Le léZard et les lapins

(Fable écologique contemporaine)









 Avant-hier, je suis allé voir les lapins de garenne qui ont envahi les Invalides. 


 Ils occupent les fossés et les pelouses de la façade nord de ce prestigieux site, classé aux Monuments historiques et géré conjointement par les Ministères de l'Armée et de la culture. 


 On ne sait pas exactement d’où ils viennent, a déclaré au « Parisien » un spécialiste du département Biodiversité à la Ville de Paris. 


 Ils auraient été introduits il y a plusieurs années et, en l’occurence, l’on n'aurait pas affaire à une population sauvage. 


 Totalisant plusieurs dizaines, voire quelques centaines d’individus, les lapins des Invalides constitueraient la plus grosse colonie intramuros à Paris, avec celle du bois de Boulogne (curieusement, ils ont déserté le bois de Vincennes !). 


 Ils ont remplacé les célèbres lapins de la Porte Maillot, délogés par le chantier titanesque d'Eole.


On peut en voir aussi quelques uns sur les pelouses du parc de Bercy, dans le proche voisinage de la Cinémathèque...






 Aux Invalides, ils gambadent et broutent en toute liberté sur les pelouses situées du côté de la rue de Grenelle.


 Ils dorment dans les terriers qu’ils ont creusé dans les fossés dont le sol, transformé en gruyère, est désormais parsemé de gros trous, occasionnant au passage, sur une large surface alentour d’environ 5.000 m², des dommages sur les tuyaux d'arrosage et les pelouses, estimés à 15.000 euros, par le préfet de police Didier Lallement.




 Sans vouloir éradiquer cette population animalière, qui fait la joie des touristes, l’Armée, bonne fille, entendait seulement en contrôler le nombre.


 Pour ce faire, deux fois l’an, elle organisait une campagne de furetage.


 Une entreprise venait accompagnée d'un furet. 


 Elle délimitait la pelouse avec des petits grillages et envoyait le furet déloger les lapins de leur terrier. 


 Les lapins ainsi capturés n’étaient pas tués mais embarqués dans des cages et expédiés par camion en… Normandie.




 C’était compter sans la vigilance de l'association de défense Paris Animaux Zoopolis (PAZ). 


 Bien que classé par arrêté préfectoral espèce « nuisible », l’association prétexta que le lapin de Garenne était menacé de disparition en France.


 Elle déposa un recours et obtint une première victoire en juillet 2021. 


 L'arrêté fut suspendu par le tribunal administratif de Paris. 


 Et avant même d’attendre l'audience sur le fond, la préfecture de police décida de l'abroger totalement. 


 Cette décision « démontre que notre action en justice était fondée », s’est réjouie dans un communiqué l’association, ajoutant : « C'est une grande avancée pour les lapins parisiens ainsi que pour notre bataille pour une cohabitation pacifique avec les animaux. 


 L'association était soutenue dans son combat par la ville de Paris : Christophe Najdovski, l'adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la condition animale avait saisi le préfet de police, mettant en avant « les faibles nuisances que produisent les lapins de Garenne ».


 Moralité : les lapins, dont la rapidité de reproduction est légendaire, comme les pigeons, les rats ou les mauvaises herbes pourront proliférer sans contrôle dans Paris.





 Pour la petite histoire, précisons que la plaine de Grenelle, où a été érigé l’hôtel royal des Invalides, tire son nom du latin Garanella, qui signifie « petite garenne ».


 Peu à peu le nom de Garanella devint Guarnelles, puis Garnelles avant de prendre son nom actuel. 


 Les lapins de garenne seraient-ils légitimement de retour chez eux ?




La cour carrée des Invalides



 Pour la grande histoire, rappelons les grandes lignes de la création de l’hôtel royal et de l’esplanade des invalides.


 Deux édits, de 1670 et 1674, portèrent fondation de l’hôtel royal des Invalides, destiné à accueillir les soldats blessés au service du roi de France. En effet, il n’existait auparavant aucun établissement pour les recevoir et, le plus souvent réduits à la mendicité, ils trouvaient refuge dans les couvents.


 La construction de l’hôtel des Invalides est l’œuvre de l’architecte Libéral Bruant, qui y travailla de 1671 à 1676. Les travaux furent ensuite poursuivis par Jules Hardouin-Mansart à qui l’on doit le célèbre Dôme, achevé seulement en 1706.


 


Saint-Louis des Invalides, au sud.



 En ce milieu du XVII° siècle, la plaine de Grenelle, choisie par Colbert pour recevoir cette institution qui contribuerait à la gloire du Roi-Soleil, n’était qu’une vaste zone de cultures, de jardins, de vergers et de prés, située à l’extérieur de Paris, à l’extrémité ouest du faubourg Saint-Germain. Appartenant pour partie à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et, pour un grand nombre de parcelles, à des propriétaires privés, des terrains furent acquis pour dégager un vaste espace tout autour de l’hôtel des Invalides et tracer les avenues qui l’entourent. Cette plaine, encore déserte et longée de chaque côté par une allée, ne fut guère entretenue et servait d’ailleurs de «pré pour la promenade ».





Le tombeau de Napoléon, sous le dôme des Invalides.



 En 1704, l’esplanade fut dégagée devant les Invalides jusqu’à la rue de l’Université puis, en 1720, jusqu’à la Seine. C’est à cette date que l’architecte Robert de Cotte en donna les dessins : six grandes pièces de gazon bordées d’arbres disposés en quinconces. Ce furent dix rangées d’ormes qui furent ainsi plantées, parallèlement à l’hôtel des Invalides. Le terrain descendait en pente douce vers les berges de la Seine et deux vastes hémicycles furent aménagés aux abords du fleuve.


 En 1740, puis en 1802, l’Esplanade fut en grande partie inondée par des crues de la Seine et, en 1812, pour éviter ces débordements, les berges seront aménagées en quais, ce qui n’empêchera pas une nouvelle crue en 1910.


 L’Esplanade des Invalides, qui avait déjà accueilli en 1806 l’Exposition des produits de l’Industrie française, vit à nouveau s’élever des bâtiments pour l’Exposition universelle de 1889. Mais c’est celle de 1900 qui apporta le plus de transformations, avec la construction de la gare des Invalides à partir de 1898 et surtout celle du pont Alexandre-III, qui ouvrait désormais une vaste perspective dans le prolongement de l’allée centrale de l’Esplanade et conduisait le regard vers le Grand et le Petit Palais inaugurés dans les jardins des Champs-Élysées pour cette Exposition.




Vue en perspective de l'esplanade en direction de la Seine.

 © Jacques Barozzi

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