, M° Saint-Augustin ou Saint-Lazare



     C’est dans le petit cimetière de la Madeleine, ouvert en 1722 rue d’Anjou, que furent inhumées un grand nombre des victimes de la Révolution qui avaient trouvé la mort sur l’échafaud. Parmi elles, le roi Louis XVI, guillotiné le 21 janvier 1793 place de la Révolution (place de la Concorde) et la reine Marie-Antoinette, le 16 octobre suivant.

     Le cimetière fut fermé en 1794 pour des raisons de salubrité, désaffecté et le terrain vendu par lots. Le royaliste Descloseaux en acquit une grande partie et se chargea bénévolement d’entretenir ce lieu qui abritait les restes du monarque.

     Dès son arrivée au pouvoir, Louis XVIII ordonna que des fouilles soient entreprises dans l’ancien cimetière afin de retrouver les corps de son frère et de sa belle-sœur, qu’il fit transférer le 21 janvier 1815, jour anniversaire de la mort du roi, en la basilique de Saint-Denis.

     





     L’année suivante, Louis XVIII décidait de faire élever un monument à la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Les plans en furent confiés à l’architecte Pierre Fontaine, qui avait été, avec Charles Percier, l’architecte favori de Napoléon. Mais Percier ayant renoncé à ses activités dès le retour au pouvoir de la monarchie, c’est Fontaine seul qui mena les travaux de la Chapelle expiatoire de 1816 à 1826. Dans un enclos bordé d’ifs, une allée conduisait à la chapelle en forme de croix grecque précédée d’un fronton à colonnade. A l’intérieur prirent place deux groupes en marbre blanc représentant Louis XVI assisté par un ange, œuvre du sculpteur François-Joseph Bosio, et Marie-Antoinette aux pieds de la Religion, sous les traits de Madame Elisabeth, sœur du roi, par Jean-Pierre Cortot. Dans la crypte, un autel fut élevé à l’endroit même où les dépouilles royales avaient été retrouvées.

     






     A l’extérieur, deux rangées de tombeaux à arcades, de part et d’autre de l’édifice, abritent les corps retrouvés lors des fouilles, parmi lesquels ceux de Charlotte Corday, qui avait assassiné Marat en 1793, et de Philippe-Egalité.

     Après le percement du boulevard Haussmann en 1864, la Ville aménagea en 1865 le square Louis-XVI, dont la végétation dissimule à demi le monument néoclassique alors que Fontaine lui avait donné un aspect plus solennel dans un cadre dépouillé.







SQUARE D’ESTIENNE-D’ORVES 1865

9° arr., place d’Estienne-d’Orves, M° Trinité

     


     L’église de la Trinité, les deux immeubles qui l’encadrent, destinés à l’origine au presbytère et à un séminaire, et le petit square en corbeille qui la précède sont l’œuvre de l’architecte Théodore Ballu qui les a conçus comme un ensemble dans la perspective de la rue de la Chaussée-d’Antin.

     La construction de ce nouveau sanctuaire et de ses abords (1861-1867) a entraîné la disparition du cabaret de la Grande Pinte, célèbre établissement du quartier des Porcherons fréquenté par les gardes de la caserne Saint-Lazare, également détruite à cette occasion.

     






     Le square de la Trinité a été rebaptisé après la guerre en hommage à Honoré d’Estienne-d’Orves, officier de marine et résistant fusillé par les Allemands en 1941. La balustrade a été dessinée par Ballu, tout comme la fontaine, qui est surmontée de trois statues en marbre, œuvres de Francisque-Joseph Duret terminées après sa mort (1865) par Eugène Lequesne, figurant les trois Vertus théologales : la Foi, la Charité, et l’Espérance.






PARC DES BUTTES-CHAUMONT 1867

19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris



     Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont.

     A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée.

     Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs.

     


Dessine-moi un jardin !



     En 1860, les communes de Belleville et de La Villette sont annexées et intégrées dans le nouveau périmètre de la capitale. La butte de Chaumont, dont le sous-sol est truffé de cavités et d’anciennes galeries d’exploitation, est inconstructible.

     En 1862, l’Etat achète 25 hectares à la Société des Carrières. Le baron Haussmann, préfet de la Seine, a en effet décidé d’implanter là un parc public destiné aux habitants du centre surpeuplé de Paris.

     L’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand dirige le projet, à la tête d’une équipe constituée par le paysagiste Edouard André, l’horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps et l’architecte Gabriel Davioud.

   

Édouard André (1840-1911)

     Né à Bourges dans une famille d’horticulteurs, il étudia la botanique au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris et entra en 1860 dans le service dirigé par Alphand en tant que jardinier. Jusqu’en 1868, il participa à de nombreuses réalisations dans les parcs et jardins publics de la ville, particulièrement aux Buttes-Chaumont où il assura les plantations et inventa la formule de la corbeille de fleurs. A partir de 1869 il travailla essentiellement à l’étranger et acquit une réputation internationale de paysagiste avec la création de Sefton Park, près de Liverpool, qu’il acheva en 1872. D’abord attiré par le style paysager, qu’il épure davantage qu’un Barillet-Deschamps, il évolua ensuite vers un retour aux règles du jardin classique. Auteur en 1879 de L’Art des Jardins. Traité général de la composition des parcs et jardins, il définit sa nouvelle conception du parc, associant jardin régulier aux abords du bâtiment, et jardin irrégulier où le paysage reprend progressivement son aspect naturel au fur et à mesure de l’éloignement, base du futur style dit composite ou mixte.

                   

    Quatre ans de travaux (1863 à 1867) vont être nécessaires. Il faut d’abord condamner les anciennes carrières, modeler et consolider le relief par des terrassements de meulière et de ciment, couvrir toute la surface de terre afin de pouvoir effectuer des plantations, amener l’eau au moyen d’une machine à vapeur qui pompe l’eau de l’Ourcq dans le bassin de La Villette, créer les routes, planter enfin et installer le mobilier du parc. Tout au long du chantier, la nature du sous-sol entraîne de nouvelles et continuelles consolidations. Mais ce site exceptionnel va permettre, par une utilisation habile des accidents du terrain et des différences d’altitude, la création d’un morceau de nature, avec pièce d’eau, cascade, ruisseaux, enrochements et jeux de niveaux, sans équivalent dans Paris.

   




     Le parc des Buttes-Chaumont, l’une des réalisations les plus spectaculaires du Second Empire, est inauguré par l’empereur Napoléon III en même temps que s’ouvre l’Exposition universelle de 1867. 

     Le lac de 2 hectares est dominé par la masse rocheuse, mi-naturelle mi-reconstruite, de l’île, qui imite le paysage d’Etretat avec pic et arche. Un embarcadère permet la traversée du lac pour gagner l’île où un escalier, dit le “chemin des Aiguilles”, creusé dans le rocher, conduit au sommet. Là, le Belvédère construit par Davioud, reproduction du temple de la Sibylle à Tivoli, près de Rome, culmine à 32 mètres, offrant de toutes parts un vaste panorama.


     



     L’île est reliée au parc par un pont en maçonnerie, surnommé le “pont des Suicidés” car nombreux furent ceux qui se jetèrent du haut de son parapet, ainsi que par une passerelle métallique suspendue à 23 mètres au-dessus de l’eau.

