
« Enzo » de Laurent Cantet et Robin Campillo, avec Eloy Pohu, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez et Maksym Slivinskyi.
Ce devait être un film écrit et réalisé par Laurent Cantet, mais la mort s’étant invitée en chemin, c’est devenu un film de Robin Campillo, d’après le scénario du premier.
Oeuvre d’une amitié complice entre le réalisateur de « Entre les murs » (Palme d’or 2008) et celui de « 120 Battements par minute » (Grand Prix 2017), « Enzo », a fait l'ouverture de la Quinzaine des Cinéastes lors du dernier Festival de Cannes.
C’est une gentille romance gay sur les premiers émois et les premières blessures d’amour entre un jeune apprenti maçon de 16 ans et un bel immigré ukrainien, ouvrier confirmé chargé de lui apprendre le métier sur le chantier d’une villa des hauteurs de La Ciotat, la ville emblématique de l'historique « L’Arrivée en gare... » des frères Lumière (1895).
Cinéma cinéma !
Pour renforcer l’histoire de ce mélodrame, somme toute léger et plus très nouveau, le scénario s’enrichit d’une thématique plus innovante et solide.
Celle d’un adolescent transclasse, au parcours inversé à celui habituellement traité dans la littérature et le cinéma, sur fond de lointaine guerre d’Ukraine.
Ici, le héros est non pas un jeune homme issu de milieu modeste et faisant de brillantes études, mais un bourgeois en voie de prolétarisation, au grand dam de ses parents, tandis que son aîné, objet de sa passion contrariée, est parfaitement hétéro et en butte à l’épineuse question de repartir en Ukraine pour participer à la guerre ou rester tranquillement dans son pays d’adoption.
Grâce à l’interprétation convaincante des deux principaux acteurs non professionnels et la beauté lumineuse des paysages méditerranéens, l’émotion était bien au rendez-vous, mais le traitement de fond m’est apparu par trop anecdotique, hélas !
Il y avait cependant beaucoup de monde dans la salle principale du Forum des Halles, hier après-midi, jour de la sortie du film, qui présage d’un beau succès public en perspective.
Un succès différé mérité pour Robin Campillo, dont le précédent long métrage, « L'Île rouge » (2023), nettement plus personnel, n'avait pas attiré un grand nombre de spectateurs…
https://www.youtube.com/watch?v=SB-Zp9kh2Kc



