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"Reste, reste à côté de moi

Reste, reste moi aussi j'ai froidª

Ballade pour une Pauline triste - MICHEL BERGER





LE CIMETIERE DE MONTMARTRE


Entrée principale :

20, avenue Rachel. 18e arrondissement

Métro : Place-de-Clichy

Tél. : 01 53 42 36 30



 Le cimetière du Nord, communément appelé cimetière de Montmartre, a ouvert ses portes le 1er janvier 1825. D'une superficie de près de 11 hectares, il s'étend à l'ombre de quelque 750 arbres, essentiellement des érables, auxquels s'ajoutent quelques marronniers, tilleuls et thuyas. Si, aujourd'hui, cette paisible nécropole vallonnée, où Berlioz aimait tant venir se promener, jouit de la faveur des Parisiens, il n'en a pas toujours été ainsi.


Carrières de plâtre et fosses communes


 Le site sur lequel s'inscrit le cimetière est plutôt de sinistre réputation. Au XVIIIe siècle, les terrains occupés par le cimetière actuel donnent accès aux carrières de plâtre nombreuses dans ce secteur. A la Révolution, ces exploitations, abandonnées, servent de fosse commune aux victimes des émeutes, dont plusieurs centaines de Gardes suisses tués aux Tuileries le 10 août 1792. Bientôt, et durant quelques années, cette nécropole, dite "des Grandes-Carrières" ou encore "de la Barrière-Blanche", reçoit les corps d'une bonne partie des Parisiens qui ne peuvent plus être enterrés dans la capitale, à la suite de la fermeture de tous les cimetières intra-muros. Ils y sont inhumés dans des conditions déplorables.


Du cimetière sous Montmartre au cimetière de Montmartre


 Pour mettre un terme à cette situation, la Ville de Paris achète, en septembre 1798, au sieur Aymé, un terrain d'un peu plus d'un hectare afin d'offrir à une partie de la population de la rive droite un cimetière décent et non plus un dépotoir. Baptisé "Champ du Repos" ou "cimetière sous Montmartre", il se révèle malheureusement bien vite insuffisant. Les tentatives d'agrandissement ayant échoué, il doit fermer quelques années plus tard. Il faut cependant trouver une solution. A la suite de la restructuration du quartier entre 1818 et 1824, un nouveau cimetière, dix fois plus grand, est aménagé et devient, l'année suivante, l'actuel cimetière de Montmartre. Ajoutons encore, pour clore le chapitre historique, que pendant près de trente ans, dans la deuxième partie du XIXe siècle, il a été presque deux fois plus grand qu'il ne l'est maintenant. En 1847, en effet, avaient été annexés des terrains voisins, d'une superficie de 9 hectares, composant le quadrilatère formé désormais par les rues Etex, Coysevox, Marcadet et Eugène-Carrière. Cette partie, réservée aux concessions temporaires et gratuites, a été désaffectée en 1879, date à laquelle ces concessions ont été transférées dans les cimetières parisiens extra-muros. On y accédait par un tunnel, aujourd'hui muré, au bout de l'avenue du même nom. Sur une portion des terrains ainsi dégagés ont pu être créés entre autres, l'hôpital Bretonneau et le square Carpeaux.

 Depuis cette époque, le cimetière est resté pratiquement inchangé, hormis la prolongation de la rue Caulaincourt jusqu'au boulevard de Clichy par un pont métallique construit en 1888, puis élargi en 1987-1988.

 Aujourd'hui le cimetière de Montmartre compte plus de 20 000 concessions et 500 personnes y sont inhumées chaque année.


Les gloires du cimetière de Montmartre


 Malgré une superficie quatre fois moins importante, le cimetière de Montmartre offre bien des similitudes avec le Père-Lachaise : même relief accidenté voire labyrinthique, même proportion de chapelles de tous styles et de toutes dimensions, même profusion de sculptures, en majeure partie de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe. Ainsi qu'une semblable densité de personnalités. 

 Toutefois, en raison probablement de sa position géographique au nord de la rive droite, on notera ici une importante proportion de compositeurs, chanteurs et danseurs d'opéra ou d'opérettes et de sociétaires de la Comédie-Française !


Voir le plan détaillé de la mairie de Paris


1re DIVISION

 - Lucien Guitry (1860-1925) et son fils Sacha Guitry (1885-1957)

Acteurs tous les deux, leur tombe accueille les visiteurs à l'entrée du cimetière. Le premier incarna Chantecler d'Edmond Rostand ; au second on doit des pièces de boulevard, comme N'écoutez pas mesdames et des films comme Si Versailles m'était conté. En épousant la comédienne Lana Marconi (1917-1990), dernière de ses cinq femmes officielles, Sacha Guitry lui avait déclaré qu'en outre elle serait sa veuve. Désormais, elle repose auprès de lui.


