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Parc André-Citroën, 15e arr.




Les jardins contemporains




     Après la Seconde Guerre mondiale, c’est la reconstruction, suivie par un important développement urbain lié à la croissance économique. De grands ensembles s’élèvent et les jardins perdent leur rôle de mise en valeur de l’architecture. On parle désormais d’espace vert plus que de jardin et ce sont bien des espaces en effet, au caractère fonctionnel, qui sont aménagés pour servir de liaison entre les constructions et les végétaux y sont peu nombreux.

     Parmi quelques belles réalisations de cette époque, le jardin Shakespeare est aménagé en 1953 dans l’enceinte du Pré-Catelan et le square des Poètes en 1954 à la porte d’Auteuil. Mais c’est le Parc floral de Paris, inauguré en 1969 dans le bois de Vincennes, qui va marquer le début d’une nouvelle ère de création en matière de jardins.





JARDIN SHAKESPEARE 1953

16° arr., Pré-Catelan, bois de Boulogne, M° Porte-Maillot



     A la suite du vœu exprimé par l’association des “Amis de la France” à Londres d’établir à Paris un jardin Shakespeare, le conservateur en chef des Jardins Robert Joffet imagina de l’implanter dans l’ancien théâtre de Verdure abandonné du Pré-Catelan. Joffet s’inspira de l’œuvre du poète anglais afin de recréer en végétal l’atmosphère de quelques-unes de ses œuvres majeures. C’est ainsi que l’on retrouve dans le jardin Shakespeare l’évocation des landes écossaises de Macbeth, de la campagne athénienne du Songe d’une nuit d’été, du bassin où Ophélie périt noyée dans le Danemark d’Hamlet, de l’île méditerranéenne de la Tempête et de la forêt des Ardennes de Comme il vous plaira. Le jardin Shakespeare, inauguré en 1953, présente à la belle saison des œuvres classiques ou modernes aux 400 spectateurs qu’il peut accueillir.






SQUARE DES POETES 1954

16° arr., avenue du Général-Sarrail, M° Porte-d’Auteuil



     Créé en 1954 à la porte d’Auteuil sur un terrain détaché du jardin des Serres d’Auteuil, ses pelouses et ses allées sont jalonnées de sculptures et de pierres gravées de vers consacrés à la nature signés à l’origine des plus grands poètes français, auxquels se sont ajoutés quelques poètes étrangers. En tout, une centaine de stèles forme cette anthologie de la poésie et aux vers répondent les décorations

florales des massifs qui leur servent de cadre. Un buste en bronze de Victor Hugo par Auguste Rodin (placé en 1957), un buste en pierre de Théophile Gautier par Louis Dejean (1933), un buste en bronze de Jean Moréas par Georges Maltero, une Nymphe allongée en pierre par Auguste Guénot (1928) en hommage à Joachim Gasquet, une statue en pierre de Frédéric Mistral par Marius Rémondot et un buste de Pouchkine, offert en 1999 par la Ville de Moscou à la Ville de Paris, participent à cet hommage.


Bronze de Victor Hugo d'Auguste Rodin.




PARC FLORAL DE PARIS 1969

12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante



     Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air.

     





     L’architecte paysagiste Daniel Collin fut chargé de la conception du parc, le plus grand créé à Paris depuis les promenades d’Haussmann sous le Second Empire. Le cahier des charges avait défini un programme d’aménagement comprenant trois zones distinctes : la zone d’exposition proprement dite, une zone de détente permettant les repas champêtres et une zone de jardin pour les enfants.

     Le terrain, morne et plat, a été entièrement remodelé, avec 60 000 mètres cubes de terre déplacés et la création de plus de 7 kilomètres d’allées.

     




     Le point d’orgue en est la Vallée des Fleurs, un vallon de 3 hectares présentant 100 000 plantes renouvelées à chaque saison et bordé par le vaste Miroir d’Eau, surplombé d’une fontaine en granit par François Stahly, qui alimente les bassins étagés du jardin de plantes aquatiques conçu par Alain Provost.

     




     Autour, et formant un demi-arc de cercle, les 28 pavillons et patios reliés par des galeries couvertes ont été imaginés par l’architecte Claude Bach pour accueillir les exposants des Floralies et permettre la promenade même par temps de pluie.

     




     Outre la Vallée des Fleurs et le jardin de plantes aquatiques, les autres jardins thématiques consistent en un jardin sculpté de pavés et de pelouses inclinées créé par Jacques Sgard, un jardin campagnard, un jardin d’Iris, un jardin des Quatre-Saisons comportant 1 200 variétés de vivaces, aménagé à l’occasion des Quatrièmes Floralies internationales (1979) et un jardin du Dahlia (1987), reconstitué à partir de celui du parc de Sceaux.

   





     Les 3 hectares de la pinède, constituée de pins laricio de Corse et de pins sylvestres, et les 2 hectares de la chênaie sont les seuls éléments végétaux d’origine conservés dans le nouveau parc. S’y sont ajoutés une hêtraie et une cédraie, situées de part et d’autre de l’entrée du Château, ainsi que des arbres représentatifs des forêts d’Ile-de-France – chênes, charmes, érables, frênes, etc. –, regroupés à l’autre extrémité du parc, vers l’aire réservée au pique-nique. C’est dans cette zone qu’ont été aménagés les espaces de jeux pour enfants, répartis sur près de 4 hectares.

   





     Le restaurant panoramique de l’architecte Hervé de Looze, à la belle charpente de bois, a été construit dès l’origine. Les sculptures disséminées dans le jardin par le Centre national d’Art contemporain (CNAC) sont signées de quelques-uns des plus grands artistes et forment un véritable musée de plein air, avec des œuvres de Alexandre Calder, Nicolas Schöffer, Yaacov Adam, Alicia Penalba, Marcel Van Thienen...

   





     Le Théâtre Astral se consacre exclusivement aux spectacles pour enfants tandis que l’espace concert du Delta, en bordure du Miroir d’Eau, accueille un festival de jazz et un festival de musique classique.

     





     La Maison de la Nature occupe plusieurs pavillons et présente dans le Jardin des Papillons des centaines de papillons d’Ile-de-France. Quant aux collections de plantes, qui forment l’âme de ce jardin, elles sont réparties sur ses 31 hectares et dans les pavillons et patios conçus pour les Floralies.





     Certaines de ces collections – plantes méditerranéennes, nymphéas, camélias, fougères, bonsaïs, iris, cactées, plantes médicinales, tulipes, azalées, bambous, pivoines, etc. – sont uniques et font aussi l’objet d’expositions horticoles.






     Le nouveau découpage administratif intervenu en 1964 avait fait disparaître le département de la Seine et érigé Paris en département autonome tandis qu’avaient été créés ceux des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de- Marne. Le manque d’espaces verts à l’intérieur des limites de la ville apparut alors nettement, ce qui poussa les urbanistes à repenser l’espace en intégrant cette donnée, d’autant plus que l’opinion publique allait devenir de plus en plus sensible à la notion de cadre de vie et d’environnement. Aussi, après la grande période des barres d’immeubles, des tours et des autoroutes urbaines des années 60, une réaction se fit-elle sentir vers une plus grande diversité architecturale et une intégration du bâti aux quartiers anciens, mémoire de la capitale. Cette évolution dans la conception de l’espace urbain entraîna une évolution dans l’art des jardins, pour lesquels les concepteurs se remirent à inventer des formes et des reliefs, à jouer avec les matériaux et à diversifier les choix végétaux. Le Parc floral de Paris (1969) en avait été le premier exemple.

     Un nouveau changement administratif en 1977 dota la capitale d’une mairie, à l’instar de toutes les autres communes françaises, et une véritable politique d’espaces verts fut alors mise en place. C’est la Ville en effet, au travers de la direction des Parcs et Jardins, héritière du service des Promenades et Plantations du Second Empire, qui gère la grande majorité des jardins publics de la capitale ; quelques- uns relèvent cependant du domaine de l’Etat : les Tuileries, le Luxembourg, le Jardin des plantes, le Palais-Royal et le parc de la Villette. Plus de 150 hectares de jardins, soit plus du tiers des espaces verts publics parisiens, ont été créés par la Ville dans le dernier quart du XX° siècle.

     Il s’agit pour le plus grand nombre de jardins de quartier et de squares de proximité, excédant rarement un hectare, mais des créations plus ambitieuses ont vu le jour, grâce notamment à la récupération de vastes espaces libérés par la désindustrialisation – abattoirs de Vaugirard et de la Villette, halles centrales, usines Citroën, entrepôts de Bercy –, mais aussi par l’implantation systématique de jardins au cœur d’îlots entièrement rénovés – quartiers de la Roquette, de Reuilly, ZAC de Belleville, secteur Maine-Montparnasse ; sans oublier les rénovations, comme celle du jardin historique des Tuileries menée par l’Etat dans le cadre du Grand Louvre, et le retour à la tradition des promenades parisiennes, boulevard Pereire, boulevard Richard-Lenoir ou Promenade plantée. Les jardins sur dalle constituent une nouveauté et si la promenade aménagée sous le Second Empire sur le terre-plein central du boulevard Richard-Lenoir, au-dessus du canal Saint-Martin, a été le premier exemple de ce type à Paris, ils se développent à partir des années 1970 en couverture de parcs de stationnement souterrains ou d’infrastructures ferroviaires et permettent de gagner sur le bâti des espaces de verdure alors même que les terrains disponibles deviennent de plus en plus rares: jardin des Halles, promenade Pereire, Promenade plantée ou jardin Atlantique.

     Ce qui caractérise le style des jardins contemporains, c’est qu’il n’y a pas de style ! Finie l’hégémonie classique, haussmannienne ou années 30, pour la première fois dans l’art des jardins à Paris, éclectisme et diversité triomphent. Car, pour la première fois aussi, les jardins – pour les plus grands en tous cas –, ne sont plus l’œuvre d’une seule équipe obéissant à un schéma établi, mais font appel à des compétences extérieures, architectes et paysagiste de renom, de sensibilité et de culture différentes, pour lesquels concevoir un jardin s’inscrit dans une vision nouvelle du rapport à la ville. Aussi les jardins contemporains sont-ils avant tout des jardins d’auteurs.

     Certains s’inspirent de l’histoire et de la mémoire du lieu – square de la Roquette, parc Georges-Brassens, parc de Bercy, Promenade plantée –, d’autres réinventent l’espace en relation avec le quartier – jardin des Halles – ou avec le fleuve – parc André-Citroën –, certains mêlent inspiration classique et paysagère – jardin Atlantique, parc de Bercy –, d’autres sont des musées – jardin Tino-Rossi –, mais tous intègrent dans leur composition des aménagements et des équipements destinés à toutes les catégories de public : aires de jeux et de sport, aires de repos et de promenade. Deux tendances nouvelles apparaissent, la première dans la conception des parcs urbains “du XXI° siècle” qui, comme le parc la Villette ou le parc André-Citroën, témoignent d’une démarche d’intégration du jardin à la ville ; la seconde dans un souci de redonner à la nature une liberté perdue, comme dans le Jardin sauvage Saint-Vincent ou le Jardin naturel, mais aussi au travers de jardins thématiques inscrits dans des jardins plus vastes, comme dans le jardin Atlantique ou le parc André-Citroën.

     La même diversité d’inspiration dans la création se retrouve dans le choix des végétaux, avec un élargissement des essences et une cohabitation nouvelle d’espèces d’origines différentes, mais aussi une extension de la palette colorée : arbres fruitiers, feuillages aérés aux teintes claires, arbustes fleuris, plantes aux couleurs éclatantes ; de plus en plus, les vivaces remplacent les massifs de décorations florales saisonnières.

     Les arbres des rues témoignent de la même tendance à l’éclaircissement et au fleurissement et si l’on trouve encore en abondance les platanes et marronniers privilégiés par Haussmann pour leur caractère résistant et leur ombrage abondant, on cherche aussi à multiplier les espèces pour éviter la disparition d’alignements entiers, comme les ormes, victimes de la graphiose qui les décime les uns après les autres.





SQUARE VILLEMIN 1977

10° arr., rue des Récollets, avenue de Verdun, quai de Valmy, M° Gare-de-l’Est



     Les Récollets, moines franciscains réformés voués à la pauvreté, à la prédication et à l’aumônerie des Armées, s’établirent dans le faubourg Saint-Martin en 1603, sur un terrain donné par le tapissier Jacques Cottard, augmenté l’année suivante d’un jardin offert par Henri IV qui les autorisa à y établir le monastère de leur ordre. Marie de Médicis posa la première pierre de l’église conventuelle, dédiée en 1614 à Notre-Dame de l’Annonciation et les bâtiments du couvent furent élevés dans le premier tiers du XVII° siècle.

 




     Les religieux furent expulsés à la Révolution et le couvent fut transformé en hospice pour les Incurables hommes en 1802. L’ancienne porte d’entrée du monastère, qui ouvrait sur la rue du Faubourg Saint-Martin, fut déplacée en 1849 à son emplacement actuel, rue des Récollets. En 1860, l’hospice des Incurables déménagea dans l’ancienne caserne Popincourt. C’est à cette date que l’Armée prit possession des bâtiments qu’elle affecta en 1861 à l’hôpital militaire Saint-Martin, devenu en 1913 hôpital Villemin, du nom du médecin militaire Jean- Antoine Villemin (1827-1892) qui démontra le premier le caractère contagieux de la tuberculose. L’hôpital Villemin fut abandonné en 1968 à cause de la vétusté de ses locaux, qui furent démolis en 1977, à l’exception des anciens bâtiments subsistant du couvent. Ceux-ci ne représentent que le tiers de la surface bâtie d’origine et la belle aile XVII° qui s’étend sur le coté du square Villemin renferme la chapelle dédicacée en 1614.