     




     Une grotte monumentale, haute de 20 mètres et large de 14, au plafond décoré de fausses stalactites, marque l’emplacement d’une ancienne entrée de carrière. Une cascade dévalant depuis les hauteurs de la rue Botzaris s’y jette de manière spectaculaire, avant de se transformer en paisible ruisseau qui s’écoule vers le lac.

     




     Le parc est vallonné de collines plantées dont le sommet offre autant de points de vue différents. Les plantations associent grands arbres, futaies et arbustes, disposés de manière à augmenter les effets de perspective ou à mettre en valeur un élément pittoresque du parc : le Belvédère, un pont, un pavillon. Edouard André invente aux Buttes-Chaumont les corbeilles de fleurs, ovales et légèrement exhaussées qui, placées en bordure des pelouses, créent de la même manière le départ de perspectives sur les surfaces engazonnées.

     




     A chacune des six entrées principales du parc, Davioud élève un pavillon de garde dont l’architecture, inspirée des cottages anglais, associe la brique, le bois, la tuile. Le parc est doté de trois chalets restaurants – au bord du lac ; au-dessus du tunnel du chemin de fer de ceinture, qui traverse le jardin en biais dans sa partie est ; sur le versant de la butte Puebla, à l’ouest. Davioud crée le mobilier : grilles de clôture et portes d’entrée en ferronnerie ouvragée, réverbères aux motifs végétaux, bancs à pieds de fonte imitant des branches de bois, corbeilles de forme “tulipe”.

     Le parc des Buttes-Chaumont n’a pas connu de véritable transformation depuis sa création et seules les barrières en ciment armé imitant le bois ont été installées à la fin du XIX° siècle pour assurer la sécurité du public. Le Belvédère de l’île a été restauré en 1967 et la grotte en 1986. Un kiosque à musique, construit à l’origine sur le lac puis installé sur la terre ferme après un incendie en 1870, a été déposé, en attente de reconstruction à l’identique.




Le chalet restaurant le Rosa Bonheur.




JARDIN ROBERT-CAVELIER-DE-LA-SALLE ET JARDIN MARCO-POLO 1867

6° arr., avenue de l’Observatoire, RER Luxembourg



     L’avenue de l’Observatoire, ouverte en 1810 dans la perspective du palais du Luxembourg qui rejoint l’Observatoire de Paris, a été tracée par l’architecte Jean- François Chalgrin puis élargie en 1840.

     Les deux jardins, qui formaient à l’origine le seul square de l’Observatoire, s’étendent entre la rue Auguste-Comte et la place Camille-Jullian, coupés par la rue Michelet. Ils occupent la partie sud de l’ancien enclos des Chartreux, la partie nord ayant été réunie au jardin du Luxembourg après la destruction du couvent dans les années qui ont suivi la Révolution. Les jardins ornent depuis 1867 la partie médiane de l’avenue. Sur les pelouses aux parterres fleuris, encadrées de chaque côté par deux rangées de marronniers, quatre groupes en marbre blanc (1867) figurent la Nuit par Charles Gumery et le Crépuscule par Gustave Crauk (jardin Robert-Cavelier-de-La-Salle), le Jour par Jean Perraud et l’Aurore par François Jouffroy (jardin Marco-Polo).

     




     A l’extrémité sud des jardins s’élève la célèbre fontaine des Quatre Parties du Monde, une œuvre collective en bronze dessinée par l’architecte Gabriel Davioud et achevée en 1875. Ce thème n’est pas fortuit ; en effet, le tracé de l’avenue épouse l’axe du méridien de Paris, déterminé en 1667 pour définir l’implantation et l’orientation de l’Observatoire de Paris et qui prévalut pour la France jusqu’à l’adoption du méridien de Greenwich en 1887. Les figures de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique, par Jean-Baptiste Carpeaux, soutiennent le globe terrestre décoré des signes du zodiaque sculpté par Eugène Legrain. L’Océanie n’a pas été représentée car cette cinquième figure aurait rompu la symétrie de l’ensemble ! Les huit chevaux, les tortues et les dauphins sont l’œuvre d’Emmanuel Frémiet.






PARC MONTSOURIS 1867-1878

14° arr., boulevard Jourdan, rue Emile-Deutsch-de-la- Meurthe, rue Nansouty, avenue Reille, rue Gazan, rue de la Cité-Universitaire, RER Cité-Universitaire



     Pour se conformer au plan de Napoléon III d’ouvrir quatre grandes promenades publiques aux points cardinaux de Paris, il restait à trouver l’emplacement sur lequel implanter celle du sud, puisque les Parisiens disposaient déjà des bois de Boulogne à l’ouest et de Vincennes à l’est et que les travaux des Buttes-Chaumont au nord étaient bien engagés.

     La décision d’aménager cette dernière grande promenade sur le site de Montsouris fut prise en 1865. Le lieu, une colline au relief accidenté, était désert et le sous-sol truffé d’anciennes carrières – celles de Montrouge – dont l’exploitation depuis le Moyen Age avait contribué à bâtir la capitale. Au sud s’élevaient les fortifications de Thiers, sur l’emplacement desquelles sera bâtie la Cité internationale universitaire de Paris, au début du XX° siècle. Deux raisons principales prévalurent au choix de cet emplacement: attirer la population en rendant attrayants ces quartiers isolés et tirer parti de terrains où la présence de deux lignes de chemin de fer – la ligne de Sceaux, actuel RER, inaugurée en 1846 et la Petite Ceinture, achevée en 1867 – rendaient très difficiles l’ouverture de rues et leur lotissement.

   





     Les travaux commencèrent en 1867 sous la direction de l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand mais la guerre de 1870 les interrompit et le parc ne fut vraiment achevé qu’en 1878.

     Alphand créa sur 16 hectares un véritable jardin anglais, avec trois vastes pelouses en pentes douces plantées de bosquets, des allées sinueuses parcourant les vallonnements et un vaste lac artificiel alimenté par une cascade dans la partie nord-est du parc, la seule qui soit plate. Des tranchées habillées d’arbres dissimulent adroitement les chemins de fer et des ponts relient les deux parties du parc, coupé par les voies de la ligne de Sceaux.

     




     Dans la partie méridionale du parc, près de l’Observatoire météorologique municipal, se trouve depuis 1806 la mire du Sud, un pilier carré haut d’environ 4 mètres, qui marque le passage de la ligne du méridien de Paris.

     Un peu plus à l’est s’élevait le pavillon de la Tunisie de l’Exposition universelle de 1867 qui s’était tenue au Champ- de-Mars. Cette réplique en bois du palais d’été du bey de Tunis – le Bardo – avait été remontée là sur une base en maçonnerie par l’architecte Gabriel Davioud. Très endommagée, elle devait être restaurée lorsqu’un incendie la détruisit en 1991.

     




     Des sculptures ornent le parc, parmi lesquelles le groupe en pierre la Mort du lion (1929) par Edmond Desca (côté avenue Reille) ; le groupe en marbre les Naufragés (1859) par Antoine Etex (sur la pelouse au-dessus du lac) ; Drame au désert (1891), un bronze de Georges Gardet et les Carriers (1900) par Henri Bouchard (dans la partie haute du parc).