2e DIVISION

 - Amédée Gordini (1899-1979)

Pilote, constructeur et mécanicien automobile. 

 - Geronimo Medrano (1849-1912)

Clown, à l'origine d'une dynastie d' "enfants de la balle", il avait fondé en 1897 son propre cirque, aujourd'hui disparu, à l'angle de la rue des Martyrs et du Boulevard Rochechouart.

 - Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904)

Président du Conseil de 1899 à 1902, il fit adopter l'importante loi de 1901 sur les associations.





3e DIVISION

(ANCIEN CIMETIÈRE JUIF)

 - Victor Brauner (1903-1966)

Sur la tombe de ce peintre surréaliste et de son épouse Jacqueline Brauner (1910-1985), se trouve une petite sculpture en marbre blanc, Signe, représentant deux visages stylisés, oeuvre de l'artiste.

 - Famille de Camondo 

Après la mort de Nissim de Camondo (1892-1917), engagé dans l'aviation, et avant de le rejoindre dans leur chapelle familiale, son père, Moïse de Camondo (1860-1935) légua à l'Etat français son élégant hôtel particulier de la plaine Monceau et l'ensemble de ses collections, à charge pour lui d'en faire un musée perpétuant la mémoire de son fils. 

 - Théophile Gautier (1811-1872)

Poète romantique et romancier, auteur de Emaux et camées et du Capitaine Fracasse. Sa tombe s'orne d'une statue en marbre de Calliope, muse de la poésie, oeuvre de Cyprian Godebski.

 - Daniel Osiris (1828-1907)

Financier et philanthrope, il fit don à l'Etat du domaine de la Malmaison et ériger sur la sépulture familiale une imposante copie en bronze du Moïse de Michel-Ange due au sculpteur Antonin Mercié.




4e DIVISION 

 - Edgar Degas (1834-1917)

Peintre lié aux impressionnistes, il privilégia les scènes familières, se passionna pour le monde des champs de course et de la danse.

 - Jacques Hittorff (1792-1867)

Architecte de la gare du Nord et du Cirque d'Hiver.

 - Maréchal Lannes (1769-1809)

Il fut mortellement blessé à Essling. Seul son coeur est à Montmartre. Sa dépouille a été transférée au Panthéon. 

 - Michael Lonsdale (1931-2020)

Acteur franco-britannique, né et mort à Paris, il s’est illustré au théâtre, notamment dans La Chevauchée sur le lac de Constance de Peter Handke, mis en scène par Claude Régy (1974) et au cinéma : India Song de Marguerite Duras (1975) ou Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois ( 2010).


 

5e DIVISION 

 - Adolphe Adam (1803-1856)

Compositeur d'opéras comiques (Si j'étais roi) et de ballets (Giselle).

 - Simone Berriau (1896-1984)

Actrice de cinéma, notamment avec Max Ophüls, elle devint en 1943 la dynamique directrice du théâtre Antoine, rebaptisé aujourd'hui théâtre Antoine-Simone Berriau.

 - Jean Le Poulain (1924-1988)

Acteur comique et administrateur de la Comédie Française.

 - Henri Murger (1822-1861)

Auteur des Scènes de la vie de bohème qui inspira La bohème de Puccini. La statue La Jeunesse ornant sa tombe est l'oeuvre du sculpteur Aimé Millet.

 - Adolphe Sax (1814-1894)

Inventeur du saxophone.

 - Horace Vernet (1789-1863)

Peintre de marines et de batailles.

 - Jean-Louis Foulquier (1943-2013)

Animateur de radio à France Inter, ce passionné de la chanson française a contribué à la création en 1985 des Francofolies de La Rochelle, le festival de chanson francophone, qu’il a dirigé durant une vingtaine d’années. 

 - Pierre Cardin (1922-2020)

Couturier et homme d'affaires français d'origine italienne, il répartit sa production entre la haute couture et le prêt-à-porter. Il créa l'Espace Cardin en 1971 dans l'ancien théâtre des Ambassadeurs aux Champs-Elysées et acquit en 1981 le restaurant Maxim’s





7e DIVISION 

 - Léon Foucault (1819-1868)

Physicien qui mit en évidence le mouvement de rotation de la terre autour de son axe grâce à son célèbre pendule, expérience qui se déroula au Panthéon en 1851.


8e DIVISION 

 - Paul Poiret (1879-1944)

Couturier, précurseur du style Art déco, il supprima le corset en 1906. Ses robes à taille haute lui valurent alors d'être considéré, en matière vestimentaire, comme un des pionniers de l'émancipation féminine.


9e DIVISION 

 - Léo Delibes (1836-1891)

Compositeur d'opéras-comiques tel Lakmé et de ballets comme Coppélia.

 - Jacques Offenbach (1819-1880)

Compositeur d'opérettes endiablées comme La Vie parisienne et des Contes d'Hoffmann, opéra-comique représenté après sa mort. Son buste et les éléments décoratifs, en bronze, évoquant les oeuvres de l'artiste, sur sa tombe, sont signés par le sculpteur Jules Franceschi.

