Mise en page du blog

Chien, cimetière du Père-Lachaise, 89e div. (20e arr.).





La terre des mammifères




Lion, par Antoine-Louis Barye, palais du Louvre, quai François-Mitterrand (1er arr.).







   Le lion, devenu vieux


   Le lion, terreur des forêts,

Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse,

Fut enfin attaqué par ses propres sujets,

   Devenu forts par sa faiblesse.

Le cheval s'approchant lui donne un coup de pied ;

Le loup, un coup de dent ; le boeuf, un coup de corne.

Le malheureux lion, languissant, triste, et morne,

Peut à peine rugir, par l'âge estropié.

Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ;

Quand voyant l'âne même à son antre accourir ;

"- Ah ! c'est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ;

Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes."


Jean de La Fontaine,

Fables.




Lion, détail balcon, palais du Louvre, quai François-Mitterrand (1er arr.).





Lion, par Jean-Baptiste Henraux (1775-1843), 1813,  jardin du Luxembourg (6e arr.).   





Le Lion de Nubie, par Auguste Cain, 1870,  jardin du Luxembourg (6e arr.).





Lionnes, détail de la fontaine, place de la Fontaine-aux-Lions à la Vilette, 1815, avenue Jean-Jaurès (19e arr.).






Le Lion de Belfort, en cuivre martelé, par Auguste Bartholdi, 1875, place Denfert-Rochereau (14e arr.).







Lion, Le Triomphe de la République (détail), par Jules Dalou, 1899, place de la Nation (12e arr.).





L'Immortalité devançant le temps, quadrige, par Georges Récipon, sommet du pavillon d'angle du Grand-Palais, côté Champs-Elysées (8e arr.).





Les Chevaux de Marly (détail), par Guillaume Coustou, 1745, place de la Concorde, côté avenue des Champs-Elysées (8e arr.).




Mercure monté sur Pégase, par Antoine Coysevox, 1719, entrée principale du jardin des Tuileries, côté place de la Concorde (8e arr.).







Cheval, statue équestre de Henri IV, par François Lemot, bronze, 1818, terre-plein central du Pont-Neuf (1er arr.).



   "Tel fut ce roi des bons chevaux,

Rossinante, la fleur des coursiers d'Ibère,

Qui, trottant jour et nuit et par monts et par vaux,

Galopa, dit l'histoire, une fois dans sa vie."


Nicolas Boileau

Poésie diverses,

Sur un portrait de Rossinante,

cheval de Don Quichotte.





Chevaux, Institut d'art et d'archéologie, avenue de l'Observatoire (6e arr.).



   "Tournez, tournez, bons chevaux de bois

Tournez cent tours, tournez mille tours,

Tournez souvent et tournez toujours,

Tournez, tournez au son des hautbois."


Paul Verlaine,

Chevaux de bois.




Cheval, rue du Roi-de-Sicile (4e arr.).





Boeuf, bas-reliefs en marbre blanc, sculpté en 1810 par Jean-Joseph Espercieux, fontaine de la Paix, Allée du séminaire, rue Bonaparte (6e arr.).





Boeuf, par le sculpteur Edme Gaulle, mascaron en bronze provenant de l’une des deux anciennes fontaines du marché des Blancs-Manteaux, datant de 1819, et remonté 8, rue des Hospitalières-Saint-Gervais (4e arr.). 




Boeufs, viaduc d'Austerlitz (13e arr.).






Vache, fromagerie La Fermette, 86, rue Montorgueil (1er arr.).





La vache


Je regarde la vache,

La vache me regarde.

Elle mâche, elle mâche,

pansue et goguenarde.


Lentement, elle arrache

Des feuilles de moutarde,

Puis elle me regarde,

Goguenarde, la vache.


Faut-il que je me fâche ?

Non, non, je la regarde

Et, comme par mégarde,

Lui montre son attache.


Comprend-elle, la vache ?

Hé ! toujours goguenarde,

Doucement, elle arrache

Sans que j’y prenne garde,

Mon lacet… et le crache.


Maurice Carême




Cochon, restaurant Au pied de cochon, rue Coquillière (1er arr.).



   Le cochon et les moutons


   Un cochon s'étant mêlé à un troupeau de moutons paissait

avec eux. Or un jour le berger s'empara de lui ; alors il se mit

à crier et à regimber. Comme les moutons le blâmaient de

crier et lui disaient : "Nous, il nous empoigne constamment,

et nous ne crions pas", il répliqua : "Mais quand il nous

empoigne, vous et moi, ce n'est pas dans la même vue ; car

vous, c'est pour votre laine ou votre lait qu'il empoigne ; mais

moi, c'est pour ma chair."

   Cette fable montre que ceux-là ont raison de gémir qui sont

en risque de perdre, non leur argent, mais leur vie.


   Esope,

   Fables.





Mouton, par le lézard de la Bievre, rue Jean-Calvin (5e arr.).