Les Naufragés par Antoine Etex (1859).




     Après la chute de Napoléon III provoquée par les défaites militaires, la Troisième République est proclamée en 1870 mais le siège de Paris puis la Commune entraînent de nombreuses destructions, parmi lesquelles l’incendie du palais des Tuileries, du Palais-Royal et de l’Hôtel de Ville.

     Alphand devient directeur des Travaux publics de Paris en 1871, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1891, et il poursuit la politique d’aménagement de jardins et de création de squares qu’il avait conduite pendant tout le Second Empire. Après l’achèvement du parc Montsouris, dont les travaux avaient été interrompus par la guerre, il réalise les jardins du Trocadéro pour l’Exposition universelle de 1878.

     Jean-Camille Formigé (1845-1926) devient architecte en chef du service des Promenades et Plantations de 1884 à 1920. C’est à lui que revient la conception du nouveau Jardin fleuriste municipal, actuel jardin des Serres d’Auteuil, dont il mène les travaux de 1895 à 1898. Il dessine le square Willette sur la pente sud de la butte Montmartre (1901) et aménage à partir de 1908 le Champ-de-Mars en jardin.

     Jean-Claude-Nicolas Forestier est appelé par Alphand dans les services de la Ville en 1887, pour travailler au bois de Vincennes. Mais Forestier, c’est surtout l’homme de Bagatelle, acquis par la Ville en 1905, celui qui a constitué les premières collections de plantes, créé la célèbre roseraie et institué le fameux concours international de roses.

     C’est la grande période des Expositions universelles ; celle de 1889 a vu s’élever la tour Eiffel et celle de 1900 le Grand et le Petit Palais. Les années 1900, c’est aussi la Belle Epoque et, tandis que l’architecte Hector Guimard dessine les entrées du métro parisien, inauguré en 1900, les jardins et les squares se peuplent de kiosques à musique. Si le mot kiosque est emprunté au turc et signifie pavillon de jardin, leur architecture est inspirée des pagodes chinoises et on a vu des kiosques orner les parcs depuis le XVIII° siècle. Les kiosques à musique ont été conçus à l’origine pour accueillir des formations musicales le plus souvent militaires et aujourd’hui, sur plus de quarante kiosques à musique présents dans les jardins de Paris, les deux tiers datent de la Belle Epoque. Ils ont un style caractéristique, avec leur ossature métallique, leur charpente de bois recouverte de zinc et souvent coiffée par un bulbe, leur soubassement de pierre ou de brique et leur forme octogonale ou hexagonale.







SQUARE SAINT-MEDARD 1875

5° arr., rue Censier, rue Mouffetard, M° Censier-Daubenton

     


     C’est dans le bas de la rue Mouffetard, une des plus anciennes de la capitale, partie de la grande voie romaine qui reliait Lutèce à Rome en passant par Sens et Lyon, que fut édifiée l’église Saint-Médard, attestée au XII° siècle. Il ne reste rien de ce premier sanctuaire du bourg campagnard de Saint- Médard, établi sur les bords de la Bièvre. L’église actuelle est reconstruite dans la deuxième moitié du XV° siècle pour la façade et la nef, de 1550 à 1622 pour le chœur et les chapelles. La chapelle de la Vierge, dans l’axe du chœur, date de 1784.

     C’est dans le petit cimetière de l’église, situé au chevet, que fut enterré en 1727 François de Pâris, dit le diacre Pâris, fervent janséniste qui avait refusé la Bulle de Clément XI Unigenitus Dei Filius (1713) condamnant les Réflexions morales sur le Nouveau Testament publiées par le janséniste Pasquier Quesnel en 1699. Mais le diacre Pâris, qui prêchait le jansénisme dans le faubourg Saint-Marcel et endoctrinait les clercs de la paroisse Saint-Médard, était surtout connu dans le quartier pour son action charitable envers les pauvres. Vénéré comme celui d’un saint, son tombeau devint très vite un lieu de culte pour les jansénistes et les guérisons miraculeuses qui, disait-on, s’y produisaient, attiraient une foule chaque fois plus nombreuse, donnant lieu à des débordements d’hystérie collective et des scènes de transes et de convulsions de plus en plus fréquentes. En 1732, le culte du diacre Pâris fut interdit et le cimetière fermé pour mettre fin à ces pratiques mais ceux que l’on a appelés les “convulsionnaires” de Saint-Médard poursuivirent longtemps et secrètement leurs rassemblements exaltés.

     L’église Saint-Médard possédait un second cimetière, le long du côté sud, qui fut fermé en 1801 et c’est en 1875 que fut tracé sur son emplacement le paisible square Saint-Médard.







JARDINS DU TROCADERO 1878

16° arr., place du Trocadéro-et-du-11-Novembre, avenue de New-York, avenue des Nations-Unies, M° Trocadéro

 


     La colline de Chaillot au XVIII° siècle est dominée par la présence de deux grands établissements religieux aux enclos mitoyens : le couvent des Minimes, encore appelés Bonshommes, établi en 1493 par Anne de Bretagne au manoir de Nigeon qui appartenait aux ducs de Bretagne depuis le XIII° siècle, occupait l’emplacement compris entre les actuelles rues Beethoven et Le Nôtre et le boulevard Delessert ; le couvent de la Visitation de Sainte-Marie, installé en 1651 par Henriette de France, veuve de Charles Ier d’Angleterre, dans une ancienne maison de plaisance qui avait appartenu en 1583 à Catherine de Médicis, s’élevait à l’emplacement de l’actuel palais de Chaillot.

     


L'actuel palais de Chaillot en ses jardins.


     Cultures, pâturages et vignes assuraient l’essentiel des activités et des revenus du village de Chaillot, le plus important de l’ouest parisien. Chaillot était également célèbre pour abriter la Savonnerie, première manufacture royale de tapis fondée en France et d’abord installée dans la Grande Galerie du Louvre par Henri IV (1604), avant d’être transférée à Chaillot en 1631 dans les bâtiments d’une ancienne fabrique de savons, où elle resta jusqu’en 1826, date de son intégration à la manufacture des Gobelins.

   La Révolution chassa les Bonshommes et les Visitandines. Le couvent des premiers fut vendu et celui des secondes, très endommagé par l’explosion de la poudrière de Grenelle en 1794, finalement détruit.

   C’est sur ce dernier emplacement, au sommet de la colline de Chaillot, que Napoléon décida dès 1810 d’élever le palais du roi de Rome pour son fils à naître l’année suivante. Les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine donnèrent les plans d’un palais grandiose qui, surplombant la Seine en terrasses successives, aurait couronné la colline. Les travaux de terrassement commencèrent mais la chute de l’Empire interrompit l’entreprise.

   La Restauration vit se succéder plusieurs projets pour ce site exceptionnel, parmi lesquels celui de la caserne du Trocadéro, qui devait commémorer la prise de la redoute du Trocadéro, près de Cadix, lors de l’expédition d’Espagne de 1823. Le projet n’aboutit pas mais le nom resta attaché au lieu.