 - Francisque Poulbot (1879-1946)

Dessinateur montmartrois dont le nom désigne les gamins des rues de Paris qu'il a immortalisés.

 - Monique Morelli (1923-1993 )

Chanteuse-interprète d'inspiration réaliste, elle inscrivit à son répertoire des poèmes de Mac Orlan, d’Aragon, de Villon ou Ronsard.

 - Pierre Barouh (1934-2016)

Compositeur-interprète, acteur et producteur, il est l’auteur de la chanson Un homme et une femme du film éponyme de Claude Lelouch (1966).



Jacques Offenbach



11e DIVISION

- Hervé Forneri dit Dick Rivers (1945-2019)

Leader du groupe Les Chats sauvages, il a contribué avec Eddy Mitchell et Johnny Hallyday à introduire et populariser le rock'n'roll en France dans les années 1960, avant d’entamer une longue carrière en solo.  


12e DIVISION 

 - Fred Chichin (1954-2007)

Musicien, compositeur, il créa, avec sa compagne la chanteuse Catherine Ringer, le groupe rock des Rita Mitsouko, qui atteint à la notoriété en 1985 avec le tube Marcia Baila.

 - Emile de Girardin (1806-1889) et Delphine Gay (1804-1855)

Fondateur de la Presse, en 1836, premier quotidien à grand tirage et à prix modique. Son épouse, la romancière Delphine Gay, est l'auteur des Lettres parisiennes, publiées sous un pseudonyme dans le quotidien de son mari de 1836 à 1848.

 - Jean-Marc Roberts (1951-2013) 

Editeur, écrivain et scénariste français. Auteur précoce, son huitième livre, Affaires étrangères, est couronné du prix Renaudot en 1979 et sera adapté au cinéma par Pierre Granier-Deferre en 1981. 


13e DIVISION 

 - Jules de Goncourt (1830-1870) et Edmond de Goncourt (1822-1896)

Ils écrivirent ensemble des romans réalistes tel Germinie Lacerteux. Après la mort de Jules, Edmond poursuivit la rédaction de leur Journal et institua et donna son nom au plus célèbre prix littéraire français.

 - Alfred de Vigny (1797-1863)

Poète et romancier, auteur des Poèmes antiques et modernes et de Servitude et grandeur militaires.

 - Margaret Kelly (1910-2004)

Dite miss BlueBell, elle fut la créatrice de la troupe des bluebell girls du Lido.





14e DIVISION 

 - Louis Jouvet (1887-1951)

Acteur et metteur en scène, créa plusieurs pièces de Jean Giraudoux et de Jules Romains, dont Siegfried du premier et Knock du second et interpréta également de nombreux rôles au cinéma.

 - Bernard-Marie Koltès (1948-1989)

Auteur dramatique : la Nuit juste avant les forêts, Combat de nègre et de chiens, Roberto Zucco... Mort prématurément du sida, ses pièces, révélèes au public par le metteur en scène Patrice Chéreau, figurent désormais au répertoire des compagnies françaises et Ètrangères.


15e DIVISION 

 - Jean-Claude Brialy (1933-2007)

Acteur, il fut révélé très tôt par les principaux réalisateurs de la Nouvelle Vague, menant par la suite une longue carrière au cinéma, au théâtre ou à la télévision. Comédien dans l'âme, quoique souvent cantonné aux seconds rôles, il soigna sa sortie, en réservant à l'avance l'emplacement de la tombe située à la droite d'Alphonsine Plessis,  la "Dame aux Camélias".

 - Alphonsine Plessis (1824-1847)

Célèbre courtisane morte de phtisie à 23 ans, immortalisée par Dumas fils à travers le personnage de Marguerite Gautier, la fameuse "Dame aux Camélias".





17e DIVISION 

 - Maxime Du Camp (1822-1894)

Ecrivain et journaliste qui voyagea en Bretagne puis en Orient avec son ami Gustave Flaubert. Il est l'auteur de Paris, ses organes, ses fonctions dans la seconde moitié du XIXe siècle, en six volumes.

 - Eugène Labiche (1815-1888)

Auteur de vaudevilles qui dénoncent les ridicules de la bourgeoisie comme Un chapeau de paille d'Italie et Le Voyage de M. Perrichon.

 - Henri Rochefort (1831-1913)

Fondateur en 1868 de l'hebdomadaire La Lanterne, journal satirique hostile à l'Empire. Favorable à la Commune, puis au général Boulanger, Rochefort afficha enfin un nationalisme exacerbé.

 - Philippe Soupault (1897-1990)

Poète issu de la mouvance dada, il fut l'un des principaux fondateurs du mouvement surréaliste, avec Louis Aragon et André Breton. Avec ce dernier, il cosigna, en 1919, Le recueil de poésie Les Champs magnétiques selon le principe novateur de l'écriture automatique.