     Le square Villemin a été aménagé en 1977 sur une partie de l’ancien jardin de l’hôpital et la plupart de ses arbres, dont un beau mûrier blanc à la curieuse position couchée, datent de cette période. Le jardin a été agrandi en 1986 pour s’étendre sur près de 1,4 hectare jusqu’au canal 

Saint-Martin.







SQUARE DE LA ROQUETTE 1977

11° arr., rue de la Roquette, rue Servan, rue Merlin, M° Voltaire



     Le square de la Roquette a été aménagé en 1977 à l’emplacement de la prison de la Petite Roquette, construite de 1824 à 1836 par l’architecte Louis-Hippolyte Lebas sur l’ancien domaine des Hospitalières de la Roquette dont le couvent avait été fondé en 1639 par la duchesse de Mercœur. La Petite Roquette fut ainsi dénommée pour la différencier de la Grande Roquette, une autre prison bâtie de l’autre côté de la rue de la Roquette par l’architecte François Gau en 1836 et démolie en 1900, où étaient emprisonnés les condamnés à mort. Les cinq dalles de granit incrustées dans le sol au débouché de la rue de la Croix-Faubin marquent l’emplacement de la guillotine, que l’on installait devant l’entrée de la prison de la Grande Roquette pour les exécutions et qui fonctionna de 1851 à 1899.





     La Petite Roquette fut d’abord affectée aux jeunes détenus sous le nom de “Maison centrale d’Education correctionnelle” avant de devenir la prison pour femmes qui était prévue dès l’origine. Elle fonctionna jusqu’en 1973 et fut démolie en 1974.

     





     La Ville utilisa ce terrain pour y construire des immeubles et des équipements sociaux et sportifs, ainsi qu’un jardin de près de 2 hectares dont l’entrée principale a été aménagée à partir des deux guérites d’accès à l’ancienne prison, arasées et transformées en porche avec petit auvent de tuiles. Le square, le plus grand du 11° arrondissement, présente l’aspect d’un parc paysager aux allées sinueuses sur un terrain dont on a modelé le relief pour en varier les effets.







JARDIN CATHERINE-LABOURÉ 1978

7° arr., 33, rue de Babylone, M° Sèvres-Babylone ou Saint- François-Xavier



     La Compagnie des Filles de la Charité, fondée en 1633 par sainte Louise de Marillac, principale collaboratrice de saint Vincent de Paul dans ses œuvres charitables, s’est installée en 1813 rue du Bac, dans l’ancien hôtel élevé à partir de 1681 sur des terrains dépendant de l’hôpital des Incurables (devenu Laennec), passé en 1760 au duc de La Vallière puis en 1780 à sa fille, la duchesse de Châtillon. Acquis aux Hospices par la Ville en 1813, l’hôtel de La Vallière ou de Châtillon, fut laissé à la Compagnie des Filles de la Charité pour en faire son établissement principal. C’est dans la chapelle de la Médaille-Miraculeuse (140, rue du Bac), construite par l’architecte Louis Damesme, que la Vierge apparut en 1830 à Catherine Labouré, faisant de ce sanctuaire un lieu de dévotion populaire pour les catholiques du monde entier. La chapelle fut agrandie par l’architecte Marie-Paul Gallois (elle le sera à nouveau vers 1930) et des bâtiments élevés en 1844-1845 pour abriter un séminaire et une maison de retraite pour les religieuses.

   




     L’ensemble comprenait un parc d’environ 1,6 hectare s’étendant en profondeur le long de la rue de Babylone, composé d’un jardin d’agrément attenant aux bâtiments conventuels et d’un jardin potager dans le prolongement. C’est ce dernier qui a été abandonné par la congrégation, à la suite d’une convention passée en 1977 avec la Ville, pour y établir un jardin public de 7 000 m2, séparé des bâtiments de la communauté par un haut mur et ouvert en 1978.

     





     Planté d’arbres fruitiers et composé de quatre pelouses rappelant l’ordonnance de l’ancien jardin potager – un petit potager a été replanté dans la partie nord-est –, bordé d’une tonnelle végétale et d’une allée ombragée de tilleuls, ce jardin possède un charme particulier dont le caractère secret est accentué par les murs qui le dérobent à la vue.







JARDIN TINO-ROSSI 1975-1980

5° arr., quai Saint-Bernard, M° Gare-d’Austerlitz ou Jussieu



     Le quai Saint-Bernard, ancien chemin conduisant au village d’Ivry, englobait autrefois le quai de la Tournelle qui longeait l’enclos du couvent des bernardins, fondé au XIII° siècle. Au débouché du pont Sully sur le quai se dressait la porte Saint-Bernard, élevée en 1670 par l’architecte Nicolas- François Blondel, auteur également de la porte Saint-Denis (1672) et du dessin de la porte Saint-Martin (réalisée en 1674 par Pierre Bullet). Si ces deux dernières existent toujours, la porte Saint-Bernard, dont le tracé est rappelé dans l’entrée, côté Seine, de l’Institut du Monde arabe (1987) de l’architecte Jean Nouvel, a été démolie en 1787.

     



L'ancienne porte et le port Saint-Bernard.



     C’est à 1644 que remonte la première halle édifiée à l’angle du quai comme entrepôt de déchargement pour le port Saint-Bernard. Cette halle fut remplacée en 1812 par la Halle aux vins de l’architecte Gaucher, établie par Napoléon Ier sur des terrains qui avaient dépendu de l’abbaye Saint- Victor, fondée au XII° siècle vers l’actuelle place Jussieu et fermée depuis la Révolution. Agrandie en 1868, la Halle aux vins, qui occupait près de 14 hectares, était desservie par le port Saint-Bernard qui en assurait l’approvisionnement. Mais la concurrence des chemins de fer ajoutée à celle des entrepôts de Bercy entraînèrent le déclin conjoint du port et de la halle. Détruite partiellement dans un incendie provoqué par un bombardement en 1944, son transfert pour Bercy fut décidé dès 1945. Cependant elle ne ferma définitivement qu’en 1965 alors qu’avait déjà commencé, depuis 1955, la construction des premiers bâtiments de la Faculté des sciences qui occupe son emplacement.

   





     Dans les années 1970, le quai Saint-Bernard – dont les berges avaient constitué tout au long des XVI° et XVII° siècles un lieu de baignade très fréquenté ! –, faillit être transformé en voie expresse à l’instar de celle de la rive droite. Ce projet fut finalement abandonné en 1974 et, de 1975 à 1980, la Ville aménagea sur les berges, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully, une promenade en terrasses conçue par l’architecte Daniel Badani. Le jardin du Port-Saint-Bernard, rebaptisé Tino-Rossi en 1984, constitue depuis 1980 le musée de Sculpture en plein air de la Ville, consacré aux œuvres d’artistes contemporains : Brancusi, César, Ipousteguy, Etienne Martin, Marta Pan, Nicolas Schöffer et bien d’autres y sont représentés.






JARDIN DE L’HOSPICE DEBROUSSE 1979-1982

20° arr., 148, rue de Bagnolet, rue des Balkans, M° Porte- de-Bagnolet



     Mademoiselle de Blois, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan, devenue duchesse d’Orléans par son mariage avec Philippe d’Orléans, régent du royaume pendant la minorité de Louis XV, acquit en 1719 le château de Bagnolet qu’elle agrandit et embellit et qui allait devenir le séjour favori de la famille d’Orléans. Le château, situé à Bagnolet, possédait un parc de plus de 50 hectares qui s’étendait à l’ouest jusqu’à l’actuelle rue de Bagnolet, à Paris. C’est là, en limite du domaine, que l’architecte Serin construisit pour la duchesse vers 1734, le pavillon dit de l’Ermitage à cause des peintures de son salon qui représentaient saint Antoine ermite face à ses tentations.

     



Le pavillon de l'Ermitage du jardin de l'hospice Debrousse, unique vestige du domaine de Bagnolet.



     Le domaine de Bagnolet, vendu par la famille d’Orléans en 1769, fut morcelé dès l’année suivante, le château démoli et le parc vendu par lots. Le pavillon de l’Ermitage et le terrain qui l’entourait fut acheté en 1783 par le baron de Batz, chef de file des conjurés royalistes qui essayèrent de faire évader Louis XVI, le 21 janvier 1793 sur le chemin qui le conduisait depuis le donjon du Temple jusqu’à l’échafaud ; ses complices, réfugiés dans le pavillon après l’échec de cette tentative, y furent arrêtés.

 




     L’hospice Debrousse a été construit en 1892 sur une partie de l’ancien parc du château de Bagnolet acquise en 1887 par l’Assistance Publique grâce à une donation de la baronne Alquier, née Debrousse ; l’établissement fut agrandi en 1908 à la suite d’une seconde donation faite par son frère, Hubert Debrousse. Démoli en 1979 en raison de sa vétusté, l’hospice Debrousse a été reconstruit en 1981 par l’architecte Maurice Cammas et a rouvert en 1982 sous le nom de Fondation Alquier-Debrousse.

     





     Le jardin de l’hospice Debrousse a conservé le pavillon de l’Ermitage et sa grille en fer forgé XVIII°. Le pavillon, qui ne comportait à l’origine qu’un rez-de-chaussée couvert par un toit plat entouré de balustres, a été surélevé d’un comble en ardoise et ses ouvertures modifiées. Sur la grille, les initiales du confiseur François Pomerel, propriétaire du pavillon en 1820, ont remplacé le chiffre des Orléans qui y figurait primitivement. Pelouses, massifs et allées composent ce jardin ombragé d’un hectare, aménagé en 1979 et 1982.







JARDIN DE L’ARSENAL 1982-1983

12° arr., boulevard de la Bastille, M° Bastille



     Le bassin de l’Arsenal occupe l’emplacement des anciens fossés de l’enceinte dite de Charles V, élevée de 1356 à 1383 autour de Paris. Les fossés de l’Arsenal s’étendaient depuis la bastille Saint-Antoine, pièce majeure de cet important dispositif défensif, jusqu’à l’arsenal implanté à la fin du XIV° siècle à proximité de la Seine, considérablement agrandi et transformé en dépôt d’armes et de munitions au XVI° siècle et supprimé en 1788.

     





     L’actuelle bibliothèque de l’Arsenal, formée à partir des volumes réunis par Marc-Antoine Voyer d’Argenson, Grand Maître de l’Artillerie en 1755, et rachetés par le comte d’Artois en 1785, a été créée en 1797 et occupe le seul bâtiment subsistant, construit par l’architecte Germain Boffrand dans la première moitié du XVIII° siècle, de ce qui fut à l’origine une fabrique de canons.

     



Le port de plaisance de Paris inauguré en 1983 dans l'ancien bassin de l'Arsenal.


     Le canal Saint-Martin, creusé de 1822 à 1825 pour relier les eaux de l’Ourcq et de la Seine, commence au bassin de la Villette et se termine au bassin de l’Arsenal, où l’écluse située sous le pont Morland le met en communication avec le fleuve. Il connut dès sa création un important trafic, et c’est entre la fin du XIX° siècle et le premier tiers du XX° que son activité fut la plus forte ; cependant, à la fin des années 1960, il n’était plus guère emprunté que par une ou deux péniches par jour.

     





     Le port de plaisance de Paris a été inauguré en 1983 dans l’ancien bassin de l’Arsenal quasiment abandonné. L’architecte paysagiste Philippe Mathieux a créé la même année le jardin de près d’un hectare qui longe le port en contrebas du boulevard de la Bastille. Composé de terrasses en gradins qui le surélèvent par rapport au niveau du quai, afin d’éviter tout risque d’inondation, il offre une vue unique sur la vie du port pouvant accueillir plus de 200 unités.




Le jardin du port de la Bastille.



PARC GEORGES-BRASSENS 1977-1985

15° arr., rue des Morillons, rue Brancion, rue des Périchaux, M° Convention ou Porte-de-Vanves



     Les abattoirs de Vaugirard avaient été construits de 1894 à 1897 par l’architecte Ernest Moreau sur l’ancien lieu-dit des Morillons, où les cultures maraîchères avaient remplacé au XIX° siècle le vignoble planté d’un petit raisin noir appelé le périchot qui s’y étendait au XVIII° siècle. Ces abattoirs, dont les installations occupaient 72 000 m2 de terrain, dépendaient de la Ville et étaient destinés à l’abattage des bovins, chèvres, moutons, porcs et volailles. De 1904 à 1907, les architectes G. Just et Ernest Denis construisirent tout à côté, sur la rue Brancion, le nouvel abattoir hippophagique de la Ville et son marché aux chevaux, portant la surface totale des équipements de Vaugirard à 88 000 m2.

     


Le beffroi de la halle à la criée, l'un des vestiges des anciens abattoirs de Vaugirard.


     La décision de mettre fin au fonctionnement des abattoirs fut prise en 1966 et les bâtiments, dont l’activité cessa progressivement à partir de 1969, étaient démolis en 1975.

   Sur le terrain libéré, il fut décidé de créer un vaste espace vert et des équipements collectifs – crèche, école, club du Troisième âge – dont le besoin se faisait sentir dans ce quartier qui avait connu une forte expansion démographique. La réalisation en fut confiée à l’architecte paysager Daniel Collin et aux architectes Alexandre Ghiulamila et Jean-Michel Milliex.

   Aménagé de 1977 à 1985 sur près de 8 hectares, le parc a été baptisé en 1982 en hommage à Georges Brassens (1921- 1981) qui avait demeuré non loin, rue Santos-Dumont, et dont le buste en bronze, signé André Grek, orne le jardin.