   Le Second Empire élabora lui aussi divers projets pour la colline de Chaillot mais Haussmann se borna à araser le sommet pour créer en 1869 la place du Roi-de-Rome (place du Trocadéro) et à aménager les pentes en jardin jusqu’à la Seine. 

   


L'ancien palais du Trocadéro.



     En 1876, on décida la construction d’un palais qui devait abriter salle d’opéra et galeries d’exposition pour l’Exposition universelle de 1878. Le projet de l’architecte Gabriel Davioud et de l’ingénieur Jules Bourdais fut retenu et ils édifièrent en moins de deux ans le palais du Trocadéro, qui se présentait comme une vaste rotonde de 58 mètres de haut encadrée par deux tours en forme de minaret de 70 mètres de haut et deux longues ailes courbes de part et d’autre. Devant le palais, tourné vers la Seine et le Champ- de-Mars, la pente fut aménagée en jardins avec jeux d’eau et cascatelles mettant en valeur le motif central, une chute d’eau haute de 10 mètres dévalant le terrain en cascade vers le fleuve. Après l’Exposition, l’ingénieur Alphand aménagea les jardins en les nivelant, tout en conservant la cascade et l’aquarium qui avait été construit pour l’Exposition par l’ingénieur Barrois dans la partie est de la colline.

 




     Le concours lancé en 1932 pour l’Exposition universelle de 1937 fut remporté par les architectes Jacques Carlu, Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma, qui remplacèrent le Trocadéro de Davioud par l’actuel palais de Chaillot. La rotonde et les minarets furent détruits et une nouvelle salle de spectacle fut aménagée sous la grande terrasse, construite au niveau de la place du Trocadéro, qui ouvre une belle perspective vers le Champ-de-Mars ; les ailes de l’ancien palais furent conservées mais doublées en largeur afin d’offrir davantage d’espace d’exposition. Outre la salle de spectacle, celle du Théâtre national de Chaillot, le palais abrite aujourd’hui dans l’aile ouest le musée de l’Homme (1938) et celui de la Marine (1943) ; dans l’aile est le musée des Monuments français (1937), héritier du musée de la Sculpture comparée fondé dans le palais du Trocadéro en 1879, la cinémathèque Henri- Langlois (1963) et le musée du Cinéma (1972).

     En 2004, le musée des Monuments français a intégré la Cité de l’architecture & du patrimoine, nouvellement créée, tandis que la cinémathèque et le musée du cinéma ont été transférés au parc de Bercy en 2005.

 




     Les fontaines du grand bassin, conçues pour l’Exposition de 1937 par les architectes Roger Expert et Paul Maître, avec leurs jeux de canons obliques, de gerbes et de colonnes d’eau, rencontrèrent un vif succès. Parmi les sculptures qui ornent les jardins du Trocadéro, réaménagés au lendemain de l’Exposition par Robert Lardat, deux imposants hauts-reliefs en pierre figurent, de part et d’autre

du bassin central, la Joie de vivre par Léon Drivier et la Jeunesse par Pierre Poisson. Dans la partie ouest des jardins ont pris place le Monument à l’amiral de Grasse, en bronze, par Paul Landowski (1931) ainsi que deux arcades provenant de l’ancien palais des Tuileries et remontées ici en 1883. Quant à l’aquarium, qui avait été réaménagé pour l’Exposition de 1937, il avait fermé ses portes en 1985, pour les rouvrir finalement en 2006.






SQUARES AUTOUR DE SAINT-GERMAIN-DES- PRES : SQUARE LAURENT-PRACHE ET SQUARE FELIX-DESRUELLES 1881

6° arr., boulevard Saint-Germain, place Saint-Germain- des-Prés, rue de l’Abbaye, M° Saint-Germain-des-Prés



     Fondée en 542 par Childebert pour abriter des reliques de saint Vincent et une croix reliquaire qu’il avait rapportées d’Espagne, la basilique Saint-Vincent et Sainte- Croix, dédiée vers 558, devient l’église du monastère que fonde alors Germain, l’évêque de Paris. Il y est enterré en 576 et le culte dont est l’objet son tombeau va entraîner un changement dans la dédicace de l’église, qui n’est plus désignée, à partir du VIII° siècle, que sous le vocable de Saint-Germain. L’abbaye est détruite à plusieurs reprises au cours des invasions normandes et l’église est entièrement reconstruite à partir de l’an mil, la nef dans le premier tiers du XI° siècle et le chœur remanié vers 1145. La plupart des bâtiments monastiques sont reconstruits au cours du XIII° siècle et l’abbaye bénédictine de Saint-Germain-des-Prés va devenir au XVII° siècle l’un des plus brillants foyers d’érudition d’Europe. La Révolution ferme l’église et transforme une partie du couvent en prison ; les massacres qui s’y déroulent en septembre 1792 vont marquer le début de la Terreur. Les bâtiments conventuels sont ensuite détruits, incendiés ou vendus et l’église transformée en fabrique de salpêtre. Disparaissent alors le réfectoire et la chapelle de la Vierge de l’architecte Pierre de Montreuil (milieu du XIII° siècle), le premier dans un incendie en 1794, la seconde lors de l’ouverture de la rue de l’Abbaye en 1802. Seuls subsistent l’église, restaurée au XIX°, et le palais abbatial du XVI° siècle.

   





     Les deux squares qui bordent l’église Saint-Germain- des-Prés ont été créés en 1881. Le square Laurent-Prache au nord, côté rue de l’Abbaye, s’est d’abord appelé square de Saint-Germain-des-Prés puis square de l’Abbaye avant de recevoir au début du XX° siècle le nom d’un conseiller municipal. On y trouve des fragments d’architecture du cloître de l’abbaye, détruit dans l’ouverture de la rue de l’Abbaye, et de la chapelle de la Vierge, dont le portail a été sauvé et est conservé au musée de Cluny.

Ainsi que le buste en bronze de Dora Maar, réalisé par Pablo Picasso en 1956. 

   




     Le square Félix-Desruelles au sud, côté boulevard Saint-Germain, s’est lui aussi d’abord appelé square de Saint-Germain-des-Prés, jusqu’en 1958 où il fut rebaptisé du nom du sculpteur dont la Fontaine pastorale (1923), en pierre, orne le jardin. La statue en bronze de Bernard Palissy est l’œuvre de Louis-Ernest Barrias (1883) et le grand portique en grès émaillé, par l’architecte Jules Risler et le sculpteur Jules Coutan, provient du pavillon de la manufacture de Sèvres, où il a été créé, à l’Exposition universelle de 1900.








SQUARE DU VERT-GALANT 1884

1° arr., place du Pont-Neuf, M° Pont-Neuf



     C’est au III° siècle avant J.-C. que la tribu celte des Parisii s’installe dans la plus grande des îles de la Seine, un site naturel qui offre de multiples avantages : située sur le fleuve qui constitue une voie d’échange, la future île de la Cité en facilite aussi la traversée et forme un territoire qu’il est possible de défendre ; avant la fin du II° siècle, les Parisii en ont fait un oppidum.

     Au cours de la conquête romaine, les Parisii, qui ont répondu à l’appel au soulèvement général lancé par Vercingétorix, sont écrasés à la bataille de Lutèce, que l’on situe dans la plaine de Grenelle en 52 av. J.-C., par les légions de Labiénus, envoyé par César qui a bien mesuré l’importance stratégique de ce passage sur la Seine commandant l’accès au nord du pays.

