« Le Procès Goldman » de Cédric Kahn, avec Arieh Worthalter, Arthur Harari et Stéphan Guérin-Tillié.
S’en tenant aux faits, rien qu’aux faits, mais ne cachant pas néanmoins sa proximité avec les idées et la personnalité, complexe, de son personnage, Cédric Kahn filme Pierre Goldman comme Robert Bresson l’avait fait jadis pour Jeanne d’Arc, dont le scénario s’inspirait alors des actes de son propre procès.
Fils d’un couple de juifs immigrés en France dans l'entre-deux-guerres, tous deux engagés dans l’organisation communiste des FTP-MOI pendant la Seconde Guerre mondiale, et frère aîné du compositeur Jean-Jacques Goldman, Pierre Goldman (1944-1979), militant d’extrême gauche, avait été condamné en première instance, en 1974, à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort des deux pharmaciennes du boulevard Richard-Lenoir à Paris.
Dans son autobiographie écrite en prison, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France, Pierre Goldman, tout en reconnaissant ses erreurs et racontant ses efforts pour se réadapter, dénonçait les failles du premier procès et niait les homicides qui lui étaient imputés.
Le succès du livre et le soutien des médias et des principaux intellectuels de gauche : Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Simone Signoret… lui permirent d'être défendu par le jeune avocat Georges Kiejman, qui démontra la fragilité des témoignages du premier procès, et parvint à le faire annuler en cassation en novembre 1975.
« Le Procès Goldman » de Cédric Kahn nous restitue les principaux moments des sept jours d'audience du second procès, qui se tint à Amiens en mai 1976 et aboutit à son acquittement pour les meurtres des deux pharmaciennes.
Il fut néanmoins condamné à douze ans de réclusion criminelle pour les vols à main armée.
Par le jeu des réductions de peine et de la prise en compte de la détention provisoire déjà effectuée, Pierre Goldman sortira de la prison de Fresnes le 5 octobre 1976, bénéficiant d'une mesure de libération conditionnelle, cinq mois seulement après le jugement.
Trois ans plus tard, il sera tué en pleine rue de sept balles dans le dos le 20 septembre 1979 à midi : une affaire à ce jour non élucidée, revendiquée à l’époque au nom du groupe d’extrême droite « Honneur de la police ».
Ce bio pic en forme de huis clos, tout à la fois historique et politique, mais aussi théâtral et lyrique, où l’on voit défiler à la barre les parents et amis, ainsi que les témoins à charge, met particulièrement en exergue les dysfonctionnements de l’enquête.
Un film, remarquablement porté par le duo d’acteurs Arieh Worthalter (Pierre Goldman) et Arthur Harari (Maître Kiejman), qui, même si les lignes ont changé aujourd’hui, ne manque pas de faire écho à notre actualité en matière de sécurité policière et nous renvoie à nos propres opinions et réflexions…
https://www.allocine.fr/seance/film-299937/pres-de-115767/
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