   




     A l’entrée principale du parc, rue des Morillons, les deux taureaux en bronze du sculpteur animalier Auguste-Nicolas Cain, provenant des jardins du Trocadéro (1878), rappellent les activités des anciens abattoirs dont un certain nombre d’éléments ont été conservés et restaurés : les deux pavillons carrés ainsi que les bornes en granit de cette entrée ; le beffroi de la halle à la criée, qui se reflète dans un grand bassin ; côté rue Brancion, la halle du marché aux chevaux, à la charpente métallique, qui accueille tout les week-ends depuis 1987 un marché aux livres anciens et d’occasion ; la porte en pierre (angle Morillons-Brancion) surmontée d’une tête de cheval, par le sculpteur Jules Dechin ; enfin le buste du docteur Emile Decroix, vétérinaire qui avait encouragé la consommation de la viande de cheval (rue Brancion).

 



La roseraie et la halle du marché aux chevaux.


     Le terrain d’escalade, situé au pied de la colline – artificielle – au sommet de laquelle un belvédère offre une vue générale sur le parc, a été formé à partir des pierres qui formaient les chaînes d’angle des anciens pavillons des abattoirs.

     



Les adultes bronzent et les enfants escaladent.


     Une vigne de pinot noir, plantée sur 1 000 m2 en 1982, rappelle l’ancien vignoble du XVIII° siècle et la vendange est effectuée, tous les ans, avec la participation des enfants des écoles du quartier. Le parc possède également un rucher pédagogique, une roseraie de plus de 500 pieds représentant 27 variétés et un jardin de senteurs de 80 espèces de plantes odoriférantes, plantes médicinales et plantes aromatiques dont les étiquettes sont traduites en braille à l’attention des mal voyants.

   



Vigne et rucher, au premier plan, et théâtre Monfort, au loin.


     Au croisement d’allées, un touchant Âne tirant sa carriole, en bronze, grandeur nature, est l’œuvre du sculpteur François-Xavier Lalanne (1992).

     Les équipements collectifs ont été conçus et intégrés dans l’esprit du lieu : le club du Troisième âge s’est installé dans le pavillon de gauche de l’entrée principale ; la crèche, rue des Morillons, occupe un ancien hangar à fourrage du marché aux chevaux, réhabilité par Alexandre Ghiulamila et Jean-Michel Milliex qui ont choisi, pour l’école voisine, une architecture rappelant celle de la halle aux chevaux.


L'âne de Lalanne.



JARDIN SAINTE-PERINE 1984

16° arr., rue Mirabeau, avenue de Versailles, M° Mirabeau ou Chardon-Lagache

     


     C’est sous le règne de Louis VI le Gros, et par un échange de terres avec l’abbaye normande du Bec-Hellouin que l’abbaye parisienne de Sainte-Geneviève devient propriétaire en 1109 d’un vaste domaine à Auteuil qui va servir de résidence de campagne aux moines et sur lequel on cultive la vigne. Le domaine est vendu à la Révolution et, en 1858, l’Assistance publique en acquiert une partie pour y reloger l’Institution Sainte-Périne, expropriée de sa demeure de Chaillot pour le percement de l’avenue Marceau. Cette institution pour personnes âgées désargentées, fondée en 1801 par des particuliers et placée sous le patronage de l’impératrice Joséphine, s’était installée dans l’ancien couvent des religieuses de Sainte-Périne de Chaillot, chassées par la Révolution, dont elle avait repris le nom qu’elle conserva après son déménagement à Auteuil. Privée à l’origine, l’institution était régie depuis 1807 par les Hospices civils de Paris et elle s’installa en 1865 dans les bâtiments construits pour elle à Auteuil par l’architecte Charles Ponthieu ; il en subsiste seulement le pavillon central ainsi que les deux pavillons d’entrée sur la rue Chardon-Lagache ; les bâtiments modernes ont été construits entre 1980 et 1984.

     




     En 1865 est inaugurée, juste à côté, la maison de retraite pour vieillards de condition modeste fondée par Pierre Chardon, fils d’un médecin d’Auteuil, et son épouse née Lagache, qui avaient fait fortune dans un commerce de nouveautés. Les bâtiments sont élevés par l’architecte Véra, qui édifie quelques années plus tard, grâce à un don, en 1877, de la veuve du compositeur italien Rossini, un habitant d’Auteuil, la maison de retraite pour musiciens sans ressources ou malades dont les bâtiments sont inaugurés en 1889.

     





     Ces trois établissements, fondés indépendamment les uns des autres sur l’ancien domaine des Génovéfains d’Auteuil, sont aujourd’hui regroupés dans le Groupe hospitalier Sainte-Périne – Chardon-Lagache – Rossini.

     C’est sur une partie du parc de l’Institution Sainte- Périne qu’a été ouvert, en 1984, ce jardin à l’anglaise de 3 hectares grâce à une convention passée en 1977 entre l’Assistance publique et la Ville.





JARDIN SAUVAGE SAINT-VINCENT 1985

18° arr., rue Saint-Vincent, M° Lamarck-Caulaincourt. Ce jardin n'est accessible que sur rendez-vous

     Petit enclos abandonné dans l’enceinte du musée de Montmartre, installé en 1960 dans l’ancienne propriété de Claude de la Rose, dit Rosimond, un comédien de la troupe de Molière, la nature l’avait envahi, les plantes s’étaient multipliées, attirant insectes et oiseaux qui s’y étaient nichés. Il a été transformé, en 1985, en un jardin d’à peine 1 500 m2, volontairement laissé à l’état sauvage sans effectuer aucune plantation, les jardiniers se bornant à éviter la prolifération des plantes trop envahissantes qui empêcheraient le maintien des plus fragiles et les feraient disparaître. Des espèces inhabituelles à Paris ont ainsi fait leur apparition, tels le pavot somnifère ou l’armoise vulgaire, ainsi qu’une faune tout aussi inattendue attirée par la mare, comme les crevettes d’eau douce.





JARDIN ÉMILE-GALLÉ 1986

11° arr., cité Beauharnais, rue Neuve-des-Boulets, M° Charonne ou Boulets-Montreuil



     La cité Beauharnais porte le nom de famille du prince Eugène de Beauharnais, oncle maternel de Napoléon III, car elle a été ouverte sous le Second Empire à proximité du nouveau boulevard du Prince-Eugène, tracé par Haussmann à partir de 1857 entre la Nation et la République et devenu

boulevard Voltaire en 1870. C’était à l’origine une impasse privée, qui fut léguée à l’Assistance publique afin de venir en aide aux enfants assistés par les revenus que le terrain pouvait procurer. Cette longue voie pavée était, comme beaucoup dans le quartier, bordée d’habitations et de locaux artisanaux, mais leur état s’était dégradé au fil des ans et elle a été rachetée dans les années 1980 par la Ville, qui acquit également le terrain situé dans le fond de la cité pour y créer un espace vert dans un secteur qui en manquait. C’est ainsi que la cité a été rénovée et que l’ancienne impasse est devenue une rue, reliée à sa voisine, la rue Neuve-des-Boulets, en longeant le jardin créé en 1986. D’abord appelé jardin de la Cité-Beauharnais, il a été rebaptisé en 1999 du nom du célèbre verrier Emile Gallé (1846-1904).

     





     Ce jardin de près de 6 000 m2, centré sur un bassin avec jets d’eau et planté de pelouses, est orné d’un cadran solaire monumental, œuvre de Daniel Bry. Inspiré des cadrans grecs, il est horizontal et son sol, légèrement incliné cependant, utilisable comme piste de patinage, est fait de béton armé teinté. L’ombre du soleil est projetée par une grande flèche en acier dont l’extrémité s’élève à plus de 6 mètres. Les heures sont matérialisées au sol par des bandes noires – les heures solaires sont lisibles de 8 heures à 17 heures – et, au-delà des gradins entourant le cadran proprement dit, par dix sculptures en pierre claire de Massongis.







JARDIN DES HALLES/NELSON MANDELA 1988/2016

1° arr., rue Berger, rue de Viarmes, rue Coquillière, rue Rambuteau, rue Pierre-Lescot, M° Les Halles



     C’est au roi Louis VI le Gros que l’on doit, en 1137, l’installation d’un marché de plein air au lieu-dit les Champeaux, ou petits champs, situé hors les limites de la ville. Ce marché est agrandi en 1183 par Philippe-Auguste qui y fait élever deux grands abris pour mettre en sécurité marchandises et marchands. Ces bâtiments, que les Parisiens appellent déjà “halles”, sont bientôt englobés dans la nouvelle enceinte que le roi édifie autour de Paris en 1190. Ces halles, où vendent marchands et artisans parisiens, s’agrandissent au cours des siècles et, à partir du XVI°, l’alimentation devient la seule activité du marché.

     En 1851, Louis-Napoléon, qui deviendra Napoléon III l’année suivante, inaugure un pavillon dessiné par l’architecte Victor Baltard, auteur d’un projet de reconstruction du vieux marché dont les bâtiments sont en mauvais état et surtout très insuffisants. Mais cette construction, dont la charpente en fer est recouverte d’une maçonnerie de pierre, ne convient pas à l’empereur qui souhaite le métal seul, tel qu’il est employé dans la nouvelle gare de l’Est, et elle est rasée. Baltard élabore de nouveaux plans et son second projet, à charpente métallique et toiture vitrée, est accepté en 1853. De 1854 à 1866, Victor Baltard élève dix des douze pavillons prévus, dont l’architecture et les équipements modernistes seront copiés tant en province qu’à l’étranger. Les deux derniers pavillons seront finalement construits bien plus tard, en 1936, pour agrandir les installations déjà trop petites.

     



Les halles de Baltard pour mémoire.



     Les problèmes de circulation posés par l’approvisionnement de ce marché en gros situé en plein centre de Paris ainsi que la vétusté des édifices, dont les capacités d’accueil se révélaient au fil des ans de plus en plus inadaptées, entraînèrent en 1962 la décision de transférer les Halles à Rungis où elles s’installèrent à partir de 1969. Malgré le tollé de protestations que cette nouvelle engendra, la décision fut maintenue et les pavillons de Baltard furent démolis en 1971, partiellement vendus à la foire à la ferraille de Chatou et un seul fut conservé et remonté en 1977 à Nogent-sur-Marne, où l’on peut toujours le voir. C’était la fin des Halles, dont l’atmosphère si particulière, décrite par Zola dans le Ventre de Paris (1873) avait façonné l’âme de tout un quartier.

     Sur cet emplacement ont été construits la station RER de Châtelet-Les Halles (1972-1977), au-dessus de laquelle s’élève le vaste complexe commercial du Forum par les architectes Claude Vasconi et Georges Pencréac’h (1979) avec, au nord-est, le bâtiment Pierre-Lescot de l’architecte Jean Willerval (1982) et, à l’ouest, le jardin des Halles, qui recouvre un certain nombre d’équipements en sous-sol parmi lesquels la piscine et la grande serre tropicale de 450 m2 de l’architecte Paul Chémétov (1985).

     



Le jardin Nelson Mandela (2016) a remplacé l'ancien jardin des Halles (1988) et a vu la disparition de ses fontaines.


     Le jardin des Halles occupe, sur 4,5 hectares, la majeure partie de l’emplacement de l’ancien marché. Au nord s’élève l’église Saint-Eustache, reconstruite dans le style Renaissance entre 1532 et 1640 mais dont la façade est XVIII°. A l’ouest se trouve la Bourse de Commerce, édifiée en 1885 par l’architecte Henri Blondel sur l’emplacement de la halle au blé de 1767. Adossée à la Bourse de Commerce, la Colonne astrologique a été construite vers 1575 par l’architecte Jean Bullant dans la

cour de l’hôtel de Soissons, élevé pour Catherine de Médicis en 1572 et démoli en 1748. A l’est, le jardin est borné par le Forum des Halles et il est limité au sud par la rue Berger.

     Les travaux, qui se sont déroulés de 1982 à 1988, ont été conduits sous la direction de l’architecte Louis Arretche. Le jardin a été conçu comme un prolongement végétal du quartier environnant, sur lequel il est largement ouvert, offrant un débouché de verdure aux rues qui se transforment en allées.

     Le long de l’église Saint-Eustache, sur la place René- Cassin, une tête monumentale, en pierre de Bourgogne, est l’œuvre du sculpteur Henri Miller.

   


L'écoute, du sculpteur Henri Miller, une rare survivance de l'ancien jardin des Halles.


     Le jardin des Halles a fait l’objet d’une rénovation complète. Rebaptisé jardin Nelson-Mandela, il est l’une des composantes majeure du projet de renouvellement urbain du quartier des Halles conçu par l’agence Seura en 2004. Le nouveau jardin, structuré par une vaste prairie, encadrée par deux lisières boisées, relie désormais la Bourse de Commerce — Pinault Collection (inaugurée en 2021) à la Canopée. Cette structure, réalisée par Patrick Berger et Jacques Anziutti, en couverture du Forum des Halles, qui avait été inaugurée, elle, le 6 avril 2016.



La nouvelle aire de jeux du jardin des Halles.