Tête de bélier, hôtel des Beaux-Arts, rue des Beaux-Arts (6e arr.).






Harde de cerfs, par Arthur Le Duc, 1886, jardin du Luxembourg (6e arr.).




Cerf, par Georges Jeanclos (détail), 1995, fontaine Saint-Julien-le-Pauvre, Square René-Viviani (5e arr.).




Gazelle, par Marguerite de Bayser, 1930, square Henry-Bataille, boulevard Suchet (16e arr.).





Hippopotame, jardin zoologique du jardin des Plantes, quai Saint-Bernard (5e arr.).



   "Je crois que je n’irai plus jamais dans un jardin zoologique, ni dans une ménagerie. Je crois, oui, que c’en est fini pour moi des stations devant les cages. Du moins en ce qui concerne les fauves et les autres hôtes des grands espaces, oiseaux compris, je me repose sur une certitude funèbre : nous n’avons su que les désespérer. Je ne veux donc plus voir, dans leurs enclos qui ont remplacé la cage, ceux que j’aime d’un si fort attachement. Je vivrai sur les souvenirs que j’ai d’eux. […] Il est grand temps que je m’éloigne de la réalité, des animaux qu’on dit féroces et des hommes qu’on sait coupables, des oiseaux immobiles, debout sur leurs serres empâtées de fiente, des kangourous peu à peu paralysés, des lionceaux rachitiques. Où trouverais-je ma thébaïde ? Il n’est ni beau visage humain, ni pelage de neige, ni pennes d’azur qui m’enchantent, s’ils sont marqués de l’ombre intolérable et parallèle des barreaux."


Colette, 

En pays connu.




Le Dénicheur d'ourson, par Emmanuel Frémiet, jardin des Plantes (5e arr.).



   "Dans une fosse comme un ours

Chaque matin je me promène

Tournons tournons tournons toujours."


Guillaume Apollinaire.





Ours, Angel Bear, par Richard Texier, 2015, parvis de la Gare du Nord (10e arr.).





Kangourou, L'Australie (détail), par Durenne, parvis du musée d'Orsay, 1, rue de Bellechasse (7e arr.).






Le Kangourou


Kangourou premier, roi des kangourous,

Ayant accroché son grand sabre au clou

S’assoit dans un trône en feuilles de chou.


Sa femme arrivant, pleine de courroux,

Dans sa poche a mis ses fils et ses sous,

Ses gants, son mouchoir et ses roudoudous.


Kangourou dernier, roi des kangourous,

Avait les yeux verts et les cheveux roux.

Sa femme peignait son royal époux.


Kangourou le Roux, roi des kangourous,

Kangourou dernier, kangourou le Roux.


Robert Desnos,

Chantefables.


 


Chien, Paul et Virginie, Monument à Bernardin de Saint-Pierre (détail), par Louis Holweck, 1907, jardin des Plantes (5e arr.).






Chien, cimetière du Père-Lachaise, 89e div. (20e arr.).



   Chien


  "Sonnettes, bras ballants, on ne vient pas jusqu'ici,

Sonnettes, portes ouvertes, rage de disparaître.

Tous les chiens s'ennuient

Quand le maître est parti.


Paul Eluard,

Les animaux et leurs hommes,

les hommes et leurs animaux.



Chiens, comptoir restaurant Au Chien qui fume, 33, rue du Pont-Neuf (1er arr.).





Molosses, par André Abbal, 1934, Mobilier national, rue Berbier-du-Mets (13e arr.).






Chien et chat, 42, rue de la Verrerie (4e arr.).





Chat. Nounoukhamon, par Emyarts, mur peint, 2023, 23, rue Watt (13e arr.).






Chat, par Niki de Saint-Phalle, cimetière du Montparnasse, 6e div. (14e arr.).



   Les Chats


   "Les amoureux fervents et les savants austères

Aiment également, dans leur mûre saison,

Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,

Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires..."


Charles Baudelaire,

Les fleurs du mal.





Chat, cimetière du Montparnasse, 14e div. (14e arr.).





Chat, Ecole des Beaux-Arts, 14, rue Bonaparte (6e arr.).




   "Un petit chat bien élevé ne doit pas jouer avec

   une souris qui ne lui a pas été présentée."


   Jacques Prévert,

   Fatras.




Chat, fresque monumentale à l'entrée de la médiathèque Françoise-Sagan (10e arr.)






Fenec, 20, rue Courat (20e arr.).




Renard, Monument à Jean de La Fontaine (détail), par Charles Correia, 1984, jardin du Ranelagh (16e arr.).





Loup, fresque de l'ancien tunnel ferroviaire de la Promenade plantée (12e arr.).






   " Vous avez des yeux, Mère-grand… de mésange !

– C’est pour mieux voir voler les anges, Mon enfant !


– Vous avez des pieds, Mère-grand… allongés !