     L’administration romaine s’installe dans l’île reconstruite tandis que Lutèce s’étend à la rive gauche de la Seine, sur les pentes de la montagne Sainte-Geneviève.

     Dans la deuxième moitié du III° siècle, les invasions barbares contraignent les habitants de Lutèce à se réfugier dans l’île qu’ils ceignent d’une enceinte, utilisant pour cela une partie des constructions qui avaient été établies sur la rive gauche. En 359-360, au cours de son second séjour à Lutèce, Julien se fait proclamer empereur par ses légions. C’est à cette époque que la ville prend le nom de ses habitants pour s’appeler désormais Paris.

     Dans les premières années du VI° siècle, Clovis choisit Paris pour y établir le siège de son royaume et l’île devient île de la Cité.

     Au Moyen Age, la Cité est le siège du pouvoir : pouvoir royal à l’ouest, dans le Palais royal de la Cité dont il reste la Sainte-Chapelle et la Conciergerie, dans l’enceinte de l’actuel palais de Justice ; pouvoir religieux à l’est, avec la cathédrale Notre-Dame, reconstruite au XII° siècle par l’évêque Maurice de Sully à l’emplacement de la cathédrale mérovingienne dédiée à saint Etienne.

   






      Jusqu’à la fin du XVI° siècle, la pointe occidentale de l’île de la Cité se termine par deux îlots, l’île des Juifs au sud et l’île du Patriarche au nord, séparés de l’île principale par des bras de Seine marécageux et souvent ensevelis sous les crues du fleuve. C’est là, sur l’île des Juifs, que Philippe le Bel avait fait brûler vif, en 1314, le dernier Grand Maître de l’ordre du Temple, Jacques de Molay, au supplice duquel il avait assisté depuis son palais.



     




     C’est Henri III qui décida d’aménager la pointe de l’île lorsqu’en 1578 il posa la première pierre du Pont-Neuf. Il s’agissait en réalité de deux ponts, reliant la rive droite à la rive gauche en prenant appui sur le terre-plein formé après le rattachement des deux îlots à l’île de la Cité par le comblement des bras de Seine marécageux. Les travaux du Pont-Neuf, arrêtés par les guerres de Religion, ne reprirent que sous Henri IV, en 1598, pour s’achever en 1606. Ce pont, le plus ancien de la capitale, était le premier qui ne comportait pas de maisons, offrant une vue dégagée sur le fleuve et le Louvre, le premier aussi à être pourvu de trottoirs protégeant les piétons de la circulation. Il attira tout naturellement badauds et bateleurs, et une foule de petits métiers qui contribuèrent encore à l’attraction de la nouveauté.

     Alors que le lotissement de la place des Vosges est en cours, Henri IV poursuit sa politique d’urbanisation et d’embellissement de la capitale. C’est ainsi qu’il concède en 1607 à Achille de Harlay, premier Président du Parlement, le terrain gagné par le rattachement des îlots à la Cité et situé entre le Pont-Neuf et le Palais (siège du Parlement), afin d’y établir la future place Dauphine, baptisée en l’honneur du jeune dauphin Louis XIII.

     En 1614, Louis XIII pose sur le terre-plein central du Pont-Neuf la première pierre du monument destiné à recevoir la statue équestre de son père. Ce projet du premier monument équestre de la capitale datait en réalité de 1604.

   





     Le cheval de bronze, primitivement destiné à recevoir une statue de Ferdinand de Médicis, fut offert à la nièce de ce dernier, Marie de Médicis, épouse d’Henri IV. Réalisé à Florence par Jean de Bologne puis par son élève Pierre Tacca, il fut embarqué en 1613 pour la France, mais le bateau fit naufrage et le cheval, repêché en 1614, put enfin prendre place sur son piédestal. La statue d’Henri IV en cavalier ne l’y rejoignit qu’en 1634 et c’est seulement en 1635 que l’ensemble fut achevé avec les bas-reliefs du piédestal et, aux angles, les Quatre esclaves enchaînés, en bronze, par Pierre Franqueville (aujourd’hui au Louvre). La Révolution renversa et brisa la statue dont les débris furent envoyés à la fonte pour fabriquer des canons. En 1814, pour l’entrée de Louis XVIII dans Paris, le Pont-Neuf accueillit une statue en plâtre d’Henri IV à l’imitation du monument originel et finalement un nouveau bronze, réalisé par François Lemot, fut érigé en 1818. On avait notamment utilisé pour la fonte le bronze provenant de deux effigies de Napoléon et le fondeur, bonapartiste convaincu, aurait enfermé à l’intérieur de la nouvelle statue une figurine représentant l’empereur.

   






     Le square du Vert-Galant, qui évoque le surnom du roi Henri IV, grand amateur de femmes, est situé en contrebas de cette statue. Cette pointe, formée après le rattachement des îlots des Juifs et du Patriarche à l’île de la Cité, marque le niveau primitif de l’extrémité occidentale du petit archipel. Elle resta longtemps une grève déserte, fréquentée par les vagabonds, puis accueillit en 1765 l’un des établissements de bains qui fleurirent alors sur les berges du fleuve. Le square a été aménagé en 1884 et la stèle qui y figure est un fragment de rocher de l’île canadienne de Sainte-Hélène, offert à Paris en 1967 à l’occasion de l’Exposition internationale de Montréal.





SQUARE SAMUEL-DE-CHAMPLAIN 1889

20° arr., avenue Gambetta, M° Gambetta ou Père-Lachaise



     Le square Gambetta, qui s’étend le long de l’avenue Gambetta, a été créé en 1889 et rebaptisé en 1979 du nom de Samuel de Champlain, fondateur de la ville de Québec où il est mort en 1635. La statue de Léopold Steiner figurant un couple âgé enlacé et intitulée le Déclin (Salon de 1898) et le Mur aux Victimes des Révolutions (1909) érigé par Paul Moreau-Vauthier participent de l’esprit de ce jardin de plus d’un hectare qui escalade la butte sur laquelle est établi le cimetière du Père-Lachaise.

     




     Baptisé cimetière de l’Est lors de sa création en 1804 par le préfet Frochot, il tient son nom du père François de La Chaise, confesseur de Louis XIV, qui résida souvent, entre 1665 et 1709, date de sa mort, dans la maison de campagne que les jésuites avaient installée en 1626 sur cette colline qu’ils appelèrent le mont Louis. Le cimetière, qui occupait à l’origine 17 hectares et dont l’aménagement fut confié à l’architecte Alexandre- Théodore Brongniart qui imagina d’en faire un jardin tout autant qu’une nécropole, s’étend depuis 1850 sur 44 hectares et constitue un véritable musée de la sculpture du XIX° siècle.



 Le Mur aux Victimes des Révolutions par Paul Moreau-Vauthier.




JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN 1892

5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge



     La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.

     


La Lutèce gallo-romaine reconstituée.