PARC DE BELLEVILLE 1988

20° arr., rue des Couronnes, rue Julien-Lacroix, rue Jouye- Rouve, rue Piat, M° Couronnes ou Pyrénées



     Le territoire de Belleville, qui faisait partie du domaine royal des Mérovingiens, aurait connu un peuplement plus ancien – un menhir a été retrouvé au pied de la colline en 1782 – dont on ne sait cependant rien. Le lieu s’appelait Savies, un nom dérivé du terme celtique “savart” désignant des terres pauvres et il fut donné par Hughes Capet à l’abbaye de Saint-Magloire peu avant l’an mil. Au XII° siècle, l’abbaye de Saint-Martin des Champs en devient propriétaire et entreprend de capter et de canaliser les eaux des nombreuses sources qui parcourent la colline pour alimenter son abbaye, dont le Conservatoire des Arts et Métiers occupe aujourd’hui l’emplacement.

     Au XIII° siècle, Savies devient Pointronville, sans que l’origine du nom soit connue mais au XVI° Pointronville disparaît à son tour au profit de Belleville, dont l’étymologie reste également inexpliquée.

     





     Belleville vit essentiellement de la culture et de la vigne et les courtilles – en vieux français verger ou potager –, où l’on sert depuis toujours le vin clairet, se transforment en guinguettes qui se multiplient dès le XVI° siècle. A la population des vignerons et des cultivateurs viennent s’ajouter les ouvriers des carrières de gypse, dont l’exploitation sur la colline se fait à ciel ouvert depuis le XIII° siècle, et ceux de petits ateliers qui commencent à s’installer. Après la construction du mur des Fermiers généraux, en 1785, les guinguettes connurent un véritable succès et l’on venait s’encanailler à la barrière de Belleville, mais de l’autre côté du mur afin de ne pas payer les taxes. La descente de la Courtille, dans la nuit de mardi-gras, était connue dans tout Paris pour son atmosphère haute en couleurs.

   





      Jusqu’à la fin du XVIII° siècle, Belleville reste essentiellement agricole. Cependant, au début du XIX°, un afflux de population et la naissance de la petite industrie vont transformer le paysage. Au moment de l’annexion à Paris, en 1860, qui partage Belleville entre les 19è et 20è arrondissements, au grand mécontentement de la population, les vignes ont disparu et il ne reste guère d’espace cultivé. Les carrières, qui avaient connu une intense activité tout au long du XVIII° siècle où l’exploitation était devenue souterraine, s’épuisent. Au fur et à mesure de leur fermeture, la dernière en 1878, la colline voyait s’élever des constructions pour accueillir les habitants du centre de Paris, chassés en masse par les travaux d’Haussmann.

     





     Le parc de Belleville, dont les travaux ont été menés de 1983 à 1988, s’est inscrit dans la plus vaste opération de rénovation de la ZAC de Belleville. Il a remplacé des îlots vétustes à l’habitat très dégradé et des terrains qui étaient restés vagues. Sa conception a été confiée à l’architecte François Debulois et au paysagiste Paul Richet.

   





     Implanté sur 4,5 hectares à flanc de colline, sur une dénivellation d’environ 25 mètres, il offre en son point le plus élevé, aménagé en belvédère en bordure de la rue Piat, un magnifique panorama sur Paris. Du belvédère part un circuit d’eau, évocation des sources anciennes, qui parcourt la colline en alternant bassins et cascades pour s’achever en bassin aquatique. Les deux principaux cheminements verticaux suivent le tracé de deux anciennes voies du quartier, le passage Julien-Lacroix dont on a conservé l’escalier et la rue Vilin avec ses pavés, tandis que des parcours étagés ont été aménagés transversalement.





     Une vigne de pinot meunier et de chardonnay a été plantée pour rappeler la vocation vigneronne de Belleville.







PARC DE LA TURLURE/MARCEL BLEUSTEIN-BLANCHET 1988

18° arr., rue de la Bonne, rue du Chevalier-de-la-Barre, M° Lamarck-Caulaincourt



     Pierre Debray devint en 1756 le meunier du moulin de la Lancette, construit vers 1635 sur la pente sud-est de la butte et démoli en 1836, qui appartenait alors aux Dames de l’abbaye de Montmartre. En 1769, il fit construire son propre moulin, sur une parcelle du lieu-dit de La Turlure qui lui fut donnée en bail par le curé et les marguilliers de Saint-Pierre- de-Montmartre. Le moulin de la Turlure, qui s’élevait à l’angle des rues de la Bonne et du Chevalier-de-la-Barre, fut vendu en 1795 et démoli au début du XIX° siècle mais Pierre Debray fut le premier de la célèbre lignée des meuniers montmartrois et c’est l’un de ses descendants qui ouvrit, à la fin du XIX° siècle, le fameux bal du Moulin de la Galette.

     





     En 1890, la congrégation des sœurs de Notre-Dame- du-Cénacle s’établit sur le lieu-dit de la Turlure et c’est sur son domaine, vendu à la Ville en 1983, que s’est ouvert en 1988 le parc de la Turlure. Ce jardin de près d’un demi-hectare, situé au chevet de la basilique du Sacré-Cœur, sur la pente est de la colline de Montmartre, a été aménagé en terrasses par l’architecte Antoine Grumbach.







PROMENADE PEREIRE 1989

17° arr., boulevard Pereire, M° Porte Maillot ou Pereire



     La ligne du chemin de fer d’Auteuil, créée par les frères Pereire à partir de 1852 pour relier Saint-Lazare à Auteuil, occupait la tranchée centrale du boulevard qui porte leur nom, ouvert à la même époque, que des ponts permettaient de franchir. La tranchée, empruntée par la ligne C du RER reliant la vallée de Montmorency et les Invalides, a été recouverte et le terre-plein central du boulevard aménagé en promenade en 1989. Ce parcours, succession de jardins ouverts et de squares clos de grilles, débute juste derrière la porte Maillot pour s’achever place du Maréchal-Juin, entrecoupé par les rues qui traversent perpendiculairement le boulevard.






     Aménagée sur dalle, cette promenade de près de 1,5 hectare alterne aires de repos et de jeux, pelouses et pergolas ; plantée de poiriers et d’arbres de Judée, de plantes vivaces et de plantes de terre de bruyère, elle est décorée de rosiers et de jardinières. Des sculptures en bronze, toutes œuvres de Boris Lejeune, lui donnent son unité : les Arbres (1988), la Rivière et la Mer (1989), les Vignes et les Champs (1990).




Les Arbres, l'une des cinq oeuvres de Boris Lejeune.




PARC DE LA VILLETTE 1990-1991

19° arr., avenue Jean-Jaurès, avenue Corentin-Cariou, M° Porte-de-Pantin ou Porte-de-la-Villette

 


     Le nom de Ville Neuve Saint-Lazare de Paris, apparu dans une charte de la fin du XII° siècle, se transforme en 1374, dans un acte de Charles V, en Villette Saint-Ladre ou Saint- Lazare lez Paris. Jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, trois seigneuries se partagent le territoire de La Villette : le prieuré Saint-Lazare, qui en possède la part la plus importante, l’abbaye de Saint-Denis et le chapitre de Notre-Dame. Champs, vignes et moulins occupent le paysage mais, en 1763, La Villette accueille la grande voirie de Paris, qui sert aussi bien de décharge d’ordures que pour l’équarrissage des chevaux. Erigée en commune après la Révolution (1790), La Villette commence à s’industrialiser avec l’Empire. Le creusement du canal de l’Ourcq, décidé en 1802, et l’établissement du bassin de La Villette, inauguré en 1808, provoquent l’installation d’entrepôts et d’usines et l’instauration d’un très important trafic de marchandises vers le Nord et l’Est de la France, relayé par le raccord au chemin de fer de Petite Ceinture à partir de 1856. En 1860, La Villette est annexée à Paris et incorporée dans le 19° arrondissement mais, dès 1859, Haussmann, qui avait entrepris de réunir les différents abattoirs parisiens et les marchés à bestiaux périphériques sur un site proche de la capitale mais éloigné du centre, avait décidé d’y implanter les Abattoirs généraux.

     




     Inaugurés en 1867, les Abattoirs généraux de la Villette comprenaient les abattoirs proprement dits, situés au nord du canal de l’Ourcq, et le marché aux bestiaux, au sud, les deux parties étant reliées par un pont au-dessus du canal. Pendant près d’un siècle, les abattoirs et les activités portuaires du canal ont rythmé la vie du quartier de la Villette. Devenus vétustes, les abattoirs sont modernisés à partir de 1958 et une immense salle des ventes est élevée à grands frais, mais les progrès de l’industrie frigorifique ont rendu caduques ces installations pourtant coûteuses dont les travaux sont interrompus en 1971 et, en 1974, les abattoirs sont définitivement fermés, laissant vacant un site de 55 hectares appartenant à l’Etat entre les portes de la Villette et de Pantin.

     Il a donné naissance au plus grand parc de Paris, implanté sur 35 hectares entre la Cité des Sciences et de l’Industrie et la Cité de la Musique.

   




     A l’entrée nord du parc, la Maison de la Villette, construite en 1867 et ancien bâtiment des vétérinaires, a été réhabilitée en 1987 par Pierre du Besset, Dominique Lyon et Kazutoshi Morita et se consacre à l’histoire du site.

     La Cité des Sciences et de l’Industrie occupe la salle des ventes construite pour les abattoirs de 1959 à 1969 par Jean Semichon et qui n’a jamais été utilisée. Le bâtiment a été entièrement transformé de 1979 à 1986 par Adrien Fainsilber pour accueillir un musée consacré à la culture scientifique et industrielle, dont dépend également la Géode, œuvre du même architecte (1985). La façade sud de la Cité des Sciences se présente sous la forme de trois immenses serres qui forment la liaison avec le parc.

     




     De l’autre côté du canal de l’Ourcq, la Grande Halle est le principal vestige des installations anciennes de la Villette. Ce bâtiment à charpente métallique, entièrement ouvert à l’origine, a été construit en 1867 par Jules de Mérindol et Louis-Adolphe Janvier comme halle du marché aux bœufs. C’est aujourd’hui un espace culturel polyvalent, transformé en 1983-1985 par Philippe Robert et Bernard Reichen. La Grande Halle est encadrée au sud par deux petits bâtiments en pierre qui lui sont contemporains : le bâtiment Janvier, siège de l’Etablissement public du Parc et de la Grande Halle de la Villette, et l’ancienne Bourse du marché, actuel théâtre Paris-Villette.

   




     Sur le parvis sud, la fontaine aux Lions, élevée par Girard place du Château-d’Eau (place de la République), a été transférée ici à l’ouverture des abattoirs.

     



     A l’entrée sud du parc, de part et d’autre, s’élèvent les bâtiments construits par Christian de Portzamparc pour la Cité de la Musique, qui accueillent le Conservatoire de Paris à l’ouest (1990), une salle de concert et le musée de la Musique à l’est (1995).

     Au nord-est du parc en bordure du canal, la salle de concert du Zénith, par Philippe Chaix et Jean-Paul Morel, a été inaugurée en 1984.

     




     Le parc de la Villette a été conçu par Bernard Tschumi qui a défini plusieurs tracés indépendants qui se superposent les uns aux autres en s’entrecroisant : les galeries, les prairies, les jardins et les Folies. Deux galeries abritées traversent le parc, la galerie de la Villette du nord au sud et la galerie de l’Ourcq d’est en ouest le long du canal, à la hauteur duquel elles se croisent. Deux allées de platanes délimitent la prairie du Triangle dans la partie sud du parc et une autre allée également plantée de platanes cerne la prairie du Cercle de part et d’autre du canal, ces deux vastes pelouses offrant des espaces de détente et de jeux. Un long circuit sinueux relie dix jardins thématiques dont un grand nombre associe végétation et sculpture, jeux d’eau, de sons, de reflets, certains plus ludiques – jardin des Dunes, des Voltiges, du Dragon –, d’autres créant plutôt des ambiances – jardin des Miroirs planté de pins sylvestres et d’érables ; jardin des Brouillards associant gouttelettes, jets et rideaux d’eau ; jardin des Iles planté de chênes, pins gris argentés, tulipiers de Virginie, charmes et conifères ; jardin des Equilibres aux cerfs-volants de métal parmi les arbres à perruque –, d’autres enfin plus botaniques – jardin de la Treille avec ses ceps de vigne et ses plantes grimpantes ; jardin des Bambous aux couleurs contrastées ; jardin des Frayeurs enfantines avec sa forêt d’épicéas et de bouleaux. Enfin les 25 Folies, cubes métalliques rouges sur une armature de béton, régulièrement réparties selon une trame orthogonale, donnent une unité à l’ensemble du site. Certaines accueillent des activités ou des services (café, billetterie, musique...), d’autres sont sans destination particulière mais toutes sont différentes et représentent autant de clins d’œil à ces folies XVIII° qui ponctuaient les jardins. Quant au mobilier du parc, modulable, il a été dessiné par Philippe Starck.

   





      Conçu pour associer nature et ville, culture et détente, le parc de la Villette accueille de nombreuses manifestations – cinéma, expositions, fêtes... – qui se déroulent en plein air, dans un espace sans clôtures ni portes, totalement ouvert la nuit comme le jour.

     Le parc de la Villette est devenu le siège de La Philharmonie de Paris, un établissement culturel principalement consacré à la musique symphonique mais ouvert aussi sur les musiques du monde. Le site est désormais composé de la « Philharmonie 1 », grande salle de concert de 2 400 places conçue par l’architecte Jean Nouvel et inaugurée en janvier 2015, et a intégré en son sein l’ex Cité de la Musique, rebaptisée « Philharmonie 2 ».


La grande salle de concert conçue par l’architecte Jean Nouvel et inaugurée en janvier 2015.




