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JARDIN DU LUXEMBOURG 1612-1625

6° arr., rue de Vaugirard, rue de Médicis, boulevard Saint- Michel, rue Auguste-Comte, rue Guynemer, RER Luxembourg


   Un camp militaire était établi à l’époque gallo-romaine dans ce faubourg de Lutèce nommé Lucotitius, – qui a donné le diminutif de « Luco » par lequel les familiers du lieu désignent volontiers le jardin.

   Au X° siècle, Robert le Pieux fit construire en ces lieux éloignés le château de Vauvert qui, abandonné, tomba vite en ruine et devint le lieu d’élection de vagabonds et autres bandits qui semaient la terreur dans le voisinage et entretenaient dans l’esprit des habitants l’idée d’un lieu hanté, et par le diable lui-même !

   Ce sont les Chartreux de l’ordre de saint Bruno qui mirent fin à la légende – dont le souvenir perdure dans l’expression « aller au diable Vauvert » – en proposant à saint Louis d’exorciser l’endroit dont ils prirent possession en 1257. Ils reçurent affluence de dons qui leur permirent d’édifier un magnifique couvent, renommé pour son potager et sa pépinière. Leur enclos s’étendait sur la partie méridionale actuelle du jardin, entre le boulevard Saint- Michel et la rue Notre-Dame-des-Champs.

   Après la mort de Henri IV en 1610, la reine Marie de Médicis, devenue régente du royaume au nom de son fils Louis XIII alors âgé de neuf ans, décida de se faire construire un palais dans le souvenir du palais Pitti de son enfance florentine. Elle acquit en 1612 l’hôtel du duc François de Luxembourg et les terrains adjacents, dans ce faubourg paisible et campagnard éloigné du Louvre qu’elle n’aimait guère, où s’élevaient de rares hôtels particuliers.

   Tout en conservant l’ancien hôtel de Luxembourg (actuel Petit-Luxembourg, résidence du président du Sénat), elle chargea en 1615 l’architecte Salomon de Brosse de lui édifier un palais à l’italienne dans lequel elle s’installa dès 1625. Elle ne devait pas y demeurer longtemps car, s’étant opposée à la politique menée par le cardinal de Richelieu, elle fut exilée à Cologne en 1631 où elle mourut en 1642.

   




  Le jardin fut entrepris dès 1612 et, l’année suivante, le jeune Louis XIII posait la première pierre du nouvel aqueduc d’Arcueil, destiné à amener l’eau de Rungis pour alimenter les fontaines, cascades et jets d’eau dont la reine voulait agrémenter son domaine selon la mode italienne. C’est l’ingénieur hydraulicien d’origine florentine Thomas Francine qui se chargea des travaux, menés de 1614 à 1623.

  Le terrain s’étendait alors parallèlement au palais, son extension au sud étant rendue impossible par la présence du couvent des Chartreux.

  Le dessin général en était sensiblement le même qu’aujourd’hui : dans l’axe du palais, le centre du jardin formait un jardin à la française dessinant des parterres brodés d’entrelacs de buis autour d’un bassin, rond à l’origine ; l’ensemble était encadré de terrasses plantées d’ifs et se poursuivait par des alignements géométriques d’ormes, au nombre de 2 000, entrecoupés d’allées à angle droit. Les concepteurs de ce jardin étaient Jacques Boyceau pour les parterres, Nicolas Deschamp pour les plantations et Thomas Francine pour les terrasses et les effets d’eau. C’est probablement à lui que l’on doit la grotte qui sera transformée au XIX° siècle pour devenir la fontaine Médicis.

 




  André Le Nôtre, nommé premier jardinier en 1635, garda le dessin du jardin dont il remania les parterres mais c’est lui qui donna au bassin rond sa forme octogonale.

 A la mort de Louis XIII, en 1643, le palais échoit à son frère, Gaston d’Orléans, puis à la fille de ce dernier, Mademoiselle de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle, qui s’illustra lors de la Fronde.

 La duchesse de Berry, fille aînée du régent Philippe d’Orléans, l’occupe à partir de 1715 et l’on dit qu’elle aurait fait murer les entrées du jardin pour pouvoir s’y livrer à la débauche qui l’a rendue célèbre.

 En 1778, le comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, qui loge au Petit-Luxembourg, cède 11 hectares de terrain à l’ouest (entre les actuelles rues Guynemer et Notre- Dame-des-Champs) et cette partie du jardin est alors ouverte à la promenade publique moyennant un droit d’entrée.

 Devenu bien national à la Révolution, le palais abrita d’abord une manufacture d’armes avant de devenir sous la Terreur la Maison nationale de Sûreté où furent emprisonnés Camille Desmoulins, Fabre d’Eglantine, André Chénier, Danton, les peintres Hébert et David et bien d’autres encore. La vue du jardin que David peignit alors depuis sa cellule est le seul paysage qu’il ait jamais réalisé.

 Le Directoire installe au Luxembourg son gouvernement (1795) et Bonaparte, après son coup d’Etat du 18 brumaire (1799) en fait le palais du Consulat avant de l’affecter en 1800 au Sénat.

 Le couvent des Chartreux avait lui aussi été nationalisé et il sera finalement détruit. Le jardin du Luxembourg s’agrandit du terrain des moines qui donna enfin au palais la perspective qui lui avait toujours fait défaut au sud et dont Marie de Médicis avait rêvé.

 




  L’architecte Jean-François Chalgrin remanie alors l’édifice (1800) pour l’adapter à sa nouvelle destination. C’est lui surtout qui, en abattant le mur de l’ancien couvent puis en traçant l’avenue de l’Observatoire (1810), donne au Luxembourg la magnifique percée qui le relie à l’Observatoire de Paris.