     Les invasions de la fin du III° siècle amorcèrent sa démolition, les pierres étant remployées à l’édification d’une muraille de protection autour de l’île de la Cité, refuge des habitants. L’endroit servit au IV° siècle de lieu de sépulture puis fut enseveli par les siècles. On en avait perdu l’emplacement exact lorsque les travaux de percement de la rue Monge mirent à jour des vestiges en 1869. Pourtant, les ruines furent remblayées, le dépôt de la Compagnie générale des omnibus prévu sur leur emplacement construit et le lotissement de la rue Monge poursuivi jusqu’en 1892, faisant disparaître la partie ouest de l’édifice. Le terrain fut finalement dégagé et une restauration entreprise entre 1915 et 1918.

   





     Ce vaste édifice, d’environ 130 mètres sur 100, avec ses 35 gradins superposés, pouvait accueillir plus de 15 000 spectateurs et sa façade était percée de 41 baies, séparées par des demi-colonnes (à Nîmes et Arles, les arènes possèdent deux rangées d’arcades). L’accès à l’arène proprement dite, de forme ovale, se faisait par deux larges plans inclinés. Le mur de podium entourant l’arène comportait des niches dont 3 étaient vraisemblablement des cages pour les animaux. Sur le côté est, la scène, d’une longueur de 41 mètres, était fermé au fond par un mur percé de niches rectangulaires et semi-circulaires.

   





     Le square des Arènes de Lutèce a été aménagé en 1892 sur la partie du monument qui était dégagée à cette date. Le square Capitan, ouvert après la restauration des arènes sur l’emplacement d’un ancien réservoir, porte le nom du médecin et archéologue Joseph-Louis Capitan (1854-1929) qui prit part à la restauration des lieux. Près de son buste, qui surmonte un chapiteau romain qu’il avait découvert lors de fouilles effectuées boulevard Saint-Germain, ont été réunis des vestiges d’architecture gallo-romaine.




Le square Capitan, en contrebas des Arènes.




JARDIN DES SERRES D’AUTEUIL 1898

16° arr., avenue de la Porte-d’Auteuil, avenue Gordon- Benett, M° Porte-d’Auteuil, Entrée payante



     En 1854, la Ville de Paris décide de se doter d’un véritable établissement horticole afin de mener à bien la politique de promenades publiques engagée par Haussmann et menée par l’ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand. Jusqu’à cette époque, en effet, elle ne disposait que de pépinières et de terrains dispersés pour assurer la production des fleurs, plantes et arbustes nécessaires à la décoration des jardins. Un premier jardin Fleuriste municipal est aménagé en 1855 près de la Muette, au lieu-dit le clos Georges, par Alphand et l’horticulteur Barillet-Deschamps, mais il se révèle vite insuffisant face aux besoins croissants du Service des promenades et plantations. Les terrains sont alors vendus pour être lotis et la Ville décide en 1883 d’installer le nouveau Fleuriste municipal au lieu-dit le “Fonds des Princes”, situé à l’extérieur des fortifications et à l’orée du bois de Boulogne, un site prédestiné puisqu’il avait accueilli en 1761 un jardin botanique aménagé par Louis XV.

     






     Jean-Camille Formigé, architecte en chef du Service des promenades et plantations, est chargé de la création de ce nouvel établissement horticole dont les travaux sont menés de 1895 à 1898. Conçu sur plus de 9 hectares, le jardin a été amputé de 3 hectares dans les années 1967-1968 pour la construction du boulevard périphérique et du nœud autoroutier d’Auteuil. La Ville acquit alors 35 hectares à Rungis pour y créer un nouveau centre de production horticole dévolu aux plantes d’extérieur, le jardin d’Auteuil se consacrant à la culture des plantes d’intérieur et de collection.

   





      Les serres d’Auteuil, qui ont donné au jardin sa nouvelle appellation, sont les dernières grandes serres à avoir été construites en France au XIX° siècle. La grande serre dessinée par Formigé se développe sur une longueur de 100 mètres ; elle abrite sous son dôme central, qui culmine à 15,75 mètres, un Palmarium, restauré en 1998-1999 ; l’aile droite forme une serre équatoriale tandis que l’aile gauche est utilisée en orangerie l’hiver et en salle d’exposition temporaire l’été. Devant la grande serre, de chaque côté d’un parterre régulier à la française, deux serres abritent les collections d’azalées et deux groupes de six serres chacun les plantes de collection et les grandes plantes. En tout, 90 serres forment ce jardin qui présente à l’extérieur, outre quelques beaux arbres remarquables, une sorte de condensé de l’art des jardins : jardin classique au centre, jardin anglais, jardin japonais et jardin méditerranéen. Les murs de soutènement en hémicycle qui entourent la terrasse du grand escalier sont ornés de mascarons provenant de l’atelier du sculpteur Auguste Rodin. Devant le Palmarium, à l’extrémité de la grande pelouse, la fontaine de Jules Dalou figure le Triomphe de Bacchus (1891).

     




     Dans les premières années du XXIe siècle, le Jardin des Serres d’Auteuil a fait l’objet d’une polémique opposant diverses associations à la Mairie de Paris à propos du projet d’extension du site voisin de Roland Garros (court de tennis semi-enterré, entouré de nouvelles serres ultra-modernes). Le 2 février 2017 le tribunal administratif de Paris a rejeté les recours des associations, validant ainsi le permis de construire.






SQUARE LOUISE MICHEL 1885-1900-1901-1932

18° arr., place Saint-Pierre, rue du Cardinal-Dubois, rue Ronsard, M° Anvers



     Un petit square avait été créé en 1876 vers la place Saint-Pierre, au pied de la butte Montmartre, mais le 18° arrondissement ne possédait pas de véritable espace vert. C’est ce qui donna à l’ingénieur Alphand, en 1880, l’idée d’implanter un jardin sur le versant sud-est de la Butte, en utilisant la dénivellation du terrain ainsi qu’il avait été fait aux Buttes-Chaumont. L’expropriation des terrains nécessaires fut décrétée dès 1881 mais la réalisation du jardin allait être retardée par la construction du Sacré-Cœur.

     La chute du Second Empire, provoquée par la défaite de 1870, avait entraîné la disparition des Etats de l’Eglise car Rome, où le Pape était soutenu par les troupes françaises, fut dès lors annexée au royaume d’Italie. Voyant dans ces malheurs – l’occupation prussienne et la perte de l’autorité du Pape – la conséquence d’une époque sans religion, deux notables parisiens, Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury, formèrent le vœu d’élever un sanctuaire au Sacré- Cœur de Jésus pour la restauration de la France et le rétablissement de l’église catholique. L’architecte Paul Abadie, lauréat du concours, débuta les travaux de la basilique du Sacré-Cœur en 1877, poursuivis après sa mort par Hervé Rauline (1884 à 1905) puis par Lucien Magne (jusqu’en 1916) et le monument fut consacré seulement après la guerre, en 1919.

     





     Cette lenteur dans la construction s’explique notamment par les problèmes posés par la nature du terrain. Le sous-sol de la Butte avait été exploité de tout temps pour le gypse qu’il contenait mais les remblais qui avaient été effectués pour combler les galeries avaient laissé un sol instable, qui obligea à effectuer sous la basilique d’énormes travaux de fondation qui n’avaient pas été prévus d’une telle ampleur.