– C’est que j’ai beaucoup voyagé, Mon enfant !


– Vous avez des bras, Mère-grand… de lutteur !

– C’est pour te serrer sur mon cœur, Mon enfant !


– Vous avez un dos, Mère-grand… de chameau !

– C’est pour porter les gros fardeaux, Mon enfant !


– Vous avez, Mère-grand, l’oreille bien pointue

– C’est pour mieux entendre, vois-tu, les abeilles !


– Vous avez la langue dehors, Mère-grand !

– C’est pour me rafraichir les dents quand je dors.


– Vous avez, vous avez…

– Eh bien ?

– C’est fini ! Et je crois bien que j’ai tout dit ! A demain !


– Mais tu n’as rien dit de mes dents ma cocotte !

– C’est que je ne suis pas idiote, Mère-grand !"


Pierre Gripari,

Le petit chaperon malin.





La Louve romaine, réplique de celle du Capitole, offerte par la Ville de Rome en 1962, square Paul-Painlevé (5e arr.).





Lapin, céramique, 32, rue Saint-Antoine (4e arr.).



   "Nous sommes les tendres lapins

Assis sur leurs petits derrières."


Théodore de Banville,

Sonnailles et clochettes, Lapins.





Lapin, le célèbre lapin peint par le dessinateur André Gill au début du XXe siècle pour le cabaret montmartrois Le Lapin agile (18e arr.).






Lapin, par Mathieu, 1976, belvédère du parc de Belleville, rue Piat (20e arr.).





Hérisson, céramique, 32, rue Saint-Antoine (4e arr.).




Le Hérisson


Bien que je sois très pacifique

Ce que je pique et pique et pique,

Se lamentait le hérisson.

Je n’ai pas un seul compagnon.

Je suis pareil à un buisson,

Un tout petit buisson d’épines

Qui marcherait sur des chaussons.

J’envie la taupe, ma cousine,

Douce comme un gant de velours

Emergeant soudain des labours.

Il faut toujours que tu te plaignes,

Me reproche la musaraigne.

Certes, je sais me mettre en boule

Ainsi qu’une grosse châtaigne,

Mais c’est surtout lorsque je roule

Plein de piquants, sous un buisson,

Que je pique, et pique et repique,

Moi qui suis si, si pacifique,

Se lamentait le hérisson.


Maurice Carême





Hérisson, restaurant asiatique, 67, rue Mouffetard (5e arr.).





A la Civette, enseigne, place Colette (1er arr.).





Escargots, 38, rue Montorgueil (1er arr.).




   ...

   l'escargot est fier

   sous son chapeau d'or

   son cuir est calme

   avec un rire de flore

   il porte son fusil de gélatine

   ...


   Hans Arp,

   Bestiaire sans prénom.




Salamandre, rue Albert Marquet (20e arr.).




Salamandre, mur peint par Louiz, école primaire Balanchine, 8, rue Georges-Balanchine (13e arr.).




   "Seigneur humain, doulx et prudent,

Père de paix et d’union

Qui estaignez tout feu ardent

De noise et de division,

Je vous foys cy oblacion

D’ung salmendre qui estaint

Le feu par operation

Naturelle quant à luy."


Poème anonyme du XVe siècle




Lézard, immeuble Lavirotte, 29, avenue Rapp (7e arr.).



   "Le long d'un chemin creux que nul arbre n'égaie,

Un grand champ de blé mûr, plein de soleil, s'endort. (...)


Passe un insecte bleu vibrant dans la lumière,

Et le lézard s'éveille et file, étincelant, (...)"


Jean Richepin,

Le chemin creux.



Lézard, sous le pont Alexandre-III (8e arr.).





Serpents, 5, rue Bonaparte (5e arr.).




   Animal, on est mal

   On a le dos couvert d'écailles

   On sent la paille

   Dans la faille

   Et quand on ouvre la porte

   Une armée de cloportes

   Vous repousse en criant

   "Ici, pas de serpent !"

   


   Gérard Manset,

   Animal (1968)





Rat, maison Aurouze, fondée en 1872, 8, rue des Halles (1er arr.).





Rats, 35, rue Fortuny (17e arr.).



   "Un seul animal de la zoologie ancienne continuera à imposer son image : le rat. Les systèmes de dératisation de plus en plus meurtriers auront conduit à la sélection d’une race de souris résistantes à tous les moyens d’extermination, peut-être immortelles, qui se reproduiront sans cesse, disputant à l’homme la possession de la métropole."


Italo Calvino,

Les enfants et les souris nous gouverneront.





Texte et photos : © Jacques Barozzi

par Jacky Barozzi 02 mai, 2024
Adopté par Mimi, le Chartreux de Corine, l'amie de ma petite soeur Marinette, du côté de Flayosc. Séjour dans le Sud, entre Flayosc (Var) et Cannes (Alpes-Maritimes) du 17 au 30 avril 2024.
par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
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