PARC ANDRE-CITROEN 1992

15° arr., rue Saint-Charles, rue Leblanc, quai André- Citroën, rue de la Montagne-de-l’Espérou, rue de la Montagne-de-la-Fage, M° Balard



     Le territoire de Javel, au sud de Grenelle dont il est séparé par l’actuelle rue Cauchy, est resté englobé dans le fief de Vanves appartenant à l’abbaye de Sainte-Geneviève jusqu’à la Révolution, date à laquelle il fut rattaché à la commune d’Issy. Aux XVII° et XVIII° siècles, seuls les champs et les prés occupaient cette terre souvent inondée par la Seine dont les débordements formaient des javeaux ou javelles, îlots mouvants de sable et de limon. C’est ce lieu inhabité et excentré, où seul se dresse, en bordure du fleuve, un ancien moulin reconverti en guinguette, que choisit le comte d’Artois pour y implanter en 1778 la manufacture de produits chimiques des sieurs Peeters et Alban dans laquelle il a investi. Cette usine va bientôt fabriquer exclusivement le produit mis au point par les deux industriels, un mélange d’hypochlorite de potassium, de chlorure de potassium et d’eau, connu sous le nom d’Eau de Javel.

     D’autres établissements vont suivre et en 1860, lorsque le hameau de Javel est annexé et incorporé au 15° arrondissement de Paris, petites industries et cultures maraîchères se côtoient. L’urbanisation reste faible et la population, peu nombreuse et très modeste, se compose de journaliers agricoles, d’ouvriers et de chiffonniers.

     



Les usines Citroën du quai de Javel.



     C’est l’année 1915 qui va marquer, pour plus d’un demi-siècle, la véritable orientation industrielle de Javel avec l’installation, par l’ingénieur André Citroën (1878- 1935) de son usine du quai de Javel (quai André-Citroën en 1958), qui fabrique des obus pour contribuer à l’effort de guerre. C’est dans cette usine qu’il entreprend, au lendemain du conflit, la fabrication en série d’une voiture dont la première est livrée en 1919 et qu’il met au point, en 1934, sa fameuse traction avant.

     L’usine, dont le transfert pour la banlieue s’organise à partit de 1976, ferme définitivement ses portes le 11 novembre 1982, libérant 23 hectares de terrain rachetés par la Ville. Avec les parcelles adjacentes rendues disponibles par le départ d’autres entreprises qui suivent ce mouvement général de désindustrialisation, la Ville dispose de 35 hectares en bordure de Seine, limités par les rues Balard, Saint-Charles et Leblanc, pour y mener l’une des plus importantes opérations contemporaines d’urbanisme, apportant un changement radical dans l’aspect et les structures sociologiques du quartier. Autour du parc André-Citroën, pièce majeure du projet, s’élève au nord une zone associant logements, bureaux et commerces et, au sud, une zone d’habitation, l’immeuble de bureaux le Ponant de Paris par l’architecte Olivier-Clément Cacoub (1989) et l’Hôpital européen Georges-Pompidou par l’architecte Aymeric Zubléna (2000).

     



Une des entrées du parc.


     Le parc André-Citroën, inauguré en 1992, est l’œuvre des architectes Patrick Berger, Jean-François Jodry et Jean- Paul Viguier et des paysagistes Gilles Clément et Alain Provost.

     





     Avec ses 14 hectares descendant en pente douce vers la Seine, ce parc vient s’inscrire comme un jalon dans la continuité des jardins historiques se succédant en bordure du fleuve depuis les Tuileries, avec les jardins des Champs- Élysées, l’esplanade des Invalides, le Champ-de-Mars et les jardins du Trocadéro. Son originalité tient dans l’étroite association entre l’architecture – verre, pierre, bois – et le végétal, qui se combinent et s’imbriquent autour du thème conducteur de l’eau, omniprésente sous toutes ses formes, tour à tour dormante ou jaillissante : bassins, jets, fontaines, canal et, bien sûr, fleuve.

     




     Les contrastes de couleur et d’atmosphère, marqués par la nature même des végétaux, s’imposent d’emblée dans le Jardin blanc, minéral, et le Jardin noir, très dense, qui forment les abords du parc.

     Les deux grandes serres, orangerie et jardin austral, de 15 m de hauteur et de largeur sur 45 m de longueur, en constituent une sorte de porte monumentale, encadrant un parvis de pierre d’où jaillissent une centaine de jets.

     





     La vaste pelouse, cernée d’une lisière d’eau, est bordée côté sud par un canal et côté nord par la succession des six Jardins sériels, auxquels correspondent six petites serres, où les végétaux sont associés symboliquement à un métal par leur couleur, aux sens humains par leur aspect et où sont représentés les différents états de l’eau : le Jardin doré, associé à l’or, fait appel à un sixième sens et évoque l’évaporation de l’eau ; le Jardin argenté, associé à l’argent, fait appel à la vue et évoque l’eau sous forme de rivière ; le Jardin rouge, associé à l’oxyde de fer, fait appel au goût et évoque l’eau sous forme de cascade ; le Jardin orange, associé au mercure, fait appel au toucher et évoque l’eau sous forme de ruisseau ; le Jardin vert, associé à l’étain, fait appel à l’ouïe et évoque l’eau sous forme de source ; le Jardin bleu, associé à l’oxyde de cuivre, fait appel à l’odorat et évoque l’eau sous forme de pluie.

     



Les jardins sériels.


     Vers le fleuve, le Jardin des métamorphoses, au sud, transcrit les modifications de la nature au fil des saisons tandis que le Jardin en mouvement, au nord, est une sorte de pré sauvage évoquant le vagabondage naturel des fleurs, dont les graines sont portées par le vent ou par les oiseaux.

     Depuis la construction du viaduc destiné à la ligne C du RER (1996) et l’aménagement du quai, le parc s’étend jusqu’à la Seine qui est comme intégrée au jardin.






PROMENADE PLANTEE 1988-1993

12° arr., de la Bastille au bois de Vincennes, M° Bastille, Gare-de-Lyon, Daumesnil, Bel-Air



     La Promenade plantée suit le tracé de l’ancienne voie de chemin de fer, ouverte en 1859, qui reliait la Bastille à La Varenne puis desservit la banlieue sud-est de Paris avant d’être désaffectée en 1969 et remplacée par le RER. La gare de la Bastille, construite en 1859, était située entre les rues de Lyon et de Charenton ; elle a été démolie en 1985 pour permettre la construction de l’Opéra de la Bastille, par l’architecte Carlos Ott, inauguré le 14 juillet 1989 à l’occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française et ouvert en 1990. La ligne du chemin de fer passait sur le viaduc longeant l’avenue Daumesnil, conçu pour éviter de trop nombreux passages à niveau qui auraient considérablement gêné la circulation, puis en remblai et enfin en tranchée ; la ligne n’étant pas encore électrifiée, il n’y avait en effet aucun moyen de la faire passer en souterrain car les fumées dégagées par la locomotive auraient provoqué une asphyxie certaine. Le viaduc, dont les arches abritaient déjà commerces et entrepôts, dans un quartier laborieux où la place était rare, et la gare de Reuilly, inaugurée en 1877 et première station desservie par la ligne, ont été conservés et restaurés.

     



Départ de la promenade depuis la Bastille.





     La Promenade plantée a été aménagée de 1988 à 1993 par l’architecte Philippe Mathieux et le paysagiste Jacques Vergely. Longue de 4,5 km et large de 9 à 30 m selon les endroits, son emprise est de 6,5 hectares. Son parcours, une succession de séquences végétales conçues pour intégrer les infrastructures ferroviaires d’origine, s’effectue de ce fait tantôt en élévation, tantôt en contrebas ; il intègre quatre nouveaux jardins représentant environ 3 hectares d’espaces verts.

     





     En surplomb de l’avenue Daumesnil et jusqu’à la rue de Rambouillet, la promenade consiste en un jardin sur dalle, d’une largeur de 9 m au-dessus du viaduc dont les arches de brique et pierre blanche, rénovées, qui accueillent des artisans d’art, ont été rebaptisées “viaduc des Arts”. A mi- parcours, les terrasses étagées du jardin Hector-Malot, dessiné par l’Atelier Christo-Foroux (1995) effectuent une transition progressive vers le niveau de la rue Hector-Malot.

     





     Au-delà de la rue de Rambouillet, la promenade se poursuit sur l’ancien remblai qui supportait la voie ferrée jusqu’à la rue de Charenton, qu’un pont permet de traverser. Une longue passerelle courbe franchit la vaste pelouse circulaire du jardin de Reuilly, dessiné par l’architecte Pierre Colboc et les paysagistes du groupe Paysage (1992) à l’emplacement d’une ancienne gare de triage et traité sous forme de jardins thématiques, avec une signalétique pour les mal voyants.

     




     Le mail planté de l’allée Vivaldi reprend le niveau du sol jusqu’au jardin de la Gare-de-Reuilly (1995) dont l’aspect champêtre évoque l’atmosphère traditionnelle des petites gares d’autrefois.

     





     La promenade continue en empruntant l’ancien tunnel ferroviaire qui passe sous la rue de Reuilly ou par la piste cyclable qui démarre ici pour rejoindre le bois de Vincennes selon un tracé distinct (1,6 km).

     Une ambiance de chemin creux apparaît après le tunnel de Reuilly car on est ici à environ 7 mètres en contrebas du niveau de la rue, dans le fond de la tranchée qu’empruntait la voie ferrée.

     





     Au-delà de l’avenue du Général-Michel-Bizot, où une bifurcation conduit, au sud, vers le jardin Charles-Péguy, aménagé par Alain Gilot et Liliane Grunig-Tribel (1988- 1989), un mail planté retrouve le niveau des rues environnantes, le long de la rue du Sahel. A partir de la Petite Ceinture, le parcours se fait à nouveau en tranchée. Un souterrain, sous le boulevard Soult, puis un autre, sous le boulevard périphérique, rejoignent l’avenue de la Guyane qui descend au sud vers la porte Dorée et le bois de Vincennes.



JARDIN ATLANTIQUE 1992-1994

15° arr., place des Cinq-Martyrs-du-Lycée-Buffon, boulevard de Vaugirard, place Raoul-Dautry, rue du Commandant-René-Mouchotte, M° Montparnasse- Bienvenüe, Gaîté ou Pasteur

     


     Le jardin Atlantique a été aménagé de 1992 à 1994 sur 3,5 hectares de la dalle de béton qui recouvre depuis 1990 les voies SNCF de la gare Montparnasse. Œuvre des paysagistes Michel Péna et François Brun, il est placé sous le vocable de l’océan Atlantique, tout comme les trains quittant cette gare pour le rejoindre.

     La dalle Montparnasse s’élève à une hauteur variant de 7 à 18 mètres au-dessus des rue environnantes. Tout autour se dressent d’imposants ensembles bâtis, délimitant un espace cerné, au nord, par la gare elle-même dont la présence se manifeste essentiellement par le fond sonore qu’elle produit, et sur les trois autres côtés par des habitations et des bureaux. Dessous, ce sont les voies ferrées et la gare Pasteur (Montparnasse 2), ainsi qu’un parking de plus de 700 places situé à un niveau intermédiaire entre voies et dalle ; ces installations nécessitent la présence, sur la dalle, de près de 130 ouvertures, traitées comme des trémies, assurant leur aération, leur ventilation et leur éclairage.





     D’une vaste pelouse centrale émerge l’île des Hespérides, avec sa fontaine évoquant une vague conçue par Jean-Max Llorca et sa “station météorologique”. Les ondulations du gazon évoquent l’océan mais résultent aussi des contraintes techniques de répartition des charges sur la dalle, dont la portance est différente selon les endroits. L’allée qui traverse le jardin dans toute sa longueur est bordée d’alignements d’arbres de différentes variétés, originaires des deux continents situés des deux côtés de l’Atlantique et se répondant deux à deux.

   





     De part et d’autre de la pelouse, le jardin s’organise en deux zones bien distinctes. A l’ouest, une zone dévolue au sport et à la détente comporte cinq courts de tennis – imposés dans le programme –, un espace aux planchers de bois permettant de s’adonner à des exercices physiques et un pont-promenade à la manière des transatlantiques, partiellement ombragé d’une pergola.

   




     A l’est, une zone végétale très dense, où l’environnement devient invisible, succession de jardins thématiques organisés en “salles” et pavillons : salles des Plantes ondoyantes qui forment un bel ensemble de graminées, des Humidités, des Bleus et des mauves, des Miroitements, du Silence, des Roches, des Rivages; pavillons des Vagues bleues, des Roches. Un ponton qui s’enfonce au milieu des arbres, ponctué de grands mâts de 24 mètres de hauteur imaginés par le sculpteur Bernard Vié, longe cet espace de verdure sur toute la longueur du jardin.

 





JARDIN JEAN-CLAUDE-NICOLAS FORESTIER 1994

13° arr., rue Thomire, rue François-de-Miomandre, M°Porte-d’Italie ou RER Cité-Universitaire



     Inauguré sous le nom de jardin Thomire, ce jardin de plus de 6 000 m2 qui s’étend entre la rue Thomire, le boulevard Kellermann et le stade Sébastien-Charléty a été rebaptisé du nom du botaniste et paysagiste Jean-Claude- Nicolas Forestier (1861-1930) qui avait étudié le projet de “ceinture verte” de la capitale sur les fortifications de Thiers et donné le dessin du parc de la Cité universitaire toute proche. Sur l’emplacement d’anciens bastions de cette enceinte, l’architecte Bernard Zehrfuss avait construit un stade en 1938, démoli et remplacé par le stade Sébastien- Charléty des architectes Henri et Bruno Gaudin, père et fils (1994), auteurs également de la Maison du Sport français (1992). Ce jardin, aménagé sur dalle au-dessus du parc de stationnement du stade, a été dessiné par Louis Benech et sa forme de vagues ondoyantes répond à celle de paquebot immobile que semble former l’architecture voisine.





