
« Le joli mai » de Chris Marker et Pierre Lhomme, avec la voix off d’Yves Montand et la musique de Michel Legrand.
Je me faisais une joie de découvrir le Paris des années 1960, moi qui me suis installé dans la capitale la décennie suivante.
Hélas, passées les premières images de la version remasterisée et réduite à un peu plus de 2 h à partir de la cinquantaine d’heures enregistrées en mai 1962, la déception a pris le pas sur la curiosité.
Un film documentaire formellement daté, qui donne plus à entendre qu’à voir.
Plus bavard que visuel, il est essentiellement constitué de longs micro trottoirs obtenus par des interviewers aux questions particulièrement intrusives et ponctué par la voix off d’Yves Montand récitant, sur le mode lyrique, un catéchisme sociologique et politique des plus convenus.
Un film dont le seul intérêt réside dans sa valeur strictement documentaire sur la photographie des lieux et les mentalités de ses habitants à l’époque.
Dieu que la Ville Lumière derrière sa prestigieuse façade monumentale était triste, crassseuse et grise en ce mois de mai 62, pas si joli que ça !
Particulièrement pluvieux et froid, saturé de voitures, la capitale sans maire à sa tête, administrée par un préfet, regorgeait encore de quartiers insalubres et de bidonvilles tandis que les premières barres-immeubles d’habitations et de bureaux commençaient à pousser anarchiquement à sa périphérie.
Que ce Paris était ennuyeux aussi, tandis que l’homme de la rue, pour lequel la femme était encore loin d’être son égale, n’avait alors le choix qu’entre de Gaulle, Maurice Thorez et un certain… Jean-Marie Le Pen.
Un mois de mai secoué par les dernières exactions plastiquantes de l’OAS, le procès du général Salan et les grèves conduites sous la bannière de la CGT.
Un Paris finalement très semblable et très différencié, qui nous transporte depuis les étals de la rue Mouffetard aux allées grouillantes du Palais Brongniart, des Algériens de Nanterre aux bourgeois des beaux quartiers, des prolétaires d'Aubervilliers aux manifestants de Charonne…
Passé un certain ennui, le film nous donne néanmoins à voir un Paris encore marqué par la lutte des classes, plus populaire et moins touristique et métissé qu’aujourd’hui.
Une photographie plus ou moins fidèle de notre Paris en devenir.
Là réside son principal mérite.
https://www.youtube.com/watch?v=9uWjFQCRKpw