   Tant que le monument n’était pas terminé, on n’imaginait pas d’aménager le jardin mais les circonstances en décidèrent autrement. En effet, en 1885, un important glissement de terrain, provoquant des éboulements rue Ronsard, rendit nécessaire la construction d’un mur de soutènement. Il reçut un habillage de faux rochers et on décida alors d’effectuer les premières plantations. En 1899, un second mur de soutènement fut érigé par Jean-Camille Formigé et cette partie du jardin, côté est, la plus paysagère, fut ouverte en 1900.

   





     Cependant, on n’avait pas encore touché au versant sud et le dessin définitif de l’ensemble du jardin fut donné par Formigé en 1901. Mais les ennuis n’étaient pas terminés car de nouveaux travaux de consolidation durent être entrepris en 1903 puis de 1911 à 1914. Ils furent interrompus par la guerre et ne reprirent qu’en 1921 ; le château d’eau situé dans la partie supérieure du jardin fut commencé en 1922 et le square, qui avait reçu en 1930 le nom du dessinateur et affichiste Adolphe Willette, ardent défenseur de la Butte, ne fut définitivement achevé qu’en 1932. Il sera rebaptisé Louise Michel en février 2004.

   






     Entre la place Saint-Pierre et la rue du Cardinal-Dubois, la dénivellation est d’environ 50 mètres, parcourue par une succession de terrasses et d’escaliers. Dans la partie basse du jardin, la fontaine des Innocents (1906) par le sculpteur Emile Derré, a été installée en 1907 ; dans la partie supérieure, le château d’eau se présente comme une fontaine monumentale, avec trois niches abritant chacune une vasque soutenue par trois dieux marins, œuvres du sculpteur Paul Gasq en 1932.

   


La fontaine des Innocents.



     Le square Louise Michel est bordé sur son côté occidental par le funiculaire de Montmartre. Le premier funiculaire à eau, mis en service dès 1901, a été remplacé en 1935 par un funiculaire électrique, lui-même abandonné pour un système d’ascenseurs en 1991.






SQUARES AUTOUR DU MUSEE CARNAVALET : SQUARE LEOPOLD-ACHILLE 1913 ET SQUARE GEORGES-CAIN 1923

3° arr., rue de Sévigné, rue du Parc-Royal, rue Payenne, M° Chemin-Vert ou Saint-Paul-Le Marais



     Fondé dans les premières années du XIII° siècle en bordure de la rue Saint-Antoine, le prieuré de Sainte-Catherine du Val des Ecoliers occupait l’emplacement de l’actuelle place du Marché-Sainte-Catherine. Au-delà, c’était la couture ou culture Sainte-Catherine, ainsi dénommée parce que ces terrains qui appartenaient au prieuré étaient faits de cultures maraîchères. En 1545, les moines décident de la lotir, ouvrant des rues pour desservir les parcelles à bâtir parmi lesquelles la rue de la Couture Sainte-Catherine (rue de Sévigné), la rue du Parc-Royal, tracée sur l’ancien chemin qui conduisait au parc de l’hôtel royal des Tournelles (lequel sera détruit en 1559 après la mort d’Henri II) et la rue Payenne.

     L’hôtel Carnavalet (23, rue de Sévigné), élevé sur cinq parcelles de la Couture Sainte-Catherine vers 1548 pour Jacques des Ligneris, premier président du Parlement de Paris, a été acheté à la fin du XVI° siècle par Madame de Kernevenoy, la veuve d’un gentilhomme breton dont le nom, déformé en Carnavalet, est resté attaché à l’hôtel. Attribué à Pierre Lescot et l’un des premiers exemples de ces hôtels entre cour et jardin qui vont fleurir au Marais, l’hôtel est agrandi (1660-1661) par l’architecte François Mansart qui donne à l’édifice Renaissance son aspect actuel, malgré les restaurations ultérieures. Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, en est locataire de 1667 à sa mort, en 1696, et c’est en son honneur que la rue a été rebaptisée (1867). L’hôtel est acheté en 1866 par la Ville pour en faire son musée, ouvert en 1880.

     L’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau (29, rue de Sévigné), construit en 1686-1690 par l’architecte Pierre Bullet pour Michel Le Peletier de Souzy, intendant des Finances, a gardé le nom de son descendant, membre de la Convention resté célèbre pour avoir voté la mort de Louis XVI, ce qui lui valut d’être assassiné, la veille même de l’exécution du roi, par l’un des anciens gardes du corps du souverain. Acheté en 1897 par la Ville pour y établir sa bibliothèque, transférée en 1968 dans l’hôtel de Lamoignon, rue Pavée, c’est depuis 1989 une dépendance du musée Carnavalet.


     

Square Léopold-Achille.



     Le square Léopold-Achille, du nom d’un conseiller municipal, a été ouvert en 1913 sous le nom de square du Parc-Royal ; il s’étend en bordure de cette rue, le long de bâtiments XIX° dépendant de l’hôtel Le Peletier de Saint- Fargeau et du mur arrière de l’orangerie. Une statue, Pomone, d’un auteur inconnu, proviendrait de l’ancien Hôtel de Ville de Paris, détruit en 1871.

     


Square Georges-Cain.



     Le square Georges-Cain, rue Payenne, aménagé en 1923 et ouvert au public en 1931, s’ouvre devant la façade sur jardin de l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau dont l’orangerie, côté nord, est l’un des rares exemples conservés à Paris d’une orangerie d’hôtel particulier. Là, entre de nombreux vestiges de l’époque gallo-romaine, le visiteur peut admirer les pirogues en bois de la tribu gauloise des Parisii, mises au jour lors de l’aménagement du parc de Bercy à la fin du siècle dernier. Georges Cain, fils du sculpteur Auguste-Nicolas Cain, fut le conservateur du musée Carnavalet de 1897 à 1914. La statue en bronze de Flore et son char, provenant des Tuileries, est une œuvre du sculpteur Laurent Magnier (1618-1700), qui travailla dans le parc de Versailles. Elle côtoie des vestiges, conservés par le musée, de monuments parisiens aujourd’hui disparus.






SQUARE DE L’ILE-DE-FRANCE 1914

4° arr., quai de l’Archevêché, M° Cité



     Le square de l’Ile-de-France, inauguré en 1914, occupe la pointe orientale de l’île de la Cité. C’était au XIII° siècle la « Motte aux Papelards », de l’ancien français papeler signifiant « marmonner des prières », car cette butte servait à la promenade des chanoines du Cloître Notre-Dame. Etabli au nord de la cathédrale, dans l’espace compris entre les actuelles rues du Cloître-Notre-Dame et d’Arcole et la Seine, le Cloître Notre-Dame, qui n’avait rien à voir avec un cloître de monastère, se présentait comme une cité fermée occupée par les maisons des chanoines de l’Ecole Notre-Dame, l’un des plus célèbres lieux d’études du Moyen Age.

     Les chanoines furent expulsés du cloître à la Révolution et l’ancienne butte aux moines fut aménagée en quai sous le Second Empire. Haussmann y installa la morgue en 1864 ; elle y resta jusqu’en 1910 et constituait un but de promenade car on y avait accès ! Elle fut désaffectée en 1914 et on créa le square sur son emplacement.