SQUARE LEON-SERPOLLET 1981-1996

18° arr., rue et impasse des Cloÿs, rue Marcadet, M° Lamarck-Caulaincourt



     Ce square a pour origine un terrain de près de 3 000 m2 sur lequel l’ingénieur Léon Serpollet, qui travailla toute sa vie sur les voitures à vapeur, avait établi ses ateliers, rue des Cloÿs, vers 1880. Donné à la Ville pour y établir un espace vert rappelant le nom de l’inventeur, ce terrain a été agrandi par des acquisitions successives et le square, de plus de 1,5 hectare, a été aménagé par étapes entre 1981 et 1996. C’est un jardin en terrasses, aux cheminements sinueux tracés sur les dernières pentes, au nord-ouest, de la colline de Montmartre.







PROMENADE RICHARD-LENOIR 1996

11° arr., boulevard Richard-Lenoir, boulevard Jules-Ferry, M° Bastille, Bréguet-Sabin, Richard-Lenoir, Oberkampf, République



      C’est sous le Consulat, en 1802, que Bonaparte fixa définitivement le projet de dérivation des eaux de l’Ourcq, étudié dès la fin du XVII° siècle mais jamais abouti, destiné à améliorer la navigation mais aussi à assurer un meilleur approvisionnement de la capitale en eau potable. Le canal de l’Ourcq devait alimenter le bassin de la Villette, inauguré en 1808, d’où partiraient deux nouvelles voies navigables, le canal Saint-Denis, ouvert à la navigation en 1821 et le canal Saint-Martin, ouvert en 1826.

     Le canal Saint-Martin, long de 4,5 kilomètres, coulait à ciel ouvert sur tout son parcours, depuis le bassin de la Villette jusqu’à celui de l’Arsenal où la dernière des neuf écluses, destinées à rattraper une dénivellation de près de 25 mètres, le mettait en communication avec la Seine. Seule existait alors, et dès l’origine du canal, la voûte située sous la place de la Bastille.

   



     C’est Haussmann qui décida de couvrir le canal (1859) : plutôt que de construire un pont pour raccorder le nouveau boulevard du Prince-Eugène (boulevard Voltaire en 1870) de part et d’autre du canal, il choisit la solution du couvrement, qui présentait à ses yeux, et à ceux de Napoléon III, l’avantage de supprimer cette frontière naturelle derrière laquelle s’étaient retranchés les émeutiers en 1830 et plus encore en 1848.

     La construction de cette voûte maçonnée obligea à abaisser le lit du canal de six mètres ; il fallut donc l’assécher puis on installa dans le fond du chenal une voie ferrée facilitant l’enlèvement des gravats. La voûte, achevée en 1861, couvrait le canal sur 1,5 kilomètre à partir de la Bastille et comportait une trentaine d’ouvertures assurant aération et éclairage.

   



Sous la promenade coule toujours le canal.



     Cette voûte donna naissance au boulevard Richard-Lenoir, des noms de François Richard et Joseph Lenoir qui avaient installé rue de Charonne, en 1802, la première filature française de coton. Le boulevard Jules-Ferry, qui fait suite au boulevard Richard-Lenoir sur 300mètres, fut couvert bien plus tard, en 1906-1907.

     Sur le terre-plein central, d’une largeur de 30 mètres au- dessus de la voûte du canal, l’architecte Gabriel Davioud dessina 15 faux squares, identiques et à égale distance les uns des autres. Ces petits jardinets à la française, inaccessibles car clos de grilles, avaient la forme d’un rectangle terminé par deux demi-cercles, motif répété dans le bassin de pierre avec jet d’eau qui ornait le centre de chacune des pelouses ; aux deux extrémités de chaque jardinet, des massifs plantés camouflaient les 30 ouvertures de la voûte du canal. Cette promenade, élégante mais tout aussi fonctionnelle, était bordée par deux rangées d’arbres de chaque côté, longées par les voies réservées à la circulation.

     



Au premier plan, l'une des 36 trémies de la promenade actuelle, qui assurent l'aération et l'éclairage du canal souterrain.


     Dans les années 1920, elle avait cependant perdu toute sa superbe et seuls les squares Bréguet-Sabin et Richard- Lenoir, que l’on aménagea autour de deux des anciens bassins de Davioud, en rappelaient le souvenir, tandis que plus au nord, le square Jules-Ferry, sur la portion plus récemment couverte, s’ornait de la Grisette de 1830, sculpture en marbre de Jean-Bernard Descomps (1909).

     Dans les années 1960, le canal Saint-Martin fut menacé de disparition lorsqu’on imagina de le transformer, et le boulevard Richard-Lenoir à sa suite, en une véritable autoroute qui aurait relié l’aéroport du Bourget, au nord, à celui d’Orly, au sud ; ce projet ne fut finalement abandonné qu’en 1971 et c’est en 1992 qu’il fut décidé de redonner au terre-plein central des boulevards Richard-Lenoir et Jules- Ferry le caractère de promenade qu’ils avaient perdu.

     





     Achevé en 1996, ce mail large de 30 mètres et long de 1,8 kilomètre entre la Bastille et la rue du Faubourg-du-Temple, alterne, entre les deux rangées d’arbres d’alignement, jardins ouverts et jardins clos – représentant plus de 2 hectares – avec les emplacements réservés aux marchés Bastille et Popincourt. Œuvre de l’architecte David Mangin et de la paysagiste Jacqueline Osty, il a été conçu de manière à évoquer l’eau qu’il recouvre : le centre de la promenade se situe légèrement en contrebas par rapport aux allées latérales, à la manière d’une rivière encadrée par ses berges aux bordures irrégulières ; trois passages figurent des passerelles permettant de passer d’une rive à l’autre tandis que la végétation a été choisie pour l’essentiel parmi des plantes de milieu humide.

     




     Tout au long du parcours, la présence du canal souterrain est rappelée par les dix-huit groupes de deux ouvertures rondes, mises en scène de part et d’autre des fontaines en marbre de Carrare avec jets d’eau créées par Jean-Max Llorca.






JARDIN NATUREL 1996

20° arr., rue de Lesseps, 120, rue de la Réunion, M° Alexandre-Dumas



     Ce jardin de 6 500 m2, adossé au cimetière du Père- Lachaise, a été créé par les paysagistes Agnès Bochet et Laurent Gérard avec le concours de Sylvestre Voisin sur le thème de la nature en Ile-de-France. Une mare, des pelouses, un espace en friches et un sous-bois ont été reconstitués ici afin d’accueillir uniquement des plantes sauvages indigènes qui sont, certes, pour la plupart plantées et non pas spontanées, mais traitées dans un esprit de maintien de l’équilibre écologique, sans engrais, insecticides ou herbicides et en limitant seulement les espèces trop envahissantes qui ne laisseraient pas survivre les autres. Planté de 45 espèces de plantes ligneuses – arbres, arbustes, conifères et plantes grimpantes – et de plus de 150 espèces de plantes herbacées – vivaces, annuelles et plantes à bulbe –, il favorise aussi la réinstallation des insectes et des oiseaux.





JARDIN DAMIA 1997

11° arr., 91, boulevard de Charonne, M° Alexandre-Dumas



     Intégré au cœur de l’îlot rénové de la Zac Dorian, ce jardin de 4 500 m2 a reçu en 1999 le nom de la chanteuse Marie-Louise Damien (1892-1978), dite Damia. Il est l’œuvre de l’architecte paysagiste Bernard Lassus qui a voulu offrir un véritable dépaysement en reconstituant l’atmosphère de la forêt des Vosges, avec des talus au sommet desquels se détachent les teintes sombres des conifères, contrastant avec le grès rosé des pierres de cette région qui dessinent une longue allée sinueuse traversant le jardin dans sa diagonale.







PARC DE BERCY 1994-1995-1997

12° arr., rue de Bercy, rue Paul-Belmondo, rue de l’Ambroisie, rue François-Truffaut, rue Joseph-Kessel, M° Bercy, Cour-Saint-Emilion



     Une découverte archéologique majeure, en 1991, lors des fouilles effectuées sur le site de Bercy pour les travaux de la ZAC, a livré un arc en bois et trois pirogues en chêne remontant au néolithique (4 500-4 300 avant J.-C.) ainsi que des céramiques et des outils de silex et d’os, qui témoignent d’un habitat humain dès cette époque sur les berges d’un ancien lit de la Seine.

     Le toponyme de Bercy est mentionné pour la première fois au début du XII° siècle tandis que la seigneurie apparaît en 1316, lorsqu’elle est acquise par la comtesse Mahaut d’Artois. Dans la seconde moitié du XV° siècle, le fief de Bercy passe à la famille Malon – elle le conservera jusqu’en 1801 – qui l’agrandit au XVII° de la seigneurie contiguë, à l’est, de la Grange-aux-Merciers et qui reconstruit en 1658 le château de Bercy.

     Aux XVII° et XVIII° siècles, il n’y a là que des demeures de plaisance : le château de Bercy, à l’est, occupe le tiers du territoire de Bercy et son parc, qui s’étend jusqu’à Charenton, est limité par la Seine ; à l’ouest, on trouve des fermes et surtout des résidences de campagne, parmi lesquelles la demeure construite en 1711 pour les financiers Antoine et Claude Pâris et le Petit-Bercy, dit encore le Petit-Château, qui appartient au contrôleur des Finances Philippe de Vignory. Les terrains de ces demeures, qui s’ouvrent sur la rue de Bercy, s’étendent jusqu’au quai, bordé par le mur continu des propriétés.

     La construction du mur des Fermiers généraux, à partir de 1784, laisse Bercy à l’extérieur de l’enceinte, au-delà des barrières de Bercy (à l’intersection de la rue de Bercy et du boulevard de Bercy créé sous le Second Empire sur l’emplacement du mur) et de la barrière de la Rapée (à l’extrémité du quai).

     Lorsqu’en 1789 le territoire de Bercy est érigé en commune, c’est toujours la campagne, partagée entre jardins et cultures.

     




     Dès les premières années du XIX° siècle, le commerce du vin s’installe à Bercy et, sur les terrains des anciennes demeures de plaisance commencent à s’élever des entrepôts destinés à stocker le vin transporté par la Seine et débarqué au port de la Rapée. Lorsqu’en 1811 Napoléon choisit pour implanter la Halle aux vins l’ancien enclos de l’abbaye Saint- Victor, sur le quai Saint-Bernard, le maire de Bercy, qui avait essayé dès 1809 d’obtenir ce négoce pour sa commune, décida de persévérer dans son idée et loua une partie du Petit-Bercy, dont il était propriétaire, à des marchands de vin. Louis Gallois, acquéreur du Petit-Bercy en 1819, paracheva cette entreprise en transformant la totalité du domaine en entrepôts. De son côté, le baron Joseph Louis, en financier avisé – il fut ministre des Finances sous la Restauration –, achetait peu à peu les terrains d’anciennes maisons de plaisance voisines pour les louer à des négociants en vin.

   Sur le port s’installèrent restaurants et guinguettes, fréquentés par les marchands en semaine et par les Parisiens le dimanche, qui venaient y consommer à bas prix un vin non taxé.

   En 1860, lors de l’annexion à Paris de la presque totalité de la commune de Bercy, absorbée dans le 12° arrondissement à l’exception de la frange sud-est rattachée à Charenton, les entrepôts occupent déjà leur surface définitive, soit 43 hectares. Mais le mécontentement est grand car les négociants, jusque-là exempts du paiement de l’octroi, doivent maintenant s’y soumettre.

   L’année suivante, en 1861, le domaine de Bercy est vendu, le château démoli et le parc démantelé.

   




     Les entrepôts de Bercy sont rachetés en 1878 par la Ville qui entreprend leur réaménagement. De nouveaux bâtiments sont construits pour servir d’entrepôts et de magasins et des arbres sont plantés pour les ombrager. Le tout forme un lacis de rues, cours et ruelles qui portent le nom des plus grands crus et Bercy devient le premier marché français pour le vin.

   Un siècle plus tard, l’activité des entrepôts a décliné et la petite cité du vin s’est assoupie. La Ville décide de reconvertir ce vaste espace délimité par la rue de Bercy au nord et le quai au sud et qui s’étend d’ouest en est du boulevard de Bercy jusqu’aux abords du boulevard Poniatowski.

   





     En 1979, 8 hectares sont affectés dans la partie ouest à la construction du Palais Omnisports de Paris-Bercy, des architectes Michel Andrault, Pierre Parat, Aydin Guvan et de l’ingénieur Jean Prouvé. Ce nouveau complexe polyvalent, sorte de pyramide étêtée aux pentes engazonnées, est inauguré en 1984 et la fontaine de Gérard Singer, le Canyoneaustrate, se dresse en 1986 sur son parvis. En 2015, le Palais Omnisports est rebaptisé Bercy Arena.

   


Au début des années 1980 le Palais Omnisports de Bercy sort de terre.



     Le reste du terrain des entrepôts est destiné à accueillir un parc au centre, et un nouveau quartier d’affaires, à l’est, spécialisé dans les produits agroalimentaires et, bien sûr, le vin. Le bâtiment moderne de Bercy-Expo ouvre en 1993 ; à ses pieds, côté parc, subsistent les seuls chais conservés des anciens entrepôts, qui ont été restaurés pour être intégrés dans ce nouvel ensemble commercial. Les chais de la cour Saint-Emilion, qui datent des années 1840, et les chais Lheureux, du nom de l’architecte Ernest Lheureux qui les construisit en 1886, permettent, avec un peu d’imagination, de se figurer ce à quoi ressemblait Bercy autrefois. Sur la rue de Bercy, au nord du jardin, le bâtiment construit par l’architecte Franck Gehry pour le Centre culturel américain (1994) abrite depuis 1998 la Cinémathèque française.