 Pour mieux inscrire le jardin dans ce nouvel axe, il modifie le parterre central en l’agrandissant et les terrasses qui le surplombent sont ornées de balustrades. Au-delà du jardin à la française et des alignements boisés, on créa, au sud, sur l’emplacement de l’ancien jardin des moines, une zone paysagère de pelouses et d’allées sinueuses.

 Napoléon, qui résida un temps au Luxembourg avant de le quitter pour les Tuileries, fit remplacer par des grilles les hauts murs dont Marie de Médicis avait clos sa résidence.

 Sous la monarchie de Juillet, l’architecte Alphonse de Gisors fut chargé d’agrandir le palais et il édifia à partir de 1835 un nouvel avant-corps sur le jardin, ce qui entraîna un remaniement des parterres. C’est à lui également que l’on doit la construction de l’Orangerie (1840), qui accueillera de 1886 à 1937 le musée du Luxembourg et sert aujourd’hui de salle d’exposition temporaire.

 





  C’est le Second Empire qui donne au jardin du Luxembourg ses dimensions actuelles – environ 23 hectares. Il est alors amputé par le percement du boulevard Saint- Michel et de la rue de Médicis à l’est tandis que la rue Auguste- Comte fait disparaître au sud l’ancienne pépinière des moines (entre la rue d’Assas et l’avenue de l’Observatoire).

 Le tracé de la rue de Médicis oblige à déplacer, en 1861, la grotte de Francine qui fermait jusqu’alors le jardin à l’est. Elle fut transformée en fontaine et c’est la fameuse fontaine Médicis, précédée d’un long bassin rectangulaire et encadrée de deux rangées de platanes. Elle reçut en 1866 son groupe sculpté par Auguste Ottin qui représente Polyphème sur le point d’écraser Acis et Galatée sous un rocher ; de part et d’autre sont représentés Diane et Pan.

 Cependant cette grotte devenue fontaine n’avait pas été conçue pour que l’on voie sa partie arrière et, en 1864, Alphonse de Gisors lui adossa la fontaine du Regard, élevée sous l’Empire à l’emplacement du carrefour Saint-Placide et qu’il fallut déplacer lors de l’ouverture de la rue de Rennes. Le bas-relief figurant Léda et son cygne avait été sculpté par Achille Valois (1807), alors que les deux naïades couchées aux rampants du fronton sont dues à Jean-Baptiste Klagmann (1864).

 





  C’est à cette époque que disparaissent les ormes de Marie de Médicis, remplacés par les alignements de marronniers, tilleuls et platanes.

 En 1890 est élevé le monument à Eugène Delacroix par Jules Dalou. Cette fontaine, placée en bordure des jardins réservés du Sénat, entre Grand et Petit-Luxembourg, rappelle que Delacroix avait décoré en 1847 la bibliothèque du Sénat.

 De nombreuses statues ont pris place tout au long du XIX° siècle dans le jardin et c’est en tout une centaine de sculptures qui parsèment ses pelouses et ses allées. Les statues des Dames de France sont installées sur la terrasse de 1845 à 1850 à la demande de Louis-Philippe et ce furent ensuite les poètes, artistes et hommes de science qui furent mis à l’honneur ici ou là.


 



  C’est le XIX° siècle également qui installe au Luxembourg diverses attractions destinées notamment aux enfants. Le manège de chevaux de bois, réalisé en 1879 sur les plans de Charles Garnier, fut suivi en 1881 par un premier théâtre de marionnettes (l’actuel date de 1933).

 Le jardin du Luxembourg fut prisé de tout temps par les artistes et les écrivains. Au XVIII°, Watteau s’en inspira pour ses peintures tandis que Diderot et Rousseau aimaient à s’y promener. Baudelaire, Lamartine, Musset, Verlaine ou Hugo au XIX°, Gide ou Hemingway plus près de nous l’appréciaient également. Aujourd’hui, ce sont les étudiants du proche Quartier latin qui s’y retrouvent, côtoyant les familles du quartier dont les enfants l’animent de leurs rires et leurs jeux.

 





  Jardin à la française devant le majestueux dôme du palais, jardin à l’anglaise inspirant à la flânerie romantique en bordure des rues Guynemer et Auguste-Comte, le jardin du Luxembourg n’a rien oublié de la tradition horticole des Chartreux qui se perpétue dans les cours d’arboriculture dispensés à l’emplacement même de l’ancien verger des moines. Le rucher-école de la Société centrale d’apiculture, fondé en 1856 dans la pépinière disparue lors des travaux d’Haussmann, a été rétabli en 1872 et reconstruit en 1991. L’orangerie abrite près de 200 plantes en caisse parmi lesquelles des bigaradiers (oranges amères) dont les plus anciens sont âgés de 250 à 300 ans et les serres conservent l’une des plus anciennes collections d’orchidées d’Europe, dont les origines remontent à 1838, représentant 11 000 pieds de 1 600 espèces ou hybrides différents.

https://www.lelezarddeparis.fr/jardins



Jacques-Louis David (1748–1825). Vue des Jardins du Luxembourg. 1794. Musée du Louvre.




par Jacky Barozzi 02 mai, 2024
Adopté par Mimi, le Chartreux de Corine, l'amie de ma petite soeur Marinette, du côté de Flayosc. Séjour dans le Sud, entre Flayosc (Var) et Cannes (Alpes-Maritimes) du 17 au 30 avril 2024.
par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
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