Buste de Castagnary par Rodin



18e DIVISION 

 - Jules Castagnary ((1830-1888)

La tombe de ce critique d'art s'orne d'un buste en bronze par Auguste Rodin (1840-1917).

 - Dalida (1933-1987)

Chanteuse populaire qui connut la célébrité avec Bambino. Sa tombe, où elle est représentée moulée dans la pierre sur un fond d'auréoles de lumière, est la plus fleurie et la plus visitée du cimetière.

 - Jean-Léon Gérôme (1824-1904)

Peintre de scènes de genre, antiques ou orientales, fut l'ennemi juré des impressionnistes.

 - Pierre Ponson du Terrail (1829-1871)

Feuilletoniste qui créa le personnage de Rocambole.





19e DIVISION 

 - Emile Zola (1840-1902)

Ecrivain "naturaliste", auteur de la série des  Rougon-Macquart qui compte 13 titres dont Nana et Germinal. Zola, dont la tombe est toujours bien entretenue, a été transféré au Panthéon en 1912. En revanche, le peintre Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), qui exprima si bien le bonheur et la sensualité, et qui eut une sépulture dans la même division, a disparu de la nécropole à la suite d'une reprise de sa concession !




La sépulture d'Emile Zola


20e DIVISION 

 - Hector Berlioz (1803-1869)

Compositeur fécond, de musique symphonique et religieuse, mais aussi d'opéras : la Symphonie fantastique, le Te Deum, Les Troyens... Son médaillon en bronze est signé par Cyprian Godebski.

 - Marie-Antoine Carême (1784-1833) 

 Cuisinier des têtes couronnées de son époque, il édicta les règles de la grande cuisine française.

 - Marie-Pierre Koenig (1898-1970)

Maréchal. Il résista aux assauts de Rommel à Bir Hakeim en 1942 et permit ainsi aux troupes anglaises de décrocher avant de reconquérir la Lybie.

 - Joseph Kosma (1905-1965)

Compositeur de musiques de films (Les Enfants du Paradis) et de chansons (Les Feuilles mortes).

 - Charles Sanson (1740-1793) et Henri Sanson (1767-1840)

La famille Sanson exerça la fonction de bourreau de I688 à 1847. Père et fils exécutèrent respectivement Louis XVI et Marie-Antoinette.

 - Claire Bretécher (1940-2020) 

Auteure de bandes dessinées et illustratrice, elle créa l’inénarrable personnage d’Agrippine de la série des Frustrés.





21e DIVISION 

 - Pierre Daru (1767-1829)

Intendant général de la Grande Armée durant la campagne de Russie, il protégea les débuts de Stendhal à Paris.

 - Joseph-Louis Duc (1802-1879)

Architecte du Palais de Justice de Paris.

 - Alexandre Dumas fils (1824-1895)

Auteur de La Dame aux camélias. Fils naturel d'Alexandre Dumas, il se fit le défenseur de la femme séduite et abandonnée. Sur sa tombe, un beau gisant en marbre par René de Saint-Marceaux.

 - Eddy Marnay (1920-2003)

Chanteur et parolier prolixe, il écrivit pour Piaf, Bourvil, Régine, Claude François, Céline Dion et Lara Fabian !

 - Henri Meilhac (1831-1897)

Librettiste d'Offenbach, en collaboration avec Ludovic Halévy. La Pleureuse en pierre sur sa tombe est due à Albert Bartholomé, l'auteur du Monument aux morts du Père-Lachaise.

 - Ludmila Tchérina (1924-2004)

Danseuse étoile. De formation classique, elle brilla également au firmament des Ballets russes de Serge Diaghilev. Sculpteur, elle est l'auteur de Europe à coeur, dont la reproduction en résine de l'oeuvre monumentale commandée par la Communauté européenne pour symboliser l'Europe unie orne sa tombe.

 - François Truffaut (1932-1984)

Un des cinéastes les plus doués de la Nouvelle Vague, auteur des Quatre-cents coups et du Dernier métro.

 - Carle Vernet (1758-1836)

Peintre d'histoire et de scènes équestres élégantes, père du peintre Horace Vernet (5e div.).

 - Georges Mathieu (1921-2012)

Peintre et illustrateur, il considéré comme un des pères de l'abstraction lyrique. Il est également célèbre pour sa pièce de dix francs de 1974, son logotype d'Antenne 2 de 1975, et ses timbres postaux.

 - Jacques Rivette (1928-2016)

Membre de la nouvelle vague, un temps rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, Jacques Rivette réalisa des films marquants tels Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1967), La Belle Noiseuse (1991) ou encore Jeanne la Pucelle, les batailles, les prisons (1994). 

