Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau, au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable.

   Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin.

   Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque.

   Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil.

   Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme :

   – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ?

   Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon.

   Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint.

   Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne.

   Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet

   – Merci beaucoup, dit-elle.

   – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante.

   






   Tandis que Sandrine observait discrètement le jeune couple se refiler le joint après avoir tiré chacun dessus, un petit garçon se détacha du groupe des enfants du bac à sable et vint en criant vers sa mère, assise sur le banc voisin de celui de Sandrine. Il tenait entre les doigts un morceau de plastique tirebouchonné.

   – T’as vu maman, c’est quoi, demanda-t-il ?

   – Çà, c’est un préservatif, pour mettre sur la bistouquette des messieurs, expliqua-t-elle. Il est sale, mets-le à la poubelle !

   L’enfant, qui n’avait probablement pas compris de quoi il s’agissait, ne demanda pas d’autres explications. Le mot bistouquette suffit apparemment à le mettre en joie : il sautilla en l’air en poussant une série de petits cris aigus. Les deux sacs en plastic transparent, jaune et vert, qui ponctuaient chaque banc de ce square reconverti lui aussi au tri sélectif, le laissèrent néanmoins perplexe.

   – Dans lequel, maman, interrogea-t-il ?

   – Heu !… celui que tu veux, répondit sa mère.

   Après avoir rejeté dédaigneusement le préservatif usagé dans le sac vert, l’enfant repartit en criant de plus belle vers ses petits camarades. Sa mère eut juste le temps de lui recommander d’aller se laver les mains à la fontaine.

   Sandrine jeta un coup d’œil à sa montre, puis se leva et se dirigea vers la sortie.

En passant devant la fontaine, elle vit que l’enfant n’arrivait pas à manoeuvrer le lourd tourniquet qui actionne le jet d’eau.

   Elle vint à son secours.

   Quand il eut fini de se frotter énergiquement les mains, il déclara, d’un air sérieux :

   – Merci beaucoup madame, vous êtes infiniment aimable.

   Ces paroles singées des adultes la firent rire.

   – Que tu es bien élevé, répondit-elle, d’un ton qui se voulait admiratif !

   Tandis qu’il se tenait droit devant elle, se rengorgeant fièrement, Sandrine passa sa main dans les cheveux de l’enfant.

   Lorsqu’il repartit en courant joyeusement vers ses petits camarades, elle le suivit du regard, avec une pointe de tristesse dans les yeux.






11e arrondissement


SQUARE TROUSSEAU (3 757 m2)

Rue du Faubourg-Saint-Antoine, rue Théophile-Roussel, rue Antoine-Vollon, rue Charles-Baudelaire

Métro : Ledru-Rollin


   Situé au coeur du quartier des artisans et marchands de meubles du Faubourg-Saint-Antoine, le square Trousseau a succédé à l'ancien hospice des Enfants-Trouvés, devenu hôpital Trousseau en 1880 et démoli en 1902. Il honore la mémoire du médecin français Armand Trousseau (1801-1867), dont le nouvel établissement qui porte son nom a été reconstruit avenue du Docteur-Arnold-Netter, dans le XIIe arrondissement. Deux arbres remarquables ornent ce jardin : un savonnier de dix mètres de hauteur planté en 1936 et un robinier tortueux de sept mètres de hauteur planté en 1932. Des aubépines à fleurs doubles et des buis entourent ce square au dessin parfaitement rectangulaire. Il est agrémenté également de massifs de plantes de terre de bruyère et de magnolias, ainsi que d'un kiosque à musique, d'un bac à sable avec jeux pour enfants et de tables de ping-pong.






   C'est dans l'ancien cimetière des Enfants-Trouvés, aujourd'hui disparu, que fut jeté le corps décapité de la princesse de Lamballe (1749-1792), amie de Marie-Antoinette, après son lynchage devant la prison de la Force. On y adjoignit sa tête qu'un citoyen avait récupérée après qu'elle a été exhibée dans Paris, plantée au bout d'une pique.





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L’INNOCENTE Il y a des moments où Vita, parfaitement éveillée, reste sagement assise sur le canapé du salon, guettant de haut nos moindres faits et gestes. Elle habituellement si vive, toujours dans nos jambes à nous suivre dans toutes les pièces ou a nous apporter l’un de ses jouets favoris. C’est alors que l’on s’inquiète : « Qu’est-ce que tu as encore fait », lui demande t-on alors d’un ton ferme ? « Moi », semble t-elle répondre, d’un air innocent et comme surprise par notre question !!! Bon, pour cette fois-ci, c’est apparemment vrai, ainsi que nous avons pu le constater après une inspection minutieuse des moindres recoins de la maison…
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Dix jours après son intervention chirurgicale du 2 septembre dernier, Vita a retrouvé toute sa vivacité ! Vita en toute intimité Contrôle positif de la vétérinaire, hier après-midi : les derniers points de suture tomberont d’eux-mêmes et la cicatrice n’est déjà plus qu’à peine visible. Entre temps, elle a perdu 200 grammes, qui ne correspondent pas exactement au poids des deux ovaires qui lui ont été retirés à l’occasion de sa stérilisation, mais à sa perte d’appétit au début de sa convalescence, passant ainsi de 4 kg à 3, 8 kg.
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Vita dolorosa Entrée au cabinet vétérinaire à 9 heures ce mardi 2 septembre, Vita en est ressortie à 17 heures. Entre temps, ses deux ovaires lui ont été retirées sous anesthésie : adieu chaleurs, pertes sanglantes et perspectives d’enfantement ! Nous l’avons récupérée, encore groggy, après un long instant de réanimation. Pour l’heure, elle a une cicatrice de trois centimètres au niveau du nombril, protégée par un sparadrap et elle est entièrement emmitouflée dans une sorte de justaucorps élastique de ton chair, qui lui donne une allure de momie égyptienne. Contrôle dans deux jours et retrait définitif du pansement une semaine après. Avec juste un traitement anti douleur à lui administrer le matin, durant trois jours. Autant vous dire que Vita ne s’est pas fait prier pour retourner dare dare à la maison où elle a retrouvé son coussin avec plaisir… 
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