   





     Le parc de Bercy, qui couvre une surface de 13,5 hectares entre le palais Omnisports et les anciens chais, est l’œuvre des architectes Marylène Ferrand, Jean-Pierre Feugas, Bernard Huet et Bernard Leroy et des paysagistes Yann Le Caisne (décédé en 1991) et Philippe Raguin. Les travaux ont commencé en 1993 et il a été ouvert par étapes, d’ouest en est, en 1994, 1995 et 1997. Sous-titré “jardin de la mémoire”, il a conservé du site ce qui pouvait l’être : le réseau des chaussées pavées, avec les rails de convoyage des wagons, qui permettaient d’acheminer les fûts depuis la Seine, 200 arbres centenaires, essentiellement platanes et marronniers, plantés en alignement et trois anciens bâtiments vinicoles.

   




     

     A l’ouest, prolongeant les talus du Palais Omnisports, un vaste espace libre, traité en pelouses, est partagé en figures géométriques de différentes tailles par la trame des anciens chemins, qui ont été rétrécis et pavés en légère surélévation. La liaison Palais Omnisports / parc est assurée par les quinconces de tulipiers qui encadrent la fontaine et les alignements de chênes marquent les emplacements des constructions qu’ils bordaient.

 





     Au centre, les jardins thématiques – potager, verger, roseraie, jardin de senteurs, treilles de vigne, etc. –, sont organisés en parterres et évoquent à la fois les cultures et les jardins d’agrément du Bercy d’avant les entrepôts. Dans le potager, un bâtiment composé de deux anciens chais abrite le “Pavillon de Bercy”, réhabilité pour accueillir des expositions temporaires ; la Maison du Jardinage, au centre, qui dispense informations, cours, ateliers, etc., occupe les anciens bureaux de la douane; dans le verger, une orangerie, moderne, abrite les plantes en pots l’hiver.

   



La Maison du jardinage.



     A l’est s’étend le jardin romantique, coupé en deux par la rue Joseph-Kessel, ancienne rue de Dijon, enjambée par deux passerelles. Romantique, il ne l’est pas du tout dans son tracé, qui reste tributaire, comme l’ensemble du jardin, de l’ancien réseau des cheminements, mais dans la permanence du thème de l’eau et dans la plantation d’espèces inhabituelles à Paris : pins de Corse, bouleaux et saules pleureurs. Le canal central aboutit à une île sur laquelle se dresse la Maison du Lac, ancienne maison d’un négociant reconvertie en lieu d’exposition. Tout autour, un belvédère, une vallée, un tertre participent de cette touche romantique. Le jardin du Philosophe a été constitué à partir d’arches provenant de l’ancien marché Saint-Germain qui avaient été entreposées ici ; les ruines d’une folie XVIII° sont un vestige du Petit-Château de Bercy. Une œuvre sculptée en bronze par Etienne Martin, Demeure X, constitue la seule sculpture du jardin.


 

La Maison du Lac.



     Depuis novembre 2000, la partie du parc de Bercy, située entre la rue Joseph-Kessel et le Palais Omnisports, a été rebaptisée jardin Yitzhak Rabin, en hommage au premier ministre israélien, Prix Nobel de la paix, assassiné en 1995.

     En bordure du quai, une vaste terrasse plantée d’un mail de tilleuls isole le parc des nuisances automobiles et surplombe le fleuve, à la manière de la terrasse du Bord de l’Eau aux Tuileries.




Demeure X  d'Etienne Martin.












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HAUTECŒUR Louis, Histoire du Louvre, L’Illustration, s.d.

HENARD Robert, Les jardins et les squares, H.Laurens, 1911

HILLAIRET Jacques, Dictionnaire historique des rues de Paris, Minuit, 1972

JEANNEL Bernard, Le Nôtre, Fernand Hazan, 1985

JIANOU Ionel, Rodin, Arted Editions d’Art, 1980

JOUANET André, Mémoire sur les plantations de Paris, J.- B. Gros, 1855

KJELLBERG Pierre, Le Guide des statues de Paris, La Bibliothèque des Arts, 1973

KRAFFT J.-C., Plans des plus beaux jardins pittoresques de France, d’Angleterre et d’Allemagne, 1810

LACLOTTE Michel (dir.), Dictionnaire des Grands Peintres, Larousse, 1983

LANGLOIS Gilles-Antoine (dir.), Le 12° arrondissement Traditions et actualités, Délégation à l’Action artistique de la Ville de Paris, 1996

LAVEDAN Pierre, Histoire de Paris, Presses universitaires de France, Que Sais-Je, 1967

LE DANTEC Denise et Jean-Pierre, Splendeur des Jardins de Paris, Flammarion, 1991

LEVEQUE Jean-Jacques, Guide des parcs et jardins de Paris et de la région parisienne, Horay, 1980

LEVEQUE Jean-Jacques, Jardins de Paris, Hachette, 1982

MAILLARD Lydia, Les Moulins de Montmartre et leurs Meuniers, Le Vieux-Montmartre, 1981

MANEGLIER Hervé, Paris impérial. La vie quotidienne sous le Second Empire, Armand Colin, 1990

MAZERAN Alain et GADY Alexandre, Place des Vosges, Alain Mazeran, 1996

MOSSER Monique et TEYSSOT Georges (dir.), Histoire des jardins de la Renaissance à nos jours, Flammarion, 1991

MOUSNIER Jehan, Paris 18° arrondissement, Michel Dansel, 1985

MUSSAT Marie-Claire, La Belle Epoque des Kiosques à Musique, Du May, 1992

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PEROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie (dir.), Guide du Patrimoine Ile-de-France, Hachette, 1992

PEROUSE DE MONTCLOS Jean-Marie (dir.), Guide du Patrimoine Paris, Hachette, 1994

PIGEAT Jean-Paul, Parcs et jardins contemporains, La Maison Rustique, 1990

ROMAIN Hippolyte, Le Jardin d’Acclimatation, Plume, 1999

SELVAGGI Jacques, Le Palais du Luxembourg, Sénat, s.d., H.C.

SIGURET Philippe et BOUVET Vincent, Chaillot Passy Auteuil Le bois de Boulogne, Henri Veyrier, 1982

THIERY Luc-Vincent, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, 1788

THOUIN Gabriel, Plans raisonnés de toutes les espèces de jardins, 1820

VACHEROT Jules, Les parcs et jardins au commencement du XX° siècle, Doin, 1908








Table des matières




1 - Avant-propos

Le Moyen Age et la Renaissance

Les jardins historiques : XVII° et XVIII° siècles

encadré : Le jardin classique

Jardin des Tuileries 1564/1664 

encadré : André Le Nôtre (1613-1700)

Jardin du Luxembourg 1612-1625

Jardin des Plantes 1633

Jardins des Champs-Elysées 1667 

Square Louis-XIII 1682

Esplanade des Invalides 1720

encadré : Jardin de l’Intendant 1980

Jardin du Musée Rodin 1728-1730

encadré : Le jardin pittoresque

encadré : Le jardin anglo-chinois

Jardin du Palais-Royal 1780-1784

Jardin de Bagatelle 1786

encadré : Thomas Blaikie (1750-1838)

encadré : Jean-Claude-Nicolas Forestier (1861-1930)

2 - Les premiers jardins publics : le XIX° siècle

Square jean-XXIII 1844

encadré : Le parc haussmannien

encadré : Le square haussmannien

Bois de Boulogne 1852-1855

encadré : Jean-Charles Adolphe Alphand (1817-1891)

encadré : Jardins de l’avenue Foch 1855

encadré : Jean-Pierre Barillet-Deschamps (1824-1873)

Square de la Tour-Saint-Jacques 1856

Bois de Vincennes 1857

encadré : Gabriel Davioud (1823-1881)

Square du Temple 1857 

SquareEmile-Chautemps 1858

Square Louvois 1859

Jardin d’Acclimatation 1860

Jardin du Ranelagh 1860

Parc Monceau 1773-1778 / 1861

Square des Batignolles 1862

Square Montholon 1863

Square Louis-XVI 1865

Squared’Estienne-d’Orves 1865

Parc des Buttes-Chaumont 1867

encadré : Edouard André (1840-1911)

Jardin Robert-Cavelier-de-La-Salle et Jardin Marco-Polo 1867

Parc Montsouris 1867-1878

Square Saint-Médard 1875

Jardins du Trocadéro 1878

Squares autour de Saint-Germain-des-Prés : square Laurent-Prache et squareFélix-Desruelles 1881

SquareduVert-Galant 1884

Square Samuel-de-Champlain 1889

Jardin des Arènes de Lutèce et square Capitan 1892

JardindesSerresd’Auteuil 1898

Square Louise Michel 1885-1900-1901-1932

Squares autour du musée carnavalet : square Léopold- Achille 1913 et square Georges-Cain 1923