 - Dominique Laffin (1952-1985)

Actrice, elle tourne son premier film, La nuit, tous les chats sont gris de Gérard Zingg (1977), dans lequel elle rencontre Gérard Depardieu qu'elle retrouvera la même année dans Dites-lui que je l'aime de Claude Miller. On la retrouve par la suite dans La Femme qui pleure de Jacques Doillon, qui lui vaudra d’être nommée aux Césars comme meilleure actrice en 1980. Elle sera victime d’une crise cardiaque neuf jours après son trente-troisième anniversaire.

 - Jeanne Moreau (1928-2017)

Comédienne, chanteuse et réalisatrice, cette icône du cinéma international a joué dans plus de cent trente films : Ascenseur pour l'échafaud et Viva Maria de Louis Malle, Jules et Jim et La mariée était en noir de François Truffaut, Le journal d’une femme de chambre de Luis Buñuel, L'Eclipse d'Antonioni ou encore Querelle de Rainer Werner Fassbinder… Parmi ses nombreuses chansons, citons Le Tourbillon ou J’ai La mémoire qui flanche



Tombe de Ludmila Tchérina


22e DIVISION 

 - Laure d'Abrantès (1784-1838)

Femme du général Junot et auteur de Mémoires sur la société de la fin de la Révolution et de l'Empire. Sa tombe est ornée d'un médaillon en marbre de David d'Angers

 - Robert Gall (1918-1990)

Parolier, il écrivit les textes de chansons de Piaf, Félix Marten, Hugues Aufray... ainsi que La Mamma, pour Charles Aznavour, et Sacré Charlemagne, pour sa fille France Gall.

 - Aimé Millet (1819-1891)

Sculpteur, auteur d'Apollon entre les Muses de la Danse et de la Musique, qui orne le toit de l'Opéra Garnier.

 - Gustave Moreau (1826-1898)

Peintre, dessinateur, graveur et sculpteur. Il est l'auteur de Oedipe et le Sphinx et de L'Apparition. Son  atelier parisien a été transformé en musée (9e arr.). 

 - Nijinsky (1889-1950)

Danseur des Ballets russes, interprète d'une virtuosité et d'une grâce magique du Spectre de la rose, comme de L'Aprés-midi d'un faune.

 - Ernest Renan (1823-1892)

Auteur d'une Vie de Jésus-Christ très rationaliste, premier volume d'une monumentale Histoire des origines du christianisme. Il avait épousé la soeur du peintre Ary Scheffer (1795-1858), et repose avec eux dans l'imposante chapelle de sa belle-famille.





23e DIVISION 

 - Charles Fourier (1772-1837)

Théoricien socialiste, il prônait le phalanstère, sorte de coopérative ouvrière, dont la généralisation aurait permis, selon lui, d'instaurer l'harmonie universelle.

 - Carole Fredericks (1952-2001)

Chanteuse américaine, choriste des plus grands chanteurs français, elle forma un trio cÈlËbre avec Jean-Jacques Goldman et Michael Jones, son compagnon, avant d'entamer une carrière solo. Elle mourut d'une crise cardiaque en sortant de scène à Dakar. 

 - Mary Marquet (1895-1979)

Actrice, elle fut, durant plus de vingt ans, l'une des plus flamboyantes tragédiennes de la Comédie Française, avant de se faire connaître du grand public au cinéma et à la télévision dans de seconds rôles : La Grande vadrouille, Landru, Maigret...

 - Marcel Bluwal (1925-2021). Réalisateur marquant de la télévision française, pour laquelle il a adapté les auteurs classiques du répertoire, citons notamment le téléfilm Dom Juan ou le Festin de Pierre (1965) adapté de la pièce de Molière, avec Michel Piccoli et Claude Brasseur ou encore la série Vidocq.


24e DIVISION 

 - Jacques Fabbri (1925-1997)

Comédien, interprète de seconds rôles au cinéma et de séries télévisuelles, il fut avant tout un homme de théâtre, directeur de la troupe qui portait son nom, ainsi que le rappelle le "brigadier", avec lequel on frappe les trois coups, qui orne sa tombe.

 - Christine Fersen (1944-2008)

De son vrai nom Christine Boulesteix, elle incarna les plus grands rôles du répertoire classique de la Comédie-Française dont elle était la doyenne au moment de sa disparition. Elle a rejoint son fils unique, mort accidentellement.

 - Annie Fratellini (1932-1997)

Issue d'une célébre famille de cirque, elle fut la première femme à incarner le rôle du clown Auguste. On se souvient de son rôle dans Zazie dans le métro de Louis Malle. Elle a légué son nom à l'Ecole nationale du cirque, qu'elle avait fondé en1974 avec son mari Pierre Etaix.

 


Jeune fille de Bou Saada par Ernest Barrias, sur la tombe du sculpteur Gustave Guillaumet (21e div.)