     




     En 1962, le général de Gaulle inaugura le Mémorial des Martyrs de la déportation, construit par l’architecte Henri Pingusson dans une crypte en sous-sol, avec une sculpture due à Roger Desserprit.



A l'intérieur du Mémorial, 200 000 bâtonnets de verre symbolisent les innombrables victimes de la déportation dans les camps nazis.




JARDIN DU CHAMP-DE-MARS 1908-1928

7° arr., quai Branly, avenue de la Motte-Picquet, M° Ecole- Militaire ou RER Champ-de-Mars-Tour-Eiffel



     Fondée par Louis XV en 1751 dans la plaine de Grenelle, l’Ecole militaire était destinée à la formation de 500 gentilshommes sans fortune désireux de servir dans les armées du roi. L’architecte Jacques-Ange Gabriel mena les travaux de 1751 à 1773 et dès 1760, alors que l’édifice n’était pas encore achevé, l’école ouvrait ses portes. De 1765 à 1767, Gabriel transforma le terrain qui s’étendait entre les nouveaux bâtiments et la Seine en un vaste champ de manœuvre pour l’exercice des élèves et le passage en revue des troupes royales. Il n’y avait là auparavant que des jardins maraîchers et l’esplanade fut baptisée Champ-de-Mars par référence au dieu romain de la guerre. Elle était bordée sur toute sa longueur par huit rangées d’ormes de chaque côté et entourée de profonds fossés, dans lesquels Antoine Augustin Parmentier planta vers 1775 les premières pommes de terre, dont il voulait répandre la culture en France. Il les faisait garder le jour par des soldats mais laissait l’accès libre la nuit afin que les Parisiens, intrigués, puissent venir les voler, espérant ainsi les habituer à ce nouvel aliment originaire d’Amérique du Sud et introduit en Europe par les Espagnols. Le Champ-de-Mars ne remplit pas longtemps la fonction pour laquelle il avait été conçu car l’école ferma en 1787. Les bâtiments servirent de caserne puis accueillirent en 1878 l’Ecole de Guerre, qui l’occupe toujours avec d’autres établissements militaires d’enseignement supérieur.

     





     

     En 1780 eurent lieu au Champ-de-Mars les premières courses de chevaux, un divertissement importé d’Angleterre. C’est là que le physicien Charles lâcha en 1783 le premier ballon à hydrogène et que l’aéronaute Blanchard fit l’année suivante la première tentative pour diriger un ballon. Le Champ-de-Mars servit ensuite de cadre à de nombreuses manifestations révolutionnaires. Le 14 juillet 1790, date anniversaire de la prise de la Bastille, Talleyrand y célébra une messe à l’autel de la Patrie et des gradins furent aménagés tout autour de l’esplanade pour accueillir les 300 000 spectateurs. Le 8 juin 1794, ce fut au tour de Robespierre d’y fêter l’Être Suprême.

   


La Fête de l'Être Suprême au Champs de Mars.



     En 1798 s’ouvrit ici la première exposition française des produits de l’Industrie, préfiguration des Expositions universelles. Sous l’Empire, en 1804, Napoléon y distribua aux soldats de sa Grande Armée les drapeaux qu’ils allaient porter à la conquête de l’Europe. Enfin et surtout, c’est au Champ-de-Mars que se sont tenues les Expositions universelles de 1867, 1878, 1889, 1900 et 1937. C’est celle de 1889 qui a vu la construction de la tour de l’ingénieur Gustave Eiffel, dont le buste en bronze doré, par Antoine Bourdelle (1927) figure en bonne place près de l’un des piliers de la tour.

   Jusqu’en 1889, le Champ-de-Mars était propriété de l’Armée, mais c’est à cette date que la Ville l’obtint en échange de terrains situés à Issy-les-Moulineaux qui constituent aujourd’hui l’Héliport de Paris.

   





     Le Champ-de-Mars est transformé en jardin entre 1908 et 1928 par l’architecte Jean-Camille Formigé mais sa surface est alors amputée pour le lotissement des terrains qui le bordent au nord et au sud, sur lesquels vont s’élever des immeubles de luxe et des hôtels particuliers avec jardins communiquant par des grilles avec le Champ-de-Mars.

   Les abords de la tour Eiffel furent aménagés les premiers et traités en jardin anglais, avec pièces d’eau, cascade et grotte. La guerre interrompit les travaux et le reste de la promenade fut traitée à la française.

   





     Les vastes pelouses centrales, qui forment la perspective entre la tour Eiffel et l’Ecole militaire, sont bordées de zones paysagères aux beaux arbres centenaires et encadrées de part et d’autre par deux anciennes allées cavalières.

   En 1989, pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française, le sculpteur Yvan Theimer a réalisé le Monument aux Droits de l’Homme, situé en face de la rue de Belgrade.



Le Monument aux Droits de l’Homme.


© Jacques Barozzi et Marie-Christine Bellanger-Lauroa, 2022


par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
par Jacky Barozzi 06 févr., 2024
BOIS DE VINCENNES - 1857 12° arr., M° Château-de-Vincennes ou Porte-Dorée Le bois de Vincennes est le vestige d’une vaste forêt antique qui s’étendait à l’est de Paris. Ces terres incultes appartenaient à tous et les paysans gaulois puis gallo- romains les utilisaient pour mener paître leurs bêtes, se nourrir et trouver du bois pour se chauffer. L’arrivée des Francs, si elle ne modifie pas leurs habitudes, change cependant le statut de la forêt qui, de publique, devient alors privée selon les règles du droit franc. Après la mort de Dagobert, en 639, sa veuve fonde une abbaye à Saint-Maur. La première mention connue de la forêt de Vilcena figure dans une charte royale de 848 dans laquelle Charles le Chauve entérine un échange de terres entre l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Maur-des-Fossés. La forêt devient propriété de la couronne à la fin du X° siècle mais c’est dans une charte de 1037, par laquelle Henri Ier accorde des droits d’usage dans la forêt aux moines de l’abbaye de Saint-Maur, que la présence royale est mentionnée pour la première fois à Vincennes. D’autres droits seront accordés à différentes abbayes parisiennes jusqu’en 1164, date de la fondation du couvent des Bonshommes de Grandmont par Louis VII, qui donne aux moines un enclos et un prieuré. Louis VII possède un pavillon de chasse dans la forêt de Vincennes, la plus proche du palais de la Cité où il réside fréquemment. Dès le début de son règne, Philippe Auguste rachète les droits d’usage qui avaient été accordés dans la forêt afin de constituer un domaine de chasse. Il fait construire un manoir, qui constitue la première résidence royale à Vincennes (disparue au XIX° siècle), et élever en 1183 un mur de pierre pour protéger cet espace destiné à la chasse (ce mur restera en place jusqu’aux aménagements du Second Empire). Saint Louis fait construire en 1248 une chapelle dédiée à saint Martin pour abriter une épine de la Couronne du Christ qu’il a acquise de l’empereur d’Orient Baudoin II. Il agrandit le manoir d’un donjon car Vincennes constitue désormais la deuxième résidence du roi après le palais de la Cité et chacun connaît la fameuse scène, rapportée par Joinville dans la Vie de saint Louis, du roi rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes. 
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