Square de l’Ile-de-France 1914

Jardin du Champ-de-Mars 1908-1928

3 - Les jardins des années 30

Square Saint-Lambert 1930-1933

Square Sarah-Bernhardt et square Réjane 1936

Parc Kellermann 1937

Square de Choisy 1937

Square René-Le Gall 1938

Square de la Butte-du-Chapeau-Rouge 1939

4 - Les jardins contemporains

JardinShakespeare 1953

Square des Poètes 1954

Parc floral de Paris 1969

SquareVillemin 1977

Square de la Roquette 1977

Jardin Catherine-Labouré 1978

Jardin Tino-Rossi 1975-1980

Jardin de l’Hospice Debrousse 1979-1982

Jardin de l’Arsenal 1982-1983

ParcGeorges-Brassens 1977-1985

Jardin Sainte-Périne 1984

Jardin sauvage Saint-Vincent 1985

Jardin Emile-Gallé 1986

Jardin des Halles/ NelsonMandela 1988

Parc de Belleville 1988

Parc de la Turlure 1988

Promenade Pereire 1989

Parc de la Villette 1990-1991

Parc André-Citroën 1992

Promenade plantée 1988-1993

Jardin Atlantique 1992-1994

Jardin Jean-Claude-Nicolas Forestier 1994

Square Léon-Serpollet 1981-1996

PromenadeRichard-Lenoir 1996

Jardin naturel 1996

Jardin Damia 1997

Parc de Bercy 1994-1995-1997

Bibliographie

Table des matières



© Jacques Barozzi et Marie-Christine Bellanger-Lauroa, 2022









































par Jacky Barozzi 02 mai, 2024
Adopté par Mimi, le Chartreux de Corine, l'amie de ma petite soeur Marinette, du côté de Flayosc. Séjour dans le Sud, entre Flayosc (Var) et Cannes (Alpes-Maritimes) du 17 au 30 avril 2024.
par Jacky Barozzi 08 avr., 2024
Sandrine, assisse au soleil sur un banc du square Trousseau , au faubourg Saint-Antoine, observait, tout en achevant d’avaler un sandwich, des enfants jouant dans l’aire de jeux, au milieu du grand bac à sable. Une jeune femme blonde d‘une vingtaine d’années et son compagnon, un beur du même âge, accompagnés de leur gamin, se dirigèrent vers le kiosque à musique, au centre du jardin. Là, ils s’installèrent sur les marches. Le père sortit une balle de son sac à dos et la donna au garçon, qui courut rejoindre les autres enfants dans l’aire de jeux voisine du kiosque. Sandrine alluma une cigarette et fuma voluptueusement, les yeux mi-clos, le visage offert aux rayons du soleil. Plongées dans ses rêves, elle fut soudain ramenée à la réalité par la voix d’une jeune femme : – Pourrais-je vous emprunter votre briquet, s’il-vous-plait ? Rouvrant les yeux, Sandrine découvrit la blonde du kiosque. Elle tira un briquet de son sac, posé à côté d’elle sur le banc, et le tendit en souriant à la mère du petit garçon. Sans plus de façon, celle-ci repartit jusqu’au kiosque où elle donna à son tour le briquet à son conjoint. Malgré la distance, Sandrine perçu toute l’action : le jeune homme chauffa une barrette de cannabis et se confectionna un joint, qu’il alluma, avant de rendre le briquet à sa compagne. Celle-ci revint en direction de Sandrine et lui redonna son briquet – Merci beaucoup, dit-elle. – Il n’y a pas de quoi, répondit Sandrine, toujours souriante. 
par Jacky Barozzi 23 mars, 2024
Connaissez-vous, au voisinage du bois de Vincennes, l’hôpital Esquirol de Saint-Maurice ? Un haut-lieu de vie et de mémoire, qui vaut le détour ! Durant douze siècles, Saint-Maurice se dénomma Charenton-Saint-Maurice, jusqu’à ce qu’une ordonnance royale de Louis Philippe, du 25 décembre 1842, lui permit de n’en conserver que sa seule appellation dernière. Officiellement, pour la distinguer de la commune voisine, qui prit le nom de Charenton-le-Pont en 1810. En réalité, c’est parce que les habitants, du fait de la trop grande renommée de l’asile de Charenton, et trouvant qu’ils avaient de plus en plus de mal à marier leurs filles, voulurent, à défaut de se débarrasser de l’asile, en effacer le nom. Voilà pourquoi l’ancien asile de Charenton, devenu l’hôpital Esquirol, ne se trouve pas sur la commune de Charenton, mais sur celle de Saint-Maurice.
par Jacky Barozzi 12 mars, 2024
JARDIN DES PLANTES - 1633 5° arr., place Valhubert, rue Buffon, rue Geoffroy-Saint- Hilaire, rue Cuvier, M° Gare-d’Austerlitz, Jussieu ou Place-Monge C’est en 1614 que Guy de La Brosse, médecin ordinaire de Louis XIII, soumet à Jean Héroard, Premier médecin du roi, son projet de création d’un jardin où l’on cultiverait « toutes sortes d’herbes médicinales ». Il faut dire que les travaux des botanistes du XVI° siècle avaient attiré l’attention sur cette science nouvelle. Après la création du Jardin des plantes de Montpellier, en 1593, qui est le premier fondé en France, Henri IV et Sully songèrent à en établir un semblable à Paris qui possédait seulement un petit jardin de simples planté par l’apothicaire Nicolas Houel pour l’école des Apothicaires de la rue de l’Arbalète. L’édit de fondation du «Jardin royal des plantes médicinales » est promulgué en 1626 mais il reste encore à lui trouver un emplacement ! C’est Guy de La Brosse qui, en 1633, s’occupe de l’acquisition d’un vaste terrain, le clos Coypeau, situé au sud de l’abbaye Saint-Victor. D’une surface représentant environ le quart de sa superficie actuelle (qui est de 24 hectares), le jardin est séparé de la Seine par un entrepôt de bois et bordé de l’autre côté (vers l’actuelle rue Geoffroy-Saint-Hilaire) par des buttes artificielles faites de détritus et de gravats de construction. Guy de La Brosse s’attache immédiatement à aménager cette propriété royale, dont il est nommé intendant en 1635, pour en faire une école de botanique et d’histoire naturelle. L’espace est compartimenté en quatre zones distinctes, séparées par deux allées se coupant à angle droit. L’on y cultive des plantes usuelles, des arbres fruitiers, des arbustes et des plantes aquatiques. Sur les pentes des buttes artificielles qui bornent le jardin, Guy de La Brosse aménage un labyrinthe. En 1636, Vespasien Robin, démonstrateur en botanique, plante le robinier ou faux-acacia à partir d’un rejet dont son père Jean Robin, chargé du Jardin du roi dans l’île de la Cité (emplacement de la place Dauphine), se serait procuré les graines par l’intermédiaire d’un pépiniériste anglais. Le robinier du Jardin des plantes fut longtemps le deuxième plus vieil arbre de Paris, après le robinier du square René-Viviani planté vers 1601 par Jean Robin. Il est aujourd’hui mort et il ne reste qu’un tronc avec des rejets (extrémité ouest de la galerie de botanique) mais celui du square René-Viviani, avec ses 20 mètres de hauteur et ses 4 mètres de circonférence, existe toujours, soutenu par des étais. Dès 1640, le jardin est ouvert au public et, à la mort de son fondateur, l’année suivante, il compte 1 800 plants différents. C’est désormais le « Jardin du roi », développé à partir de 1693 par Fagon, Premier médecin de Louis XIV, puis par le botaniste Tournefort, qui plante l’érable de Crète en 1702 (labyrinthe, côté bibliothèque), et les trois frères de Jussieu qui parcourent le monde à la recherche de nouvelles espèces rares. C’est ainsi que Bernard de Jussieu rapporta d’Angleterre, en 1734, deux cèdres du Liban dont l’un subsiste sur les pentes du grand labyrinthe ; c’est lui aussi qui plantera en 1747 le premier pied de Sophora, qui provenait de Chine (devant la galerie de minéralogie). Entre 1732 et 1739 sont créées les premières serres chaudes françaises, pour abriter des plantes exotiques. Nommé intendant du Jardin du roi en 1739, Georges- Louis de Buffon le restera jusqu’à sa mort, en 1788. Il sut s’entourer des meilleurs savants, parmi lesquels les naturalistes Louis Daubenton (une colonne signale sa tombe près du sommet du labyrinthe) et Jean-Baptiste de Lamarck et le botaniste Antoine-Laurent de Jussieu, neveu des trois frères. Pour le jardin, il s’adjoignit les services d’André Thouin, nommé jardinier en chef en 1764, et pour la construction des bâtiments, ceux de l’architecte Edme Verniquet. C’est sous la direction de Buffon que le Jardin du roi va connaître son plus bel essor. L’intendant y habite, dans la maison dite « de Buffon » située dans l’angle sud-ouest du jardin (actuelle librairie).
par Jacky Barozzi 01 mars, 2024
Fontaine Hydrorrhage Jardin Tino-Rossi, quai Saint-Bernard (5e arr.) Métro : Gare d’Austerlitz ou Jussieu Transformé en jardin entre 1975 et 1980, le quai Saint-Bernard constitue désormais une belle promenade, entre les ponts d’Austerlitz et de Sully. C’est là qu’a été installé le musée de Sculptures en plein air de la Ville de Paris, consacré essentiellement aux œuvres de la seconde moitié du XXe siècle. Au centre, un rond-point constitué d’une succession de bassins semi-circulaires, abrite une bien singulière fontaine. Baptisée Hydrorrhage , celle-ci a été réalisée en 1975-1977 par l’architecte Daniel Badani et le sculpteur Jean-Robert Ipoustéguy. Derrière une imposante armure en forme de bouclier, on découvre un homme nu, harnaché d’un attirail relevant proprement de l’iconographie sado-masochiste, et suçotant une sorte de gland tout en se livrant à la masturbation ! Cette audacieuse œuvre, contemporaine de l’époque de la libération sexuelle, semble avoir dépassée les souhaits de son commanditaire. La municipalité a en effet récemment entouré d’un grillage et d’une haie d’arbustes l’ensemble des bassins, empêchant le visiteur de se rapprocher de cette fontaine, autrefois de plain-pied, et en a pudiquement détourné la gerbe principale, qui jaillissait du sexe du personnage et retombait dans le premier bassin depuis le gros tuyau recourbé au centre du bouclier, pour le remplacer par les deux inoffensifs jets d’eau du bassin, situés de part et d’autre du groupe en bronze. 
par Jacky Barozzi 29 févr., 2024
La Lutèce gallo-romaine reconstituée. JARDIN DES ARENES DE LUTECE ET SQUARE CAPITAN - 1892 5° arr., rue de Navarre, rue des Arènes, rue Monge, M° Place-Monge La Lutèce gallo-romaine, qui voit se reconstruire l’île de la Cité, se développe sur la rive gauche, à l’abri des inondations. Là, sur les pentes de la montagne Sainte- Geneviève, s’établit une cité à la romaine, de part et d’autre de la voie principale, le cardo, dont on retrouve le tracé dans la rue Saint-Jacques. Un peu à l’écart, adossé au versant oriental de la colline, est construit vers la fin du Ier siècle après J.-C. un édifice, connu sous le nom d’Arènes de Lutèce, qui servait en réalité tout aussi bien pour les jeux du cirque que pour les représentations théâtrales, comme en témoigne la scène qui vient interrompre les gradins sur un côté.
par Jacky Barozzi 25 févr., 2024
I nlassable piéton de Paris, pour lequel les errances dans la capitale furent longtemps le prétexte à ranimer son imaginaire mémoriel, Patrick Modiano serait-il brusquement rattrapé par le principe de réalité ? Dans son dernier roman, « La Danseuse », un récit de moins de cent pages, aux chapitres particulièrement aérés, il nous conte l’histoire d’une danseuse, jamais autrement nommée dans le livre, et de son jeune fils Pierre, rencontrés un demi siècle plus tôt. Situé en grande partie entre la Place Clichy (9e arr.) et la Porte de Champerret (17e arr.), ce court texte est ponctué de plusieurs paragraphes où le présent s’invite comme jamais auparavant dans les romans de notre auteur récemment nobélisé : « Qu’étaient devenus la danseuse et Pierre, et ceux que j’avais croisés à la même époque ? Voilà une question que je me posais souvent depuis près de cinquante ans et qui était restée jusque-là sans réponse. Et, soudain, ce 8 janvier 2023, il me sembla que cela n’avait plus aucune importance. Ni la danseuse ni Pierre n’appartenaient au passé mais dans un présent éternel. » Ici, le narrateur ne reconnait plus le Paris de sa jeunesse et s’y sent désormais étranger. Une ville où les Parisiens ont été remplacés par les touristes et où la nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Une ville : « qui avait à ce point changé qu’elle ne m’évoquait plus aucun souvenir. Une ville étrangère. Elle ressemblait à un grand parc d’attraction ou à l’espace « duty-free » d’un aéroport. Beaucoup de monde dans les rues, comme je n’en avais jamais vu auparavant. Les passants marchaient par groupes d’une dizaine de personnes, traînant des valises à roulettes et la plupart portant des sacs à dos. D’où venaient ces centaines de milliers de touristes dont on se demandait s’ils n’étaient pas les seuls, désormais, à peupler les rues de Paris ? » Tandis que le narrateur traverse le boulevard Raspail (Patrick Modiano réside aujourd’hui dans le 6e arr.), il croise un fantôme du passé : « Je reconnus aussitôt Verzini. Et j’éprouvai un brusque malaise, celui d’être en présence de quelqu’un que je croyais mort depuis longtemps. » Après l’avoir accosté, les deux hommes décident de se réfugier dans un café, à l’angle du boulevard et de la rue du Cherche-Midi : « Nous étions assis à une table, l’un en face de l’autre, seuls dans la salle, ce qui m’étonnait. Depuis quelques temps, les cafés et les restaurants étaient bondés. Devant la plupart d’entre eux, il y avait même des files d’attente. » Le narrateur précisant : « Derrière la vitre, je voyais passer les groupes de touristes habituels depuis quelques mois, sac au dos et traînant leurs valises à roulettes. La plupart portaient des shorts, des tee-shirts et des casquettes de toile à visière. Aucun d’entre eux ne pénétrait dans le café où nous étions, comme si celui-ci appartenait encore à un autre temps qui le préservait de cette foule. » Et ajoutant, au moment où le narrateur et Verzini se séparent sur le trottoir : « Dehors, nous étions bousculés par le flot des touristes. Ils avançaient par groupes compacts et vous barraient le chemin. ''Nous reprendrons peut-être un jour notre conversation, me dit-il. C’est si loin, tout ça… Mais j’essaierai quand même de me souvenir…'' Il eut le temps de me faire un signe du bras avant d’être entraîné et de se perdre dans cette armée en déroute qui encombrait le boulevard. » Le narrateur ou Modiano lui-même, avouant, plus loin : « Nous vivions des temps difficiles depuis trois ans, comme je n’en avais jamais connu de ma vie. Et le monde avait changé si vite autour de moi que je m’y sentais un étranger. » Alors, texte testamentaire de notre auteur national, dans un Paris post covidien et de plus en plus airbnbisé ? Seul, l’avenir nous le dira…
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
12e arrondissement Musée des Arts forains 53, avenue des Terroirs de France Tél. : 01 43 40 16 22 Métro : Cour Saint-Émilion http://www.arts-forains.com
par Jacky Barozzi 20 févr., 2024
PARC DES BUTTES-CHAUMONT - 1867 19° arr., rue Manin, rue de Crimée, rue Botzaris, M° Buttes- Chaumont ou Botzaris Entre Belleville et La Villette, la butte de Chaumont, du latin calvus mons ou mont chauve, est de tout temps une colline aride et dénudée dont le sol calcaire interdit toute agriculture. Des moulins apparaissent dès le XVI° siècle sur les hauteurs de Belleville et de La Villette et on en dénombre six à la fin du XVII°sur la butte de Chaumont. A partir du XVIII° siècle, le gypse du sous-sol est exploité pour fournir de la pierre à plâtre destinée à la construction. Cette extraction, qui se fait en souterrain, entraîne des affaissements du terrain et, à la suite d’effondrements meurtriers, l’exploitation souterraine est interdite en 1779. Les carrières à plâtre sont détruites et comblées par éboulement mais l’exploitation va se poursuivre à ciel ouvert, de plus en plus intensive dans le premier tiers du XIX° siècle. En 1851, la carrière dite de l’Amérique, l’une des plus importantes, quasiment épuisée, est fermée. Le site offre à cette époque un aspect véritablement désolé. Aux pieds de la butte, du côté de La Villette, se trouve depuis la fin du XVIII° siècle le plus grand dépotoir d’ordures de la capitale, qui sert aussi pour l’équarrissage des chevaux. La nuit, les anciennes carrières sont le refuge des clochards et des rôdeurs. 
par Jacky Barozzi 18 févr., 2024
PARC FLORAL DE PARIS 1969 12° arr., bois de Vincennes, esplanade Saint-Louis, route de la Pyramide, M° Château-de-Vincennes. Entrée payante Le Parc floral a été inauguré en 1969 à l’occasion des Troisièmes Floralies internationales de Paris. Les deux premières éditions s’étaient tenues en 1959 et 1964 au Centre national des Industries et des Techniques (CNIT) de La Défense et le succès qu’elles avaient remporté avaient conduit les organisateurs à rechercher un emplacement mieux adapté. C’est ainsi que le Conseil de Paris décida en 1966 d’implanter ce nouveau “Parc d’activités culturelles de plein air” dans le bois de Vincennes, sur des terrains qui avaient été occupés par les anciens établissements militaires de la Pyramide et de la Cartoucherie. L’objectif était double : accueillir les Troisièmes Floralies internationales de Paris, qui seraient suivies d’autres expositions temporaires, mais aussi profiter de l’engouement pour l’art floral manifesté par le grand public pour le sensibiliser à l’art contemporain en exposant des œuvres en plein air. 
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