25e DIVISION 

 - Philippe Castelli (1926-2006)

Interprète attitré des rôles de grand benêt du cinéma, il tourna dans les comédies d'Edouard Molinaro, de Georges Lautner ou de Claude Zidi, et s'imposa dans l'émission des Grosses Têtes de Philippe Bouvard. Il repose désormais discrètement dans la chapelle du XIXe siècle des familles Loreau et Van den Berghe, en bordure de division.

 - Claude Simon (1913-2005)

Illustre représentant du Nouveau Roman, il reçut le prix Nobel de littérature en 1985 pour l'ensemble de son oeuvre : La Route des Flandres, Les Géorgiques, L'Acacia, Le Jardin des plantes...


26e DIVISION 

 - Claude Autant-Lara (1903-2000)

Cinéaste, on lui doit quelques uns des plus mémorables films du cinéma français : le Diable au corps avec Gérard Philipe, L'Auberge rouge avec Fernandel ou encore La Traversée de Paris avec le trio Gabin, Bourvil et de Funès.

 - Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

Poétesse et romancière, auteur d'Elégies et romances, des Pleurs ou de Pauvres Fleurs, elle fut reconnue à leur égal pas ses pairs de l'époque, tels Hugo ou Balzac. Médaillon par David d'Angers.

 - Victor Massé (1822-1884)

Compositeur, auteur prolixe d'opéras, d'opéras-comiques et d'opérettes : Galathée, Les Noces de Jeannette, Paul et Virginie... Sa tombe a été dessinée par Charles Garnier, l'architecte de l'opéra.

 - Pierre-Jean Vaillard (1918-1988)

Chansonnier célèbre, il fit les beaux soirs des cabarets montmartrois, tel le théâtre de Dix heures, voisin de la nécropole.



Marceline Desbordes-Valmore



27e DIVISION 

 - Alphonse Baudin (1811-1851)

Député à l'Assemblée législative de la Deuxième République, il fut tué sur une barricade le 3 décembre 1851 en tentant de soulever les ouvriers du faubourg Saint-Antoine contre le coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. Son corps a été transféré au Panthéon en 1889. On peut toujours admirer le puissant gisant en bronze, sur sa tombe, oeuvre d'Aimé Millet. 

 - Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) 

Peintre de genre et portraitiste, il est mort avant la création du cimetière de Montmartre où son corps a vraisemblablement été transféré. Sa tombe actuelle est ornée du buste du peintre et d'une statue en bronze représentant une de ses plus fameuse toiles, La Cruche cassée, oeuvre du sculpteur Ernest Dagonet (1856-1926).

 - Heinrich Heine (1797-1856)

Poète allemand qui vécut à Paris à partir de 1831. Il est l'auteur de la Lorelei qui inspira Schumann et Schubert, mais il est aussi le journaliste des Reisebilder. Son monument funéraire, oeuvre du danois Hasselriis, fut érigé en 1902.

 - Henri Sauguet (1901-1989)

Compositeur, disciple d'Erik Satie, auteur du ballet Les Forains, d'opéras bouffe et de musique de film. Il est inhumé auprès de son compagnon, le décorateur et costumier Jacques Dupont (1909-1978).





28e DIVISION 

 - Frédérick Lemaitre (1800-1876)

Créateur du rôle de Robert Macaire dans L'Auberge des Adrets à l'Ambigu en 1823. Buste en bronze par Pierre Granet.

 - Ambroise Thomas (1811-1896)

Compositeur réputé pour ses opéras, notamment Mignon et de Hamlet.

 - Pauline Viardot (1821-1910)

Contralto célèbre, créatrice du rôle de Fidès dans le Prophète de Meyerbeer. Elle renonce à la scène en1863 et devient compositrice et professeur de chant.


29e DIVISION 

 - Humbert Balsan (1954-2005)

Après avoir tourné comme acteur dans le Lancelot du Lac de Robert Bresson ou le Loulou de Maurice Pialat, il devint producteur de cinéma, avant de mettre volontairement fin à ses jours. 

 - Michel Berger (1947-1992) et France Gall (1947-2018)

Enterré au proche voisinage de son père, le professeur de médecine et académicien Jean Hamburger (1909-1992), le célèbre auteur-compositeur de la comédie musicale Starmania, avec Luc Plamondon, et de nombreuses chansons à succès pour Johnny Halliday et, surtout, pour France Gall, repose désormais avec son épouse et leur fille Pauline, morte en 1997, à l'âge de 19 ans.

 - Jean-Martin Charcot (1825-1893) et Jean- Baptiste Charcot (1867-1936)

Le premier est le célèbre médecin, dont les travaux sur l'hystérie à la Salpêtrière. Le second, son fils, fut l'explorateur et océanographe. Il périt en mer lors du naufrage du Pourquoi pas ?

 - Jacques Charon (1920-1975)

Sociétaire de la Comédie-Française, il s'illustra dans de nombreux rôles du répertoire, notamment ceux de Molière, mais aussi d'Eugène Labiche ou de Georges Feydeau. 

