
« Le Rire et le couteau » de Pedro Pinho, avec Sérgio Coragem, Cleo Diára et Jonathan Guilherme.
Entre fiction et documentaire, ce 5e long métrage du cinéaste portugais Pedro Pinho a été projeté au dernier Festival de Cannes dans la section « Un certain regard » et y a été récompensé du prix d’interprétation féminine.
En voilà en effet un film qui décoiffe et ne ressemble en rien aux productions habituelles !
Prévenons le spectateur qui assiste à la projection de « Le Rire et le couteau » qu’il s’embarque pour une Odyssée contemporaine de plus de 3 h 30.
Il y suivra les errances de Sergio, un ingénieur venu en mission pour étudier les travaux de construction d’une route entre brousse et forêt, pour le compte d'une ONG dans l'ancienne colonie portugaise de Guinée Bissau.
Jeune trentenaire à la sexualité incertaine, il y fera la rencontre de Diára, une reine de la nuit locale, débrouillarde, perruquée et multi percée, et Guilherme, un travesti brésilien, poilu et moustachu, à la recherche de ses racines africaines (les acteurs et les personnages principaux du film ont le même prénom).
C’est dire que le voyage géographique s’enrichit ici d’une dimension proprement ethnologique, politique, philosophique et économique, immergé au coeur d’un monde en pleine mutation.
Englobant à peu près l’ensemble des problématiques actuelles, entre anciens et nouveaux colonisés, le voyage offert ainsi au public est tout à la fois transcontinental, transgenre, transrace, transculturel, transcultuel et transhumanitaire !
Un peu comme le fut en son temps, au début du XXe siècle, « La Montagne magique » de Thomas Mann.
Un film ambitieux et détonnant dont on sort ravi et sonné mais plus intelligent !
https://www.youtube.com/watch?v=Ii_nHBOTong



