
« La Chambre de Mariana » d’Emmanuel Finkiel, avec Mélanie Thierry, Artem Kyryk, et Julia Goldberg.
Distingué dès son premier long métrage, « Voyages » (1999), Emmanuel Finkiel est un réalisateur inventif, libre et exigeant, qui n’hésite pas à se confronter aux grands textes littéraires.
Après « La Douleur » de Marguerite Duras (2018), avec déjà Mélanie Thierry dans le rôle de l’inénarrable auteure germanopratine, il récidive ici en adaptant le roman éponyme d'Aharon Appelfeld.
Des textes passablement teintés d’autofiction, lui permettant ainsi d’aborder des sujets récurrents liés à sa propre histoire, tels le nazisme, la shoah ou le stalinisme.
Ce film est situé à Czernowitz en Ukraine sous l’occupation allemande depuis 1942, jusqu’à l’arrivée des Russe deux ans plus tard.
Pour le sauver de la déportation, la mère d’Hugo, enfant juif d’une dizaine d’années, le confie à son amie Mariana, une prostituée qui vit dans une maison close à la sortie de la ville.
Caché à l’insu de tous dans le placard de la chambre de Mariana, c’est à travers les yeux, les oreilles, les sentiments et émotions de ce petit Anne Frank ukrainien que nous suivons les péripéties dramatiques de cette histoire, qui nous renvoie de fait à la grande Histoire passée et présente de l’Ukraine.
Rien de moins !
Magistrale mise en scène du cinéaste, dont on retiendra le plan séquence où l’enfant, planqué sous le lit de Mariana, découvre les principaux protagonistes de la maison close en ne voyant que leurs pieds.
Et remarquable interprétation de Mélanie Thierry, qui s’impose en tant que comédienne performative (c’est sa voix que l’on entend dans la VO ukrainienne du film).
Tout aussi à l’aise dans la comédie ou la tragédie, elle incarne une Mariana qui n’est pas sans rappeler, dans une situation plus dramatique néanmoins, la légèreté et le charme fataliste d'Anouk Aimé en Lola de Nantes.
Sans oublier le tout aussi remarquable Artem Kyryk dans le rôle du jeune Hugo.
https://www.youtube.com/watch?v=FN1u7kSFyyQ