 


Michel Berger & France Gall for ever



30e DIVISION 

 - André-Marie Ampère (1775-1836)

Connu pour ses travaux sur l'électromagnétisme et l'électrodynamique, il est aussi l'inventeur du galvanomètre et du télégraphe électrique. A ses côtés repose également son fils, l'historien et académicien Jean-Jacques Ampère (1800-1864).

 - Marcel Boussac (1889-1980)

Industriel du textile, il acquit une importante écurie et devint également patron de presse (L'Aurore, Paris-Turf). Devenu l'homme le plus riche d'Europe, il mourut ruiné, en grande partie à cause du textile synthétique. Il repose avec sa femme la cantatrice Fanny Heldy (1888-1973).

 - Jean-Daniel Cadinot (1944-2008)

Ce photographe montmartrois acquit une notoriété internationale à travers ses nombreux films pornographiques mettant en scène exclusivement, sous différents prétextes, les ébats de jeunes hommes. On notera le style funéraire particulièrement "kitsch" de sa sépulture.

 - Henri-Georges Clouzot (1907-1977)

 Réalisateur du Quai des Orfèvres, des Diaboliques et du Salaire de la peur. Il est inhumé auprès de sa femme, la comédienne díorigine brésilienne Véra Clouzot (1913-1960).

 - Georges Feydeau (1862-1921)

Auteur de vaudevilles au rythme trépidant comme Un fil à la patte ou Occupe-toi d'Amélie.

 - Marcel Jouhandeau (1888-1979)

Ecrivain catholique, tourmenté par son homosexualité, auteur de chroniques grinçantes dans son recueil Chaminadour ou ses abondants Journaliers. Il repose avec sa femme, Elise Jouhandeau (1888-1971), l'ancienne danseuse Caryathis, avec laquelle il entretint de légendaires disputes qui nourrirent ses impitoyables Chroniques maritales.

 - Juliette Récamier (1777-1849)

Célèbre pour son salon littéraire et l'amour que lui portait Chateaubriand.

 - Stendhal (1783-1842)

L'immortel auteur de La Chartreuse de Parme et Le Rouge et le noir, Henri Beyle dit Stendhal, natif de Grenoble, est représenté de profil sur sa tombe, d'après un modèle de David d'Angers, tandis que son épitaphe, en italien, continue d'affirmer son mot d'ordre favori : "Ecrire, vivre, aimer, être Milanais".

 - Maurice Sinet dit Siné (1928-2016)

Dessinateur et caricaturiste « libertaire, tendance anar », Siné parviendra même à se faire renvoyer de Charlie Hebdo et sera contraint à créer son propre magazine, Siné Hebdo ! Sur sa tombe, ornée d'un cactus en bronze en forme de doigt d’honneur, on peut lire : « Mourir ? Plutôt crever ! » 

 - Patrick Cauvin, pseudonyme de Claude Klotz (1932-2010)

Écrivain et scénariste, il publia sous ses deux noms des romans, des récits, des polars et des livres pour la jeunesse.

 - Daniel Darc (1959-2013) 

Chanteur du groupe de rock Taxi girl, il poursuivra ensuite une carrière en solo, produisant près d’une dizaine d’albums, tels Sous influence divine (1987) ou La Taille de mon âme (2011).




Tombes avec message aux visiteurs...


31e DIVISION 

 - Marc Camoletti (1923-2003) 

Auteur et metteur en scène de pièces de boulevard à succès : Duo sur Canapé, Pyjama pour six, On dînera au lit ou encore l'inusable Boeing Boeing.

 - Godefroy Cavaignac (1801-1845)

Il fut l'une des figures majeures de la révolution de 1830. Son gisant en bronze, d'une grande virtuosité notamment dans l'art du drapé, est considéré comme l'un des chefs d'oeuvres de François Rude (1784-1855). D'autres membres de sa famille reposent à ses côtés : son père, le conventionnel Jean-Baptiste Cavaignac (1762-1829) et son frère, le général Eugène Cavaignac (1802-1857), qui réprima l'insurrection de juin 1848 et fut le rival malheureux de Louis-Napoléon aux élections présidentielles de décembre 1848.

 - Maria Deraismes (1828-1894)

Femme de lettres et militante féministe particulièrement active, elle fut l'une des pionnières de la franc-maçonnerie, réservée jusqu'alors exclusivement aux hommes.

 - La Goulue (1866-1929) 

Après avoir longtemps reposé au cimetière parisien de Pantin, le corps de Louise Weber, dite "la Goulue" (en raison de sa capacité à descendre les bouteilles), célèbre danseuse de french cancan au bal du Moulin rouge, immortalisée par Toulouse-Lautrec, a été rapatrié à Montmartre en 1992. 

 - Jacques Legras (1923-2006)

Ancien comédien de la troupe des Branquignols de Robert Dhéry et Colette Brosset, il devint populaire grâce à ses nombreuses participations télévisuelles à la "Caméra invisible".

