
« Les Nuits de Mashhad » de Ali Abbasi, avec Mehdi Bajestani, Zar Amir Ebrahimi et Arash Ashtiani.
Les légendes danoises seraient-elles plus propices à l’imaginaire que la réalité iranienne ?
Fort du succès remporté par son deuxième long métrage, « Border » (prix Un Certain Regard en 2018), qui nous contait une étrange et originale histoire de trolls, opportunément inspirée par son pays d’accueil, le cinéaste iranien Ali Abbasi, en exil au Danemark et en Suède, est revenu en compétition officielle à Cannes, quatre ans plus tard, en affrontant directement cette fois-ci la réalité de son pays d’origine en face.
Son dernier film, tourné néanmoins en Jordanie, reprend en grande partie les faits de l’affaire dite de l'Araignée, qui s’est déroulée il y a quelques années dans la ville sainte iranienne de Mashhad.
Là, un fanatique religieux s’était autorisé, au nom d’Allah, à étrangler pas moins de seize prostituées.
Un « nettoyage moral » rendu possible vraisemblablement grâce à la complaisance des autorités religieuses et de la police.
A son arrestation, le serial killer sera même considéré un temps comme un héros par la population locale !
Pour les besoins du film, Ali Abbasi a introduit dans le scénario le personnage d’une journaliste venue de Téhéran, qui mènera l’enquête sur place, allant jusqu’à s’exposer dangereusement elle-même.
Manquant de peu d’être la dix-septième victime, l’héroïne du film, interprétée par la comédienne iranienne Zar Amir Ebrahimi, également en exil, finira par mettre en déroute le coupable et à le faire… pendre.
Rôle pour lequel elle a été récompensée du Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 2022.
Une récompense tout autant politique qu’artistique, eu égard à la place actuelle de la femme dans la société iranienne ?
Tandis que l’accueil du film d’Ali Abassi est, lui, plus mitigé, certains critiques lui reprochant une certaine complaisance répétitive dans les scènes de meurtre.
Pas plus pourtant que dans le « Frenzi » d’Alfred Hitschkok !

« La Nuit du 12 » de Dominik Moll, avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi et Anouk Grinberg.
Meilleur accueil de la critique pour ce film, présenté dans la sélection Cannes Première au Festival de Cannes 2022.
Ici, le cinéaste français nous propose, sous forme de thriller librement adapté de faits réels, une variation sur le thème original que chaque enquêteur de la P.J. tombe un jour ou l’autre sur un crime qu’il n’arrive pas à résoudre et qui le hantera toute sa vie.
Pour Yohan, interprété par Bastien Bouillon, c’est le meurtre de Clara, arrosée d’essence et brûlée vive dans la nuit du 12 octobre 2016.
Une affaire non élucidée, où tous les protagonistes masculins du film pourraient être coupables, honnêtement interprété et tourné, plus proche cependant dans la forme du téléfilm traditionnel que du cinéma proprement dit.
Un scénario linéaire, non sans quelques longueurs et un moment fort avec l’apparition d’Anouk Grinberg, au jeu plus théâtral, dans le rôle de la juge d’instruction…