 - Francis Lopez (1916-1995)

Compositeur d'opérettes qui firent les beaux jours du théâtre du Châtelet : la Belle de Cadix et Violettes impériales, avec Luis Mariano, ou Méditerranée, avec Tino Rossi. Il a rejoint sa seconde épouse, Anja Lopez, morte en 1986, à 41 ans, dans un accident d'hélicoptère au large de Cannes.

 - Francis Picabia (1879-1953)

Le célèbre peintre surréaliste, d'origine cubaine, repose dans la chapelle Davanne, le caveau de sa famille maternelle, où seule une discrète plaque à l'intérieur rappelle sa présence.






32e DIVISION 

 - Théodore Chasseriau (1819-1856)

Peintre, élève d'Ingres, il a évolué vers le romantisme et a laissé d'importantes peintures murales dans les églises Saint-Merri et Saint-Philippe du Roule à Paris.

 - Fernand Widal (1862-1929)

Professeur de médecine, connu pour ses travaux sur la fièvre typhoïde et les affections rénales.

 - Michel Galabru (1922-2016) 

Comédien prolixe et incontournable au théâtre, au cinéma ou à la télévision, Michel Galabru, formé au conservatoire, pouvait passer indifféremment du registre comique (la série des Gendarmes ou La cage aux folles) au registre dramatique (Le juge et l'assassin de Bertrand Tavernier).

- Marie Laurentin dite Ménie Grégoire (1919-2014)

Journaliste et écrivaine, elle se fit connaître à travers son émission de radio intitulée Allô, Ménie, diffusée sur RTL de 1967 à 1982.


33e DIVISION 

 - Nadia Boulanger (1887-1979)

Compositrice et remarquable pédagogue, elle compta parmi ses élèves : Marius Constant, Léonard Bernstein, George Gershwin, Dinu Lipatti, Quincy Jones, Astor Piazzolla ou encore Michel Legrand ! Elle a rejoint sa soeur cadette, Lili Boulanger (1893-1918), qui fut l'élève de Gabriel Fauré.

 - Pierre Dux (1908-1990)

Sociétaire de la Comédie-Française, qu'il dirigea à la Libération, puis de 1970 à 1979. Il joua également dans des pièces de boulevard ainsi qu'au cinéma : Paris brûle-t-il ? de René Clément, Z de Costa-Gavras ou La Lectrice de Michel Deville.



En regagnant la sortie...

par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
par Jacky Barozzi 06 févr., 2024
BOIS DE VINCENNES - 1857 12° arr., M° Château-de-Vincennes ou Porte-Dorée Le bois de Vincennes est le vestige d’une vaste forêt antique qui s’étendait à l’est de Paris. Ces terres incultes appartenaient à tous et les paysans gaulois puis gallo- romains les utilisaient pour mener paître leurs bêtes, se nourrir et trouver du bois pour se chauffer. L’arrivée des Francs, si elle ne modifie pas leurs habitudes, change cependant le statut de la forêt qui, de publique, devient alors privée selon les règles du droit franc. Après la mort de Dagobert, en 639, sa veuve fonde une abbaye à Saint-Maur. La première mention connue de la forêt de Vilcena figure dans une charte royale de 848 dans laquelle Charles le Chauve entérine un échange de terres entre l’évêque de Paris et l’abbé de Saint-Maur-des-Fossés. La forêt devient propriété de la couronne à la fin du X° siècle mais c’est dans une charte de 1037, par laquelle Henri Ier accorde des droits d’usage dans la forêt aux moines de l’abbaye de Saint-Maur, que la présence royale est mentionnée pour la première fois à Vincennes. D’autres droits seront accordés à différentes abbayes parisiennes jusqu’en 1164, date de la fondation du couvent des Bonshommes de Grandmont par Louis VII, qui donne aux moines un enclos et un prieuré. Louis VII possède un pavillon de chasse dans la forêt de Vincennes, la plus proche du palais de la Cité où il réside fréquemment. Dès le début de son règne, Philippe Auguste rachète les droits d’usage qui avaient été accordés dans la forêt afin de constituer un domaine de chasse. Il fait construire un manoir, qui constitue la première résidence royale à Vincennes (disparue au XIX° siècle), et élever en 1183 un mur de pierre pour protéger cet espace destiné à la chasse (ce mur restera en place jusqu’aux aménagements du Second Empire). Saint Louis fait construire en 1248 une chapelle dédiée à saint Martin pour abriter une épine de la Couronne du Christ qu’il a acquise de l’empereur d’Orient Baudoin II. Il agrandit le manoir d’un donjon car Vincennes constitue désormais la deuxième résidence du roi après le palais de la Cité et chacun connaît la fameuse scène, rapportée par Joinville dans la Vie de saint Louis, du roi rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes. 
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